HOTSINOÑHYAHTAˀ (Chenughiyata, Chinoniata, Kotsinoghyâtà, Otsinughyada, Rozinoghyata), chef onontagué, circa 17481774. Le nom de le Bunt, sous lequel il fut en général connu des Britanniques, était peut-être une corruption de l’allemand band, nerf ou tendon, car c’était là, justement, la signification de son nom onontagué.

Hotsinoñhyahtaˀ était déjà en rapport avec les Britanniques en 1748. Peut-être était-il ce Racsenagate, un des Onontagués qui, en mars 1751 (ancien style), acceptèrent de transférer une grande portion de terre, sise près de leur village, à William Johnson, plutôt que de la vendre aux Français comme certains des leurs l’avaient proposé. Au cours de l’été de 1756, quand Johnson (alors surintendant du département des Affaires des Indiens du Nord) accompagna une délégation de chefs des Six-Nations à un conseil funèbre, tenu à Onondaga (près de Syracuse, New York), Hotsinoñhyahtaˀ y accueillit les participants. Plus tard, la même année, il envoya dire à Johnson qu’il partait pour le Canada et qu’il ferait rapport de son voyage.

L’assemblée à laquelle Hotsinoñhyahtaˀ assista à Montréal, en décembre, en était une considérable, composée de hauts fonctionnaires français et de représentants des Indiens sédentaires des environs de Montréal, de même que des Outaouais et des Potéouatamis des pays d’en haut. Le gouverneur Vaudreuil [Rigaud] avait convoqué cette conférence en vue de solliciter la neutralité ou l’appui des Indiens dans la guerre qui venait d’éclater entre les Français et les Britanniques. Hotsinoñhyahtaˀ insista sur la neutralité des Six-Nations et promit de brûler les forts britanniques dans leurs villages. À son retour chez lui, au printemps de 1757, il fit savoir à Johnson que les Français projetaient une attaque contre German Flats, une partie de la vallée de la Mohawk, près de l’embouchure du ruisseau West Canada. Quand les Onontagués, les Goyogouins et les Tsonnontouans tinrent une réunion avec Johnson, en juin, ils soulignèrent leur intention de rester neutres.

À l’été de 1758, Hotsinoñhyahtaˀ alla rencontrer Paul-Joseph Le Moyne de Longueuil près de Chouaguen (ou Oswego ; aujourd’hui Oswego, New York). Il avertit Longueuil, un fils adoptif des Six-Nations, que les Britanniques étaient à assembler des hommes et des bateaux à fond plat au fort Bull (à l’est du lac Oneida) et que la rumeur courait d’une attaque prochaine contre le fort Frontenac (Kingston, Ontario) – attaque qui se produisit, en effet, quelques semaines plus tard. Hotsinoñhyahtaˀ se rendit au Canada à l’automne de 1758. À son retour, il fit part à Johnson des préparatifs d’une expédition française contre le fort Stanwix (Rome, New York).

La prise du fort Niagara (près de Youngstown, New York) par Johnson, en juillet 1759, encouragea les Iroquois à entrer en guerre du côté britannique. Peu après, Hotsinoñhyahtaˀ et ses fils se joignirent aux forces rassemblées à Oswego (que les Britanniques étaient à reconstruire), en vue d’une avance vers le cours inférieur du Saint-Laurent. L’expédition fut remise, mais Hotsinoñhyahtaˀ, de retour l’année suivante, accompagna Amherst et Johnson à Montréal.

En septembre 1762, Hotsinoñhyahtaˀ, informa Johnson « que vu son grand âge » il avait besoin d’être aidé dans la conduite des affaires de la ligue des Six-Nations. Il demanda qu’on donnât à ses deux adjoints des pièces d’identité, de manière qu’ils fussent reconnus dans les divers postes. Pendant les années qui suivirent, il assista à de nombreuses conférences avec les Britanniques et, privément, conseilla Johnson en diverses occasions. Le missionnaire Samuel Kirkland le décrivait, en 1765, comme « un vieux chef vénérable [qui] parle comme un Démosthène ». Au fort Stanwix, à l’automne de 1768, Hotsinoñhyahtaˀ participa aux négociations pendant lesquelles les Six-Nations et les tribus qui dépendaient d’elles abandonnèrent une quantité considérable de leurs terres aux Blancs et acceptèrent une frontière qui devait protéger le reste de leur territoire. Le traité fut signé par un témoin de chaque nation iroquoise. Hotsinoñhyahtaˀ signa pour les Onontagués.

En 1771, le vieux chef décida de prendre sa retraite, mais Guy Johnson, un assistant de sir William, le persuada dé retirer sa démission. Hotsinoñhyahtaˀ éprouvait alors des difficultés à marcher, et les comptes du département des Affaires des Indiens du Nord pour 1771 et 1772 font état de l’achat d’une embarcation à son usage. En 1773, il accompagna Christian Daniel Claus, un autre assistant, à la conférence de Canassadaga, le village iroquois situé sur le lac des Deux-Montagnes (Québec). Les Six-Nations se préoccupaient, à cette époque, de réintégrer dans la ligue ceux qui s’en étaient retirés durant les guerres franco-britanniques. Peut-être la poursuite de cet objectif a-t-elle incité le vieillard à faire le voyage. En 1774, on annonça sa démission, en raison de son âge avancé ; ainsi prenait fin sa longue carrière de diplomate et d’homme politique.

En collaboration avec Arthur Einhorn

Hamilton College Library (Clinton, N.Y.), Kirkland mss, journal of 1764–1765.— Johnson papers (Sullivan et al.). Mémoire du Canada, ANQ Rapport, 1924–1925, 142.— NYCD (O’ Callaghan et Fernow).— Graymont, Iroquois.

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En collaboration avec Arthur Einhorn, « HOTSINOÑHYAHTA? (Chenughiyata, Chinoniata, Kotsinoghyâtà, Otsinughyada, Rozinoghyata) (le Bunt) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hotsinonhyahta_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    1 décembre 2024