HAZEUR, JOSEPH-THIERRY, prêtre, curé, grand pénitencier du chapitre de la cathédrale de Québec, grand vicaire, né à Québec le 25 juin 1680, fils de François Hazeur*, marchand, et d’Anne Soumande, décédé à l’Hôpital Général de Québec le 1er, avril 1757.

Joseph-Thierry Hazeur entra au petit séminaire de Québec le 11 septembre 1691. Il en sortit le 22 mai 1696, « estant dans la première année de philosophie, disent les annales du petit séminaire, n’ayant pas beaucoup d’aptitude et de penchant pour l’Etude ny d’inclination pr l’Eglise ». C’était, à la vérité, se montrer bien sévère à l’égard d’un écolier qui, âgé de 15 ans et après seulement quatre ans d’études, était déjà en classe de philosophie. Au surplus, le jugement porté par ses supérieurs était pour le moins prématuré puisque Thierry Hazeur persévérera dans sa vocation. Il fut tonsuré le 9 août 1699 par Mgr de Saint-Vallier [La Croix*] et reçut les ordres mineurs le 11 novembre suivant. Mgr de Laval*, en l’absence de l’évêque de Québec, lui conféra le sous-diaconat le 24 juillet 1701, le diaconat le 27 avril 1704, et, en même temps que son frère cadet, Pierre Hazeur* de L’Orme, la prêtrise le 25 avril 1706.

L’abbé Joseph-Thierry Hazeur exerça d’abord son ministère, de 1707 à 1712, à Saint-François, île d’Orléans. En 1715, Mgr de Saint-Vallier lui offrit le canonicat laissé vacant par la mort de son titulaire, l’abbé Jean Pinguet du séminaire de Québec. Le nouveau chanoine reçut ses lettres de provisions le 21 mars et fut installé le 4 mai. À la fin de cette année, l’évêque l’envoya à la paroisse Saint-François-de-Sales de Pointeaux-Trembles (Neuville), où le curé Jean Basset* était mort le 20 novembre. Le chanoine Hazeur se rendit à Pointe-aux-Trembles dès le 5 décembre, mais avec l’intention, précisa-t-il lui-même, tant dans le registre paroissial que dans le livre de comptes de la fabrique, d’y « faire les fonctions curiales pour le temps d’une année entière ». Son séjour devait néanmoins se prolonger jusqu’en septembre 1725. Il paraît d’ailleurs s’être acquitté consciencieusement de sa tâche ; ses registres sont tenus avec soin et témoignent de sa fidélité à garder la résidence.

De retour à Québec, Thierry Hazeur, que l’évêque avait nommé grand pénitencier du chapitre le 24 mai 1723, vécut désormais de sa prébende. Il retirait également les intérêts d’une somme de 10 000# qu’il avait prêtée au denier 20 (5p. cent) au séminaire de Québec, le 2 novembre 1724. Presque toujours malade, se plaignant, en particulier, d’être continuellement en sueur, le grand pénitencier n’assista à peu près jamais aux offices de la cathédrale. Mgr Dosquet* affirma en 1730 qu’il avait « été piqué absent plus de treize cent fois cette année ». Pourtant, d’ajouter le coadjuteur, « Il prétend recevoir les rétributions comme s’il avait été présent. » À partir de 1744, il cessa tout à fait de paraître aux assemblées du chapitre.

Réelles ou imaginaires, ses infirmités n’empêchèrent pas Thierry Hazeur de vivre jusqu’à 77 ans, ni surtout de prendre une part active aux incessantes querelles qui agitèrent le chapitre de Québec après la mort de Mgr de Saint-Vallier. Nommé grand vicaire par ses confrères le 3 janvier 1728, et encouragé par son ami Joachim Fornel, il entreprend de soutenir les prétentions du chapitre à la conduite du diocèse. Mgr de Mornay, successeur de Mgr de Saint-Vallier, a beau ordonner au grand vicaire et à ses partisans, dans une lettre du 31 mai 1728, d’attendre les ordres que leur transmettra son coadjuteur, Mgr bosquet, ceux-ci n’en démordent pas et signent, le 12 septembre, un mandement signifiant aux fidèles d’avoir à reconnaître leur autorité pendant « la vacance du siège ». Mgr Dosquet, sitôt débarqué, réagit avec fermeté contre l’esprit d’insubordination qui règne dans l’Église de Québec et dénonce sans ménagement les coupables au ministre Maurepas. Les chanoines, écrit-il, « ne pensent qu’à chicaner et à semer la division tant entre eux qu’avec les laïques et ne veulent connaître ni règles, ni statuts, ni supérieurs. Ils traitent le doyen comme un inférieur et l’évêque comme leur égal, ayant pris à tâche de s’opposer à tout ce qu’il souhaite. Ceci regarde principalement MM. Fornel et Hazeur qui se plaisent dans la division et qui attirent les autres dans leur parti ». La réponse du ministre ne se fit pas attendre. Il envoya au gouverneur Charles de Beauharnois et à l’intendant Gilles Hocquart* une lettre de cachet autorisant le coadjuteur à renvoyer Fornel en France s’il le jugeait à propos. Quant au chanoine Hazeur, le ministre enjoignit au gouverneur et à l’intendant de l’avertir que s’il ne se conduisait pas mieux à l’avenir, le roi donnerait « des ordres pour le mettre en règle ».

Quelque peu assagi par la réprimande qu’il avait subie, Thierry Hazeur se tint prudemment dans l’ombre jusqu’en 1740, alors que Mgr de Lauberivière [Pourroy*], à la requête de Hazeur de L’Orme, le choisit pour présider en son absence à la prise de possession officielle de son siège épiscopal. Cette fois, le grand pénitencier se sentit assez de vigueur pour présider la cérémonie solennelle, qui eut lieu le 20 juin. Après la mort prématurée de l’évêque, survenue le 20 août, les chanoines prirent de nouveau en main l’administration du diocèse. Le 7 novembre, il confièrent à Thierry Hazeur la charge de grand vicaire, que la chanoine Jean-Pierre de Miniac* venait d’abandonner pour s’en retourner en France. Thierry Hazeur demeura en fonction jusqu’à l’arrivée de Mgr de Pontbriand [Dubreil] le 9 août 1741. Cette courte période ne lui fut pas moins suffisante pour s’attirer deux condamnations du Conseil supérieur : une première à la suite d’un procès que lui avait intenté nul autre que Joachim Fornel, et une deuxième pour avoir autorisé inconsidérément le mariage de René-Ovide Hertel* de Rouville avec Louise-Catherine André de Leigne, malgré l’opposition de la famille de l’époux.

Le grand pénitencier ne semble pas avoir été plus heureux dans la conduite de ses propres affaires. En 1734, peu avant de mourir, le médecin Michel Sarrazin*, beau-frère du chanoine, l’avait choisi comme tuteur de ses enfants et héritiers. Hazeur eut dès lors, et jusqu’en 1747, à subir, de la part des créanciers du défunt, plusieurs procès qui lui coûtèrent bien des soucis et beaucoup d’argent. Vers 1748, à bout de force et de ressources, il chercha refuge chez son ami l’abbé Louis Lepage de Sainte-Claire, seigneur de Terrebonne. En 1751, Joseph-Thierry Hazeur revint à Québec et se retira à l’Hôpital Général. Il y décéda le 1er avril 1757 et fut inhumé le surlendemain dans le chœur de la cathédrale.

Noël Baillargeon

AAQ, 12 A, Registres d’insinuations A ; 12 A, Registres d’insinuations B ; 10B, Registre des délibérations, passim ; I. W, Église du Canada, I, II.— AN, Col., C11A, 53, f.373v. ; 56, ff.75s.— Archives paroissiales de Saint-François-de-Sales (île d’Orléans), Registres des baptêmes, mariages et sépultures, 1706–1712 (copies aux ANQ).— Archives paroissiales de Saint-François-de-Sales (Neuville, Qué.) Registres des baptêmes, mariages et sépultures ; Livre des comptes, I.— ASQ, mss, 2, 18 ; mss, 12, 208s., 488s. ; Registre A, 28s. ; Séminaire, XCII : 20, p.42.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 17171760, V, passim.— Gosselin, LÉglise du Canada jusquà la conquête, I, II, passim.— Henri Têtu, Le chapitre de la cathédrale de Québec et ses délégués en France, BRH, XIII (1907) : 238, 240 ; XIV (1908) : 79, 98 ; X V (1909) : 75 ; XVI (1910) : 138, 160.

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Noël Baillargeon, « HAZEUR, JOSEPH-THIERRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hazeur_joseph_thierry_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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