BUTLER, WALTER, officier, né en 1752 à Butlersbury (près de Johnstown, New York), fils aîné de John Butler (mort en 1796) et de Catalyntje Bradt (Catharine Bratt), décédé célibataire le 30 octobre 1781 au ruisseau West Canada, New York.

Walter Butler s’intéressa tôt aux affaires militaires et, en 1768, une recommandation lui permit d’être nommé enseigne dans la milice. Après avoir étudié le droit à Albany, dans la province de New York, il fut reçu au barreau en 1775. La guerre d’Indépendance américaine ayant éclaté cette année-là, Walter et son père gagnèrent Montréal au mois d’août ; le reste de la famille fut interné à Albany. Le 25 septembre 1775, Walter aida à capturer Ethan Allen durant l’escarmouche qui eut lieu à Longue-Pointe (Montréal) et, au mois de mai suivant, il combattit aux Cèdres, près de Montréal, en tant qu’enseigne dans le 8e d’infanterie. À l’expédition de Barrimore Matthew St Leger contre le fort Stanwix (Rome, New York), les Butler accompagnèrent les Indiens sous le commandement de Christian Daniel Claus, et, le 6 août 1777, ils participèrent à la bataille d’Oriskany, non loin de là.

Après cette bataille, Walter Butler descendit la vallée de la Mohawk à la tête d’une troupe de soldats et d’Indiens, laquelle avançait sous la protection d’un drapeau parlementaire, mais faisait du recrutement pour les troupes britanniques. Capturé le 12 ou le 13 août, il passa en conseil de guerre et fut condamné par le major général Benedict Arnold* à être pendu pour espionnage. Plusieurs officiers américains qui avaient connu Butler au temps où il étudiait le droit intercédèrent en sa faveur et on se contenta de l’interner à Albany. Par la suite, on le transféra à la résidence de Richard Cartwright, un sympathisant loyaliste. Le 21 avril 1778, Butler enivra sa sentinelle et s’enfuit pour aller retrouver son père au fort Niagara (près de Youngstown, New York).

La capitulation de Burgoyne à Saratoga (Schuylerville, New York) en 1777 mit un terme aux campagnes traditionnelles menées contre les colonies à partir du Canada et marqua le début d’une guérilla acharnée, un type de guerre qui n’était que trop familier dans certaines régions de l’Amérique du Nord. Lorsque Butler rejoignit son père, ce dernier s’occupait de lever un bataillon de rangers en vue de mener des raids avec les Indiens sur les établissements américains. Groupant uniquement des volontaires – des tireurs d’élite qui se déplaçaient fort rapidement et connaissaient bien les tactiques de la guerre en forêt – les rangers de Butler étaient considérés par un auteur de l’époque comme étant parmi les « troupes les plus adroites, les plus alertes et les plus utiles des forces armées britanniques [...] on les voyait rarement se faire battre dans une escarmouche ou un combat ».

En juin 1778, John Butler envoya son fils à Québec où le gouverneur Haldimand approuva leur projet de « détruire les établissements isolés de New York, de la Pennsylvanie et [du New] Jersey », principalement pour empêcher l’afflux des produits agricoles à l’armée continentale. Walter se trouvait encore à Québec lorsque John Butler dirigea une expédition sur la vallée de Wyoming, Pennsylvanie – la première d’une série d’opérations qui valurent aux rangers de Butler une réputation de troupe sanguinaire. Son père étant tombé malade, Walter prit le commandement en septembre et, le 11 novembre 1778, il mena une troupe de 520 rangers, réguliers et Indiens dans une attaque désastreuse sur Cherry Valley, à l’ouest d’Albany. Faute de canons de gros calibre, les rangers et les réguliers furent incapables de prendre le fort, et, au cours du siège, les Indiens mirent le village à sac. Malgré les efforts que Butler et Joseph Brant [Thayendanegea*] firent pour les contenir, ils tuèrent plus de 30 habitants.

Le rôle de Walter Butler dans cet incident a été déformé par le mythe et la légende. En effet, James Clinton, le commandant américain de la région nord de New York, ne l’a jamais accusé d’avoir dirigé ou ordonné le massacre, et il paraît improbable que Butler eût pris une telle décision, alors que des membres de sa famille pouvaient facilement être l’objet de représailles. Tout semble indiquer que le responsable du massacre aurait été Sequidonquee (Little Beard), un guerrier tsonnontouan. Mais les historiens et les romanciers locaux du xixe siècle, se fondant dans une large mesure sur la légende et le ouï-dire, dépeignirent Walter Butler comme un homme cruel et vindicatif. Les auteurs, dit Howard Swiggett, « assignèrent au jeune Butler le [rôle] du diable et le firent tremper dans tous les meurtres commis sur le minuit au cours des années ». Rien, pourtant, ne permet d’affirmer qu’il ait été à l’origine des atrocités de Cherry Valley ni qu’il y ait participé.

Par contre, la piètre qualité des relations de Butler avec les Indiens peut être considérée comme l’une des causes de l’événement. Il ne s’entendait pas avec Brant, qui avait un grade plus élevé, et acceptait peut-être mal d’être à ses ordres. Butler déclara plus tard qu’il n’était pas en mesure de maîtriser les Indiens ; atterré, semble-t-il, par les actions qu’ils avaient commises à Cherry Valley, il résolut de ne plus jamais diriger une opération dans laquelle les Indiens seraient en majorité.

La famille de Butler fut relâchée en 1780, mais il n’atteignit pas ses autres objectifs : être promu au grade de major dans les rangers et acheter une compagnie dans un régiment établi. Il fut tué au cours du raid mené par le major John Ross dans la vallée de la Mohawk en 1781. « Le nom de Butler inspirait une telle crainte, rapporte George Francis Gilman Stanley, que les rebelles de la vallée de la Mohawk se réjouirent davantage de la nouvelle de sa mort que de la capitulation de [Charles] Cornwallis à Yorktown. »

David A. Charters

En mars 1779, Walter Butler voyagea sur la rive nord du lac Ontario du fort Niagara au fort Cataracoui (Kingston, Ontario). Dans le journal de ce voyage, qui a duré 8 jours,.publié sous le titre « Walter Butler’s journal of an expedition along the north shore of Lake Ontario, 1779 » et édité par J. F. Kenney, CHR, I (1920) :381–391, il rend soigneusement compte du temps et de la distance et décrit les sites propices à l’agriculture, à l’approvisionnement naval et à la chasse.  [D. A. C.]

BL, Add. mss 21 756/1 ; 21 756/2 ; 21 764 ; 21 765. APC Report, 1886, 640.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), VIII : 499, 721.— DAB.— G.-B., WO, Army list, 1777. Sabine, Biographical sketches of loyalists, I : 280. North Callahan, Royal raiders, the Tories of the American revolution (New York, 1963), 171. E. [A.] Cruikshank, The story of Butler’s Rangers and the settlement of Niagara (Welland, Ontario, 1893), 12, 25s., 33, 37, 54–56. Graymont, Iroquois, 79, 81, 118, 120, 143, 156, 164s., 187–189, 191. P. M. Hamlin, Legal education in colonial New York (New York, 1939 ; réimpr., 1970), 152s., 155. William Kirby, Annals of Niagara (Niagara Falls, Ontario, 1896), 57.— Lanctoo, Canada and American revolution, 77, 141.— H. C. Mathews, The mark of honour (Toronto, 1965), 27, 36, 45, 48s., 57–59, 60–62. J. C. Miller, Triumph of freedom (Boston, 1948), 397, 399. Stanley, Canada’s soldiers (1960), 125. W. L. Stone, The campaign of Lieut. Gen. John Burgoyne and the expedition of Lieut. Col. Barry St. Leger (Albany, N.Y., 1877 ; réimpr., New York, 1970), 208s.— Howard Swiggett, War out of Niagara : Walter Butler and the Tory rangers (New York, 1933 ; réimpr., Port Washington, N.Y., 1963).— E. A. Cruikshank, The King’s Royal Regiment of New York, OH, XXVII (1931) : 193–323.— H. U. Swinnerton, The story of Cherry Valley, N.Y. State Hist. Assoc., Proc. (s.l.), VII (1907) : 74–93.

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David A. Charters, « BUTLER, WALTER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/butler_walter_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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