REILLY, EDWARD, journaliste et homme politique, né en 1839 ou 1840 dans l’Île-du-Prince-Édouard, décédé le 29 mars 1872 à Charlottetown, Î.-P.-É.

Après une brève carrière d’instituteur dans les écoles rurales de l’Île-du-Prince-Édouard, Edward Reilly entra comme compagnon typographe au journal de David Laird*, le Protestant, et à l’Examiner d’Edward Whelan*, à Charlottetown. Le 17 octobre 1862, il fonda le Vindicator, journal militant et ultramontain qui se voulait la contrepartie des autres journaux de l’île dont les écrits revêtaient « un caractère dangereux et distillaient un poison moral ». Bien que Reilly eût été l’éditeur du Vindicator, il nia plus tard en avoir été le rédacteur, rôle qu’on attribua généralement à l’époque à l’abbé Angus MacDonald*, recteur du collège St Dunstan. Le Vindicator, un hebdomadaire, se distinguait par ses attaques virulentes contre divers personnages publics tels que William Henry Pope, David Laird, le révérend George Sutherland* et le lieutenant-gouverneur George Dundas. En 1864, Joseph Webster, principal de l’école normale, traduisit Reilly devant les tribunaux pour un article paru dans son journal, qui laissait entendre que Webster entretenait des rapports répréhensibles avec les étudiantes de son établissement. La cause se termina en octobre 1864 par une amende honorable de la part de Reilly. Il cessa alors la publication du Vindicator, mais, une semaine plus tard, il fonda un nouvel hebdomadaire, le Herald, dont il était à la fois l’éditeur et le rédacteur. En 1870, il s’adjoignit des associés et l’un d’eux semble avoir été John Caven, un des professeurs de St Dunstan.

Tout en continuant à se montrer sympathique aux exigences de la hiérarchie catholique en matière d’éducation, il chercha à étendre le champ de son action journalistique. Il prit vigoureusement parti pour les locataires dans la question des terres et dénonça les Résolutions de Québec de 1864, qu’il qualifiait de « combine spoliatrice » au détriment de l’île. Il soutint que la Confédération obligerait les habitants de l’île à assumer des dépenses dont ils ne retireraient aucun bénéfice, telles la défense du territoire continental et la construction de l’Intercolonial. Il s’éleva en particulier contre le fait que le projet de confédération ne prévoyait aucune mesure pour abolir le système de la tenure à bail et il partageait l’opinion de George Coles et de ceux qui prétendaient que la solution du problème des terres était une condition sine qua non de l’entrée de l’île dans la Confédération.

L’opposition irréductible de Reilly à la Confédération l’entraîna dans un conflit avec Edward Whelan, chef de file des catholiques de la colonie, qui appuyait vigoureusement le projet de Québec. Les deux hommes s’affrontèrent aussi sur les questions explosives des Féniens et de la ligue des locataires (Tenant League). Whelan condamnait les deux mouvements sans restriction, tandis que Reilly demeurait sur la réserve. Le jeune Reilly voulait, de toute évidence, ébranler l’emprise que Whelan exerçait sur les catholiques, sur ceux particulièrement qui étaient locataires ou immigrants irlandais ou les deux à la fois. Lors des élections générales de février 1867, Reilly se présenta contre Whelan dans le deuxième district du comté de Kings, bien que tous deux fussent d’allégeance libérale ; Reilly perdit l’élection mais réduisit considérablement la majorité de Whelan. Après les élections, que remportèrent les libéraux, Whelan fut nommé imprimeur de la reine et dut se présenter devant l’électorat à une élection partielle. Cette fois, Reilly infligea à Whelan sa première défaite en 21 ans de vie politique. Huit jours après la mort de Whelan, survenue le 10 décembre 1867, Reilly lui succéda au poste d’imprimeur de la reine ; il remporta l’élection partielle décrétée au début de 1868.

Reilly conserva son poste d’imprimeur de la reine jusqu’au moment où, en 1870, les libéraux se divisèrent sur la question des écoles. Il suivit alors George Howlan* et tous les libéraux catholiques membres de l’Assemblée, à une exception près, pour former une coalition dont le conservateur James Colledge Pope* prit la tête. L’alliance reposait sur un engagement mutuel, signé par les catholiques libéraux et les dirigeants conservateurs dont certains étaient partisans de la Confédération ; l’engagement stipulait que rien ne se ferait au sujet des écoles et de la Confédération sans auparavant soumettre ces questions aux électeurs par voie de scrutin. À l’occasion du changement de gouvernement, Reilly perdit son poste d’imprimeur de la reine parce qu’un éminent tory, Frederick de St Croix Brecken*, menaça de donner sa démission si Reilly était maintenu dans ses fonctions. Un an plus tard, Reilly quitta la coalition et retourna chez les libéraux pour protester contre la politique ferroviaire du gouvernement. Bien qu’il eût d’abord appuyé le gouvernement sur cette question, il craignait maintenant que cette politique ne soit un moyen de pression pour faire entrer l’île dans la Confédération. La suite des événements démontra qu’il avait raison, mais il ne vécut pas assez longtemps pour voir sa prophétie se réaliser. Il mourut subitement d’une défaillance cardiaque, à son domicile de Charlottetown, le matin du 29 mars 1872. Sa femme Hannah lui survécut.

Edward Reilly fut un personnage discuté, surtout pendant les premières années de sa carrière de journaliste. Après son entrée à l’Assemblée, il montra plus de retenue et usa d’un langage moins virulent dans ses éditoriaux du Herald. Lorsqu’il mourut, à l’âge de 32 ans, il était l’un des plus habiles et des plus brillants orateurs de l’Assemblée et en outre un journaliste éminent. La veille de sa mort, il avait été choisi pour représenter son parti qui devait remporter la victoire aux élections du 4 avril. Sa mort prématurée mit fin à une carrière qui promettait d’être remarquable.

Ian Ross Robertson

Prince Edward Island, Supreme Court, Estates Division, testament d’Edward Reilly.— Debates and proceedings of the House of Assembly of Prince Edward Island, 18671872.— Journal of the House of Assembly of Prince Edward Island, 18671872.— Examiner (Charlottetown), 9 janv., 24 juill. 1865.— Herald (Charlottetown), 1864, 18661868, 18701871.— Island Argus (Charlottetown), 2 avril 1872.— Patriot (Charlottetown), 30 mars, 4 avril 1872.— Vindicator (Charlottetown), 18621864.— MacMillan, Catholic Church in PEI, 219s., 260s., 271–275.— Robertson, Religion, politics, and education in PEI, chap. 68.

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Ian Ross Robertson, « REILLY, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/reilly_edward_10F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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