BOIS, LOUIS-ÉDOUARD, prêtre catholique et historien, né le 11 septembre 1813 à Québec, fils de Firmin Bois et de Marie-Anne Boissonnault, décédé à Maskinongé, Québec, le 9 juillet 1889.

Les parents de Louis-Édouard Bois habitaient la basse ville de Québec, au coin des rues Notre-Dame et Sous-le-Fort, dans une maison qui aurait été construite par Samuel de Champlain* en 1624. En 1819 ils inscrivent leur fils à l’école anglaise, et, quatre ans plus tard, au petit séminaire de Québec. En 1827, Louis-Édouard est envoyé au nouveau collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière où il termine son cours classique et fait ses études théologiques tout en enseignant. Ordonné à Québec, le 7 octobre 1837, l’abbé Bois est immédiatement nommé vicaire à Saint-Antoine-de-Padoue, Rivière-du-Loup (Louiseville, Québec), auprès du curé Jacques Lebourdais, dit Lapierre, puis, de 1840 à 1843, à Saint-Jean-Port-Joli, auprès de son oncle François Boissonnault. En 1843, il est curé de Saint-François (à Beauceville) où il donne un nouvel essor à l’éducation et ouvre, dans les cantons de Tring, de Forsyth et de Lambton, plusieurs dessertes qui deviendront les paroisses Saint-Victor, Saint-Éphrem, Saint-Évariste et Saint-Vital. Il quitte la Beauce en 1848 pour occuper la cure de Saint-Joseph, à Maskinongé, qu’il conservera pendant 41 ans.

Ce prêtre missionnaire et pasteur a toujours été un collectionneur, un homme d’étude et un passionné d’histoire. Pendant son séjour à Sainte-Anne-de-la-Pocatière (La Pocatière), il avait copié le manuscrit du « Journal d’un voyage en Europe, 1819–1820 » de Mgr Joseph-Octave Plessis* et il avait commencé sa collection de documents originaux grâce au « Journal du voyage » de Luc de La Corne*, qu’il avait reçu de son oncle Boissonnault. À Saint-Jean-Port-Joli, ses relations avec Philippe-Joseph Aubert* de Gaspé l’incitent à s’intéresser davantage à l’histoire et à se documenter. Il commence, en 1842, la compilation du « Garde notes ou recueil de notes diverses relatives à l’histoire du Canada » où il consigne pêle-mêle ses notes de lectures, des extraits de documents et des résumés d’entrevues ; il a laissé 19 cahiers, qu’un index permet de consulter. En même temps, Bois complète ces notes par « l’Œuvre de mes ciseaux », sept volumes de coupures de journaux, et par 14 volumes de « Manuscrits » originaux ou copiés. Il constitue en plus une « Collection de seings, vues, armoiries, portraits » en trois grands albums in-folio et un cabinet de numismatique. Mais la plus grande de ses richesses est sa bibliothèque qui, à sa mort, contient tout près de 4 300 volumes et 1 013 brochures, traitant pour la plupart d’histoire, surtout celle du Canada.

L’abbé Bois amasse cette vaste documentation dans un but très précis : écrire l’histoire des 12 premiers évêques de Québec. Dès 1845, il a terminé la vie de Mgr François de Laval*, une œuvre qui comprend 371 pages in-quarto, plus un grand nombre de documents annexés ; il en tire une Esquisse de la vie et des travaux apostoliques de Sa Grandeur Mgr. Fr. Xavier de Laval-Montmorency [...], qu’il publie sous le pseudonyme de De Vapeaume. Deux ans plus tard, il met le point final à une biographie de Mgr Jean-Baptiste de La Croix* de Chevrières de Saint-Vallier qu’il résumera, en 1856, dans une notice imprimée en tête d’une réimpression, publiée à Québec, de l’Estat présent de l’Église et de la colonie française [...], rédigé par le deuxième évêque de Québec. De plus, jusqu’en 1880, Bois écrit l’histoire des évêques Louis-François Duplessis de Mornay, Pierre-Herman Dosquet*, François-Louis de Pourroy* de Lauberivière, Henri-Marie Dubreil* de Pontbriand, Jean-Olivier Briand*, Louis-Philippe Mariauchau* d’Esgly, Jean-François Hubert, Pierre Denaut*, Plessis et Bernard-Claude Panet*, soit, au total, 2100 pages sans compter les documents. De cette œuvre imposante, seule la biographie de Mgr de Mornay a été publiée in extenso en 1912 ; un jugement de l’historien Henri Têtu sur le manuscrit de ce texte explique pourquoi la plupart des écrits de l’abbé Bois sont restés inédits : « il a le défaut de ne pas indiquer suffisamment les sources où il a puisé ses renseignements et de ne pas citer assez souvent les auteurs qu’il a consultés. De plus [...] il abuse évidemment de l’amplification et le ton du panégyrique domine du commencement à la fin. » Travaillant dans des conditions difficiles – l’accès aux sources est souvent impossible –, Bois n’hésite pas à avancer des assertions souvent contredites ultérieurement par des documents. Il s’en inquiète assez peu, car, pour lui, l’histoire ne doit dévoiler que « les traits d’héroïsme, de véritable grandeur, de constante probité » pour « multiplier les émules » et maintenir « dans le chemin du devoir et de l’honneur ».

Bois est le premier à admettre « que la tâche est de beaucoup outre la mesure de [ses] forces et de [ses] moyens » et qu’il vaut mieux garder le fruit de ses recherches dans ses cartons. Mais, tout en travaillant à son œuvre maîtresse, il se sert des matériaux qu’il collectionne pour publier, toujours sous le couvert de l’anonymat, un très grand nombre de notices historiques et quelques études plus considérables, par exemple sur les abbés Jean Raimbault* et Joseph-Onésime Leprohon*, le colonel François Dambourgès, le juge Adam Mabane* et le clergé français réfugié au Canada pendant la Révolution française. Il est aussi « l’instigateur et le véritable compilateur » de l’édition des Relations des jésuites de 1858 et il suggère à son protégé, Jean Blanchet, la publication de la Collection de manuscrits contenant lettres, mémoires, et autres documents relatifs à la Nouvelle-France [...], dont il écrit la préface. C’en est assez pour faire connaître celui qu’on appelle le « savant abbé ». Plusieurs intellectuels canadiens, tels James MacPherson Le Moine* et son grand ami, Jean-Baptiste Meilleur*, font régulièrement appel à ses connaissances et à sa bibliothèque ; l’historien Francis Parkman se rend deux fois à Maskinongé pour le consulter. L’université Laval reconnaît son mérite en lui conférant le titre de docteur ès lettres en 1883 ; la Société royale du Canada l’admet dans ses rangs en 1885. La même année, son évêque, Mgr Louis-François Laflèche*, le nomme chanoine en reconnaissance de ses « laborieuses recherches » en histoire, surtout religieuse. Plus que toute autre, cette dernière récompense devait plaire à cet érudit qui considérait la discrétion et la charité comme les qualités maîtresses de l’historien et qui consacrait à la recherche tous les instants qu’il pouvait soustraire à son ministère. Cette promotion ne change pas la vie de ce curé original, imposant au physique, souvent distrait, absorbé dans ses pensées et ses méditations, et qui n’en sort guère que pour parler en sentences ou mystifier ses interlocuteurs.

Ces honneurs arrivent tardivement, au moment où la maladie a rendu l’abbé Bois presque impotent et l’empêche désormais de s’adonner à la recherche. Il n’en assure pas moins la direction de la paroisse à Maskinongé où il meurt le 9 juillet 1889 ; ses funérailles attirent un nombre imposant de prêtres et de laïcs de toutes les parties du Québec. Par un testament daté du 5 février 1880, l’abbé Bois faisait don de tous ses biens, et surtout de ses manuscrits et de sa bibliothèque, au séminaire de Nicolet.

Nive Voisine

Parmi les écrits de Louis-Édouard Bois qui furent publiés (certains sous différents pseudonymes), citons : Un neveu, « Extraits du vieux livre de mon oncle », le Journal de Québec, 1843 ; De Vapeaume, Esquisse de la vie et des travaux apostoliques de Sa Grandeur Mgr. Fr. Xavier de Laval-Montmorency, premier évêque de Québec [...] (Québec, 1845) (une critique de cet ouvrage a paru dans le Journal de Québec, 9 mars 1847) ; Études et recherches biographiques sur le chevalier Noël Brulart de Sillery, prêtre, commandeur [...] ([Québec, 1855]) ; « Notes sur Sa Grandeur Monseigneur de S. Vallier, second évêque de Québec […] » qui sert d’introduction à une réimpression, publiée à Québec en 1856, de l’Estat présent de l’Église et de la colonie française dans la Nouvelle-France de Mgr Jean-Baptiste de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier, paru pour la première fois à Paris en 1688 ; Michel Sarrasin, médecin du roi à Québec, conseiller au Conseil supérieur, etc., etc. ([Québec, 1856]) ; « Notice sur Mgr. Patrice Phelan, troisième évêque de Kingston », le Journal de Québec, 20 juin 1857 ; le Colonel Dambourgès, étude historique canadienne (Québec, 1866) ; Étude biographique sur M. Jean Raimbault, archiprêtre, curé de Nicolet, etc. (Québec, 1869) ; Notice sur M. Jos O. Leprohon, archiprêtre, directeur du collège de Nicolet, etc., etc. (Québec, 1870) ; « Quelques observations à propos des notes historiques sur la paroisse Ste-Anne de la Pocatière [...], » l’Événement (Québec), 11 févr.–4 mars 1870 ; Ruricola, « les Noms propres en Canada », la Minerve, 17 mars 1874 (cet article sert aussi de préface à Pierre-Georges Roy*, les Noms géographiques de la province de Québec (Lévis, Québec, 1906) ; Z, « Monseigneur Alexandre Macdonell », Rev. canadienne, 13 (1876) : 8–20, 94–107, 352–374, 411–429 ; « Madame d’Youville et l’Hôpital Général de Montréal », le Journal de Québec, 20 avril 1878 ; le Juge A. Mabane, étude historique (Québec, 1881) ; S. J. M., « Biographie du Rév. père Emmanuel Crespel », le Journal de Québec, 5, 7 févr. 1885 (ce texte sert aussi de préface à la nouvelle édition publiée à Québec en 1884 des Volages du R. P. Emmanuel Crespel, dans le Canada et son naufrage en revenant en France, volume édité par Louis Crespel, d’abord publié à Francfort-sur-le-Main (République fédérale allemande) en 1742) ; « l’Angleterre et le clergé français pendant la Révolution », SRC Mémoires, 1re sér., 3 (1885), sert. i : 77–87 ; l’Île d’Orléans [...] (Québec, 1895) ; « l’Honorable Adam Mabane », BRH, 7 (1901) : 42–46 ; « Mgr Duplessis-Mornay », BRH, 18 (1912) : 246–256, 311–319.

Les ASN possèdent le fonds Louis-Édouard Bois (AP-G, L.-É. Bois). Pour une description complète de ce fonds, le lecteur pourra consulter l’inventaire fait par Thomas-Marie Charland et déposé aux APC (MG 24, B26). Ce fonds comprend environ 44 volumes de notes et de documents historiques et plus de 600 lettres adressées à l’abbé Bois par Jean-Baptiste Meilleur, Mgr Louis-François Laflèche, James MacPherson Le Moine et Augustin Côté*.  [n. v.]

Le Canadien, 10 juill. 1889.— Le Journal de Québec, 12 juill. 1889.— Le Monde illustré (Montréal), 27 juill. 1889.— J.-E. Bellemare, « L’abbé Louis-Édouard Bois », L’Écho de Saint-Justin (Louiseville, Québec), 1er janv. 1923 : 1–7.— T.-M. Charland, « L’œuvre historique de l’abbé Louis-Édouard Bois », SCHÉC Rapport, 3 (1935–1936) : 13–24.— « La paroisse de Saint-François de Beauce ; quelques notes », L’Éclaireur (Beauceville, Québec), 9 déc. 1909 : 10.— P.-G. Roy, « Les œuvres de M. l’abbé L.-É. Bois », BRH, 6 (1900) : 280s.— Henri Têtu, « Mgr Duplessis de Mornay », BRH, 4 (1898) : 258–265.

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Nive Voisine, « BOIS, LOUIS-ÉDOUARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bois_louis_edouard_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    1 décembre 2024