Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 2836089
TASCHEREAU, GABRIEL-ELZÉAR, seigneur, officier de milice, fonctionnaire, juge et homme politique, né le 27 mars 1745 à Québec, fils de Thomas-Jacques Taschereau* et de Marie-Claire de Fleury de La Gorgendière ; le 26 janvier 1773, il épousa à Québec Marie-Louise-Élizabeth Bazin, puis le 3 novembre 1789, à Beauport (Québec), Louise-Françoise Juchereau Duchesnay, fille d’Antoine Juchereau Duchesnay ; décédé le 18 septembre 1809 à Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce (Sainte-Marie, Québec).
Orphelin de père dès l’âge de quatre ans, Gabriel-Elzéar Taschereau grandit à Québec auprès de sa mère. En 1759, il participe à la défense de la ville contre les Britanniques, au cours de laquelle la maison familiale est incendiée. Puis il n’existe guère de traces de son activité jusqu’en 1771, année pendant laquelle, en tant que propriétaire d’une partie de l’île d’Anticosti et d’une partie de la seigneurie de Mingan, il consent des baux à ferme à Thomas Dunn et à William Grant (1744–1805). L’année suivante, Taschereau, héritier d’une part de la seigneurie de Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce, acquiert les droits successoraux de ses frères et sœurs. Au début de 1773, il complète ses acquisitions en achetant de sa mère, au prix de 12 000 shillings, la moitié des droits seigneuriaux et du domaine de Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce qui constituaient la part d’héritage qu’elle avait reçue comme veuve du seigneur en titre. Tout en conservant sa résidence à Québec, au coin des rues Buade et de la Montagne, Taschereau commence dès lors à séjourner à Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce. Il y installe sa mère et sa sœur Marie qui, moyennant 2 000 shillings, occupent chacune une chambre dans le manoir seigneurial et sont chauffées, éclairées, nourries et soignées.
En 1775, les colonies américaines en rébellion contre la Grande-Bretagne préparent l’invasion de la province de Québec [V. Benedict Arnold]. Le 14 août, Taschereau obtient une commission de capitaine aide-major. En septembre, il passe en revue la milice canadienne de Québec, puis le 31 décembre, il participe à la défaite des Américains dans la basse ville [V. Richard Montgomery*]. Sa loyauté à la couronne britannique lui attire des représailles de la part de quelques-uns de ses censitaires de Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce qui pactisent avec les troupes américaines. D’ailleurs, au début de 1776, les rebelles américains pillent le domaine et le moulin banal et vendent les effets à l’encan. Après la retraite des Américains, Taschereau, François Baby et Jenkin Williams, nommés par le gouverneur Guy Carleton, enquêtent sur la nature et l’étendue de la collaboration avec l’ennemi dans la région de Québec. En septembre et en octobre, Taschereau participe à deux commissions d’enquête : l’une concernant tous les étrangers qui entrent dans la province, l’autre les certificats de bonne conduite des vendeurs de spiritueux. La même année, il est nommé juge de paix.
En mars 1777, Taschereau devient juge de la Cour des plaids communs du district de Montréal, mais il abandonne vite cette fonction, tous ses intérêts étant à Québec et dans la Beauce. Toujours en 1777, il achète une partie de la seigneurie de Jolliet. En 1780 et 1781, il devient propriétaire de la quasi-totalité de cette seigneurie en acquérant les droits successoraux de Joseph Fleury* Deschambault et la part de William Grant. Il avait cédé à ce dernier, en 1778, environ £166, somme qu’il avait mise en société avec Nicolas-Joseph de Lafontaine de Belcour, François-Joseph Cugnet* et Baby pour l’exploitation du poste Saint-Augustin au Labrador.
Durant les deux décennies suivantes, Taschereau poursuit à Québec sa carrière de bureaucrate. En 1787, Carleton, devenu lord Dorchester, le nomme membre de la commission d’enquête sur les biens des jésuites [V. Kenelm Chandler]. Taschereau cherche à protéger de son mieux les intérêts de l’Église en s’opposant aux prétentions d’Amherst*. Le 13 octobre 1788, en sa qualité de seigneur, il signe une pétition contre la constitution projetée. Trois ans plus tard, il devient syndic pour la construction et la réparation des églises. Le 17 juillet 1792, il est élu député de la circonscription de Dorchester, qu’il représentera avec Ignace-Michel-Louis-Antoine d’Irumberry* de Salaberry ; il siège à la chambre d’Assemblée jusqu’au 31 mai 1796. Au cours de son mandat, il préside le comité sur l’établissement des cours de justice et, en mars 1794, il remplace Jean Renaud* au poste de grand voyer du district de Québec. À ce titre, il prépare, puis fait voter en 1796, la première loi sur les grands chemins et ponts de la province. Cette loi, toutefois, n’a pas l’heur de plaire à la population qui se voit imposer plus de travaux et de responsabilités.
La loyauté de Taschereau à la couronne britannique lui vaut sans doute sa nomination au Conseil législatif, en 1798, où il remplace Gaspard-Joseph Chaussegros* de Léry décédé peu de temps auparavant. En 1799, il devient membre du comité de surveillance de la maison de correction de Québec. Deux ans plus tard, tout comme Jonathan Sewell* et John Craigie, il occupe le poste de commissaire à l’érection d’un pont sur la rivière Jacques-Cartier. Toujours en 1801, sir Robert Shore Milnes* le nomme membre de la commission chargée d’appliquer une loi visant à soulager les personnes qui devaient à l’État des arrérages souvent écrasants de lods et ventes. Thomas Dunn préside cette commission, à laquelle participent également Baby, Robert Lester et Jean-Olivier Perrault*. Le 17 février 1802, Taschereau remplace Hugh Finlay comme surintendant des postes de relais de la colonie.
Selon la notice nécrologique parue dans la Gazette de Québec, Taschereau a rempli « ses différentes charges avec un ordre et une intelligence particulière ». C’était un homme religieux, charitable, généreux et bien intentionné. Il veillait minutieusement à la gestion de ses biens, et lorsqu’il se mêlait d’une affaire, il fallait à tout prix qu’il en soit le maître. Il se montrait intransigeant sur les honneurs dus à son rang, avait une très haute idée de sa condition et entendait bien que son entourage en tînt compte.
A sa mort, Gabriel-Elzéar Taschereau laissait une succession considérable à sa veuve et à ses sept enfants encore vivants : Gabriel-Elzéar, Thomas-Pierre-Joseph*, Jean-Thomas* et Marie-Louise, issus de son premier mariage, et Antoine-Charles, George-ouis et Julie-Louise, nés du second. Outre les biens meubles et effets mobiliers dont la vente publique rapporta £1 009, Taschereau laissait à ses héritiers les seigneuries de Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce, de Saint-Joseph-de-la-Nouvelle-Beauce, de Jolliet et une partie de la seigneurie de Linière, ainsi que six terrains situés à Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce et 700 acres de terre dans le canton de Nelson qu’il avait acquises en 1804.
ANQ-Q, CE1-1, 27 mars 1745 ; CN1-25, 1er févr. 1781 ; CN1-83, 18 mai 1790 ; CN1-200, 28 mars 1774 ; CN1-205, 3 juin 1778 ; CN1-207, 24 janv., 16 févr. 1773 ; CN1-230, 3 mai 1804, 6 avril 1808, 24, 29, 30 nov., 1er déc. 1810.— APC, MG 18, H17.— « Journal par Baby, Taschereau et Williams » (Fauteux), ANQ Rapport, 1927–1928 : 435–499 ; 1929–1930 : 138–140.— « La milice canadienne-française à Québec en 1775 », BRH, 11 (1905) : 226s.— La Gazette de Québec, 20 févr., 27 mars 1794, 25 févr. 1802, 21 sept. 1809.— Almanach de Québec, 1780–1805.— «Papiers d’État », APC Rapport, 1890 : 183, 186, 305s., 332.— «Papiers d’État – B.-C. », APC Rapport, 1891 : 170, 175 ; 1892 : 186s., 189s., 198s.— P.-G. Roy, Inv. concessions, 3 : 195, 205, 212s. ; 4 : 142s. ; 5 : 2, 3, 10s.— Honorius Provost, Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce ; histoire civile (Québec, 1970) ; Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce, histoire religieuse (Québec, 1967).-J.-E. Roy, Hist. de Lauzon, 3 :248–254.-P.-G. Roy, La famille Taschereau (Lévis, Québec, 1901).— F.-J. Audet et Édouard Fabre Surveyer, « Gabriel-Elzéar Taschereau », La Presse, 12 nov. 1927 : 21.— Hare, « L’Assemblée législative du B.-C. », RHAF, 27 : 361–395.— J.-E. Roy, « La charge de grand voyer », BRH, 2 (1896) : 139s.— P.-G. Roy, « L’honorable Gabriel-Elzéar Taschereau », BRH, 8 (1902) : 3–8.
Honorius Provost, « TASCHEREAU, GABRIEL-ELZÉAR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/taschereau_gabriel_elzear_5F.html.
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Auteur de l'article: | Honorius Provost |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |