McLEAN, ARCHIBALD, avocat, homme politique et juge, né le 5 avril 1791 à St Andrews, district de Luneburg, province de Québec, second fils de Neil McLean et d’Isabella Macdonell ; il épousa Joan McPherson qui lui donna sept enfants ; décédé le 24 octobre 1865 à Toronto, Haut-Canada.

Le père d’Archibald McLean était un personnage très en vue dans le district d’Eastern où il avait occupé, en diverses occasions, les postes de shérif, colonel de milice et juge. Archibald fréquenta l’école dirigée par John Strachan à Cornwall et il se lia avec celui-ci d’une amitié qui allait durer toute sa vie. En 1809, il devint clerc à York (Toronto) chez William Firth*, qui était alors procureur général. Lorsque la guerre de 1812 vint interrompre ses études de droit, il entra comme officier subalterne dans la milice du 3e régiment d’York. Grièvement blessé le 13 octobre à la bataille de Queenston Heights, il se traîna jusqu’au village voisin, où ses blessures furent pansées en toute hâte. La balle qui l’avait atteint ne fut pas retirée assez tôt ; sa plaie s’infecta, et il n’était pas rétabli quand les Américains attaquèrent York le 27 avril 1813. Encore inapte au combat, il enterra dans les bois le drapeau de la milice d’York et il s’enfuit à Kingston. Le 25 juillet 1814, il participa à la bataille de Lundy’s Lane ; il y fut capturé par les Américains et gardé prisonnier jusqu’à la fin de la guerre.

Après avoir refusé un brevet d’officier dans les troupes britanniques, McLean fut reçu au Barreau du Haut-Canada en 1815 et il exerça sa profession dans la société d’avocats de William Warren Baldwin*. L’année suivante, il s’installa à son compte et se fit une clientèle lucrative à Cornwall. Les McLean, qui étaient membres de l’Église d’Écosse, comptaient parmi la classe dirigeante de la région de Cornwall et ils étaient apparentés par alliance à d’éminents catholiques écossais de l’endroit. Il est donc normal qu’Archibald McLean, en tant que membre de plus en plus influent du « Family Compact », ait été élu député du comté de Stormont en 1820. À l’Assemblée, il devint peu à peu l’une des principales figures du parti tory et il lutta pour que soient accordés à l’Église presbytérienne les mêmes droits qu’à l’Église d’Angleterre. Il représenta le comté de Stormont jusqu’en 1834, alors que la ville de Cornwall fut érigée en municipalité, et obtint son propre siège parlementaire. Cette année-là, il se fit élire député de Cornwall et, en 1836, il devint président de la chambre. Il fut à nouveau représentant de Stormont au treizième parlement qui s’ouvrit le 8 novembre 1836.

Promu au rang de colonel de milice pendant les troubles de 1837, McLean participa à Toronto à la mise en déroute des rebelles, à titre de commandant du flanc gauche des troupes loyalistes sous les ordres du colonel James Fitzgibbon, à l’attaque de Montgomery’s Tavern. En 1841, il s’opposa tout d’abord à l’union des deux Canadas de crainte que les Canadiens français n’en arrivent à dominer le Haut-Canada. Le gouvernement responsable constituait à ses yeux un danger pour le maintien des liens avec l’Angleterre de même que pour le régime de liberté dans l’ordre et la reconnaissance des classes sociales et du droit de propriété qu’assurait la tradition britannique, mais il ne tarda pas à se plier aux exigences nouvelles de la réalité.

Archibald McLean entreprit sa longue carrière de juge en mars 1837, alors qu’il obtint un poste à la Cour du banc du roi pour le « circuit » de l’Ouest ; en décembre, son frère Alexander le remplaça comme député de Stormont. En 1850, il fut nommé à la Cour des plaids communs, nouvellement créée, où il siégea en même temps que James Buchanan Macaulay* et Robert Baldwin Sullivan*. Lorsque William Henry Draper* obtint la préférence sur lui et devint juge en chef de cette cour en 1856, il retourna à la Cour du banc de la reine en tant que doyen des juges. S’écartant de l’opinion de ses collègues au procès de l’esclave fugitif John Anderson en décembre 1860, il se prononça en faveur de la mise en liberté de ce dernier et il se justifia en ces termes : « en appliquant les lois d’une province britannique, je ne puis d’aucune manière me sentir tenu de reconnaître comme loi toute disposition susceptible de changer en biens meubles un très grand nombre d’êtres humains ». Le 15 mars 1862, il devint juge en chef de la Cour du banc de la reine pour le Haut-Canada. McLean était conservateur et membre d’une éminente et ancienne famille de tories ; au décès de sir John Beverley Robinson, en juillet 1863, il fut néanmoins nommé au poste moins onéreux de président du tribunal de la Cour d’appel et de pourvoi pour erreur, sur la recommandation du premier ministre réformiste John Sandfield Macdonald* qui avait été clerc chez lui et avait travaillé sous sa direction dans le « circuit » de l’Ouest. McLean était alors âgé de 72 ans et ce fut Draper qui lui succéda comme juge en chef.

McLean fut président de la St Andrew’s Society de Toronto durant de nombreuses années. Lorsqu’il mourut en 1865, il eut droit à d’imposantes funérailles publiques. On pouvait lire à son sujet dans l’Upper Canada Law Journal : « Il fut un juge digne et courtois ; il avait un caractère dénué de suspicion où n’entrait rien de vil ni de mesquin, et sa conduite envers les autres était toujours conforme à ce que lui-même attendait d’eux. »

Bruce W. Hodgins

PAO, McLean (Archibald) papers, Misc. coll., 1807–1857.— Upper Canada Law Journal (Toronto), XI (1865) : 281–284.— Read, Lives of judges.— L. J. Blom-Cooper, The language of the law (New York, 1965).— Craig, Upper Canada.— J. G. Harkness, Stormont, Dundas and Glengarry : a history, 1784–1945 (Oshawa, Ont., 1946).— B. W. Hodgins, John Sandfield Macdonald, 1812–1872 (Toronto, 1971).— A. M. Macdonell, Incidents in the life of the late Chief Justice Archibald McLean : seven years president of the St. Andrew’s Society, Toronto (s.l., s.d.).

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Bruce W. Hodgins, « McLEAN, ARCHIBALD (1791-1865) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mclean_archibald_1791_1865_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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