Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 4312851
DAY, CHARLES DEWEY, avocat, homme politique, juge et éducateur, né le 6 mai 1806 à Bennington, Vermont, fils d’Ithmar Hubbell Day et de Laura Dewey ; en 1830, il épousa Barbara Lyon, et ils eurent trois enfants, puis, en 1853, Maria Margaret, fille de Benjamin Holmes* ; décédé le 31 janvier 1884 au cours d’un voyage en Angleterre.
Le père de Charles Dewey Day, le « capitaine » Ithmar Day, travailla probablement pour la North West Company avant de quitter le Vermont avec sa famille et de venir s’installer à Montréal en 1812 pour y ouvrir un commerce de détail de produits pharmaceutiques et alimentaires. Par la suite, après 1828, il s’établit à Hull où il mit sur pied une scierie, un moulin à foulon et une forge. Charles Dewey, son fils aîné, fit ses études à Montréal et, après avoir étudié le droit chez Samuel Gale* pendant cinq ans, il fut admis au Barreau du Bas-Canada le 25 mai 1827. Bien qu’il maintînt un bureau à Montréal, Day pratiqua surtout dans la vallée de l’Outaouais où il exerça les fonctions d’avocat-conseil auprès des grands du commerce du bois, entre autres Ruggles et Philemon Wright*. Le 4 janvier 1838, Day fut nommé conseiller de la reine.
L’ascension politique de Day peut expliquer la rapidité de sa réussite professionnelle. Il avait commencé sa carrière politique en avril 1834 en protestant publiquement contre l’appui accordé par la chambre d’Assemblée aux Quatre-vingt-douze Résolutions de Louis-Joseph Papineau*. Les adversaires de celui-ci formèrent bientôt des associations constitutionnelles, et Day devint un important porte-parole de celle de Montréal. Lors de la première réunion des « constitutionnalistes » de Montréal, Day, en plus d’être nommé au comité de correspondance, fut choisi pour appuyer la résolution d’Augustin Cuvillier* préconisant « le maintien du lien existant entre le Royaume-Uni et [la] province [du Bas-Canada] ». Le discours que Day prononça à cette occasion révèle clairement la place importante qu’occupait le commerce dans sa pensée politique. Après avoir condamné la « bande de révolutionnaires enragés » qui voulaient déclencher une guerre civile au Canada, il défendit inflexiblement la continuation de l’immigration britannique au Canada et la réputation de la British American Land Company qui avaient été l’objet d’attaques de la part des Patriotes. Par la suite, on le rangea au nombre de ceux qui prônaient l’abolition de la tenure seigneuriale, la division en parts égales des « réserves » du clergé entre les sectes protestantes et la création d’un bureau d’enregistrement. En 1836, à l’occasion d’une élection chaudement disputée, il fut élu délégué à l’assemblée des constitutionnalistes convoquée dans le but d’adresser une pétition au roi et au parlement concernant la situation politique au Bas-Canada.
L’éclatement de la rébellion accéléra l’ascension politique de Day. En 1838, il fut nommé juge-avocat suppléant du tribunal militaire chargé de présider aux procès des Patriotes emprisonnés. En mai 1840, il entra au Conseil spécial à titre de solliciteur général en remplacement de feu Andrew Stuart*. Étant donné l’attachement de longue date de Day à l’union législative du Haut et du Bas-Canada, il n’est pas surprenant que le gouverneur général, lord Sydenham [Thomson*], l’ait invité à poursuivre son travail de solliciteur général au sein du Conseil exécutif constitué en vue de mener à bien l’union. Lors des élections générales tenues au début de 1841, Day remporta la victoire dans la circonscription d’Ottawa. Sa campagne coûta quelque £1 580 à son comité électoral qui était composé de commerçants de bois, dont Ruggles Wright. Mais les antécédents tories de Day le rendaient antipathique aux membres réformistes du cabinet de coalition de Sydenham et, en février 1841, Robert Baldwin* réclama la démission de Day, condition qu’il posait pour que son groupe appuyât le gouvernement. À la fin, c’est Baldwin et non Day qui quitta le cabinet. Toutefois, la victoire de ce dernier fut de courte durée. Le 28 juin 1842, le gouverneur général, sir Charles Bagot*, afin de rendre son Conseil exécutif plus représentatif de la volonté de l’Assemblée, nomma Day à la Cour du banc de la reine.
Après son départ du conseil, les différends entre Day et le parti réformiste se réglèrent. Le 1er janvier 1850, il fut promu juge puîné de la Cour supérieure par le gouvernement réformiste de Baldwin et de Louis-Hippolyte La Fontaine*. Vers le milieu des années 1850, il devint un énergique partisan de l’éminent libéral John Young* et de ses projets en vue d’améliorer les moyens de transport sur le lac Saint-Pierre. En qualité de juge, Day exécuta plusieurs travaux très astreignants ; il contribua notamment à démêler les revendications complexes engendrées par l’abolition de la tenure seigneuriale en 1854 [V. Lewis Thomas Drummond]. En 1859, le gouvernement conservateur de George-Étienne Cartier* et de John Alexander Macdonald* le nomma à la commission de codification des lois civiles du Bas-Canada. Il partagea cette tâche avec Augustin-Norbert Morin* et René-Édouard Caron* et y consacra les six années suivantes. En assumant la responsabilité de la rédaction des articles du code portant sur des questions commerciales, Day apporta au sein de la commission ce qui constitue probablement sa contribution la plus importante au domaine juridique. En 1865, il fut nommé à une commission instituée dans le but de déterminer le montant des subsides que le gouvernement devrait accorder aux compagnies de chemin de fer pour le transport du courrier provincial. La même année, il devint l’avocat de la Hudson’s Bay Company qu’il représenta dans une cause interminable où la compagnie réclama avec insistance au gouvernement des États-Unis ses droits, lesquels avaient été mis en cause par les traités de l’Oregon de 1846 et de 1863. En 1868, Day fut nommé arbitre-juge de la province de Québec, ayant pour mission de fixer et de répartir « les crédits, l’actif et le passif et les biens » découlant de l’ancienne union des deux Canadas. Enfin, en 1873, John A. Macdonald le nomma à la commission royale qui devait faire rapport sur les accusations de corruption portées par Lucius Seth Huntington contre le gouvernement conservateur relativement à sa façon de traiter le projet de charte de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique.
En plus du droit et de la politique, Day portait un intérêt particulier à l’éducation. En 1836, il s’était joint au bureau d’un petit comité montréalais formé en vue d’améliorer l’enseignement dans la province et qui comptait parmi ses membres plusieurs des futurs chefs patriotes. En 1841, à titre de solliciteur général, il présenta un projet de loi visant à fonder et à maintenir des écoles publiques subventionnées par le gouvernement dans la province du Canada, conformément à ce qui avait d’abord été proposé dans le rapport de Durham [Lambton*]. Membre fondateur de l’Advocates’ Library and Law Institute of Montreal , il en fut président en 1847–1848. Il participa également à l’organisation du colloque de l’American Association for the Advancement of Science qui eut lieu à Montréal en août 1859. En 1869, Day fut nommé au conseil de l’Instruction publique de la province de Québec et présida le comité protestant du conseil de 1869 à 1875. En 1876 on le nomma de nouveau au conseil qui avait été reconstitué. Le fait qu’il ait occupé la vice-présidence de la Church Society anglicane de 1842 à 1852 était peut-être motivé par les objectifs que poursuivait cette société en matière d’éducation.
Day accomplit son plus important travail dans le domaine de l’éducation au sein de l’Institution royale pour l’avancement des sciences, organisme provincial chargé de l’enseignement supérieur. Membre du conseil d’administration de l’institution, il en occupa le poste de président de 1852 à 1884 ; il fut directeur intérimaire du McGill College de 1853 à 1855 et chancelier de l’université de 1864 à 1884. Avec l’aide de Christopher Dunkin, il greffa la faculté de droit à McGill en 1848 et y affilia le lycée (High School) de Montréal, la McGill Normal School, le St Francis College (Richmond), ainsi que le Morrin College (Québec). Ce fut également Day qui, en 1852, insista pour qu’on modifiât les règlements de l’Institution royale pour l’avancement des sciences, mettant ainsi fin à la vieille rivalité entre cette dernière et les membres du conseil d’administration du McGill College [V. John Béthune*]. Day réclama l’introduction de cours de sciences et de littérature moderne dans les programmes d’études, et c’est à lui que le plus éminent directeur de McGill, John William Dawson*, qui allait asseoir la réputation de l’université en tant qu’établissement de haut savoir, dut d’avoir été choisi en 1855. Artisan de la renaissance de McGill au milieu du siècle, Day aida aussi l’université à passer au travers de nombreuses difficultés d’ordre juridique et politique. À sa mort en 1884, le conseil d’administration de l’université déclara que le « progrès [de McGill] et [sa] prospérité actuelle [étaient] dus en grande partie à sa haute compétence et à ses sages conseils ».
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Carman Miller, « DAY, CHARLES DEWEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/day_charles_dewey_11F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
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Date de consultation: | 28 novembre 2024 |