CHEW, JOSEPH, fonctionnaire du département des Affaires indiennes, né probablement en Virginie (États-Unis) dans les années 1720, décédé le 24 septembre 1798 à Montréal.

Joseph Chew commença, semble-t-il, sa carrière militaire comme officier dans les forces armées de Virginie. En 1747, il était capitaine dans les troupes de New York et fut capturé près de Saratoga (Schuylerville, New York) par Luc de La Corne. Prisonnier, il fut emmené en Nouvelle-France mais il obtint sa libération à l’été de 1748 ou auparavant. La guerre terminée, Chew partit pour le Maryland en janvier 1748/1749 car on lui avait offert la possibilité d’y « écouler une cargaison de marchandises ». En 1752, il vivait à New London, Connecticut, où il fut marshal de la Cour de vice-amirauté. Il s’occupait probablement encore aussi de commerce. En 1762, un groupe de spéculateurs du Connecticut impliqués dans un achat controversé de terrains situés le long de la rivière Susquehanna [V. John Hendricks Lÿdius] l’envoyèrent, peut-être parce qu’il connaissait sir William Johnson, discuter de la colonisation de la bande de terre avec le surintendant des Affaires indiennes.

À la fin des années 1760, Chew essuya des difficultés financières et fut, écrit-il, « presque entièrement renfloué par la générosité [de Johnson] ». Il s’installa à proximité de Johnson Hall (Johnstown, New York) où il devint juge de paix, sans aucun doute grâce à l’influence de Johnson. Le 6 juillet 1774, il fut nommé secrétaire au département des Affaires indiennes. En réalité, il fut secrétaire de Guy Johnson, le successeur de sir William et, à ce titre, assista à diverses conférences avec les Six-Nations.

En novembre 1775, Chew accompagna Guy Johnson, Joseph Brant [Thayendanegea*], Christian Daniel Claus et d’autres en Angleterre afin de protester contre la nouvelle organisation du département des Affaires indiennes à laquelle avait procédé le gouverneur Guy Carleton*. Quand ils revinrent en Amérique du Nord quelques mois plus tard, Chew semble avoir entrepris du service militaire actif dans la région de New York au cours de la guerre d’Indépendance américaine. Lors d’une campagne dans l’est de l’île Long, en 1777, il fut fait prisonnier parles troupes américaines. Manifestement libéré sur parole, il servit par la suite dans la région du Connecticut. Chew, ainsi séparé de sa femme et de ses enfants qu’il avait laissés à Johnstown en 1775, s’inquiétait constamment de leur bien-être. À la fin de la guerre, il chercha à obtenir des dédommagements pour les pertes subies par sa famille ; il alla en Angleterre dans cette intention encore en 1789. Il semble que ses démarches aient abouti car il reçut différentes indemnités, y compris une concession dans le comté de Carleton, Nouveau-Brunswick.

Pendant la guerre, le département des Affaires indiennes s’était désorganisé. Un conflit particulièrement acerbe s’éleva entre Claus et John Campbell au sujet de l’administration des Indiens du Canada. La nomination de sir John Johnson*comme surintendant général, en 1782, soulagea quelque peu la tension mais Chew dut faire face à des difficultés quand, dans les années 1780, il reprit ses fonctions de secrétaire. Sir John n’était pas un administrateur tellement compétent et ce fut Chew qui fit fonctionner le département. Travaillant surtout à Montréal, il était chargé de la correspondance quotidienne avec les agents œuvrant à l’extérieur et avec les autres départements. Aussi longtemps que les Britanniques maintinrent les postes de l’Ouest et rêvèrent de créer une zone d’influence chez les Indiens de la région de l’Ohio-Mississippi, le rôle de Chew fut de première importance. En 1794, la signature du traité Jay, par lequel les Britanniques renonçaient aux postes, réduisit l’importance du département. Chew demeura secrétaire jusqu’au moment où sa santé, qui n’avait jamais été robuste, se détériora à l’automne de 1798. Il mourut le 24 septembre d’une affection des bronches à ce qu’il semble.

Pendant les dernières années de sa vie, Chew se préoccupa à nouveau du sort de sa famille. Il demanda que son fils John lui succédât au poste de secrétaire et chercha à ce que son plus jeune fils, William Johnson, fût nommé au département. Les deux requêtes furent agréées, ce qui indique la haute estime dans laquelle on le tenait. John Chew fut secrétaire de 1798 à 1806, et William Johnson Chew fut garde-magasin du département au fort Niagara (près de Youngstown, New York) et au fort George (Niagara-on-the-Lake, Ontario) de 1794 à 1809.

Douglas Leighton

APC, MG 19, F1 ; F2 ; F6 ; MG 23, H1, 1. sér. 3–4 ; RG 4, D1, 13, no 1 242 ; RG 8, I (C series), 1 203 1/2, p. 11 ; RG 10, A1, 486 ; A2, 11, pp.22, 37.— PRO, PRO 30/55, 1, no 133.— Conn. Hist. Soc., Coll. (Hartford), XVI (1916) : 200, 322, 383 ; XVII (1918) : 291.— Johnson papers (Sullivan et al.).— La Gazette de Québec, 29 févr. 1816.— Graymont, Iroquois, 81.— E. C. Wright, The loyalists of New Brunswick (Fredericton, 1955), 269.— R. S. Allen, The British Indian department and the frontier in North America, 1755–1830, Lieux historiques canadiens : cahiers d’archéologie et d’histoire (Ottawa), no 14 (1975) : 5–125.

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Douglas Leighton, « CHEW, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chew_joseph_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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