Titre original :  Bytown at Your Fingertips | Ottawagraphie

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McKAY, THOMAS, maçon, architecte, homme d’affaires, homme politique, juge de paix, officier de milice et fonctionnaire, né le 1er septembre 1792 à Perth, Écosse, fils de John McKay et d’une prénommée Christina ; le 20 juin 1813, il épousa Ann Crichton, et ils eurent 16 enfants ; décédé le 9 octobre 1855 à New Edinburgh (Ottawa).

À la fin de ses études, Thomas McKay fit l’apprentissage du métier de maçon. Poussés par la dépression qui suivit les guerres napoléoniennes, sa femme et lui immigrèrent au Canada ; ils arrivèrent le 9 septembre 1817 et s’établirent à Montréal. McKay acquit de l’expérience en travaillant comme entrepreneur aux travaux du canal de Lachine (1821–1825), en société avec un compatriote écossais, John Redpath*, et aux fortifications de l’île aux Noix (1821–1825), en société avec Peter Rutherford. McKay contesta plus tard la légalité de cette association, y compris tout accord de participation aux bénéfices ; dans le procès qui s’ensuivit, engagé en 1840 par les exécuteurs testamentaires de Rutherford, on lui accorda gain de cause.

En 1826, attiré par le projet d’aménagement du canal Rideau, McKay se rendit au chantier de construction situé sur la rivière des Outaouais, qui fut appelé Bytown (Ottawa) dans les mois qui suivirent. Il s’associa bientôt avec Redpath, Thomas Phillips* et Andrew White* pour effectuer divers travaux au canal, ses responsabilités se concentrant sur la région de Bytown. À l’automne de 1826, le lieutenant-colonel John By* le choisit pour exécuter la maçonnerie du spectaculaire escalier de huit écluses s’élevant de 81 pieds au-dessus de la rivière des Outaouais, jusque dans un bassin du canal. Ce travail devait prendre deux ans, mais des sources souterraines retardèrent le creusage, et ce n’est qu’en 1830 que l’ouvrage fut achevé. On devait à l’origine faire venir de Hull, sur l’autre rive, la pierre pour les écluses, mais McKay persuada By d’autoriser l’emploi, à un coût moindre, de pierre extraite sur les lieux, ce qui fit faire d’énormes profits à McKay et à ses associés. Considéré par John Mactaggart* comme un « maçon fort pratique » qui avait horreur de « bâcler un travail », McKay fut chargé aussi de la construction des écluses de Hartwells et, après l’insuccès de l’entrepreneur précédent, Walter Welsh Fenlon, de celles de Hogs Back. En 1828, durant un ralentissement des travaux à Bytown, il donna à ses maçons l’ordre de travailler à la construction de la première église presbytérienne de l’établissement, St Andrew, dans la haute ville. McKay construisit aussi deux des sept travées du pont Union qui surplombe la bouillonnante et insondable cuvette de la rivière des Outaouais, à la chute des Chaudières. By, satisfait du travail de McKay à Bytown, souligna l’achèvement des travaux par un banquet de gala où un bœuf complet fut rôti et servi debout. À la fin de la formidable entreprise du canal Rideau en 1832, McKay et Redpath reçurent de By en reconnaissance de leurs services une coupe gravée en argent. John Glass Malloch, avocat de Perth, affirma en 1841 que McKay avait reçu environ £30 000 pour son travail.

Même si McKay était engagé dans plusieurs entreprises établies à Montréal, y compris l’Ottawa and Rideau Forwarding Company, il avait emmené sa famille à Bytown en 1827. Deux ans plus tard, il acheta une première propriété toute proche, aux chutes de la rivière Rideau, et, dès 1832, il y avait construit une scierie. En 1833, il bâtit sur l’autre rive un imposant moulin à eau et, un an plus tard, une boulangerie. En louant une île près des chutes en 1836 et en achetant des terres aux environs pendant les deux années qui suivirent, McKay s’assura la mainmise complète sur l’emplacement du moulin. Haut de cinq étages, celui-ci avait une grande capacité de production et approvisionnait une vaste région bordant la rivière des Outaouais et le canal. En 1834, Edward John Barker*, de Kingston, faisait remarquer que le moulin était vraisemblablement « le meilleur dans le Haut-Canada », supérieur même au moulin de Gananoque qui appartenait à John McDonald, concurrent de McKay pour l’achat de grains par l’intermédiaire de représentants, le long du canal. En 1837, McKay ajouta une distillerie et la première fabrique de tissus sur la rivière des Outaouais, dans laquelle il installa plus tard des métiers à tisser mécaniques. En 1851, lors de l’Exposition universelle de Londres, il gagna une médaille pour un échantillon de satinette provenant de sa fabrique. En 1843, il avait accru ses ressources forestières en obtenant une concession sur la rivière Gatineau et, vers 1846, il s’associa avec son gendre John MacKinnon. Un an plus tard, Joseph Merrill Currier* construisit, pour la compagnie, une nouvelle scierie sur l’emplacement des chutes Rideau. En moins de deux ans, les scieries allaient prendre de l’expansion pour s’adapter à la production de bardeaux, de portes, de châssis de fenêtres et de jalousies. McKay et MacKinnon encouragèrent aussi la création du premier chemin de fer de Bytown, le Bytown and Prescott Railway, constitué juridiquement en 1850. Ils eurent assez d’influence pour obtenir l’installation du terminus près de leurs moulins, mais la compagnie ferroviaire, financée en grande partie par des intérêts bostoniens, ne parvint pas à détourner le transport du bois de charpente à destination de Montréal et de Québec. En 1852, l’association de McKay et de MacKinnon prit fin.

Le complexe industriel de McKay se développait sur la rive est de la rivière Rideau au même rythme que l’établissement voisin, qu’il avait loti vers 1834 et nommé New Edinburgh. En plus d’être un entrepreneur très prospère, McKay était un architecte d’une certaine valeur. Terminé en 1838, Rideau Hall était une maison de campagne raffinée, de style Regency, située dans un domaine de 65 acres, à New Edinburgh ; construit en pierre à chaux, c’était une adaptation libre d’un plan de l’architecte britannique sir John Soane. Cet imposant hôtel particulier, aussi connu sous le nom de McKay’s Castle, comptait plus de 11 pièces, dont une salle de dessin et un salon d’où les notes aiguës que le seigneur du manoir tirait de sa cornemuse résonnaient, dit-on, à travers la forêt environnante, certains soirs d’été. Le gouvernement loua la maison et la propriété en 1865, puis les acheta trois ans plus tard ; ils allaient constituer le noyau de la résidence officielle des gouverneurs généraux du Canada. Vers 1854, McKay avait construit une seconde résidence en pierre, pour John et Annie MacKinnon. Sir John Alexander Macdonald* en fit l’acquisition en 1882 et la nomma Earnscliffe.

McKay prit une part aussi active aux affaires publiques qu’au commerce. Il fut membre du conseil municipal formé à Bytown en 1828, devint juge de paix en 1833 et, un an plus tard, fut élu député dans la circonscription de Russell, sur la rivière des Outaouais, qu’il représenta jusqu’en 1841. En plus d’être tory, il était membre actif de l’Association constitutionnelle de Montréal et partisan de l’union législative des deux Canadas. Il fit voir sa tolérance lorsque, en 1839, il plaida pour que l’Église catholique soit comprise dans la répartition des réserves du clergé. En matière de commerce, McKay prépara en 1836 un rapport sur les voies navigables entre Bytown et le lac Huron [V. Charles Shirreff*], recommanda que le canal Welland devienne propriété publique et siégea, en 1837, au sein d’une commission d’enquête chargée d’étudier la navigation sur le Saint-Laurent. De 1841 jusqu’à sa mort, McKay fut membre du Conseil législatif. À ce titre, il s’opposa en 1849 au projet de loi sur les corps municipaux, présenté par le gouvernement de Robert Baldwin et de Louis-Hippolyte La Fontaine*, ainsi qu’au projet de loi pour l’indemnisation des pertes subies pendant la rébellion [V. James Bruce*]. En 1842, McKay fut nommé premier préfet du nouveau district de Dalhousie qu’il avait promu politiquement et pour lequel il avait construit le palais de justice et la prison, à Bytown. Il s’engagea aussi dans beaucoup d’organismes, dont la St Andrew’s Society, de Montréal et la Bytown Emigration Society. Éminent conseiller presbytéral de l’Eglise d’Écosse, il fut un des administrateurs fondateurs du Queen’s College, à Kingston. Il servit comme lieutenant-colonel du 1er bataillon de milice de Russell de 1838 à 1846, année de son transfert au 4e bataillon de milice de Carleton, en remplacement de George Lyon.

Le 9 octobre 1855, McKay mourut d’un cancer de l’estomac, à Rideau Hall. Sa femme lui survécut de nombreuses années, mais à cause de la mort prématurée de ses fils qui n’eurent pas d’enfants, la lignée de McKay s’éteignit. Trois de ses filles, par ailleurs, avaient épousé des personnages éminents : John MacKinnon, l’avocat montréalais Robert Mackay et Thomas Coltrin Keefer*. L’administration de la succession de McKay, incluant la vente des moulins de New Edinburgh à James* et John Maclaren en 1866, revint à Keefer qui, après la mort de sa femme, épousa la veuve de MacKinnon.

La carrière de Thomas McKay présente de multiples volets. Homme aux talents divers et à l’énergie débordante, qui ne devait en grande partie sa réussite qu’à lui-même, d’après le Montreal Witness, Weekly Review and Family Newspaper, McKay amassa beaucoup de biens et de richesses tout en restant toujours près du peuple. Selon un résident de New Edinburgh, McKay était « un homme énergique, haut en couleur, qui, lorsqu’il avait un but, s’arrangeait généralement pour l’atteindre ». En 1876, Andrew Wilson le dépeignit aussi comme une personne franche et honorable, ouverte « même au plus humble » et sachant « se tenir à sa place comme un gentleman ». Pourtant, la notice nécrologique parue dans le Journal of Education for Upper Canada, de Toronto, décrit son tempérament comme « ni flegmatique ni déterminé » mais plutôt inégal, en raison de son origine « modeste » et de la montée rapide de sa fortune et de sa situation sociale.

E. F. Bush

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E. F. Bush, « McKAY, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mckay_thomas_8F.html.

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Auteur de l'article:    E. F. Bush
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    2013
Date de consultation:    1 décembre 2024