CLAUS, CHRISTIAN DANIEL, fonctionnaire du département des Affaires indiennes, né le 13 septembre 1727 à Bœnnigheim (près de Heilbronn, République fédérale d’Allemagne), fils d’Anna Dorothea et d’Adam Frederic Claus, préfet de la ville, décédé le 9 novembre 1787 près de Cardiff, pays de Galles.

Christian Daniel Claus était issu d’une éminente famille du sud-ouest de l’Allemagne. En 1748 ou 1749, un Allemand, qui avait émigré en Amérique et qui était de passage au pays, l’entraîna dans un projet d’exportation de soie grège et de tabac américains pour les traiter en Allemagne. Quand Claus arriva à Philadelphie à l’automne de 1749, il découvrit que le plan était plus fictif que réel. N’ayant que peu de relations et ses moyens ne lui permettant pas, semble-t-il, de retourner chez lui, il résolut de se trouver un emploi pour l’hiver et de retourner dans son pays au printemps. Il fit la connaissance de Johann Conrad Weiser, agent des Affaires indiennes de la Pennsylvanie, et fut sans doute engagé à ce moment-là comme précepteur du fils de Weiser. En 1750, Claus accompagna Weiser lors d’un voyage jusqu’à la vallée du fleuve Hudson et de la rivière Mohawk, dans la colonie de New York ; pendant leur séjour chez les Onontagués, il commença à compiler un lexique de mots indiens. À son retour à Philadelphie, il rencontra le gouverneur ; celui-ci, constatant que Claus s’intéressait aux langues, prit des dispositions pour l’envoyer, ainsi que le fils de Weiser, vivre parmi les Agniers. Il demeura quelque temps avec King Hendrick [Theyanoguin*] qui lui enseigna la langue, l’histoire et les coutumes des Six-Nations.

En 1755, lorsque la direction des Affaires indiennes dans les colonies du Nord fut centralisée sous la conduite de William Johnson, Claus devint un des lieutenants du département des Affaires des Indiens du Nord et un des secrétaires adjoints aux Affaires indiennes. L’éclatement de la guerre de Sept Ans à ce moment-là força le département, pendant quelques années, à aller à la limite de ses possibilités. Les rapports de Johnson avec les Six-Nations devinrent une partie essentielle des efforts que les Britanniques faisaient pour arracher à la France sa mainmise sur l’est de l’Amérique du Nord. Claus joua un grand rôle en tant qu’interprète et diplomate dans les conférences et les négociations fréquentes avec les Indiens. La chute de la Nouvelle-France ajouta de nouvelles pressions au département ; Johnson s’aperçut qu’il n’avait pas le temps de s’occuper du Canada, vu sa tâche habituelle auprès des Six-Nations et ses nouvelles préoccupations concernant les Indiens de la région de l’Ohio. Claus fut donc nommé agent adjoint auprès des Indiens du Canada le 20 septembre 1760. Sa base d’opération se trouvait à Montréal et il relevait à la fois de Johnson et du gouvernement militaire local.

Le milieu du département s’occupant des Affaires indiennes était quasi militaire. Claus était devenu lieutenant dans les Royal Americans en 1756. Avec l’aide financière de Johnson, il acheta le grade de capitaine en 1761 mais le vendit l’année suivante. Il devint colonel de la milice du comté d’Albany le 18 février 1768 et acquit le grade de colonel d’un autre régiment de milice le 7 juillet 1772.

Cette période dans la carrière de Claus, qui correspondait à sa maturité, fut active mais agréable. Il épousa Ann (Nancy), la fille de Johnson et de Catherine Weissenberg (Wisenberg), le 13 avril 1762. Il occupait une fonction importante au sein du gouvernement et possédait un assez grand domaine à proximité d’Albany. Son succès était mérité : il était charmant, honnête et travailleur. Or, la Révolution américaine et des changements administratifs dans le département mirent fin à ce bien-être.

Sir William Johnson mourut soudainement le 11 juillet 1774, et un autre de ses gendres, Guy Johnson, lui succéda au département. Le gouverneur Guy Carleton*, à qui déplaisait l’influence des Johnson sur l’administration des affaires indiennes à Québec et qui désirait placer davantage le bureau de Montréal sous sa supervision, à cause du proche conflit avec les Américains, saisit cette occasion pour procéder à un changement de personnel. Daniel Claus, qui, selon sa propre déclaration, avait supporté pendant 15 ans « tout le fardeau et toute la gestion du [...] département des Affaires indiennes » au Canada, fut destitué sommairement en 1775 et remplacé par John Campbell, gendre de Luc de La Corne. Le 11 novembre 1775, Claus prit le bateau pour l’Angleterre en compagnie de Guy Johnson, de Joseph Brant [Thayendanegea*] et d’autres pour tenter de faire annuler les measures de Carleton.

Claus revint en juin 1777, ayant été nommé surintendant des Indiens des Six-Nations qui devaient accompagner Barrimore Matthew St Leger lors d’une expédition dans la vallée de la Mohawk via Oswego, New York. Il était présent au siège du fort Stanwix (Rome, New York) dirigé par St Léger en août, qui se solda par un échec. Par suite de la défaite de Burgoyne à Saratoga (Schuylerville, New York) en octobre, la cause loyaliste dans la vallée du haut Hudson était perdue ; la famille de Claus s’enfuit alors au Canada, abandonnant tous ses biens.

La dernière période de la carrière de Claus commença par sa nomination, en août 1778, au poste d’agent adjoint des Six-Nations au Canada ; il relevait de Guy Johnson. Plusieurs facteurs étaient enjeu. Haldimand avait remplacé Carleton à son poste de gouverneur en juin. Il connaissait Claus et était sensibilisé aux besoins du département des Affaires indiennes. L’avenir des Six-Nations, surtout celui des Agniers, était incertain à la suite de la reddition de Burgoyne ; il fallait donc que quelqu’un fût officiellement en liaison avec les chefs indiens. Claus, qui connaissait bien les Iroquois et parlait plusieurs de leurs dialectes, était de toute évidence l’homme qu’il fallait ; Campbell ne parlait aucune langue indienne et les affaires des Indiens du Canada l’occupaient entièrement.

Pendant ses dernières années Claus supervisa, en compagnie de John Butler, l’installation de divers groupes d’Indiens des Six-Nations en territoire britannique, en particulier dans la baie de Quinte et à la rivière Grand (Ontario). Il passait la plupart de son temps à Montréal et à Québec ; il fit toutefois des voyages réguliers dans l’Ouest. En outre, il se préoccupait beaucoup d’obtenir des dédommagements pour les pertes qu’il avait subies pendant la Révolution américaine ; il mourut en Grande-Bretagne en 1787 tandis qu’il cherchait à régler cette question. Son fils, William*, devint plus tard surintendant adjoint des Affaires indiennes.

La carrière de Claus démontre la complexité du fonctionnarisme et le dédale des rapports entre Indiens et Blancs à la fin du xviiie siècle. C’était un homme politique achevé qui défendit fermement les intérêts des Johnson au département des Affaires indiennes et un fonctionnaire ambitieux qui prit ses responsabilités au sérieux et s’en acquitta avec une haute compétence.

Douglas Leighton

Les APC possèdent deux prétendus portraits de Christian Daniel Claus, mais selon M. W. Hamilton, « The Johnson portraits » dans Johnson papers (Sullivan et al.), XIII, celui en habit civil serait de son fils William. Claus est l’auteur de Daniel Claus’ narrative of his relations with Sir William Johnson and experiences in the Lake George fight, A. S. Walcott, édit. ([New York], 1904).

APC, MG 11, [CO 42] Q, 61/2, pp.353–356 ; 73/2, p.340 ; MG 19, F1, 20, 23, 25.— Johnson papers (Sullivan et al.).— NYCD (O’Callaghan et Fernow).— Orderly book of Sir John Johnson during the Oriskany campaign, 1776–1777 [...], W. L. Stone, édit. (Albany, N.Y., 1882).— The valley of the Six Nations [...], C. M. Johnston, édit. (Toronto, 1964). Graymont, Iroquois. P. A. W. Wallace, Conrad Weiser, 1696–1760, friend of colonist and Mohawk (Philadelphie et Londres, 1945).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Douglas Leighton, « CLAUS, CHRISTIAN DANIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/claus_christian_daniel_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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