MORRIS, WILLIAM, homme d’affaires, officier de milice, juge de paix, homme politique, administrateur scolaire et fonctionnaire, né le 31 octobre 1786 à Paisley, Écosse, deuxième enfant d’Alexander Morris et de Janet Lang ; le 15 août 1823, il épouse Elizabeth Cochran, de Kirktonfield, paroisse de Neilston, Écosse, et ils eurent trois fils et quatre filles ; décédé le 29 juin 1858 à Montréal.

William Morris, ardent défenseur de l’Église d’Écosse dans les deux Canadas, était le fils d’un fabricant écossais qui vivait dans l’aisance. Il connut une enfance confortable à Paisley et étudia à la grammar school de l’endroit. Au printemps de 1801, la famille Morris, encouragée par des amis du Haut-Canada et nantie d’une lettre d’introduction adressée au lieutenant-gouverneur Peter Hunter*, s’embarqua pour le Canada dans l’espoir d’accroître sa fortune. Après quelques hésitations, le père de William investit son capital dans le commerce d’import-export entre Montréal et l’Écosse. Mais en 1804 et 1805, il essuya de graves revers financiers et se retira peu après dans une ferme près d’Elizabethtown (Brockville, Ontario). C’est là qu’il mourut, criblé de dettes, en 1809. William, qui était retourné en Écosse avec sa famille en 1802 et y était resté pendant près de quatre ans avec sa mère, sa sœur et son jeune frère James*, était revenu au Canada à l’automne de 1806. Avec son frère aîné Alexander, il entreprit de rembourser les créanciers de son père décédé et de refaire la fortune familiale. Ils avaient bien quelques ressources, mais comme elles n’étaient pas suffisantes pour qu’ils se lancent dans le commerce transatlantique à titre d’importateurs ou de grossistes, ils ouvrirent un magasin à Elizabethtown. Ainsi, ils entraient dans le groupe des petits marchands du Haut-Canada qui servaient d’intermédiaires entre les maisons de commerce de Montréal et les Indiens, les bûcherons et les colons peuplant les abords de la contrée sauvage.

Quand la guerre de 1812 éclata, Morris obtint un poste d’enseigne dans le 1er régiment de milice de Leeds. Il prit part à quelques opérations, dont la plus importante fut la bataille d’Ogdensburg, dans l’état de New York, en février 1813, au cours de laquelle le lieutenant-colonel George Richard John Macdonell* le choisit pour être de ceux qui menèrent l’assaut finalement victorieux contre l’ancien fort français. L’année suivante, il quitta la milice pour se consacrer de nouveau à l’entreprise familiale. La guerre avait été un intermède palpitant qui l’avait convaincu de la loyauté fondamentale des Canadiens envers la couronne et de leur capacité de défendre leur pays.

Les deux frères, à l’affût de nouvelles possibilités commerciales, décidèrent d’ouvrir un deuxième magasin dans l’établissement militaire qui allait être fondé à Perth. En 1816, William laissa à Alexander la responsabilité du magasin de Brockville pour se rendre à Perth où, grâce à son travail acharné, à sa frugalité et à son sens aigu des affaires, il gravit les échelons de la réussite. En peu de temps, il devint le plus important marchand de la ville et y fit bientôt de nombreuses transactions immobilières. D’abord associé à Alexander, auquel s’ajouta plus tard leur jeune frère James, et enfin seul à la fin des années 1830, William en vint lentement mais sûrement à faire de la spéculation foncière dans tout l’est du Haut-Canada, puis dans le reste de la province. Se souvenant des problèmes de leur père, les frères Morris évitèrent toujours de trop étendre leurs activités commerciales ou de trop concentrer leurs efforts dans une seule entreprise. William investit judicieusement dans les nouvelles banques canadiennes les capitaux excédentaires qu’il retirait de la spéculation foncière et de son magasin. Toutefois, il connut aussi des revers. Les efforts en vue d’ouvrir à la navigation la rivière Tay, entre Perth et le lac Lower Rideau, aboutirent en 1831 à la constitution juridique de la Tay Navigation Company, dont Morris était l’âme dirigeante et le principal actionnaire. Le premier canal Tay fut inauguré en 1834, mais le manque de fonds paralysa la compagnie, et les travaux du canal finirent par tomber en ruine.

Dès les années 1820, Morris était devenu un personnage important dans la région de Perth. Nommé juge de paix en 1818, il avait dirigé avec succès la campagne menée l’année suivante pour que la région obtienne un siège à la chambre d’Assemblée. Lors des premières élections générales tenues dans la région, en 1820, il avait été élu aisément. Député consciencieux, il occupa sans problème le siège de Carleton, puis celui de Lanark, jusqu’à ce que sa nomination au Conseil législatif, en 1836, le fasse quitter la politique élective. En 1822, Morris avait été nommé lieutenant-colonel du 2e régiment de milice de Carleton, nouvellement formé ; il allait servir dans la milice pendant plus de 20 ans. En 1837 et 1838, à titre de plus ancien colonel du comté de Lanark, il mit sur pied à deux reprises des détachements pour étouffer la rébellion et contenir l’invasion, et, en une occasion, il prit lui-même le commandement. Heureux en affaires, colonel de milice et chef des forces conservatrices locales, William Morris était à la fois un homme à courtiser et à craindre.

À l’Assemblée, Morris s’associa à des députés qui avaient des opinions semblables aux siennes, comme John Beverley Robinson*, avec qui il dirigea, en 1821–1822, le mouvement visant à expulser de la chambre Barnabas Bidwell*, réformiste d’origine américaine. Parlementaire compétent et tacticien né, il était l’un des éléments moteurs de l’Assemblée, et on pouvait compter sur lui lorsque retentissait la sonnerie d’appel au vote. Même si, avec le temps, il acquit beaucoup d’autorité à la chambre, il n’entra jamais dans le cercle privilégié de ceux qui faisaient partie du family compact et détenaient des portefeuilles officiels. En fait, il en vint à les détester tout à fait, bien qu’il ait été souvent en accord avec eux sur le plan idéologique.

En apparence, Morris fut tenu à l’écart de l’élite conservatrice, à prédominance anglicane, parce qu’il défendait avec acharnement le droit de la branche coloniale de l’Église d’Écosse à une part des réserves du clergé. Mais il s’agissait chez lui de bien plus qu’un engagement religieux. Pour Morris, comme pour bien d’autres Écossais, les réserves du clergé étaient l’enjeu symbolique d’une bataille qui déterminerait si l’Empire britannique se composerait d’une ou de deux nations. Jusqu’à sa mort, Morris professa publiquement une triple croyance : l’Église d’Écosse donnait à la société écossaise sa forme et sa substance, la nation écossaise ainsi formée avait à parts égales avec l’Angleterre le droit de gouverner et de développer toutes les parties de l’Empire acquises depuis l’union de 1707, et les Écossais canadiens étaient les héritiers de ce patrimoine dans les deux Canadas. C’est son fervent nationalisme écossais qui l’amena à s’opposer non seulement à nombre de ses collègues conservateurs, mais aussi aux dirigeants de la plupart des autres groupes ethniques, religieux et politiques de la communauté.

L’affaire éclata au grand jour à la fin de 1823. À l’été, après une absence de 17 ans, Morris était allé en Écosse, s’y était marié et y avait pris contact avec le révérend Duncan Mearns, convocateur du comité colonial de l’Église d’Écosse. À son retour dans le Haut-Canada, Morris déposa un projet de loi pour faire reconnaître au pays l’Église d’Écosse comme l’une des deux Églises nationales de l’Empire britannique et pour faire financer les deux à parts égales, au besoin, à même les réserves du clergé. Même s’il fut battu par quelques voix à peine au Conseil législatif, par suite des pressions du révérend John Strachan*, le projet de loi fut envoyé par l’Assemblée sous forme d’adresse au roi en janvier 1824. D’une question qui avait intéressé jusque-là seulement un petit groupe d’anglicans et une poignée de ministres presbytériens, Morris avait fait un problème public, discuté à l’Assemblée, dans les journaux et, finalement, sur les tribunes électorales.

Pendant les 17 années suivantes, Morris dirigea la bataille politique menée en faveur de ce qu’il considérait comme les droits des presbytériens écossais. Pour démontrer leur force numérique et réfuter les opinions et les statistiques contenues dans l’« Ecclesiastical Chart » de Strachan, il tenta d’obtenir un recensement religieux en 1827. Mais il lui manquait d’abord le soutien d’une Église coloniale forte et efficace : les presbytériens formaient en effet un groupe dispersé, très peu organisé et diversifié sur le plan de la doctrine. Il appuya donc les efforts déployés par le comité colonial de l’Église d’Écosse et quelques ministres du pays, comme Robert McGill et John McKenzie, pour former un synode. Ces tentatives aboutirent en 1831 à la formation du synode de l’Église presbytérienne du Canada affiliée à l’Église d’Écosse. Morris pressa aussi l’Église de la métropole d’envoyer plus de ministres afin d’augmenter l’importance du synode.

En 1837, exaspéré de ce que le lieutenant-gouverneur, sir John Colborne*, ait eu la maladresse de créer 44 rectories anglicans l’année précédente, le synode demanda à Morris de se rendre en Angleterre afin de contrer l’hégémonie apparente des anglicans et de plaider en faveur d’une reconnaissance et d’un financement égaux et exclusifs des deux Églises par l’État. Toutefois, peu après son arrivée à Londres, sentant que le gouvernement était peu disposé à négliger d’autres groupes protestants, Morris révisa ses positions et proposa que toute subvention gouvernementale soit divisée en trois parts, une pour les anglicans, une pour les presbytériens écossais et la troisième pour les autres groupes protestants auxquels on jugerait bon de la verser. À son retour dans le Haut-Canada, il déclara avec enthousiasme au synode que les légistes de la couronne avaient déclaré les rectories illégaux et que le ministère des Colonies et son titulaire, lord Glenelg, soutenaient chaleureusement les propositions qu’il leur avait faites. Mais son optimisme était prématuré : le lieutenant-gouverneur, sir Francis Bond Head*, profita de la formulation vague des dépêches publiques de Glenelg pour s’opposer aux réclamations du synode.

Pendant les deux années suivantes, Morris consolida les appuis à son plan de financement parmi le clergé de son Église, coordonna les pressions des presbytériens écossais sur le gouvernement du Haut-Canada et le gouvernement britannique et tenta de miner la confiance que le ministère des Colonies accordait à Strachan et à ses alliés. L’affaire sembla près de se régler en 1839. Le nouveau gouverneur en chef, Charles Edward Poulett Thomson*, déterminé à réaliser l’union des deux Canadas et à calmer les dissensions qui subsistaient dans la colonie, s’entoura d’une coalition de modérés, dont Morris était un élément clé. En échange de l’appui politique de Morris au Conseil législatif et de son influence sur les presbytériens, le gouverneur en chef soutint sa campagne en faveur de la fusion des deux plus importants organismes presbytériens des Canadas, le synode uni du Haut-Canada et le synode de l’Église presbytérienne du Canada affiliée à l’Église d’Écosse. Finalement, en juillet 1840, après d’intenses négociations durant lesquelles Morris fit valoir que tous les ministres d’une éventuelle Église fusionnée bénéficieraient d’un règlement de la question des réserves du clergé, la fusion se réalisa. Toutefois, le Parlement britannique modifia les propositions et accorda deux fois plus d’argent à l’Église d’Angleterre qu’aux presbytériens, en se fondant sur le fait que le recensement religieux de 1839 avait dénombré (incorrectement) deux fois plus d’anglicans que de presbytériens. Mais Morris sut se faire une raison. Le droit des deux Églises à une rente égale avait été admis, et il persuada son Église d’accepter le Clergy Reserves Act de 1840 comme une reconnaissance de principe du bien-fondé de leurs positions.

La longue et dure bataille en faveur des droits des Écossais de l’Empire britannique ne fut pourtant pas le seul motif qui maintint Morris à l’écart de l’élite dirigeante. Ses positions sur l’éducation furent aussi une source de conflits. Ce fut d’abord en 1822, en tant que membre d’un comité de la Cour des sessions trimestrielles qui était autorisé à verser des fonds à la grammar school du district de Bathurst, qu’il s’occupa publiquement de questions d’éducation. À la fin des années 1820, il était reconnu comme une autorité dans tout ce qui concernait l’état affligeant de l’enseignement dans le Haut-Canada. Convaincu que l’instruction contribuait efficacement à créer une société stable et prospère, il plaida pour un réseau étatique complet d’écoles publiques gratuites dans chaque district et pour l’établissement d’une grammar school qui assurerait un enseignement classique. Il s’opposait aux projets de création d’une université provinciale, estimant qu’un tel établissement serait superflu tant que l’infrastructure n’aurait pas été mise en place. Ceux qui avaient besoin de faire des études supérieures, maintenait-il, pouvaient se rendre en Grande-Bretagne. En outre, l’université que l’on se proposait de fonder, le King’s College, semblait destinée sous Strachan à devenir un bastion du pouvoir anglican, constituant donc un autre affront à son nationalisme. Quand il apparut, au milieu des années 1830, que la charte accordée en 1827 à l’établissement ne serait pas révoquée, Morris demanda une université non confessionnelle. Peu après, il suggéra un compromis selon lequel l’université serait dotée de deux chaires de théologie, une anglicane et l’autre presbytérienne, qui seraient subventionnées par l’État ; lord Glenelg se montra assez favorable à cette idée. Pourtant, en 1839, même ces propositions modérées semblaient irréalisables, et Morris commença à craindre que, du vivant de Strachan, les presbytériens écossais demeurent à l’écart de l’administration et de l’enseignement à l’université.

Ce fut juste à ce moment qu’au sein de l’Église presbytérienne du Canada affiliée à l’Église d’Écosse les pressions en faveur d’un certain mode de formation théologique dispensée au pays atteignirent leur point culminant. Un comité du synode présidé par William Rintoul demanda à Morris d’obtenir une loi qui l’autoriserait à fonder un séminaire. Morris abandonna ses luttes frustrantes au sujet du King’s College pour se consacrer à la tâche, plus positive, de créer une nouvelle maison d’enseignement. En quelques semaines, il transforma la proposition originale en un projet de charte pour une université presbytérienne dotée d’une faculté des arts et des sciences. Dès l’hiver de 1839–1840, il réclamait que la nouvelle université, qui devait être construite à Kingston, soit baptisée Queen’s College pour marquer son égalité par rapport au King’s College et pour démontrer aux habitants du Haut-Canada la parité entre les Écossais et les Anglais dans l’Empire britannique. Quand on apprit, en janvier 1840, que le gouvernement provincial ne pouvait pas autoriser l’emploi de ce nom sans le consentement de la couronne, Morris convainquit le synode de demander une charte royale. Durant deux ans encore, à titre de président du conseil d’administration, il usa de menaces et de persuasion pour pousser son Église à travailler activement à la mise sur pied du nouvel établissement. Au moment où le Queen’s College obtint sa charte royale, en octobre 1841, il était devenu évident que Morris avait contribué plus que quiconque à son établissement.

Pourtant, cette bataille avait aussi eu ses mauvais côtés. Morris n’aima jamais collaborer avec des membres du clergé : il était irrité par ce qu’il jugeait être de la paresse et de l’inefficacité de leur part, et il se méfiait de leur apparente soif de pouvoir. Des conflits continuels avec les autres membres du conseil d’administration émoussèrent beaucoup son enthousiasme pour le Queen’s College, et la désastreuse situation financière de l’établissement refroidit encore son ardeur initiale. Sous la lumière crue de la réalité économique, il devint évident que le Queen’s College ne serait pas, dans un avenir prochain, la grande université de type écossais dont il avait rêvé. Déçu, il décida de faire instruire son fils aîné, Alexander*, en Écosse. En février 1842, il cessa d’assister aux réunions du conseil d’administration et, en juillet, il démissionna de la présidence.

Dans cet état d’esprit, Morris se laissa convaincre par le premier directeur du Queen’s College, Thomas Liddell*, et par quelques membres du conseil, quand ils proposèrent de transférer l’université à Toronto et de la fusionner au King’s College. Bientôt, il affirma comme autrefois que, dans un pays neuf, où les fonds étaient rares, il fallait une seule université laïque, subventionnée par l’État et dotée de deux ou de plusieurs chaires de théologie. Pendant les cinq années suivantes, il défendit cette cause, soutenant les projets de loi parrainés tour à tour par Robert Baldwin et William Henry Draper*. La déception causée par l’expérience du Queen’s College s’aggrava encore quand, en 1844, l’Église presbytérienne se scinda en deux factions. Il lui sembla que les ministres, avec leur courte vue, menaçaient de détruire tout ce qu’il avait réalisé au prix de tant d’efforts.

Morris trouva une consolation dans le monde politique. Après l’union du Haut et du Bas-Canada en 1841, il avait été nommé au nouveau Conseil législatif et, l’année suivante, préfet du district de Johnstown. Quand la plupart des membres du Conseil exécutif démissionnèrent à cause de la question du favoritisme, en 1843, Morris promit son appui au gouverneur en chef, sir Charles Theophilus Metcalfe*, prit part à des discussions de stratégie et se retira à Brockville, qu’il habitait depuis 1842, pour attendre la suite des événements. En septembre 1844, il accepta le poste de receveur général dans le gouvernement de Draper et parcourut la province lors des élections suivantes, réussissant à rallier des presbytériens conservateurs sous la bannière du gouverneur. Son sens aigu des affaires et sa remarquable perspicacité quand il s’agissait d’économiser firent de lui un receveur général exemplaire, et, en 1845, il alla s’installer à Montréal pour se rapprocher de son travail. Plus tard, il se vanta d’avoir modernisé l’organisation du département, d’avoir introduit des méthodes nouvelles et d’avoir fait gagner £11 000 d’intérêts au gouvernement en plaçant des fonds publics. En 1846, il accepta la présidence du Conseil exécutif et cumula les deux fonctions jusqu’à ce qu’il convainque John Alexander Macdonald* de le remplacer comme receveur général, en mai 1847. Mais, fréquemment malade, il ne fut pas fâché de saisir l’occasion que lui fournit la défaite du gouvernement, en 1848, pour passer les deux hivers suivants aux Antilles, à tenter de se refaire une santé.

En 1851, l’Église presbytérienne du Canada affiliée à l’Église d’Écosse s’inquiéta des manœuvres entamées l’année précédente à l’Assemblée par James Hervey Price* en vue de la priver de ses terres et de ses revenus. Elle supplia donc Morris de se rendre à Londres pour défendre la part des réserves du clergé qu’il avait obtenue pour elle plus d’une décennie auparavant. Fatigué et malade, il ne put pourtant pas résister à l’appel de son Église et entreprit de nouveau des démarches harassantes auprès du ministère des Colonies. Il sortit les formules et les réclamations d’autrefois, mais le gouvernement ne se montra pas réceptif. Nullement ébranlé, Morris se mit à rallier une vive opposition parmi plusieurs groupes disparates, dont des évêques anglicans et des nationalistes écossais de la chambre des Lords et des conservateurs de la chambre des Communes. Assailli par cette coalition d’adversaires et par une foule d’autres difficultés, le gouvernement whig de lord John Russell fit marche arrière, et la proposition canadienne fut mise de côté.

Encouragé par son succès, Morris recommença à s’occuper du Queen’s College. Pendant deux années encore, jusqu’à ce qu’une attaque d’apoplexie le force finalement à se retirer, il se pencha sur les problèmes de cet établissement. Au cours des ans, il avait continué de surveiller attentivement ses intérêts commerciaux, notamment son magasin de Perth. Même s’il le vendit à John Murray en 1852, Morris, et plus tard son fils John Lang Morris, continua de s’intéresser activement au magasin. À sa mort, en 1858, il laissa un héritage de £37 000 en terres, en espèces et en titres.

William Morris avait identifié nombre des forces sociales et politiques en jeu dans les deux Canadas et avait à quelques reprises modifié ses positions en conséquence. Néanmoins, il était demeuré fidèle à sa croyance fondamentale en l’égalité des droits des Écossais et des Anglais dans l’Empire. Non seulement sa forte personnalité de presbytérien écossais avait-elle aidé à concrétiser les causes qu’il défendait, mais elle l’avait opposé à nombre de ses collègues conservateurs du Haut-Canada et avait même contribué à miner la position de l’élite coloniale.

Harry Bridgman

William Morris est l’auteur de : The correspondence of the Hon. William Morris with the Colonial Office, as the delegate from the Presbyterian body in Canada, [Alexander Gale, édit. (Niagara [Niagara-on-the-Lake, Ontario], 1838)] ; A letter on the subject of the clergy reserves, addressed to the Very Rev. Macfarlan and the Rev. Dr. Burns et Reply of William Morris, member of the Législative Council of Upper Canada, to six letters, addressed to him by John Strachan, D.D., Archdeacon of York, tous deux publiés à Toronto en 1838 ; Facts and particulars relating to the case of Morris vs. Cameron, recently tried at Brockville (Montréal, 1845) ; et d’Observations respecting the clergy reserves in Canada (Londres, 1851). « Journal of the Honourable William Morris’s mission to England in the year 1837 » a été édité par E. C. Kyte et publié dans OH, 30 (1934) : 212–262, et le journal de Morris rédigé aux Antilles est intitulé « Twilight in Jamaica », Douglas Library Notes (Kingston, Ontario), 14 (1965), no 2.

La principale source de renseignements sur Morris est la collection de ses papiers aux QUA ; les papiers Alexander Morris aux AO, MS 535, jettent une lumière sur ses transactions foncières. On trouve d’autres renseignements fragmentaires dans les papiers Edmund Montague Morris aux APC (MG 30, D6), et, aux QUA, dans les papiers William Bell, les papiers du synode de l’Église presbytérienne du Canada affiliée à l’Église d’Écosse, et les lettres de la Queen’s Univ.

Une brève biographie et une photographie de Morris apparaissent dans William Notman et [J.]F. Taylor, Portraits of British Americans, with biographical sketches (3 vol., Montréal, 1865–1868), 1. On trouve deux autres études plus récentes dans H. [M.] Neatby, « The Honourable William Morris, 1786–1858 », Historic Kingston, no 20 (1972) : 65–76, et H. J. Bridgman, « Three Scots Presbyterians in Upper Canada ; a study in emigration, nationalism and religion » (thèse de ph.d., Queen’s Univ., Kingston, 1978).  [h. b.]

BLHU, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 17 : 179.— H.-C., House of Assembly, Journal, 1821–1835.— Montreal Gazette, 10 juill. 1858.— H. R. Morgan, « The first Tay Canal, an abortive Upper Canadian transportation enterprise of a century ago », OH, 29 (1933) : 103–116.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Harry Bridgman, « MORRIS, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/morris_william_8F.html.

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Auteur de l'article:    Harry Bridgman
Titre de l'article:    MORRIS, WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    28 novembre 2024