RADENHURST, THOMAS MABON, avocat, homme politique et fonctionnaire, né le 6 avril 1803 au fort Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec), fils de Thomas Radenhurst et d’Ann Campbell ; le 9 novembre 1834, il épousa à Toronto sa cousine Lucy Edith Ridout, fille de Thomas Ridout*, et ils eurent quatre fils et six filles ; décédé le 7 août 1854 à Perth, Haut-Canada.
Le père de Thomas Mabon Radenhurst venait du Cheshire, en Angleterre. Il arriva au Bas-Canada en février 1776 et travailla comme garde-magasin à l’hôpital de Trois-Rivières ; dix ans plus tard, il épousa à Montréal la fille d’un loyaliste. Sa mort en 1805 laissa Thomas Mabon et ses sept frères et sœurs sous la seule garde de leur mère, une femme dotée d’une forte volonté. Cette dernière s’arrangea pour obtenir des brevets d’officier dans l’armée pour deux de ses aînés et, plus tard, pour faire accepter Thomas Mabon à la Home District Grammar School de John Strachan* à York (Toronto). Après avoir quitté cette école, Radenhurst étudia le droit au cabinet de son cousin George Ridout*. Reçu au barreau au printemps de 1824, Radenhurst quitta York pour Kingston, puis s’installa dans la nouvelle localité de Perth, qui était devenue en 1823 le siège judiciaire du district de Bathurst. Dans cette ville, il se bâtit un cabinet prospère en traitant les cas habituels : contraventions, dettes, requêtes et voies de fait. Il défendit les colons du canton de McNab contre Archibald McNab, fut l’avocat de la Tay Navigation Company de William Morris et le défenseur du révérend William Bell dans une poursuite en diffamation intentée par John Stewart du Bathurst Independent Examiner, journal de Perth ; ces causes sont typiques de la plupart de celles dont il eut à s’occuper. Il augmentait ses revenus professionnels en faisant de la spéculation foncière et diverses transactions commerciales privées, ce qui était aussi chose courante dans son milieu à son époque.
Radenhurst fréquentait les gens des échelons élevés de la société de Perth, composés d’officiers à la demi-solde, de marchands et d’avocats qui formaient l’élite de la ville. En 1832, il acheta la magnifique résidence en pierre du révérend Michael Harris (connue aujourd’hui sous le nom d’Inderwick House). Cet achat couronna de façon tangible sa carrière pleine de succès. Cependant, la haine de Radenhurst pour son collègue, l’avocat James Boulton, frère du procureur général Henry John Boulton*, atteignit un point culminant lorsque les deux hommes se battirent en duel en 1830. Heureusement, « l’affaire se termina sans blessure pour les deux parties ». Le duel que se livrèrent leurs étudiants en droit John Wilson* et Robert Lyon, en 1833, eut de plus graves conséquences : Lyon, frère de George Lyon, vieil ami et beau-frère de Radenhurst, fut tué. On l’enterra dans le lot familial des Radenhurst.
« Père et champion de la réforme » dans le comté de Lanark, Radenhurst disait que son « adhésion [...] aux principes de la réforme » datait des élections générales de 1828. Il s’était alors présenté avec succès comme candidat dans la circonscription de Carleton qu’il représenta à la chambre d’Assemblée jusqu’en 1830, quand celle-ci fut dissoute à la suite de la mort de George IV. Profondément affecté par la destitution du juge John Walpole Willis*, Radenhurst fit partie, en 1829, de la commission d’enquête, présidée par William Warren Baldwin*, qui examina son cas. Le gouverneur en chef Charles Edward Poulett Thomson* ayant offert à Robert Baldwin la charge de solliciteur général en février 1840, ce dernier écrivit à Radenhurst pour lui demander conseil. Radenhurst mit en garde Baldwin contre le danger de compromettre ses principes et d’accepter cette fonction en vertu de « ce que [sir Francis Bond Head*] appellerait le système du gagne-pain ». Néanmoins, ce système ne nuisait pas à Radenhurst. Trésorier du district de Bathurst depuis 1840, il fut nommé juge de la cour du district en décembre 1841, poste qu’il refusa parce qu’il n’était pas assez rémunérateur. Il agit fréquemment comme avocat de la couronne pour les circonscriptions judiciaires d’Eastern et de Midland. Quand Baldwin critiqua Radenhurst en 1851 à cause d’un jugement qui lui était défavorable, celui-ci put lui rappeler la façon irréprochable dont il avait traité « toutes les affaires publiques que [Baldwin lui] a[vait] confiées depuis 1842 ». Il pouvait aussi demander à Baldwin d’« user de [son] influence » pour agir sur les nominations dans la région.
L’influence politique de Malcolm Cameron* dans la région éclipsa cependant celle de Radenhurst. Aux élections de 1836, Cameron apparut comme l’homme fort du parti réformiste dans le district de Bathurst. Quand Cameron décida de se présenter dans la circonscription de Kent en 1847, Radenhurst, qui avait retiré à maintes reprises sa candidature dans la circonscription de Lanark à la demande du parti, s’attendait au moins à être désigné comme candidat réformiste dans celle-ci. À la place, le fils de William Bell, Robert Bell, fut choisi au cours d’une assemblée politique à laquelle peu de gens assistèrent. Oubliant sa promesse d’appuyer le candidat désigné par l’assemblée et ses propres mises en garde contre une scission du parti, Radenhurst posa sa candidature, mais, en dépit de la scission, Bell put remporter l’élection dans la circonscription de Lanark pour le parti réformiste. En 1851, Radenhurst se présenta de nouveau et, cette fois, il apparut comme le seul candidat réformiste, mais comme il « s’était nui sans espoir de réparation » parce qu’il « avait manqué de parole aux dernières élections », il fut défait par le tory James Shaw*.
Malgré son échec politique, les contemporains de Thomas Mabon Radenhurst l’admiraient « pour son intégrité absolue dans sa carrière juridique ». En 1847, un observateur décrivit le comportement de Radenhurst dans la salle du tribunal : celui-ci « s’affal[ait] dans son siège avec une tranquille familiarité », mais, en dépit de son « apparente distraction [...], rien ne lui échapp[ait...] Le témoin découvr[ait] qu’il [était] entre les mains d’un maître. » Par-dessus tout, Radenhurst pouvait convaincre un jury qu’il croyait qu’« il exist[ait] une chose telle que la vérité » et que « quel que soit le bien-fondé de la poursuite, l’avocat [était] un homme honnête ». On le nomma conseiller de la reine en décembre 1850, mais il ne vécut pas assez longtemps pour jouir de cet honneur. Malade depuis plusieurs mois, il subit « un retour de son affection » (il s’agissait de la paralysie) le 4 août 1854 et mourut trois jours plus tard. Les gens en place du comté de Lanark formèrent une partie du cortège qui accompagna son corps au cimetière de l’Église d’Angleterre de Perth. À sa mort, Radenhurst laissait une nombreuse famille, une succession évaluée à plus de £5 000 et la réputation d’être « un des membres les plus importants du barreau du Canada ».
AO, MS 35, unbound papers, 1805 ; MU 2367–2368.— APC, RG 8, I (C sér.), 278 : 122, 175, 203 ; 547 : 179 ; 548 : 16 ; 634 : 53 ; 720 : 124 ; 1220 : 289 ; RG 31, A1, 1851, Perth.— MTL, Robert Baldwin papers.— Perth Museum (Perth, Ontario), Radenhurst papers.— QUA, William Bell papers ; William Morris papers.— Bathurst Courier, 9 nov. 1834, 24 juin 1836, 23 mars 1840, 4, 18 janv. 1842, 9 nov., 24, 31 déc. 1847, 7 janv. 1848, nov.–déc. 1851, 11 août 1854.— Lambton Observer, and Western Advertiser, 17 août 1854.— Edward Shortt, The memorable duel at Perth ([Perth, 1970]).
William Cox, « RADENHURST, THOMAS MABON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/radenhurst_thomas_mabon_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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