Provenance : Lien
DALY, sir DOMINICK, fonctionnaire, homme politique et administrateur colonial, né le 11 août 1798 à Ardfry, comté de Galway (République d’Irlande), fils de Dominick Daly et de Joanna Harriet Burke, née Blake, décédé le 19 février 1868 en Australie-Méridionale.
Dominick Daly appartenait à une vieille famille du comté de Galway, et ses ancêtres, grâce à leurs talents naturels et à de sages alliances, avaient accédé à la classe dominante à la fin du xvie siècle et avaient été anoblis au milieu du xixe siècle. Le père de Dominick était un roturier, mais il était apparenté à la noblesse par son mariage avec la sœur de Joseph Henry Blake, premier baron Wallscourt. Le jeune Dominick, troisième fils de cette heureuse alliance, étudia dans une institution catholique, le St Mary’s Collège, à Oscott, près de Birmingham. À sa sortie du collège, il fit un long séjour chez un oncle qui était banquier à Paris, puis il retourna en Irlande où sa famille lui obtint le poste de secrétaire privé de sir Francis Nathaniel Burton*, lieutenant-gouverneur du Bas-Canada. En 1823, Daly s’empressa d’accompagner Burton au Canada, ayant été averti par le ministère des Colonies que les Canadiens ne toléreraient plus l’absentéisme des fonctionnaires.
Au Bas-Canada, Daly travailla ferme et avec discrétion, tandis que son employeur captait si bien la confiance des Canadiens français que l’Assemblée, en 1823, augmenta ses appointements et lui accorda une indemnité pour le loyer de sa résidence. De 1824 jusqu’à l’automne de 1825, Burton agit au nom du gouverneur Dalhousie [Ramsay*] qui s’était rendu en Angleterre pour exposer au ministère des Colonies les problèmes politiques du Canada. Dans le but de déloger Dalhousie de son poste, Burton s’efforça de dénigrer les mesures prises par le gouverneur, et le roi George IV dut intervenir personnellement en faveur de son représentant. En 1826, Daly retourna avec Burton en Angleterre où le lieutenant-gouverneur poursuivit ses efforts en vue de discréditer Dalhousie. Burton ne parvint pas à évincer le gouverneur, mais il réussit toutefois à lui imposer Daly, et ce dernier revint à Québec en 1827 muni de directives enjoignant à Dalhousie de le nommer secrétaire provincial du Bas-Canada.
Daly devait remettre le salaire de £500 qu’il recevait comme secrétaire provincial à l’ancien titulaire du poste, l’absentéiste Thomas Amyot, et garder pour lui les gratifications considérables attachées à l’exercice de ses fonctions. Amyot avait la faveur des milieux officiels de Londres et, malgré le nouveau courant d’opinion sur l’absentéisme, aucun ministre whig ou tory ne voulait aller plus loin que de proposer que le revenu fût considéré comme une pension plutôt qu’un salaire. Daly se déclara satisfait de l’arrangement et on lui fit jurer de garder le secret, comme lord Stanley l’expliqua, parce que l’Assemblée aurait certainement refusé de lui payer son salaire si on avait appris qu’Amyot en était le bénéficiaire. Dalhousie, qui entendait choisir lui-même son secrétaire provincial, protesta vivement contre la nomination de Daly. Il fit valoir que celui-ci était trop jeune, qu’il manquait de sens des responsabilités et de l’expérience nécessaire pour remplir une fonction de cette importance, mais le ministère des Colonies, après une nouvelle étude de la question, reconnut la compétence de Daly qui conserva son poste.
En qualité de secrétaire provincial, Daly avait la tâche de rédiger tous les documents officiels, y compris les proclamations, selon les indications données par le gouverneur – celui-ci agissant seul ou conjointement avec le Conseil législatif – et il était chargé de la correspondance officielle du gouvernement. À l’exemple de Burton, il se rendit agréable à ses coreligionnaires, les Canadiens français, en accueillant avec sympathie un grand nombre de leurs doléances. Il gagna le respect et la confiance de tous en se montrant consciencieux et impartial dans l’accomplissement de son travail, attitude qui aplanit toute difficulté lorsque le poste de secrétaire provincial, après la rébellion, passa des cadres de la fonction publique à ceux de la politique. Daly participa également à des activités municipales ; en 1836, par exemple, il fut membre du conseil d’administration de la nouvelle école normale à Québec en compagnie de notables tels que René-Édouard Caron*, maire de Québec, John Neilson* et Hector-Simon Huot. D’éminents Canadiens eurent ainsi l’occasion d’apprécier son caractère affable et ses manières surannées qui rehaussaient la réputation d’homme diligent, « intègre et serviable » qu’il méritait bien. Dans sa vie personnelle, Daly avait respecté la tradition familiale en épousant, le 20 mai 1826, Caroline Maria Gore, la troisième fille de l’influent colonel Ralph Gore, de Barrowmount, dans le comté de Kilkenny, qui se trouvait alors en service militaire à Québec.
À l’époque des insurrections de 1837–1838, Daly, semble-t-il, se garda bien d’exprimer directement ses opinions et ce silence amena les deux camps à penser qu’il sympathisait avec eux. Après les troubles, Daly fut l’un des rares fonctionnaires supérieurs que lord Durham [Lambton*] garda en poste, car des adversaires tels que sir John Colborne et le leader politique Louis-Hippolyte La Fontaine l’avaient tous deux chaleureusement recommandé. Au sein du conseil de Durham, Daly collabora avec des Britanniques radicaux d’allégeance whig comme Edward Gibbon Wakefield, avec lequel il allait entretenir des liens étroits et importants au point de vue politique.
Durham établit un nouveau régime d’administration coloniale et lord Sydenham [Thomson*] fut chargé de le mettre en application. Daly fut le seul fonctionnaire du Bas-Canada qui conserva ses fonctions au moment de l’union des provinces. Son poste, jusque-là indépendant des partis politiques, fut considéré comme électif sous le régime instauré en 1841. Sydenham incita donc Daly à démissionner et à solliciter un siège à l’Assemblée. Daly se fit élire dans la circonscription de Mégantic, dans les Cantons de l’Est ; le 10 février 1841, il fut nommé par Sydenham secrétaire provincial du Bas-Canada et, trois jours plus tard, membre du Conseil exécutif.
De 1841 à 1843, les conservateurs et les réformistes se montrèrent satisfaits de la collaboration de Daly. Celui-ci remplissait alors avec le plus grand soin, comme il le fit par la suite, ses fonctions de secrétaire provincial, auxquelles vinrent s’ajouter, le 21 décembre 1841, celles de membre du bureau des Travaux publics. Il attachait plus d’importance à ces tâches qu’aux affaires courantes de la législature. Il siégeait à l’Assemblée chaque fois qu’il le pouvait, mais il prenait rarement part aux débats, car s’il était un homme de bonne conversation dans la vie privée, il n’était pas un orateur. Au conseil, Daly se faisait un devoir de faire profiter ses collègues de sa longue expérience et de se montrer aussi agréable que possible. En raison de ses vastes connaissances, il fut un membre important du premier gouvernement dirigé par Sydenham. Pendant la session de 1842, il fut également apprécié par ses collègues du nouveau ministère réformiste dirigé par Robert Baldwin* et La Fontaine, qui de leur plein gré le confirmèrent dans son poste de secrétaire provincial. Il eut la considération des deux leaders durant le mandat du gouverneur sir Charles Bagot* et durant une partie de celui de sir Charles Theophilus Metcalfe*. Il fallut la crise ministérielle de 1843 pour que les vues politiques de Daly apparaissent de façon nette.
Parce qu’il était un homme aimable, qu’il se montrait compréhensif à l’endroit des catholiques francophones du Bas-Canada et qu’il était un travailleur appliqué, les réformistes croyaient que Daly avait épousé leur cause politique. En réalité, il n’avait rien d’un homme politique et il estimait que s’il exerçait ses fonctions de manière assidue et consciencieuse tout en demeurant loyal au souverain, il satisfaisait aux exigences requises pour conserver son poste. Lorsque ses collègues s’engagèrent dans des disputes avec le gouverneur Metcalfe sur des questions comme l’application intégrale du principe de la responsabilité ministérielle et le droit au « patronage », Daly se rangea à l’avis du gouverneur pour la simple raison que celui-ci était, en vertu de son titre, le représentant de Sa Majesté au Canada. Baldwin ne tarda pas à parler de forcer la main à Metcalfe en remettant sa démission de concert avec les autres membres du conseil. Âgé de 42 ans, dépourvu de revenus personnels et persuadé qu’il occupait un poste permanent sous la seule réserve de l’approbation du gouverneur, Daly fut le seul collègue de Baldwin à refuser de démissionner. On avait fait preuve d’une méconnaissance totale de son caractère en s’imaginant qu’il allait démissionner pour des raisons politiques ; en appuyant Metcalfe en 1843, il respectait ses propres principes sinon ceux de ses collègues.
Un mois avant de résigner leurs fonctions, les collègues de Daly tentèrent de détruire sa réputation en nommant un comité d’enquête chargé d’établir s’il devait être mis en accusation pour avoir conseillé à lord Sydenham d’usurper le produit de la vente des permis de mariage. L’arrangement concernant Amyot fut également mis au jour. Daly fut exonéré de tout blâme par le comité, mais il fallut pour cela l’intervention publique d’Edward Gibbon Wakefield, son nouveau conseiller politique et le soi-disant confident du gouverneur Metcalfe, lequel était assailli de toutes parts. Wakefield dévoila la rupture survenue entre Daly et ses collègues ; Baldwin prétendit qu’il s’agissait d’une affirmation fausse et « grossièrement présomptueuse », mais la rupture en question allait éclater au grand jour dans les semaines qui suivirent.
Le 27 novembre 1843, La Fontaine et Baldwin annoncèrent leur démission. Ils quittèrent alors les banquettes ministérielles, imités par tous leurs collègues, sauf par Daly qui fut le seul à garder son siège. Deux jours plus tard, Baldwin ayant soumis le cas des démissionnaires à l’Assemblée, Daly exposa le point de vue du gouverneur en cette affaire : le gouverneur refusait d’abandonner ce qu’il considérait comme étant les privilèges de la couronne. Baldwin et ses collègues faisaient valoir de leur côté que leur propre responsabilité à l’égard des actions du gouverneur obligeait celui-ci à accepter soit leur avis soit leur démission.
Durant neuf mois environ, le ministère se composa des seuls Daly, William Henry Draper* et Denis-Benjamin Viger. La nomination de Viger et de Draper améliora la position peu enviable de Daly, mais plusieurs mois s’écoulèrent avant que le gouverneur pût trouver quelqu’un d’autre pour se joindre à ses trois conseillers. Daly fut donc forcé d’affronter l’hostilité des réformistes, qui estimaient avoir été trahis par lui. En une occasion, l’impétueux ivrogne Thomas Cushing Aylwin* se mit dans une telle colère en chambre qu’il provoqua le flegmatique Daly en duel. Ce duel – l’un des derniers au Canada – eut lieu le 26 mars 1845 et se termina sans blessures de part et d’autre, bien que des coups de feu eussent été tirés. Dans la mesure du possible, toutefois, Daly gardait le silence à l’Assemblée. Il préférait porter toute son attention sur l’exercice de ses fonctions qui s’accrurent, le 1er janvier 1844, lorsqu’il devint secrétaire provincial du Haut et du Bas-Canada. Le 2 septembre 1844, trois autres personnes furent nommées au ministère : le cousin de Viger, Denis-Benjamin Papineau*, William Morris* et James Smith. Ayant fait la preuve, avec ces nominations, qu’il pouvait se passer de La Fontaine et de Baldwin, Metcalfe déclencha des élections générales, et le parti ministériel vit sa position affermie en remportant la victoire.
Pour sa part, Daly fut réélu dans sa circonscription de Mégantic. Il conserva son poste, en dépit des bouleversements politiques et des tractations entre le gouvernement Draper-Viger et certains réformistes canadiens-français en 1845 et 1847, qui visaient à former un ministère plus acceptable à la majorité canadienne-française du Bas-Canada [V. Draper ; Caron]. Les réformistes voulurent faire de l’exclusion de Daly une condition sine qua non de leur participation au nouveau conseil, mais les collègues du secrétaire refusèrent par deux fois de le sacrifier. Aux élections générales de 1847–1848, toutefois, les réformistes remportèrent la majorité à l’Assemblée ; Daly, bien qu’il eût été réélu, ne fit pas partie, ainsi que ses collègues, du nouveau cabinet formé par La Fontaine et Baldwin le 10 mars 1848. C’était la première fois depuis 1822 que le « secrétaire perpétuel » se trouvait sans travail.
Reconnaissant que Daly était dans une situation « fort pénible », le nouveau gouverneur, lord Elgin [Bruce], déclara : « Il a démissionné d’une fonction permanente lors de l’instauration du gouvernement responsable, à la demande du gouverneur – En appuyant lord Metcalfe au moment de sa rupture avec le premier conseil, il s’est rendu particulièrement désagréable au parti qui se prépare à venir au pouvoir. Privé de son poste, il n’a aucun moyen de subsistance [...]. À mon avis, personne dans cette colonie n’a pareille créance auprès du gouvernement de Sa Majesté. » Comme il partageait entièrement cette opinion, Daly chercha au plus tôt à obtenir de lord Elgin l’assurance qu’on allait s’occuper de lui. Quand cette garantie fut sur le point d’être accordée, il abandonna son siège au parlement et retourna en Angleterre, ayant rejeté au préalable l’offre que le gouverneur lui avait faite de le nommer administrateur d’une des îles Bahamas. En Angleterre, cependant, Daly se laissa convaincre par Wakefield de faire pression sur le ministre des Colonies, lord Henry George Grey, mais le caractère excessif de ses requêtes amena le ministre à lui refuser tout poste de gouverneur dans les colonies. Il fut plutôt nommé au sein d’une commission chargée d’enquêter sur les concessions des forêts New and Waltham et sur les conditions qui y prévalaient. Il remplit cette fonction jusqu’à la dissolution de la commission en 1850–1851. En 1852, on lui confia finalement un poste d’administrateur, mais d’importance secondaire, en le nommant lieutenant-gouverneur de Tobago dans les Antilles. Il ne put rien accomplir à cet endroit, car la maladie l’obligea à quitter l’île au bout de six mois seulement.
En 1854, Daly fut nommé lieutenant-gouverneur de l’Île-du-Prince-Édouard. Il arriva dans cette colonie le 12 juin 1854 et il fut accueilli chaleureusement ; durant les cinq années qui suivirent, il s’efforça de se montrer digne de cet accueil par la fermeté, la modération et la compétence avec lesquelles il gouverna l’île, qui ne jouissait d’un gouvernement responsable que depuis trois ans. Des élections furent tenues presque immédiatement après l’arrivée de Daly. Les résultats étant défavorables au gouvernement conservateur de John Myrie Holl, celui-ci démissionna, conformément au principe du gouvernement responsable. Le nouveau ministère libéral de George Coles* parvint à se maintenir au pouvoir durant quelques années avec des majorités décroissantes, puis l’Assemblée dut être dissoute quelques mois après les élections de juillet 1858. Le lieutenant-gouverneur Daly observa les règles du gouvernement responsable, même s’il avait tendance à donner plus d’avis et de conseils qu’il n’était nécessaire, et, à l’instar de son prédécesseur, Alexander Bannerman, il s’opposa à tous les efforts visant à exclure l’exécutif du corps législatif ; le gouvernement tory qui prit le pouvoir en 1859, alors que Daly venait de quitter la colonie, envisageait une telle réforme. Premier administrateur catholique de l’île, Daly n’avait pas la confiance des conservateurs, qui recrutaient leurs partisans surtout chez la population protestante ; les tories l’accusaient souvent de partialité envers les libéraux.
Parmi les travaux parlementaires effectués sous l’administration de Daly, on peut citer la rédaction des clauses du traité de réciprocité de 1854, l’acquisition controversée du vaste domaine Worrell [V. William Henry Pope*] par le gouvernement, l’érection en municipalité de Charlottetown ainsi que la reconnaissance juridique de la Bank of Prince Edward Island en 1855 et la fondation d’une école normale, qui fut officiellement ouverte par Daly en 1856.
La question la plus sérieuse dans l’île était celle des terres. Quand l’île était encore « à l’âge du berceau », comme disait Durham, elle avait été cédée « à une poignée de propriétaires de l’extérieur ». Sous le gouvernement de Coles, les libéraux s’efforcèrent de réformer quelques-uns des abus causés par les grandes propriétés foncières. En 1855, après avoir tenté sans succès à plusieurs reprises d’améliorer la législation relative à cette question, ils votèrent une mesure de portée restreinte visant à indemniser certains locataires et squatters expulsés, pour les améliorations qu’ils avaient apportées aux terres. Daly était sans aucun doute tiraillé entre ses sympathies libérales et son respect pour le droit de propriété et, en fin de compte, il fut heureux de pouvoir se borner à informer la chambre que la mesure avait été rejetée par le ministère des Colonies, ce qui lui permettait de préserver la popularité dont il jouissait dans l’île.
En 1858, Daly annonça sa démission dans un discours où il fit mention également des rumeurs circulant au sujet d’une fédération des colonies de l’Amérique du Nord britannique. Le 19 mai 1859, il prorogea l’Assemblée et prononça son discours d’adieu, se réjouissant de l’harmonie qui avait régné entre les différents paliers de gouvernement durant son mandat. En fait, il n’y avait eu d’harmonie qu’entre lui et les libéraux. Daly quitta l’île avant la fin du mois, salué comme l’un des administrateurs les plus appréciés de la colonie ; on l’avait honoré du titre de chevalier en 1856.
De retour en Angleterre, Daly attendit presque deux ans avant d’obtenir un autre poste. En octobre 1861, il fut nommé en Australie-Méridionale, contrée qui avait tenu autrefois une place fort importante dans les plans de colonisation de Wakefield. Il devait succéder à sir Richard Graves MacDonnell* en tant que gouverneur et commandant en chef, à une époque où l’Australie était un pays rude et turbulent, raciste et politiquement instable. La religion de Daly allait être pour lui un handicap encore plus sérieux qu’à l’Île-du-Prince-Édouard, où la moitié de la population était catholique. L’Australie-Méridionale étant protestante, il se trouvait, en effet, désavantagé comme aucun gouverneur ne l’avait été avant lui. Rendu vulnérable, en outre, du fait qu’aucune réputation particulière n’avait précédé son arrivée, il fut tout d’abord l’objet de vives attaques. Dans ce pays où le gouvernement responsable n’avait été obtenu qu’en 1855, où le système des partis politiques était encore à venir et où 41 gouvernements s’étaient succédé en 40 ans, la personnalité et l’impartialité de Daly parvinrent néanmoins à dissiper la méfiance que son catholicisme avait fait naître.
Daly mourut à la tâche le 19 février 1868, d’une anémie qui, depuis quelques mois, lui avait donné un teint visiblement pâle et lui avait enlevé beaucoup de son énergie. Il laissait derrière lui lady Daly et cinq enfants, dont quatre continuèrent de vivre en Australie-Méridionale. Un cinquième, Malachy Bowes Daly, allait devenir plus tard lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse. Des cérémonies funèbres furent tenues dans les églises protestantes de toute l’Australie-Méridionale et l’on pleura sa disparition en soulignant la popularité dont il avait joui comme gouverneur, la « foule d’amis » qu’il s’était attachés, sa loyauté et son affabilité.
En tant qu’administrateur colonial, sir Dominick Daly n’avait pas de qualités exceptionnelles, si ce n’est l’habileté nécessaire pour trouver des appuis influents et le talent de se faire une réputation d’homme « fort honorable et intègre, aux manières courtoises et à l’abord distingué – le type du gentleman irlandais [...]. Il était doué de jugement et de prudence, de tact et de discrétion – bref, un homme digne de confiance. » Son travail consciencieux et impartial lui valut d’être louangé par des gens de toute allégeance politique au Canada jusqu’au moment où, en 1843, apparut si nettement son indifférence à l’égard de la politique, son manque de « passion politique ». C’est à cette époque seulement que ceux qui avaient été jusqu’alors ses amis et ses collègues devinrent d’implacables ennemis politiques. Daly était un partisan du vieux système colonial et il tenta de le perpétuer dans les Canadas longtemps après qu’un nouveau régime eut été instauré. Par la suite, toutefois, à l’Île-du-Prince-Édouard et en Australie, il respecta les principes du gouvernement responsable, même s’il s’occupait en priorité des droits de la couronne et des droits acquis – attitude qui était bien celle d’un homme d’ascendance aristocratique. Chaque fois qu’il obtint un poste dans les colonies, il s’acquitta honorablement de ses devoirs et il œuvra avec distinction sinon avec éclat.
Coll. Elgin-Grey (Doughty), I : 118s., 148, 184, 298s., 319.— Debates of the Legislative Assembly of United Canada (Gibbs et al.), I-VI.— Hincks, Reminiscences.— Select documents in Australian history, 1851–1900., C. M. H. Clark, édit. (Sydney, 1955).— Examiner (Charlottetown), 18 nov. 1861, 18 mai 1868.— Dent, Canadian portrait gallery, III : 69, 71.— Political appointments, 1841–1865 (J.-O. Côté), 27, 41.— [M.] E. [Abbott] Nish, Double majority : concept, practice and negotiations, 1840–1848 (thèse de m.a., McGill University, Montréal, 1966), 87–97, 151–233, 234–282.— L.-P. Audet, Le système scolaire, VI : 117, 251s.— Paul Bloomfield, Edward Gibbon Wakefield, builder of the British Commonwealth ([Londres, 1961]), 268s.— L. C. Callbeck, The cradle of confederation ; a brief history of Prince Edward Island from its discovery to the present time (Fredericton, 1964), 168.— Duncan Campbell, History of Prince Edward Island (Charlottetown, 1875), 112–115, 119, 121.— Gertrude Carmichael, The history of the West Indian islands of Trinidad and Tobago, 1498–1900 (Londres, 1961), 311, 435.— Leonard Cooper, Radical Jack ; the life of John George Lambton, first Earl of Durham, etc. (Londres, 1959).— Creighton, Macdonald, young politician.— Davin, Irishman in Canada, 168, 431.— Dent, Last forty years, I : 86s., 300, 323s. ; II : 123s.— R. S. Longley, Sir Francis Hincks ; a study of Canadian politics, railways, and finance in the nineteenth century (Toronto, 1943).— MacKinnon, Government of P.E.I., 86, 97, 105–112.— J. P. MacPherson, Life of the Right Hon. Sir John A. Macdonald (2 vol., St John’s, 1891), 1.— Douglas Pike, Australia : the quiet continent (Cambridge, Angl., 1962), 105–126.— Racism or responsible government : the French Canadian dilemma of the 1840’s, [M.] E. [Abbott] Nish, trad. et édit. (Toronto, 1967).— Ernest Scott, A short history of Australia (6e éd., Londres, 1936), 209–284.— Helen Taft Manning, The revolt of French Canada, 1800–1835 : a chapter in the history of the British Common wealth (Toronto, 1962), 140, 267.— G. E. Wilson, The life of Robert Baldwin ; a study in the struggle for responsible government (Toronto, 1933), 99, 101, 107.
Elizabeth Gibbs, « DALY, sir DOMINICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/daly_dominick_9F.html.
Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:
Permalien: | http://www.biographi.ca/fr/bio/daly_dominick_9F.html |
Auteur de l'article: | Elizabeth Gibbs |
Titre de l'article: | DALY, sir DOMINICK |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |