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LYMAN, BENJAMIN, pharmacien, grossiste et fabricant de produits pharmaceutiques, né le 11 juin 1810 à Derby, dans le Vermont, fils d’Elisha Lyman, fermier et aubergiste, et d’Hannah Stiles, décédé le 5 décembre 1878 à Toronto.
Les Lyman, famille de la Nouvelle-Angleterre, descendaient de Richard Lyman de l’Essex en Angleterre, qui traversa l’Atlantique en 1631. Vers 1816, le père de Benjamin vint s’établir à Montréal où l’un de ses frères, Lewis, avait fondé une firme de produits pharmaceutiques avec George Wadsworth vers 1800, nommée Wadsworth & Lyman ; celle-ci fut la première des nombreuses sociétés que les différentes branches de la famille Lyman devaient former à Montréal et à Toronto.
En 1819, Lewis Lyman partit pour Syracuse, New York. Sa maison de commerce de Montréal devint la propriété de Samuel Hedge, oncle de Benjamin, et de son frère aîné William (1794–1857), sous le nom de Hedge & Lyman. Benjamin et son jeune frère Henry (1813–1897) entrèrent respectivement dans la firme en 1827 et en 1829. En 1836, la société fut réorganisée : jusqu’en 1855, alors que William se retira, les trois frères étaient copropriétaires de l’entreprise désignée sous le nom de William Lyman & Co. Puis Alfred Savage se joignit à la firme qui devint Lymans, Savage & Co. ; il s’en retira en 1860. Quand William H. Clare le remplaça, le nom fut changé en Lymans, Clare and Co. Juste avant la mort de Benjamin, son fils Charles et Roswell Corse, fils d’Henry, entrèrent comme associés. En 1879, le nom devint Lyman, Sons & Co., et, en 1908, Lymans Limited. Aujourd’hui cette société est l’une des filiales de la National Drug & Chemical Co. Ltd.
Les principales opérations de cette firme dans les domaines chimique et pharmaceutique se déroulèrent rue Saint-Paul où l’on construisit d’importants locaux en 1855 (brûlés en 1888). On pratiqua la vente en gros et au détail jusque vers 1867, alors que la vente au détail fut abandonnée. Les produits pharmaceutiques, l’huile de semence de lin, les peintures et les huiles furent fabriqués en un autre endroit sur la rive sud du bassin du canal de Lachine. Ces produits furent primés à plusieurs expositions universelles, notamment à celles de Paris en 1855 et en 1878. En outre, les Lyman importaient des médicaments, des semences, des huiles, des teintures et des couleurs.
À Toronto, la société ouvrit en 1832, sous la direction de J. W. Brent, une filiale qui devint Lyman, Farr & Co. vers 1835 avec Timothy J. Farr comme associé. À cette date, une autre filiale avait été ouverte à London sous le même nom. Cette dernière devint Lyman, Moore & Co. en 1840 ; apparemment, elle ne dura pas longtemps, mais elle administra le premier magasin de produits pharmaceutiques dans cette partie de l’Ontario. Il y eut aussi une autre filiale à Ottawa. À Toronto, la firme qui resta séparée de celle de Montréal connut plusieurs changements d’associés : en 1850, elle fonctionnait avec Richard Kneeshaw sous le nom de Lyman, Kneeshaw & Co., puis elle devint Lyman Brothers & Co. et, en 1855, alors que Benjamin, qui habitait toujours Montréal, s’associa à William Elliot, la firme prit le nom de Lyman, Elliot & Co. Finalement, en 1870, les Lyman achetèrent la part de la famille Elliot et reprirent le nom de Lyman Brothers & Co. Comme à Montréal, les opérations de fabrication et de vente s’effectuèrent en des endroits séparés. La firme envoyait des représentants dans l’Ontario, le Manitoba et l’Ouest. Au moment de la mort de Benjamin Lyman, en 1878, c’était la plus grande compagnie de vente en gros de produits chimiques à Toronto, et l’évaluation des biens qu’elle possédait en Ontario s’élevait à $115 000. La même année, Bradstreet estimait la valeur totale des firmes de Toronto et de Montréal entre $250 000 et $300 000.
Benjamin s’intéressait profondément à l’amélioration des normes du commerce des produits pharmaceutiques en général. Son activité s’exerça particulièrement dans l’Ontario où il contribua à l’établissement de la Canadian Pharmaceutical Association en 1867. Plus tard, cette association devint l’Ontario College of Pharmacy dont Lyman fut le président pendant plusieurs années, à partir de 1873. Il fut aussi, en 1868, l’un des fondateurs du Canadian Pharmaceutical Journal, destiné à relever le niveau de la profession. Durant la même période, il aida à former l’Association des chimistes de Montréal (1870) et essaya d’établir une association semblable à Toronto (1872). Dans l’Ontario au moins, sa firme fut la première à utiliser une étiquette rouge vif pour indiquer les préparations dangereuses.
Lyman était également intéressé aux associations industrielles en général ; il participa à la réunion de 1858 au St Lawrence Hall, à Toronto, pour promouvoir l’industrie canadienne et en 1875 il fut élu premier vice-président de la Manufacturers’ Association of Ontario, aujourd’hui l’Association des manufacturiers canadiens. Il fut membre des bureaux de commerce de Montréal et de Toronto et se fit un fervent « avocat de la protection des industries canadiennes ». En outre, il s’intéressait à la finance ; il fut un des directeurs de la Banque fédérale du Canada (organisée de 1872 à 1874) et l’un des promoteurs de la Compagnie d’assurance royale canadienne en 1873.
Quand la seconde rébellion avait éclaté dans le Bas-Canada en 1838, Lyman avait été nommé, le 5 novembre 1838, capitaine de la 5e compagnie des Montreal Rifles, « The Cold Water Company » ; il resta membre actif de la milice pendant six mois. Il garda son poste de capitaine dans la compagnie jusqu’en 1847, alors qu’il se joignit au Montreal Fire Battalion, nouvellement formé. Comme la plupart des marchands montréalais de quelque importance, il fut l’un des premiers signataires du Manifeste annexionniste de 1849 et fut momentanément relevé de sa commission en 1850. Réintégré dans ses fonctions, il fut promu commandant en 1854 et se retira de la milice en 1862. Dans le domaine municipal, avec son frère Henry, il organisa en 1840, à Montréal, une compagnie de volontaires, l’Union Fire Company dont il devint le capitaine. Il fut également conseiller à Montréal en 1845, 1847 et 1848, et échevin en 1846, 1849 et 1850. En 1863, il fut nommé syndic de la Maison de la Trinité de Montréal.
Administrateur et doyen de l’American Presbyterian Church de Montreal,. Benjamin Lyman posa la première pierre de la nouvelle église, rue Dorchester, en 1865. Comme le Montreal Daily Witness le déclarait dans sa nécrologie, « il prit une part active au développement de presque toutes les entreprises bienfaisantes de la cité » ; il fut l’un des fondateurs de la Compagnie du cimetière du Mont-Royal, et son président de 1875 à 1877 ; il fut aussi un promoteur de la Montreal Auxiliary Bible Society et de la Société de tempérance de Montréal.
Benjamin Lyman épousa Delia Almira Wells (1810–1883) de Waterbury, Vermont, en 1834. De cette union, il eut treize enfants, dont deux fils et deux filles lui survécurent. Surtout durant ses dernières années, Lyman consacra beaucoup de son temps à voyager et à s’occuper d’affaires à Toronto. C’est là qu’il mourut de pneumonie en 1878. Tous ses biens furent légués à sa veuve. D’après son nécrologue, Lyman était un homme au port imposant qui, bien que peu démonstratif, noua de solides amitiés ; un homme lent qui pesait bien ses mots, mais qui passait rapidement à l’action dès qu’il s’était tracé une ligne de conduite.
APC, FO 1, E1, 77, pp.534s. ; FO 9, I, C4, 2.— Library of the College of Pharmacy (University of Toronto), Douglas Fatum, Biography of Mr. Benjamin Lyman (1810–1878) ; T. I. Kahnykevych, Benjamin Lyman, an outstanding figure in the history of pharmacy.— York County Surrogate Court, inventaire après décès de Benjamin Lyman, 22 janv. 1879 ; testament de Benjamin Lyman, 12 août 1861.— Bradstreet’s reports of the Dominion of Canada ; February 1, 1876 (New York, 1876).— Statutes of Canada, 1872, c.59 ; 1873, c.79, c.99 ; 1874, c.57.— Mail (Toronto), 7 déc. 1878.— Montreal Daily Witness, 27 avril 1865, 6 déc., 9 déc. 1878.— Montreal Herald, 15 oct. 1849.— Canada directory for 1857–58 [...] (Montréal, 1857).— Directories (Toronto), 1850, 1856, 1861, 1873, 1879.— Dom. ann. reg., 1879, 356s.— Montreal directory (Mackay), 1848, 1857, 1862.— Atherton, Montreal, II : 278 ; III : 560s.— Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church, 256–258.— Centennial/Anniversary souvenir ; a commemorative volume celebrating Canada’s centenary and National Drug’s 60 years of service (Montréal, 1967), 112.— Genealogy of the Lyman family in Canada ; ancestors and descendants of Elisha Lyman (no 18) from the end of the 18th century to the present time (1943), Arthur Lyman, édit. (Montréal, 1943), 30, 39, 72, 75.— Hist. of Toronto and county of York, I : 408.— Histoire de la Corporation de la Cité de Montréal, depuis son origine jusqu’à nos jours [...], J.-C. Lamothe, La Violette et Massé, édit. (Montréal, 1903), 206–208.— F. W. Terrill, A chronology of Montreal and of Canada from A. D. 1752 to A. D. 1893, including commercial statistics, historical sketches of commercial corporations and firms and advertisements [...] (Montréal, 1893), 57s.— Editorial ; the election for council, Canadian Pharmaceutical Journal (Toronto), VIII (1874–1875) : 436s.— Editors of the journal from 1868–1942, Canadian Pharmaceutical Journal (Whitby), LXXV (15 juin 1942) : 26.— George Hodgetts, Minutes of the semi-annual meeting of the council of the Ontario College of Pharmacy, Canadian Pharmaceutical Journal (Toronto), VIII (1874–1875) : 40–47 ; Ontario College of Pharmacy : council meeting, Canadian Pharmaceutical Journal (Toronto), VII (1873–1874) : 68–75 ; Ontario College of Pharmacy ; minutes of the semi-annual meeting of the council, Canadian Pharmaceutical Journal (Toronto), VIII (1874–1875) : 267–272.— Many important drug companies started in little back shops, Canadian Pharmaceutical Journal (Whitby), LXXV (15 juin 1942) : 82.— Obituary ; Benjamin Lyman, Canadian Pharmaceutical Journal (Toronto), XII (1878–1879) : 190–193.— The story of Canadian pharmacy from 1868 to 1942 as it unfolded, year by year, in the C. Ph. Journal, Canadian Pharmaceutical Journal (Whitby), LXXV (15 juin 1942) : 12.
Frederick H. Armstrong, « LYMAN, BENJAMIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lyman_benjamin_10F.html.
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Auteur de l'article: | Frederick H. Armstrong |
Titre de l'article: | LYMAN, BENJAMIN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |