MacDOUGALL, DUGALD (Donald) LORN, courtier en valeurs mobilières et capitaliste, né le 12 août 1811 à Auchdoonan (région de Western Isles, Écosse), fils de Peter MacDougall, major dans le 25e d’infanterie ; en 1857, il épousa Lucy, fille de John Boston*, shérif du district de Montréal, et ils eurent quatre enfants ; décédé à Montréal le 13 novembre 1885.
Après avoir passé sa jeunesse dans le Devon, en Angleterre, Dugald Lorn MacDougall immigra au Bas-Canada en 1840. Il s’établit à Montréal où, associé à John Glass, il ouvrit un bureau de courtage en valeurs mobilières qu’on croit être le premier du genre dans la ville. Comme à cette époque très peu d’entreprises mettaient des actions sur le marché, MacDougall et Glass dirigèrent une agence de commission qui s’occupait aussi bien de produits agricoles et de bétail que de valeurs et d’obligations. Les deux associés furent au nombre des marchands de Montréal à signer le Manifeste annexionniste en 1849. MacDougall est inscrit dans le Montreal directory de 1849–1850 comme courtier de produits et d’effets de commerce dans l’entreprise MacDougall Brothers, société dans laquelle il était probablement associé à son frère, George Campbell.
Thomas Davidson, fils de David Davidson, caissier (directeur général) de la Banque de Montréal, se joignit à l’entreprise en 1859 mais, à peine quelques années plus tard, MacDougall et Davidson mirent un terme à cette association pour lancer leur propre maison de courtage. Grâce aux relations qu’avait Davidson avec la Banque de Montréal ainsi qu’à ses liens familiaux avec James Ferrier, éminent capitaliste montréalais, la nouvelle entreprise établit des contacts importants dans le milieu des affaires de Montréal. Dans les années 1860, MacDougall et Davidson devinrent agents généraux de la North British and Mercantile Insurance Company, dont le siège social était à Édimbourg en Écosse, et les deux associés furent nommés membres du conseil d’administration de la filiale canadienne de la compagnie.
Tout en s’occupant de son entreprise de commerce de valeurs avec Davidson, MacDougall s’associa avec Ferrier, Edward Martin Hopkins, Ferdinand McCulloch et Thomas Reynolds dans le but de spéculer sur les actions et les obligations. Constituée juridiquement en 1865 sous le nom d’Association de placement de Montréal, la compagnie disposait d’un capital de réserve de $1 000 000, réparti en 5 000 actions à $200 l’unité, et prévoyait l’ouverture d’un bureau à Londres. Active jusque dans les années 1880, cette compagnie achetait et vendait des obligations, des actions, des biens immobiliers et des débentures, tout en faisant à l’occasion des placements dans les prêts et les hypothèques.
MacDougall joua un rôle de premier plan dans la création du marché des actions et des obligations à Montréal. Conseiller au Bureau de commerce de Montréal pendant les années 1850, il fut aussi président de l’Association de la bourse et de la chambre de lecture des marchands de Montréal en 1860. Il donna beaucoup de son temps pendant plusieurs années au Board of Stock and Produce Brokers et, en 1863, il contribua à la restructuration de cet organisme qui aboutit à la création du Board of Brokers. Ne s’occupant plus du commerce des produits agricoles, qui allait être pris en charge par l’Association de la halle au blé de Montréal, le nouvel organisme agissait plutôt comme une association officieuse, qui s’était donné comme but de diriger la vente des actions, la fixation des taux de courtage et l’accréditation des courtiers. Cet organisme, qui par certains aspects ressemblait autant à un club privé qu’à une société financière, utilisait le montant des premiers frais d’inscription d’une compagnie à l’achat de champagne. À la première dispute qui éclata entre ses membres, il stipula que la partie en faute devait payer son amende sous forme d’une caisse de champagne.
Dix ans plus tard, en 1873, MacDougall fut un des principaux instigateurs de la transformation du Board of Brokers, qui devint la Bourse de commerce de Montréal. Son nom, ainsi que celui de ses frères Hartland St Clair et George Campbell, de Frank Bond et de James Burnett, apparaît dans l’acte de reconnaissance juridique de la Bourse de commerce de Montréal en 1874. Élu par la suite premier président de cet organisme, il conserva ce poste jusqu’à ce que la maladie l’oblige à démissionner en 1883. Son frère Hartland St Clair fut président durant les années 1894–1895 et 1897–1899, et, pour continuer la tradition familiale, son neveu Hartland Brydges, fils de George Campbell MacDougall, occupa le même poste durant les années 1914–1915. Après le réaménagement de 1874, le nombre des membres de la bourse passa de 28 à 42. Le prix d’un siège établi à $1 000 passa à $4 500 dès 1883.
En plus de s’occuper de courtage, MacDougall se tailla une place dans les milieux d’affaires de Montréal qui investissaient dans les chemins de fer, les mines et d’autres secteurs de l’économie. C’est avec d’aussi éminents capitalistes que Hugh Allan, Louis Renaud* et John Joseph Caldwell Abbott* que MacDougall fonda la Compagnie d’assurance maritime du Canada en 1856. Deux années plus tard, il participa à la création de la Compagnie du boulevard de la Montagne de Montréal, tout comme William Dow*, Mathew Hamilton Gault, Luther Hamilton Holton*, Peter Redpath et d’autres. C’est aussi avec plusieurs de ces investisseurs qu’il vit à mettre sur pied la Compagnie du terminus du chemin de fer de Montréal en 1861.
MacDougall plaça également de grosses sommes dans plusieurs compagnies mises sur pied en vue de l’extraction et du raffinage de minerais un peu partout au Québec et en Ontario. En association avec Alexander Tilloch Galt* et d’autres hommes d’affaires, il créa la Compagnie pour l’exploitation et la fonte des minerais d’Orford, dans le Bas-Canada, en 1863 ; avec Harry Braithwaite Abbott, Thomas Reynolds et Thomas Ryan, la Compagnie pour l’exploitation des mines d’or de Kennebec en 1864 ; avec sir Narcisse-Fortunat Belleau*, Renaud, Reynolds, Ryan et William McNaughton, la Gaspé Lead Mining Company en 1866 ; avec William Cunningham, Thomas Cramp, Ryan et William Henry Allan Davies, la Canada Plumbago Company pour l’exploitation minière dans le canton de Buckingham, près d’Ottawa, aussi en 1866 ; et, en 1867, avec James Hodges*, Walter Shanly*, William Dow et John Redpath*, la Canada Peat Fuel Company, dont l’exploitation s’étendait dans les comtés de Napierville, Beauharnois, Huntingdon et Châteauguay. Plus tard, il fit des placements dans la Compagnie de Montréal pour l’exploitation des mines, la Huron Copper Bay Company et plusieurs mines d’argent dans la région du lac Supérieur. Il participa aussi à la mise sur pied de la Compagnie des consommateurs de gaz de la cité et du district de Montréal en 1873, et il fut membre des conseils d’administration de la Compagnie de garantie de l’Amérique du Nord et de la Compagnie d’assurance de l’Amérique du Nord contre les accidents ; associé dans la Touchwood Qu’Appelle Land and Colonization Company Limited en 1883, il investit des sommes considérables dans la Banque de Montréal, la Banque des marchands du Canada, la Banque de Toronto et la Banque métropolitaine.
MacDougall demeurait dans une somptueuse résidence de la rue Sherbrooke, évaluée à $10 000 en 1881. Il fit partie avec son épouse de plusieurs associations de charité. Il fut, notamment, un des premiers à souscrire des fonds pour la Maison protestante d’industrie et de refuge de Montréal en 1863. Lucy MacDougall se dévoua pour la Société bienveillante des dames de Montréal. Membre respecté de la congrégation de la cathédrale anglicane Christ Church, MacDougall prêta son concours à la création de la Compagnie du cimetière Mont-Royal.
En plus de participer à ces œuvres philanthropiques et religieuses, MacDougall avait une vie sociale fort active ; ainsi, lors de la création du prestigieux Club St James en 1858, il était au nombre des 93 premiers membres, parmi lesquels figuraient des notables comme son beau-père John Boston, Peter McGill [McCutcheon*], John Young*, Robert Cassels, Thomas Cramp et les frères Workman, Thomas et William*. Un des fondateurs du Club des patineurs de Montréal, en 1861, MacDougall s’intéressa aussi beaucoup au Montreal Hunt Club dont il fut le grand veneur de 1854 à 1858. Pendant la période des relations tendues entre les Américains et les Britanniques après la capture du Trent par la marine américaine en novembre 1861, MacDougall leva et commanda les Royal Guides Governor General’s Body Guard pour le Bas-Canada, des miliciens dont le quartier général était à Montréal. En 1866, il commanda la troupe contre les envahisseurs féniens à Saint-Armand-Centre et Pigeon-Hill, dans le comté de Missisquoi. Cette unité fut dissoute trois années plus tard.
Malgré sa santé chancelante, MacDougall demeura actif dans le monde des affaires jusqu’à sa mort en 1885. Ses funérailles, dont l’évêque anglican de Montréal, William Bennett Bond*, fut l’officiant, eurent lieu le 16 novembre et, pour rendre hommage à son ancien président, la Bourse de commerce de Montréal resta fermée ce jour-là. Afin de commémorer le rôle de chef qu’il joua dans la création de la bourse, un portrait de MacDougall orne encore de nos jours les murs de la salle du conseil d’administration de la tour de la bourse, au carré Victoria, à Montréal.
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Charles Doyon, « MacDOUGALL, DUGALD (Donald) LORN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macdougall_dugald_lorn_11F.html.
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Auteur de l'article: | Charles Doyon |
Titre de l'article: | MacDOUGALL, DUGALD (Donald) LORN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |