MARCHAND, ÉTIENNE, prêtre, grand vicaire, né à Québec le 26 novembre 1707, fils d’ Étienne Marchand, charpentier, et de Marie-Anne Durand, décédé à l’Hôpital Général de Québec le I 1 janvier 1774.

Étienne Marchand était l’aîné d’une famille de sept enfants. Ses parents, fervents chrétiens, appartenaient depuis 1715 à la confrérie de Sainte-Anne. Selon Jacques Viger*, Marchand se rendit en France pour faire sa théologie après ses études au collège de Québec. De retour après trois ans, soit en 1731, il fut ordonné prêtre par Mgr Dosquet, le 21 octobre de la même année, dans la chapelle du palais épiscopal. L’année suivante, il succédait à Joseph Dufrost de La Gemerais comme curé de la paroisse de Champlain. En octobre 1735, Marchand devenait curé de la paroisse Sainte-Famille-de-Boucherville. Le 30 septembre 1740, peu après le décès de Mgr François-Louis de Pourroy* de Lauberivière, le chapitre de Québec le nommait grand vicaire pour le gouvernement de Montréal à la place du sulpicien Maurice Courtois qui s’était précédemment récusé. À la demande du seigneur et des habitants de Boucherville, le chapitre le reconnaissait en même temps comme titulaire de la paroisse et lui expédiait des lettres de curé inamovible. Il devait demeurer grand vicaire jusqu’au décès de Mgr de Pontbriand [Dubreil*] en 1760.

C’est à partir de 1764 que l’abbé Marchand fut appelé à jouer un rôle plus marquant dans l’ Église canadienne. Devant les préjugés que Murray entretenait à l’égard du supérieur du séminaire de Montréal, Étienne Montgolfier, celui-ci avait présenté sa démission comme grand vicaire du gouvernement de Montréal, le 9 septembre, et avait invité le chapitre à le remplacer par quelqu’un « qui ne fut pas même de la maison de St. Sulpice ». Deux jours plus tard, le choix du chapitre se portait sur Marchand. Murray se vanta d’avoir été l’instigateur de cette nomination. « Ce Marchand, écrivait-il, est un bon et brave garçon [...] avec suffisamment d’adresse, on peut le faire parler et l’utiliser à toutes sortes de fins. » Avec le retour de Mgr Briand, à l’été de 1766, Marchand se voyait confirmer dans ses fonctions. Le 25 juillet, le nouvel évêque lui expédiait ses lettres de provisions en même temps qu’il lui annonçait la nomination de Montgolfier comme deuxième grand vicaire pour Montréal, dans le but d’alléger son fardeau. Celui-ci était plus particulièrement chargé des « païs d’en haut » et de la « supériorité des religieuses », tandis que Marchand n’avait que la direction des paroisses situées au sud du Saint-Laurent.

Marchand jouit de l’estime et de la confiance de son évêque qui lui confia plusieurs tâches délicates et qui songea même, un moment, à le proposer comme coadjuteur. En juillet 1766, il approuva l’idée du grand vicaire du gouvernement de Québec, Joseph-François Perrault, de faire appel aux curés et aux communautés pour assurer, par une contribution annuelle, la subsistance de l’évêque. Seines les réticences de Mgr Briand, convaincu « que l’on ne retirerait rien des peuples ni des curés pour l’évêque », firent avorter ce projet.

En mai 1773, affaibli par la maladie, Marchand se retirait à l’Hôpital Général de Québec où il devait mourir le 11 janvier 1774. Selon Pierre-Georges Roy*, c’est durant ce séjour à l’hôpital que le grand vicaire composa un poème héroï-comique en deux chants intitulé « les Troubles de l’Église en Canada en 1728 », relatant les démêlés entre les autorités ecclésiastiques et civiles lors de l’inhumation de Mgr de Saint-Vallier [La Croix*] à l’Hôpital Général [V. Claude-Thomas Dupuy*]. Cet essai poétique « n’est pas un chef-d’œuvre mais compte des vers d’une verve satirique remarquable ».

Prêtre dévoué et effacé, Marchand servit l’Église canadienne avec zèle et amour. Sa pondération et sa prudence furent fort utiles à Mgr Briand à un moment où l’Église, disposant d’une liberté d’action très limitée, traversait des heures difficiles.

Gilles Chaussé

Jacques Viger a été vraisemblablement le premier à retranscrire l’essai poétique attribué à Étienne Marchand, à partir d’une source inconnue. On retrouve ce manuscrit aux ASQ, Fonds Viger-Verreau, Sér. O, 0181. Dans son Dictionnaire historique des hommes illustres du Canada et de l’Amérique (Montréal, 1857), François-Maximilien Bibaud* cite ce poème auquel il donne le titre de « la Querelle de l’Église », alors que dans Bibliothèque canadienne, ou annales bibliographiques (Montréal, [1858]) il l’intitule « les Troubles de l’Église du Canada en 1728 ». Pierre-Georges Roy a publié ce poème dans BRH, III (1897) : 114–121, 132–138.  [g. c.]

AAQ, 10 B, 119v., 123v., 124, 253v., 254v. ; 1 CB, V : S16s., 20, 22s., 25–28. ACAM, 901.004. ANQ-Q, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Québec, 27 nov. 1707. APC, MG 23, GII, 1, sér. 1, 2, 206 ; GIV, 8. ASQ, Fonds Viger-Verreau, Sér. O, 0181 ; 0227, pp. 22–24 ; Polygraphie, XXIX : 16, 460.— Mandements des évêques de Québec (Têtu et Gagnon), II : 180–182. Allaire, Dictionnaire, I : 362. Desrosiers, Corr. de cinq vicaires généraux, ANQ Rapport, 1947–1948, 76, 101–109. P.-G. Roy, Fils de Québec, I : 171–173. Tanguay, Dictionnaire, I : 409 ; V : 492 ; Répertoire, 108. P.-G. Roy, Les troubles de l’Église du Canada, BRH, II (1896) : 141s., 173.

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Gilles Chaussé, « MARCHAND, ÉTIENNE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/marchand_etienne_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    28 novembre 2024