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DUNDAS, GEORGE, officier militaire, homme politique, administrateur colonial, né en Angleterre le 12 novembre 1819, fils aîné de James Dundas, de Dundas, en Écosse, et de Mary Tufton Duncan, décédé le 18 mars 1880 dans l’île Saint-Vincent, une des Antilles britanniques (îles du Vent).
Ses études terminées, George Dundas entra dans l’armée anglaise en 1839. Il y demeura cinq ans en garnison aux Bermudes et en Nouvelle-Écosse. Après avoir donné sa démission, il fut élu à la chambre des Communes en Angleterre sous la bannière tory et y représenta Linlithgow de 1847 à 1858. En avril 1859, il épousa Mary Clark, dont il n’eut pas d’enfant, et la même année une nouvelle carrière s’ouvrit devant lui, celle d’administrateur colonial.
Dundas arriva à l’Île-du-Prince-Édouard le 7 juin 1859 pour assumer les fonctions de lieutenant-gouverneur ; la situation y était des plus délicate. Ses quatre prédécesseurs avaient paru aux yeux du public comme identifiés à l’une ou l’autre des factions politiques de l’île, de sorte qu’ils avaient été en butte aux attaques directes de la presse du parti qui se sentait frustré de la faveur du lieutenant-gouverneur. Quelques mois avant l’arrivée de Dundas, les tories dirigés par Edward Palmer* avaient battu les libéraux de George Coles. Les premiers rapports que le nouveau lieutenant-gouverneur fit parvenir au ministère des Colonies trahissaient une préférence pour le gouvernement de Palmer et une égale exaspération contre l’opposition. Ses rapports confidentiels affirmaient que les tories jouissaient de l’appui de « la très grande majorité des gens qui appartiennent aux classes instruites et les plus respectables » de la colonie. Au contraire, les conseillers législatifs d’allégeance libérale étaient décrits comme « des inconnus ignorants et sans éducation, choisis dans les couches sociales inférieures, des irresponsables ».
Vers la fin de 1860, Dundas fut impliqué dans une querelle publique avec William McGill, officier de milice et ancien député libéral. Un groupe de miliciens volontaires catholiques avaient quitté leur compagnie à la suite d’un différend avec le commandant, un certain capitaine Murphy, catholique lui aussi, et ils avaient demandé que McGill, qui était presbytérien, prenne le commandement d’une nouvelle compagnie. Dundas refusa de fournir des armes à la nouvelle compagnie. McGill porta le différend sur la place publique et présida une assemblée au cours de laquelle la conduite de Dundas fut blâmée. Par l’intermédiaire de son adjudant général, le lieutenant-colonel P. D. Stewart, le gouverneur exigea une rétractation, qui lui fut refusée. Il dégrada McGill qui rétorqua en accusant publiquement Dundas, anglican et ancien député tory, d’avoir agi sous l’empire de préjugés religieux et par sectarisme politique. Dundas radia alors McGill de la liste des juges de paix. Le sentiment général était que Dundas avait outrepassé son autorité ; quoi qu’il en soit, ce fut une affaire malheureuse et, par la suite, le gouverneur servit de cible aux violentes attaques des journaux libéraux.
L’Examiner d’Edward Whelan* et le Vindicator d’Edward Reilly furent particulièrement sévères à l’égard de Dundas quand celui-ci, en 1862 et en 1863, se trouva au centre de la polémique qui opposa William Henry Pope, le secrétaire colonial, à l’abbé Angus MacDonald*, recteur de St Dunstan’s College. En juin 1862, MacDonald écrivit à Dundas et exigea qu’il démît Pope de ses fonctions à cause de ses écrits offensants pour la religion catholique. Dundas, qui était un ami personnel de Pope, refusa ; le recteur fit alors parvenir la même requête au ministre des Colonies, le duc de Newcastle [Clinton]. Celui-ci refusa aussi d’intervenir à titre officiel mais n’en écrivit pas moins une lettre personnelle à Dundas, qualifiant de « disgracieuse » la conduite de Pope et priant le lieutenant-gouverneur de faire « tout en [son] pouvoir » pour mettre un terme à la dispute. Le débat reprit au début de 1863 après que MacDonald eut fait parvenir à Newcastle deux nouvelles lettres dans lesquelles il attaquait Pope et Dundas ; le ministre, excédé par le « prêtre querelleur », refusa de nouveau de prendre parti. Le différend avec MacDonald et les événements qui s’y rattachent ne semblent pas avoir abaissé Dundas dans l’estime du ministère des Colonies, mais ils eurent pour conséquence d’intensifier les attaques contre lui dans l’Examiner et le Vindicator. Ces attaques ne diminuèrent d’intensité que lorsque se fut radouci le climat politique général vers la fin de 1863.
Dundas participa activement aux efforts tentés en vue de régler le problème des terres dans l’île. Au cours de la première année de son mandat, il intervint personnellement pour que le domaine Selkirk fût vendu au gouvernement et non à des intérêts privés. George Coles déclara en 1869 que « M. Dundas avait eu plus d’influence auprès des propriétaires pour les inciter à vendre, que tout autre lieutenant-gouverneur avant lui ». Néanmoins, au milieu des années 60, Dundas n’éprouvait que de la répulsion devant l’attitude radicale de la ligue des locataires (Tenant League) dont les membres s’étaient engagés à ne pas payer leur loyer. Il qualifia la ligue d’organisation « méprisable », dirigée par « des démagogues insensés ». Il était en congé en Angleterre, lorsqu’en 1865 l’administrateur Robert Hodgson fit appel aux troupes pour mettre fin aux désordres provoqués par la ligue. Dundas approuva d’emblée cette action et écrivit à Edward Cardwell, ministre des Colonies, l’informant qu’il avait plus d’une fois pressé ses conseillers en matière constitutionnelle de poursuivre en justice le Ross’s Weekly, organe de la ligue.
Lorsque fut soulevé le problème de la Confédération, Dundas, de façon non officielle, fit valoir les Résolutions de Québec auprès des hommes politiques de l’île. Il était entièrement d’accord avec Londres qui souhaitait voir l’Île-du-Prince-Édouard s’unir aux autres colonies britanniques d’Amérique du Nord et, en mai 1866, il écrivit à Cardwell : « A un certain moment je me suis laissé aller à espérer que si les autres colonies acceptaient les termes de l’union, je pourrais former [dans l’île] un parti qui réaliserait ce projet. » Vain espoir, car aux élections de 1867, la population de l’île appuya massivement les candidats opposés à la Confédération qui briguaient des sièges à l’Assemblée.
George Dundas retourna en Angleterre en octobre 1868. Il ne revint jamais à l’Île-du-Prince-Édouard, même si la décision finale de le muter ne fut prise qu’à la fin de 1869. Il mourut en 1880 aux Antilles, dans l’île Saint-Vincent dont il avait été le gouverneur pendant plusieurs années.
La décennie pendant laquelle Dundas assuma la fonction de lieutenant-gouverneur de l’Île-du-Prince-Édouard fut fertile en événements de toutes sortes. Il fut l’objet de nombreuses critiques et même d’injures au début des années 60. C’était probablement inévitable si l’on songe à la violence verbale qui a marqué le climat politique de cette époque et au rôle que ses prédécesseurs avaient joué dans la politique locale. Il échoua dans ses efforts pour faire avancer la cause de la Confédération mais l’opinion publique était alors presque entièrement opposée à cette mesure. Malgré sa réaction hystérique devant le défi à l’autorité lancé par la ligue des locataires, il semble que la situation pénible faite aux locataires l’ait vraiment touché. L’opinion avancée en 1863 par Arthur Hamilton Gordon*, alors lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, semble assez valable : « Dundas, sans être un Salomon, était doué d’un solide bon sens. » Lorsqu’il quitta l’île, Dundas n’avait que peu d’ennemis. Malgré une situation difficile, semée d’embûches, Dundas avait rempli les devoirs de sa charge avec compétence et avait gagné le respect des libéraux aussi bien que des conservateurs.
APC, FM 27, I, F2 (Papiers Pope), George Dundas à James Dundas, 1er sept. 1863.— University of Nottingham Library, Newcastle mss, Letter Books, Colonial Correspondence, 1859–1864 (microfilm aux APC).— PRO, CO 226/91–226/104, en particulier 226/91, 156–163 ; CO 226/100, 153–155, 46 366 ; CO 226/101, 664–667 ; CO 226/102, 160–163 ; CO 226/103, 138–139 ; CO 226/105, 513–514.— Debates and proceedings of the House of Assembly of Prince Edward Island, 1869, 131–138, 142–146, 154, 160s.— Examiner (Charlottetown), 13 avril 1880.— Vindicator (Charlottetown), 1863, en particulier 6 mars, 13 mars, 20 mars, 3 avril, 17 avril, 24 avril, 22 mai.— Bernard Burke, A genealogical and heraldic history of the landed gentry of Great Britain (12e éd., Londres, 1914), 572.— Bolger, PEI and confederation.— MacKinnon, Government of PEI.— MacMillan, Catholic Church in PEI, 193–206, 231–233.— Robertson, Religion, politics, and education in PEI, 78–91, 94–143,150–154,157–160.
Ian Ross Robertson, « DUNDAS, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dundas_george_10F.html.
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Auteur de l'article: | Ian Ross Robertson |
Titre de l'article: | DUNDAS, GEORGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |