BRISTOW, WILLIAM, journaliste, né le 25 décembre 1808 à Birmingham, Angleterre ; il vivait encore en 1868.

Comme jeune immigrant anglais dans la ville de Québec, Bristow participa activement à l’agitation en faveur de la réforme parlementaire au Bas-Canada et de l’union avec le Haut-Canada. En 1836, il publia des articles dans l’Union pour appuyer le réformiste constitutionnel Andrew Stuart* et, en 1837, il devint secrétaire de l’Association constitutionnelle de Québec qui comptait parmi ses membres Stuart, Thomas Cushing Aylwin*, George Pemberton et John Neilson*. Dans des lettres adressées à la Quebec Gazette de Neilson en 1841, Bristow décrivit ce que devrait être le gouvernement responsable du Canada-Uni et accorda son appui aux résolutions présentées par Robert Baldwin* à l’Assemblée de la province du Canada.

Par la suite, Bristow publia des éditoriaux dans le Times and Daily Commercial Advertiser de Montréal (journal réformiste fondé en 1841) et collabora au Pilot and Journal of Commerce (fondé par Francis Hincks* en 1844 à Montréal, au moment où George Brown* fondait à Toronto le Globe). Il fut l’un des principaux collaborateurs du Canadian Economist dès sa fondation par la Free Trade Association en 1846. Bristow donna en 1846, à Montréal, une conférence sur le libre-échange.

« Les conditions déplorables qui régnaient à la prison de Kingston », dont le tory Henry Smith était directeur, fournirent à Bristow un autre sujet pour ses éditoriaux. La prison, qu’on montrait fièrement depuis longtemps à des voyageurs comme Charles Dickens, était devenue l’objet de rumeurs concernant la corruption, le népotisme et le mauvais traitement des prisonniers. En 1848, sous le gouvernement de Baldwin et de Louis-Hippolyte La Fontaine, Bristow fut l’un des cinq commissaires, parmi lesquels figuraient aussi George Brown et Adam Fergusson, nommés pour enquêter sur les conditions prévalant à la prison. Après la fin des audiences tenues à Kingston, Bristow et Brown firent le tour des institutions pénales américaines en novembre et décembre 1848 et revinrent à Montréal pour rédiger le rapport de la commission. Ce rapport recommandait fortement le congédiement du directeur Henry Smith et proposait une sérieuse réforme du système pénal canadien.

Le Pilot de Montréal, dont Hincks avait cessé de s’occuper depuis son entrée dans le cabinet en janvier 1848, était devenu la cible des conservateurs, et ses locaux furent saccagés lors des émeutes provoquées en avril 1849 par le projet de loi pour l’indemnisation des pertes subies pendant la rébellion [V. James Bruce]. Rollo Campbell*, le nouveau propriétaire du journal, offrit à Bristow le poste de rédacteur en chef. Sous sa direction, le Pilot devint le porte-parole des réformistes dans le Bas-Canada. Il dirigea également l’opposition à la British American League, d’allégeance tory, et à l’annexionnisme, mouvement qui était à son apogée au cours de l’automne de 1849. Bristow dénonça l’annexionnisme dans une conférence intitulée « The commercial prospects of Canada », prononcée à l’Institut des artisans de Montréal en janvier 1850. Tout en reconnaissant les maux qu’infligeaient au commerce canadien les entraves fiscales, il mit en relief les grands avantages qu’avait le Canada sur les États-Unis grâce au Saint-Laurent. Les périodiques anglais, y compris le Times de Londres, publièrent de larges extraits de sa conférence et le comte Grey lui adressa une lettre de félicitations par l’entremise du gouverneur général, lord Elgin [Bruce]. Dans son rapport d’octobre de la même année à lord Grey sur un banquet politique tenu à Montréal, lord Elgin inclut un compte rendu sur un autre exposé de Bristow dans lequel ce dernier soulignait la nécessité de relations interprovinciales et vantait « l’esprit de fédération ».

Entre temps, le rapport sur les abus à la prison de Kingston avait été publié et avait attiré le courroux de John Alexander Macdonald*, allié politique du directeur Smith. Macdonald s’attaqua à la commission au parlement, d’abord en 1850, puis en 1851, demandant qu’un comité fasse enquête sur ses travaux. Dans une lettre de 1851, Macdonald ne mâcha pas ses mots : « J’espère, écrivit-il, que Bristowe connaîtra le sort de son cocommissaire Browne, qui s’est fait balayer à Haldimand. » Mais entre temps, Bristow avait été nommé membre du nouveau conseil de la prison de Kingston ; de pair avec Brown, il devint le premier inspecteur de cette prison rétribué par le gouvernement.

Bristow continua de diriger le Pilot jusqu’en 1854, soutenant le gouvernement de Hincks et d’Augustin-Norbert Morin et insistant sur les efforts que celui-ci faisait pour ouvrir de nouvelles voies au commerce. Aux élections de 1854, Bristow se présenta à Montréal, mais fut défait par John Young*. Revenant au journalisme, il fonda l’Argus en 1854. Les forces réformistes étaient en train de se regrouper. L’Argus de Bristow engagea une polémique avec la Minerve. Il mit l’accent sur les avantages économiques que pouvaient retirer le Haut et le Bas-Canada de l’expansion des chemins de fer. L’Argus attaqua aussi le gouvernement de coalition libéral-conservateur en l’accusant d’abus dans l’organisation des ministères.

En mai 1856, Bristow fut appelé à témoigner devant un comité parlementaire chargé d’enquêter sur les accusations portées par Macdonald contre Brown et la commission d’enquête sur la prison de Kingston. Dans sa déposition, Bristow souligna que la commission avait travaillé en équipe et qu’elle avait recueilli les dépositions dé façon très méticuleuse. En fin de compte, le comité reprocha à Macdonald ses accusations de subornation de témoins et de falsification ou de suppression de preuves. Mais le comité, imbu de préjugés politiques, refusa de se prononcer clairement quant à l’importance des erreurs qui auraient pu se glisser dans la version originale du rapport.

Bristow resta un ami personnel de Brown et son nom figura sur la liste des participants au congrès grit à Toronto en novembre 1859. L’Argus avait cessé de paraître en novembre 1858 et Bristow était devenu rédacteur du Montreal Transcript, propriété de John Lovell*. En 1862, avec Thomas Storrow Brown* et George Sheppard, il fut nommé membre d’une commission ministérielle des finances pour faire enquête sur « l’efficacité du système des comptes publics et sur la façon dont ceux-ci étaient contrôlés et vérifiés » ; plus tard, en 1863–1864, il fut chargé de la rédaction du rapport de la commission. C’est alors qu’il annonça la fin de sa carrière d’éditorialiste. En 1864, quand le Quebec Daily Mercury, piétinant à la suite de la défaite de John Sandfield Macdonald*, perdit son directeur, sa rivale, la Quebec Gazette, écrivit : « Hé ! M. William Bristow [...] un homme qui sait écrire », suggérant par là que ce journaliste aguerri pourrait bien accepter sa direction. Mais Bristow resta à Montréal alors que la presse traversait une période critique, de nombreux journaux, dont le Transcript et le Pilot, se trouvant en difficulté financière.

Bristow fut un des premiers membres de la Canadian Press Association, fondée en 1859 ; son nom figure sur les listes de 1868. Après cette date on le perd de vue. Ses écrits comme journaliste politique frappaient toujours dur même si leur ton était un peu lourd pour le goût d’aujourd’hui ; Bristow ne cessa jamais de préconiser l’expansion des transports par eau et par rail comme moyen de développer l’économie canadienne.

Elizabeth Waterston

William Bristow, The commercial prospects of Canada ; a lecture delivered before the Montreal Mechanics’ Institute, on Tuesday evening, January 29, 1850 (Montréal, 1850).— Canada, prov. du, First report of the financial and departmental commission, May, 1863 (Québec, 1863) ; Second report [...] February, 1864 (Québec, 1864) ; Legislative Assembly, Journals, 1849, 3, app.B.B.B.B.B.— Hincks, Reminiscences.— Macdonald, Letters (Johnson et Stelmack), 1 : 178, 501.— Argus (Montréal), 18541858.— Montreal Transcript, 18581860.— Pilot (Montréal), 18491854.— Canada, an encyclopædia, V.— The Canadian newspaper directory [...] (Montréal, 1892), 17–56.— Morgan, Bibliotheca Canadensis.A history of Canadian journalism [...] (2 vol., Toronto, 1908–1959), 1.— Careless, Brown, 1.— Christie, History of L. C.— W. H. Kesterton, A history of journalism in Canada (Toronto, 1967).

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Elizabeth Waterston, « BRISTOW, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bristow_william_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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