HARTMAN, JOSEPH, fermier, éducateur et homme politique, né le 16 janvier 1821 dans le canton de Whitchurch, Haut-Canada, fils de John Hartman et de Mary Webb ; le 1er juin 1843, il épousa Mary Ann Cosford, et ils eurent trois fils et trois filles ; décédé le 29 novembre 1859 dans le canton de Whitchurch.
En 1807, les parents de Joseph Hartman, qui étaient quakers, quittèrent le comté de Columbia, en Pennsylvanie, et s’installèrent dans une ferme du canton de Whitchurch, dans le Haut-Canada, où Joseph naquit et fut élevé. De santé délicate, il devint instituteur et, en 1844, dès l’âge de 23 ans, on le nomma surintendant de l’éducation du canton. Il continua cependant à s’occuper de travaux agricoles et, en 1848, il put acheter dans le canton de Whitchurch 160 acres de terre que son père avait louées peu après son arrivée au Canada.
En 1847, Hartman fit son entrée sur la scène politique et fut membre du conseil du district de Home durant trois ans. Son ascension politique commença en 1850 avec la réorganisation de l’administration locale provoquée par la loi sur les corps municipaux [V. Robert Baldwin]. Élu conseiller municipal du canton de Whitchurch, il fut choisi comme premier président de ce conseil, poste qu’il conserva jusqu’à sa mort et, en cette qualité, il siégea au conseil de comté. En 1853, il devint préfet des comtés unis d’York, d’Ontario et de Peel. Il ne se présenta pas aux élections en 1854, mais fut choisi de nouveau comme préfet l’année suivante, cette fois-ci pour les comtés unis d’York et de Peel ; il exerça cette fonction durant les quatre mandats suivants, et ce fut l’une des plus longues préfectures de l’histoire de la province.
L’influence dont Hartman jouissait dans la région constitua une base solide qui facilita son entrée dans la politique canadienne. Aux élections générales de 1851, il battit à plates coutures le tory Hugh Scobie et le réformiste Baldwin lui-même, dans York North, l’ancienne circonscription du codirigeant de la grande coalition réformiste, qui avait démissionné de ce poste depuis peu. Hartman remporta la victoire sur James Hervey Price* en 1854 par une marge beaucoup plus faible, mais il fut réélu par une très forte majorité en 1857.
Hartman gagna des appuis en s’alignant sur les clear grits radicaux qui étaient en train de devenir une puissante force électorale. L’un des grits qui soutenaient le gouvernement de Francis Hincks* et d’Augustin-Norbert Morin*, Hartman passa dans l’opposition après leur échec à présenter un projet de loi sécularisant les réserves du clergé. Membre de l’Église méthodiste New Connexion, il s’opposa vigoureusement à l’aide de l’État aux organismes religieux et à tout projet de loi relatif aux écoles confessionnelles. En mai 1855, vers la fin de la session, Étienne-Paschal Taché* présenta devant l’Assemblée un projet de loi sur les écoles, après que de nombreux députés du Haut-Canada eurent quitté Québec pour rentrer chez eux ; Hartman joignit ses forces à celles de George Brown* dans une vaine tentative pour renvoyer le projet de loi à un comité pendant une période de six mois. La loi, qui permettait à dix francs-tenanciers catholiques du Haut-Canada d’élire des administrateurs pour diriger une école séparée dans leur district, fut votée par les députés du Bas-Canada, alors que la plupart des représentants du Haut-Canada encore présents s’y opposèrent. Cet été-là, Hartman réclama la dissolution de l’Union. Finalement, il se rallia à la solution politique de Brown, soit la représentation basée sur la population, et, en 1857, il participa au congrès réformiste de Toronto, s’alliant davantage à Brown, le dirigeant en pleine ascension d’un nouveau parti réformiste.
Avant toute autre chose, Hartman se fit le porte-parole des intérêts de sa circonscription ; il prit la parole lors de réunions sur la tempérance, prôna la réduction des dépenses et déposa des projets de loi sur un certain nombre de réformes municipales mineures. Fermier lui-même et représentant d’un district à prédominance agricole, il participa à différentes tentatives, qui se révélèrent infructueuses, pour améliorer le transport dans sa circonscription. En 1855, il présenta un projet de loi pour constituer juridiquement la Port Perry and Whitchurch Junction Railway Company, dont il était actionnaire, et, en 1856, il contribua à la fondation de la Toronto and Georgian Bay Canal Company. L’année suivante, il fut nommé président d’un comité parlementaire chargé d’étudier la possibilité de construire ce canal et d’obtenir une aide gouvernementale. Comme on pouvait s’y attendre, ce comité, qui se composait de deux autres actionnaires, Angus Morrison* et John William Gamble*, et de quatre autres députés des circonscriptions où le canal devait passer, appuya le plan. Leur participation à un tel comité, qui selon les critères d’aujourd’hui aurait constitué un conflit d’intérêts, était assez typique de situations qui pouvaient aisément se présenter dans le Haut-Canada, en plein essor au milieu du xixe siècle.
Il y a dans la vie de Joseph Hartman un autre aspect caractéristique de l’époque, mais d’une nature plus tragique. Sa famille était depuis longtemps aux prises avec la tuberculose, contre laquelle il n’existait alors aucun remède. Hartman contracta cette maladie des années avant d’en mourir et dut engager une longue bataille épuisante contre ses effets avant d’y succomber finalement à l’âge de 38 ans.
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Eric Jarvis, « HARTMAN, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hartman_joseph_8F.html.
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Auteur de l'article: | Eric Jarvis |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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Date de consultation: | 1 décembre 2024 |