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POURROY DE LAUBERIVIÈRE, FRANÇOIS-LOUIS DE, prêtre, docteur en théologie de la Sorbonne, cinquième évêque de Québec, né à Grenoble le 16 juin 1711, fils de Claude-Joseph Pourroy de Lauberivière, président de la Chambre des comptes du Dauphiné, et de Marie-Anne de Saint-Germain de Mérieux, décédé à Québec le 20 août 1740.
François-Louis de Pourroy de Lauberivière étudia au collège des Jésuites de Grenoble et au séminaire de Saint-Sulpice à Paris ; il fut ordonné prêtre le 21 septembre 1735 et fut reçu docteur en théologie le 1er avril 1738. Déjà chanoine de la collégiale de Romans, il fut recommandé au cardinal de Fleury par M. Couturier, supérieur de Saint-Sulpice. Le 22 mars 1739, Louis XV lui donnait la succession de Mgr Dosquet*, démissionnaire. Les bulles furent expédiées le 20 juillet et la consécration épiscopale eut lieu à Saint-Sulpice, le 16 août. Le 20 juin 1740, le prélat faisait prendre possession de sa cathédrale, par une procuration datée du 20 février.
Le 10 juin 1740, il s’embarqua à La Rochelle sur le Rubis, avec son aumônier, deux domestiques, quelques prêtres et religieux. Jusqu’au Banc de Terre-Neuve, la traversée fut heureuse ; la maladie se déclara ensuite dans le navire, frappant surtout les passagers d’humble condition. « Cette maladie, écrira Hocquart* dans une lettre du 6 août 1740, est une fièvre continue, accompagnée de violents transports au cerveau, et quelquefois d’éruptions ». Le père Canot, témoin de cette épidémie, décrit ainsi l’état du vaisseau : « Représentez-vous un endroit, grand comme nos galetas, où la lumière ne pénètre presque jamais, et où à peine peut-on marcher droit, tout rempli de paillasses, au-dessus desquelles sont des toiles de la longueur d’un homme et de la largeur de deux pieds, attachées par les deux coins à des clous, qui servaient également de lits à ces pauvres malheureux, de sorte qu’il y en avait près de quatre cents dans un si petit espace. Dans un état si triste, nous autres prêtres, aurions-nous été oisifs ? Je vous donne à penser ce qu’on fait et ce qu’on doit faire dans ces circonstances. Cependant le mal augmentait et nous tâchions de nous approcher le plus que nous pouvions de Québec. L’équipage dépérissait de jour en jour, et à peine avions-nous qui pût faire la manœuvre. Les officiers étaient obligés de la faire eux-mêmes, et quiconque avait de la force mettait le main à l’œuvre. Nous avions beau arborer le pavillon qui est le signe de l’incommodité et qu’on a besoin de secours, qui que ce soit ne venait ». Il y eut beaucoup de morts et le capitaine dut demander des matelots à Québec pour atteindre le port. L’évêque, dans ce malheur, se dépensa abondamment avec les autres prêtres.
Sur les instances de l’intendant Hocquart, il descendit du navire à l’Île-aux-Coudres pour continuer jusqu’à Québec dans une chaloupe. Il y arriva le lundi soir, 8 août 1740, accueilli par les autorités de la colonie et par toute la ville. On voyait en lui revivre Mgr de Laval. Le mardi, il se reposa au séminaire, visitant la maison et recevant les hommages des religieux. Le mercredi, il fut reçu à dîner par Hocquart et, le 11, jour de congé, il accompagna les séminaristes à la maison de campagne de Saint-Michel, visitant au retour le gouverneur, Charles de Beauharnois*. Ce dernier et l’intendant écriront, peu de temps après : « M. l’Évêque, qui était arrivé ici en parfaite santé, tomba malade le 13 de ce mois. Le 14 et le 15, la fièvre ne donna pas d’indications nouvelles. Le 16, elle redoubla ; les transports suivirent ; enfin la pourpre vint ; et le 20, à huit heures du matin, il expira, généralement regretté. Il avait prévenu tous les ordres en sa faveur. Pendant la traversée, et dans le peu de temps qu’il a vécu parmi nous, on avait connu sa vertu et ses bonnes intentions. Il fut inhumé le même jour, sans pompe, à cause de la nature de sa maladie ; et aujourd’hui [27 août] on célèbre dans la cathédrale un service solennel pour lui ». En si peu de temps, le prélat s’était fait une réputation extraordinaire de vertu, qui fit attribuer plusieurs faveurs à son intercession.
Brasseur de Bourbourg, Histoire du Canada, de son Église et de ses missions (2 vol., Paris, 1859), I : 263–268.— Gosselin, L’Église du Canada, V : 353–405.— C. Tanguay, Monseigneur de Lauberivière, cinquième évêque de Québec, 1739–1740 (Montréal, 1885).
Lucien Campeau, « POURROY DE LAUBERIVIÈRE, FRANÇOIS-LOUIS DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pourroy_de_lauberiviere_francois_louis_de_2F.html.
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Auteur de l'article: | Lucien Campeau |
Titre de l'article: | POURROY DE LAUBERIVIÈRE, FRANÇOIS-LOUIS DE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |