Titre original :  Painting Clément-Charles Sabrevois de Bleury (1798-1863) William Raphael 1850-1860, 19th century 25.8 x 20.1 cm Gift of Mr. James F. R. Routh M987.231 © McCord Museum Keywords: 

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SABREVOIS DE BLEURY, CLÉMENT-CHARLES, avocat et homme politique, né le 28 octobre 1798 à William Henry (Sorel, Québec), fils cadet de Clément Sabrevois de Bleury, militaire, et d’Amelia Bowers, fille d’un officier à la demi-solde de Halifax, décédé à son manoir de Saint-Vincent-de-Paul (Laval), près de Montréal, le 15 septembre 1862.

Issu d’une famille de militaires, apparentée par alliance à Pierre Boucher*, sieur de Grosbois, Clément-Charles Sabrevois de Bleury fut le dernier Sabrevois à porter le nom de Bleury. Il passa son enfance à William Henry où son père occupa en 1800 et 1801 le poste de commandant. Il fut élevé dans un milieu conservateur, imprégné d’anglicanisme, où les valeurs dominantes étaient le service du roi, les libertés parlementaires et les intérêts de l’empire. De 1809 à 1815, il étudia au collège de Montréal puis fit son droit dans l’étude de son beau-frère, Basile-Benjamin Trottier Desrivières-Beaubien, et fut admis au barreau en novembre 1819. Sabrevois de Bleury ne tarda pas à se faire une solide réputation de praticien et à conquérir par son charme, l’élégance de ses manières et son style de vie raffiné la haute société montréalaise. Ses antécédents familiaux et son habileté dans les armes lui valurent d’obtenir, le 29 janvier 1825, une commission de lieutenant au 3e bataillon de milice de Montréal et de gravir rapidement les échelons de la milice. Le 24 novembre 1830, il sera promu capitaine dans les Chasseurs canadiens et le 22 avril 1838 il assumera les fonctions de major ; le 7 juillet 1848, il deviendra lieutenant-colonel commandant des Montréal Rifles.

C’est peut-être au collège de Montréal ou au contact assidu des membres des professions libérales que Sabrevois de Bleury se découvrit peu à peu une « identité canadienne » qui l’amena à épouser la cause des Patriotes. Cédant aux sollicitations pressantes du parti, il posa en juillet 1832 sa candidature dans la circonscription de Richelieu, à la suite de la démission de François-Roch de Saint-Ours. Il avait alors 33 ans et possédait tous les atouts pour remporter une éclatante victoire : il avait un nom prestigieux, la renommée d’un avocat brillant, l’appui du parti patriote. Le 8 août, il était élu sans concurrent. Sabrevois s’aligna en chambre sur Louis-Joseph Papineau*. Il vota en faveur de l’expulsion de Dominique Mondelet en 1832 et des Quatre-vingt-douze Résolutions en 1834, fustigeant John Neilson* qui, « virant capot », s’opposa à chacune des résolutions. Comme beaucoup d’autres députés, Sabrevois de Bleury escomptait que la stratégie politique seule suffirait à vaincre les réticences de l’Angleterre. Mais, comme beaucoup d’autres encore, il dut déchanter. Dès 1835, la perspective d’une résistance armée, aboutissement normal d’une stratégie « du tout ou rien », se concrétisait, affadissant les solidarités qui unissaient les éléments hétérogènes du parti patriote. Lors de la réponse au discours du trône, qui réaffirmait, au début de la session de 1835, les positions arrêtées du parti, la crise éclata : Sabrevois de Bleury suivit les députés de la région de Québec qui se ralliaient aux propos plus modérés d’Elzéar Bédard*. Ébranlé par les concessions de l’Angleterre, vexé de la campagne injurieuse que menaient contre lui dans la Minerve et dans sa circonscription les radicaux montréalais, Sabrevois de Bleury fit un pas de plus : il se rangea carrément du côté du gouvernement. On le vit en 1836 par deux fois défendre en duel son honneur outragé tour à tour par Ludger Duvernay*, propriétaire de la Minerve, et Charles-Ovide Perrault, député patriote de Vaudreuil. La rupture était totale et éclatante. Le 6 juillet 1837, Sabrevois de Bleury accepta la vice-présidence d’une assemblée des partisans du gouverneur que présidait George Moffatt.

Sabrevois de Bleury n’était pas du bois dans lequel on taille les rebelles. Il approchait alors la quarantaine. Il possédait sur les bords de la rivière des Prairies une ferme de 416 acres sur laquelle il avait fait construire un manoir spacieux dont le fronton arborait les armoiries de sa famille et où il aimait se retirer ; il avait aussi hérité d’une partie de la seigneurie de Boucherville. Il avait à Montréal un appartement et une étude. Il y étalait le train de vie d’un grand seigneur, s’adonnant à l’équitation et aux armes, roulant carrosse et fréquentant les derniers survivants de la noblesse aussi bien que les gros commerçants anglophones en pleine ascension sociale. Il accepta avec empressement l’invitation du gouverneur lord Gosford [Acheson*] de siéger au Conseil législatif. Il en fut membre du 22 août 1837 jusqu’à sa dissolution en 1838.

Sabrevois de Bleury n’avait pu s’identifier longtemps ni aux masses paysannes ni aux élites issues des professions libérales. Il parut plus à l’aise dans le camp des tories britanniques montréalais. C’est lui qui en avril 1837 avec Léon Gosselin et d’autres fonda le Populaire, un journal encourageant la modération et la prudence, qui en 1837 commanda l’escorte qui conduisit les prisonniers politiques dans la nouvelle prison de Montréal, et qui en juin 1839 donna la réplique à Papineau qui avait tenté de justifier son action dans son « Histoire de l’insurrection du Canada », publiée dans l’hebdomadaire parisien la Revue du progrès politique, social et littéraire. Signée Sabrevois de Bleury, la Réfutation de l’écrit de Louis Joseph Papineau [...], un réquisitoire de 136 pages, a sans doute été rédigée par Hyacinthe-Poirier Leblanc de Marconnay, le rédacteur du Populaire, sous la dictée du signataire. Sabrevois soutient dans ce pamphlet la thèse d’un Papineau qui a « préparé, voulu et même prévu la résistance armée » et doit maintenant assumer la responsabilité des malheurs qui accablent la patrie. Écrit d’une seule coulée, émaillé de jugements épicés sur les hommes et les événements, ce pamphlet aujourd’hui oublié eut en son temps un grand retentissement. De mauvaises langues affirmèrent que ce pamphlet valut au signataire d’être nommé le 20 juin 1839 membre du nouveau bureau des Travaux publics et, l’année suivante, d’être l’un des échevins désignés par Sydenham [Thomson*] au conseil de ville de Montréal, poste qu’il occupa jusqu’en 1845, et de nouveau en 1847. Mais le conseil, dominé par le parti réformiste, refusa en 1842 de le choisir comme maire.

Inféodé au parti tory montréalais, Sabrevois fit un retour fracassant sur la scène politique lors de la crise politique engendrée par le gouvernement personnel du gouverneur Charles Theophilus Metcalfe*. Il prit le parti de Denis-Benjamin Viger et se fit élire, aux élections générales de novembre 1844, député du comté de Montréal en compagnie de son ami George Moffatt. Mais il n’était pas un partisan inconditionnel. S’il appuya en 1845 la candidature d’Allan Napier MacNab au poste d’orateur (président), puis la motion de Denis-Benjamin Viger qui demandait le rappel de la clause de l’Acte d’Union proscrivant l’usage du français, il s’opposa en 1846 à ce qu’on utilise les revenus des biens des jésuites à la création d’un système d’écoles élémentaires, préférant soutenir la cause des évêques qui voulaient financer une université à même ces revenus.

Sabrevois de Bleury ne tarda pas à comprendre que l’appui qu’il avait donné au triumvirat formé par William Henry Draper*, Viger et Denis-Benjamin Papineau* l’avait discrédité à tout jamais dans les milieux francophones. En 1847, il alla s’installer dans son manoir de Saint-Vincent-de-Paul où il entreprit des travaux d’agrandissement et d’embellissement. Il ne se présenta pas aux élections de 1847–1848. En 1849, il se laissa convaincre par son ami Moffatt de signer le Manifeste annexionniste, puis en 1854, on ne sait pour quelle raison, il brigua les suffrages dans la circonscription de Laval, n’affichant aucune couleur particulière. Il essuya le plus cinglant échec de l’histoire politique canadienne en ne récoltant même pas une voix. Ce coup d’assommoir sonna l’heure de la retraite définitive.

Sabrevois de Bleury avait épousé le 16 janvier 1823, à Saint-Roch-de-l’Achigan, Marie-Élisabeth-Alix, fille de Barthélémy Rocher, marchand et lieutenant-colonel ; aucun enfant ne naquit de cette union. À sa mort, un neveu par alliance, le shérif Louis-Tancrède Bouthillier, acheta le manoir lourdement hypothéqué.

En collaboration

[C.-C.] Sabrevois de Bleury, Réfutation de l’écrit de Louis Joseph Papineau, ex-orateur de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, intitulé Histoire de l’insurrection du Canada [...] (Montréal, 1839).

APC, MG 30, D62, 6, pp.71–186.— Archives judiciaires, Richelieu (Sorel), Registre d’état civil, Saint-Pierre (Sorel), 28 oct. 1798.— Archives paroissiales, Saint-Roch-de-l’Achigan, Registres des baptêmes, mariages et sépultures, 16 janv. 1823.— Le Populaire (Montréal), 10 avril 1837–3 nov. 1838.— F.-J. Audet, Les députés de Montréal, 249–275.— Monet, Last cannon shot.— É.-Z. Massicotte, Les Sabrevois, Sabrevois de Sermonville et Sabrevois de Bleury, BRH, XXXI (1925) : 133–137, 185–187.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

En collaboration, « SABREVOIS DE BLEURY, CLÉMENT-CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sabrevois_de_bleury_clement_charles_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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