Ministère La Fontaine-Baldwin, premier gouvernement responsable du Canada-Uni (1848–1851)

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            L'Acte d'Union (1840) et ses conséquences

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Comme le rappelle la biographie du journaliste et homme politique George Brown, la formation du ministère La Fontaine-Baldwin en mars 1848 signifia la reconnaissance formelle du principe de gouvernement responsable au Canada-Uni, deux mois seulement après que la Nouvelle-Écosse eut fait de même [V. Obtention du gouvernement responsable ailleurs en Amérique du Nord britannique] :

En 1847, le fragile ministère conservateur ne réussit pas à consolider sa position malgré une réorganisation, et le parti réformiste semblait avoir toutes les chances de renaître, tout particulièrement à un moment où l’Angleterre acceptait entièrement le principe du gouvernement responsable pour le Canada et envoyait un nouveau gouverneur général, lord Elgin [Bruce*], chargé de mettre ce principe à exécution d’une façon décisive.

Aux élections de 1847 et de 1848, le Globe défendit une fois de plus, et à grand bruit, la cause libérale […] Les réformistes arrivèrent au pouvoir après avoir recueilli l’approbation des deux parties du Canada et, en mars 1848, le gouvernement La Fontaine-Baldwin prit l’administration en main avec un cabinet réformiste et gagné au principe du gouvernement responsable.

 

Le retour au pouvoir de Louis-Hippolyte La Fontaine et de Robert Baldwin permit la poursuite de l’application du programme réformiste et notamment la mise en œuvre des projets de Baldwin en matière d’éducation :

Son projet de loi d’octobre 1843 sur la question universitaire était mort en même temps que le gouvernement, en décembre de cette année-là [V. John Strachan]. Mais Baldwin était toujours déterminé à résoudre le problème, à mettre fin à l’interdépendance de l’Église et de l’État dans l’enseignement supérieur et à détruire ce qui, dans le King’s College, en faisait un symbole vivant du privilège dont jouissait l’Église d’Angleterre et du favoritisme de classe. Peu après avoir pris le pouvoir, en 1848, il avait affirmé l’autorité gouvernementale. En juillet, il créa une commission d’enquête sur les finances du collège, qui étaient alimentées par des terres de la couronne. Noyautée par des réformistes, la commission accumula des preuves de mauvaise gestion et étaya la nécessité d’une réforme. Ces conclusions formèrent la base du projet de loi sur l’université que Baldwin présenta le 3 avril 1849. Ce texte dépouillait l’Église d’Angleterre de son pouvoir sur l’éducation supérieure et prévoyait la création d’une université non confessionnelle, l’University of Toronto, qui serait laïque, centralisée et sous l’autorité du gouvernement.

 

L’opposition de plus en plus incisive des clear grits, aile radicale du Parti réformiste, joua un rôle central dans la démission, en 1851, de Baldwin (juin) et de La Fontaine (septembre), comme le mentionne la biographie de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, alors député réformiste :

En 1849, les émeutes de Montréal [V. James Bruce*] n’ont pas ébranlé le parti réformiste que Baldwin et La Fontaine mènent d’une main de fer. Mais cette situation de force ne durera qu’un temps. L’entrée des Clear Grits sur l’échiquier politique annonce, dès 1850, l’effritement de la coalition au pouvoir. Cette nouvelle faction revendique la sécularisation des « réserves » du clergé, l’abolition de l’Église d’État, de même que des institutions démocratiques électives, à l’exemple du modèle américain. Baldwin et La Fontaine se sentant contestés remettent leur démission l’année suivante, et Francis Hincks et Morin forment un nouveau cabinet.

 

Les biographies regroupées dans les listes suivantes permettent d’en savoir davantage sur le contexte de formation et de dissolution du ministère, ses initiatives et les débats qui marquèrent son existence.