CROFT, HENRY HOLMES, professeur de chimie et auteur, né le 6 mars 1820 à Londres, fils cadet de William Croft ; en 1844, il épousa Mary Shaw, et ils eurent sept enfants ; décédé le 1er mars 1883 à Las Hermanitas, près de San Diego, Texas.

Après avoir fréquenté des écoles à Londres, Henry Holmes Croft devint commis à l’Ordnance Survey (son père y était payeur général adjoint au service de l’approvisionnement) et fit des études, de façon intermittente, à l’University College de cette ville. Là, il se mit à s’intéresser vivement à la chimie expérimentale et il poussa plus loin dans ce sens dans un laboratoire construit à l’intérieur de la résidence familiale. S’étant rendu compte de cette préoccupation, son père demanda l’avis d’un ami, Michael Faraday, qui lui conseilla d’envoyer le jeune homme poursuivre sa formation en Allemagne. En 1838, Croft entra à l’université de Berlin où il étudia pendant quelque trois ans et demi auprès d’éminents professeurs, notamment le célèbre Eilhard Mitscherlich. Outre ses connaissances en chimie, il acquit une vaste formation scientifique dans des matières telles que la minéralogie et la géologie, la botanique et la zoologie, la physique et l’entomologie ; cette dernière retint en particulier son intérêt. Il ne prépara pas de doctorat en philosophie ; cependant, on lui décernera un doctorat honorifique en droit civil à l’University of Toronto en 1853.

En 1842, on posa la pierre angulaire du King’s College à Toronto, et le gouverneur général, sir Charles Bagot*, eut la responsabilité, en sa qualité de chancelier, de choisir les premiers membres du personnel enseignant. Après avoir consulté les principaux hommes de science anglais, il offrit à Croft la chaire de chimie et de philosophie expérimentale. Celui-ci, âgé de 22 ans, partit à la fin de 1842 pour le Canada et entra dans ses nouvelles fonctions à Toronto l’année suivante.

Malgré son jeune âge, Croft se mêla activement aux controverses touchant la mainmise qu’exerçait l’Église d’Angleterre sur le King’s College. La prémière année, il fit opposition au président de l’institution, l’évêque John Strachan*, et, en association avec le docteur William Charles Gwynne*, professeur d’anatomie et de physiologie, il présenta une pétition à la législature provinciale pour obtenir des amendements qui affaibliraient l’influence de l’Église. Au début, Gwynne et Croft furent en minorité au conseil du collège, mais, à la fin de la décennie, ils avaient gagné la plupart des membres à leur cause. Quand l’University of Toronto remplaça le King’s College en 1850, Croft devint vice-chancelier, poste qu’il occupa jusqu’en 1853 et, après 1857, il siégea au « sénat » de l’université.

Croft était un bon professeur et il encourageait ses étudiants à utiliser les méthodes expérimentales ; sa vaste formation scientifique constituait un atout précieux à une époque où, le personnel enseignant étant peu nombreux, le fait d’avoir plus d’une corde à son arc rehaussait la valeur d’un professeur. Il continua ses propres recherches, particulièrement sur les sels de cadmium, mais il ne s’intéressa pas tellement à publier ses résultats. Il fut toutefois un des fondateurs et un des présidents du Canadian Institute (le futur Royal Canadian Institute), et plusieurs de ses articles parurent dans le journal de l’institut. Lors de la fondation de la School of Practical Science à Toronto en 1877, on le nomma professeur de chimie et président du conseil d’administration. Il appuya aussi la fondation de ce qui devint l’Ontario Agricultural College à Guelph [V. William Johnston].

Croft s’intéressa vivement aux différents aspects de la vie en société. Pianiste accompli, il fit partie du Quintette Club et de la Philharmonic Society. Il joua un rôle actif dans diverses sociétés, particulièrement celles qui s’occupaient d’agriculture, d’horticulture et d’entomologie, aussi bien que dans l’institut des artisans. Hors du champ universitaire, c’est toutefois l’affaire du Trent en 1861 [V. Charles Hastings Doyle], où la menace d’une guerre avec les États-Unis conduisit à la formation d’un corps de miliciens volontaires dans la province du Canada, qui éveilla le plus d’intérêt chez lui. On recruta un corps de fusiliers universitaires qui devint la 9e compagnie des Queen’s Own Rifles, et Croft en fut élu capitaine. Il demeura dans la compagnie pendant plusieurs années, s’élevant jusqu’au rang de major avant de prendre sa retraite.

Croft acquit une assez grande réputation dans le domaine de la toxicologie. Expert dans la détection des poisons, on le consultait fréquemment dans les cas d’homicide présumé. Son collègue de longue date, Daniel Wilson*, qui n’avait pas la réputation de porter des jugements charitables, décrivit Croft comme un homme « très authentiquement transparent, honnête et droit », qui « détest[ait] instinctivement la simulation ». Les dernières années de la vie de Croft furent assombries par plusieurs tragédies familiales et, en 1880, il prit sa retraite avec les deux tiers de son salaire et alla vivre à la ferme de son fils au Texas où il mourut quelques années plus tard.

G. M. Craig

Henry Holmes Croft est l’auteur de Course of practical chemistry, as adopted at University College, Toronto (Toronto, 1860). Une liste de ses autres œuvres apparaît dans Morgan, Bibliotheca Canadensis, 85s.

UTA, Daniel Wilson, Journal.— Examiner (Toronto), 20 déc. 1843.— John King, McCaul, Croft, Forneri : personalities of early university days (Toronto, 1914).— University College : a portrait, 1853–1953, C. T. Bissell, édit. (Toronto, 1953).— Wallace, Hist. of Univ. of Toronto.— C. R. Young, Early engineering education at Toronto, 1851–1919 (Toronto, 1958).— W. H. Ellis, « Henry Holmes Croft, D. C. L. », Univ. of Toronto Monthly (Toronto), 2 (1901–1902) : 29–32.

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G. M. Craig, « CROFT, HENRY HOLMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/croft_henry_holmes_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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