HODGSON, sir ROBERT, avocat, agent des terres, homme politique, juge et lieutenant-gouverneur, né en 1798 à Charlottetown, Î.-P.-É., fils aîné de Robert Hodgson et de Rébecca Robinson, décédé à Charlottetown le 15 septembre 1880.
Robert Hodgson était issu d’une famille anglicane à l’aise. Après avoir complété ses études à King’s College, à Windsor, N.-É., il étudia le droit chez Simon Bradstreet Robie* et James William Johnston à Halifax. Il fut admis aux barreaux de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard en 1819. Il se fixa alors à Charlottetown et y exerça sa profession d’avocat tout en poursuivant une carrière d’homme politique et d’agent des terres. En 1827, il épousa Fanny McDonell dont il eut deux fils et une fille. Sa femme décéda le 2 mai 1832 et il ne se remaria pas.
Hodgson fit son entrée dans la politique active en remportant un siège à l’Assemblée, comme représentant de Charlottetown, en 1824. Il ne tarda pas à s’intégrer à l’élite de la ville. Occasionnellement, en association avec John Lawson, il remplit la fonction d’agent des terres pour le compte d’éminents propriétaires tels que Robert Cundall, le comte de Westmoreland, les Montgomery, les Stewart et les Douglas. William Johnston*, procureur général de la colonie, étant décédé en mai 1828, Hodgson lui succéda par intérim puis fut confirmé dans ses fonctions l’année suivante ; il abandonna alors son siège à l’Assemblée. On le nomma au Conseil exécutif, puis au Conseil législatif, dont il devint le président en 1840. Une enquête menée par l’Assemblée, l’année suivante, révéla que Hodgson avait d’étroits liens de famille avec au moins trois des huit autres membres du Conseil exécutif.
Hodgson jouissait néanmoins d’un grand prestige auprès des hommes politiques des deux partis dans l’île. Le lieutenant-gouverneur, sir Henry Vere Huntley*, disait de lui, en 1846, qu’il était « intelligent, averti des choses de sa profession [...] [et] estimé de tous pour sa bonté de cœur ». Quatre ans plus tard, à l’occasion d’une des crises qui marquèrent la lutte pour la responsabilité ministérielle, les réformistes semblaient devoir prendre le pouvoir ; ils offrirent alors de laisser à Robert Hodgson son poste de procureur général et son siège au Conseil exécutif s’il consentait à joindre leurs rangs. Il refusa et, quand les réformistes accédèrent au pouvoir en 1851, il abandonna ces deux fonctions pour ne conserver que la présidence du Conseil législatif pendant un an encore.
En considération de la période prolongée pendant laquelle il avait occupé la charge de procureur général, on accorda à Hodgson une pension annuelle de £200, à la condition qu’il n’acceptât plus de postes rétribués au service « du gouvernement de [l’] île ». Le Conseil exécutif dirigé par George Coles nomma Hodgson au poste de juge en chef en 1852, et signala que, de ce fait, « la colonie économiserait [...] en ne versant pas de pension à ce monsieur ». Le choix était judicieux car Robert Hodgson était depuis bon nombre d’années déjà le plus important avocat en exercice dans l’île et, comme l’estimait le gouverneur, sir Alexander Bannerman*, il avait « une connaissance approfondie du droit colonial et du droit constitutionnel ». Il remplit cette fonction pendant 22 ans et, à trois reprises au cours de cette période, il lui fut donné, en l’absence du gouverneur, d’agir en qualité d’administrateur, soit de juillet à décembre 1865, d’octobre 1868 à octobre 1870 et enfin d’août 1873 à juillet 1874. En janvier 1869, il fut créé chevalier, en même temps que le juge en chef de la Nouvelle-Écosse, William Young*.
Au cours du premier mandat de Hodgson comme administrateur (1865), la question agraire suscita de graves problèmes. La nouvelle formation radicale, la ligue des locataires (Tenant League), dont les membres s’étaient formellement engagés à ne pas payer de redevances aux propriétaires, fut à l’origine de sérieux désordres dans le comté de Queens, si bien que Hodgson dut faire venir de Halifax deux compagnies de soldats pour rétablir l’ordre. La présence des militaires fut efficace et l’administrateur reçut pour sa conduite les félicitations de Londres, du lieutenant-gouverneur, George Dundas, et de la plupart des journaux de l’île.
Bien qu’il sollicitât le poste de lieutenant-gouverneur en 1869, on le maintint dans ses fonctions de juge en chef et ce fut William Robinson* que l’on nomma. Celui-ci quitta l’île en 1873 ; on désigna de nouveau Hodgson au poste d’administrateur pour finalement le nommer lieutenant-gouverneur l’été suivant. Son traitement étant désormais versé par le gouvernement du Canada, Hodgson exigea que la pension qui lui avait été accordée en 1851, puis retirée en 1852, lui fût à nouveau versée. Il obtint gain de cause malgré les critiques nombreuses des membres des deux chambres de la législature provinciale. Conséquemment, pendant son mandat de lieutenant-gouverneur, il toucha un traitement et deux pensions : celle de procureur général et celle de juge en chef à la retraite. Il abandonna son poste en 1879 et mourut l’année suivante, laissant une succession considérable composée de terres et d’argent liquide.
Pendant toute sa carrière, sir Robert Hodgson chercha à obtenir des postes, et, de fait, son incessante poursuite de fonctions, d’honneurs et de pensions a, plus d’une fois, dépassé les limites de la décence. Toutefois, il a incontestablement pris place parmi les personnages distingués de l’histoire de l’Île-du-Prince-Édouard : il a été le premier juge en chef et le premier lieutenant-gouverneur originaire de l’île et aussi le premier à être créé chevalier. Pendant sa vie publique, il a à peu près toujours joui d’une grande popularité. À sa mort, le Patriot le décrivit comme « un excellent spécimen du gentleman anglais [...]. On se souviendra longtemps de lui comme du bon sir Robert ».
APC, FM 26, A (Papiers Macdonald), p.48 274 ; FO 6, A1, 4, f.1 465.— PAPEI, Robert Bruce and David Stewart Letter Book, I (16 mars 1821–21 août 1834) : 355, 359s. ; Prince Edward Island, Executive, Minutes, 21 mai 1852, 1er août 1865.— PRO, CO 226/78, 111–112, 158 ; CO 226/79, 192–194 ; CO 226/80, 183–186 ; CO 226/91, 48–51, 178–180 ; CO 226/101, en particulier 329–339, 345–363, 380–388, 664–667 ; CO 226/104 ; CO 226/105, en particulier 216–217 ; CO 226/106 ; CO 226/109.— Prince Edward Island, Supreme Court, Estates Division, testament de Robert Hodgson, 31 mars 1879.— Debates and proceedings of the House of Assembly of Prince Edward Island, 1875, 101–108.— Debates and proceedings of the Legislative Council of Prince Edward Island, 1875, 231s.— Journal of the House of Assembly of Prince Edward Island, 1825–1829.,— Journal of the Legislative Council of Prince Edward Island, 1830–1852.— Examiner (Charlottetown), 16 sept. 1880.— Patriot (Charlottetown), 16 janv. 1869, 18 sept. 1880.— Pioneer (Summerside, Î.-P.-É.), 22 sept. 1880.— Prince Edward Island Register (Charlottetown), 13 nov. 1824.— Royal Gazette (Charlottetown), 11 juin 1850.— Can. parl. comp., 1874, 513.— MacKinnon, Government of PEI, 38, 145.— T. R. Millman, A history of the parish of New London, Prince Edward Island (s.l., 1959), 7.— J. B. Pollard, Historical sketch of the eastern regions of New France from the various dates of their discoveries to the surrender of Louisburg, 1758 ; also Prince Edward Island, military and civil (Charlottetown, 1898), 200.
Ian Ross Robertson, « HODGSON, sir ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hodgson_robert_10F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
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