KIRBY, JOHN, homme d’affaires, officier de milice, fonctionnaire, juge de paix, homme politique et philanthrope, né en 1772 à Knaresborough, Angleterre, fils de John Kirby et d’une prénommée Ann ; il épousa Mary Nixon, née Macaulay, puis le 28 février 1822 Cecilia Bethune (décédée en 1842), fille de John Bethune* et veuve de Walter Butler Wilkinson, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 19 décembre 1846 à Kingston, Haut-Canada.
Partis du Yorkshire, John Kirby et ses parents débarquèrent en Amérique du Nord en 1774 et s’établirent dans une ferme à proximité du fort Ticonderoga (près de Ticonderoga, New York). Deux ans plus tard, son père entra au bureau du quartier-maître général britannique à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec), où il se fixa avec sa famille après la guerre d’Indépendance. Même si le Conseil exécutif du Haut-Canada radia son nom de la liste des loyalistes en 1798, sous prétexte qu’il y avait été inscrit à tort, John Kirby père avait manifestement « rencontré les difficultés auxquelles tous les loyalistes étaient exposés ». Quant à John Kirby fils, la solidarité que ces ennuis éveillèrent dans la famille, les relations qu’il se fit au cours des années 1780 et la perspective d’améliorer son sort le poussèrent sans doute à aller s’installer à Kingston, petite communauté compacte de loyalistes, où il se tailla peu à peu une place dans le commerce.
Kirby eut ses entrées dans la ville et dans le milieu kingstonien des affaires grâce à Robert Macaulay*, qui épousa sa sœur Ann en 1791. Peut-être représenta-t-il la Macaulay and Markland à New York avant la dissolution de cette compagnie, survenue en 1792 ou 1793. Il élut domicile à Kingston en 1796, selon son propre témoignage, et continua de collaborer en affaires avec Macaulay jusqu’à la mort précoce de celui-ci, en 1800. Kirby et Ann prirent ensuite conjointement la tête de l’entreprise, dont les activités étaient diversifiées, et fondèrent la John Kirby and Company, qui dura jusqu’en 1817. Non seulement Kirby dirigeait-il les quais et entrepôts de la compagnie, tout en s’occupant des transactions qu’elle faisait à titre d’intermédiaire, mais il exportait à son propre compte de la farine et d’autres denrées locales et importait des marchandises des États-Unis pour les vendre à Kingston. En outre, peut-être par manque de capital, il s’associa avec d’autres pour financer des activités spécifiques, notamment l’importation de tabac et de gin (avec le capitaine Henry Murney) et le transbordement de marchandises à Queenston (avec Thomas Clark*).
Dès le début des années 1820, semble-t-il, Kirby était financièrement assez bien établi et confiant pour s’occuper seul de son entreprise générale de commerce transitaire et de négoce et de divers autres intérêts. Il représenta alors plusieurs hommes d’affaires, dont en 1823 Henry Atkinson, acheteur de bois à Québec pour la marine royale, et en 1826 Allan Macpherson, de Napanee. Il se lança à fond dans la spéculation foncière et prêta souvent de l’argent à des associés. Après la guerre de 1812, il était devenu copropriétaire de deux vapeurs du lac Ontario, le Frontenac, lancé en 1816 [V. James McKenzie*], et le St George, lancé en 1834. En outre, il fut en 1826 l’un des membres fondateurs de la Cataraqui Bridge Company, qu’il servit pendant dix ans, d’abord à titre de simple administrateur puis de président.
Vers 1825, non seulement Kirby était-il en voie de devenir l’un des hommes d’affaires les plus prospères et les plus respectés de Kingston, mais il participait à des projets régionaux de développement économique. Au début, c’est sans aucun doute par intérêt personnel qu’il s’était joint, avec d’autres hommes d’affaires, à des groupes plus ou moins officiels qui poursuivaient ce but. Ainsi en 1813 il participa à la fondation de la Kingston Association, qui tenta de régulariser le commerce en convenant d’« émettre et d’accepter des traites pour faciliter les opérations de change ». Six ans plus tard, il faisait partie d’un groupe qui voulait freiner l’évaluation frauduleuse des diverses pièces d’un sou alors en circulation en n’acceptant que les pièces britanniques. L’intérêt de Kirby pour les questions monétaires l’amena à se mêler de plus en plus au milieu bancaire de la colonie. En juillet 1817, il était devenu l’un des administrateurs de la Bank of Upper Canada à Kingston ; on ignore cependant s’il fut ou non associé à la « prétendue » Bank of Upper Canada, mise sur pied pendant que la première attendait que le roi accepte de lui octroyer une charte [V. Thomas Dalton]. En février 1819, on le désigna membre d’un comité chargé d’étudier la possibilité d’établir une première banque d’épargne à Kingston ; en 1822, quand on fonda une banque de ce genre, il en devint l’un des vice-présidents. Et lorsque finalement la « prétendue » Bank of Upper Canada se fit damer le pion par la Bank of Upper Canada à York (Toronto), il s’empressa, semble-t-il, de soutenir celle-ci. En 1823, on mit à contribution sa compétence et sa connaissance directe des affaires de la « prétendue » banque : le gouvernement provincial le chargea à titre de commissaire, avec son neveu John Macaulay* (représentant à Kingston de la banque d’York) et George Herchmer Markland*, d’examiner les affaires de la banque et de les régler. Il entra au conseil d’administration de la Bank of Upper Canada en 1830 et, dix ans plus tard, à celui de la Commercial Bank of the Midland District.
Dans les années 1820, Kirby s’attacha par ailleurs à promouvoir l’union du Haut et du Bas-Canada, que John Macaulay préconisait avec ferveur, et à resserrer les liens entre les milieux d’affaires de Kingston et de Montréal. Mû par ses propres intérêts commerciaux et par son souci du développement régional, il collabora en 1824 à la formation de la St Lawrence Association, qui devait encourager l’amélioration de la navigation sur le fleuve. De plus, il appuya en 1835 le projet de creuser un canal entre le lac Loughborough et Kingston, puis en 1836 la réalisation de nouveaux travaux au canal Welland. Cette année-là, il représenta les propriétaires fonciers dans l’arbitrage sur les terres inondées par le canal Rideau. Parfaitement conscient que le progrès économique de Kingston dépendait du développement global de la colonie, il ne ménageait aucun effort pour favoriser l’un et l’autre.
Les affaires n’étaient cependant pas l’unique ni même peut-être le principal centre d’intérêt de Kirby. Comme plusieurs représentants de sa génération et de sa classe sociale, il se croyait tenu de servir l’ensemble de la collectivité. Peu après son arrivée à Kingston, il noua des liens fructueux et durables avec l’Église d’Angleterre. C’est ainsi qu’en 1802 et 1810 il fut marguillier de l’église St George. Dans les années 1820, parallèlement à son ascension financière et sociale, il devint l’un des principaux cotisants du fonds de construction d’une nouvelle église et on le nomma au comité de supervision des travaux, avec Thomas Markland, Peter Smith*, Christopher Alexander Hagerman et d’autres. En 1842, il participa à la fondation de la Midland District Society, créée pour promouvoir l’instruction religieuse dans ce secteur, et tout au long de ses années de résidence à Kingston il fut, semble-t-il, l’un de ceux qui veillèrent à ce que le ministre anglican de l’endroit ait un revenu suffisant. Tout en participant officiellement aux affaires de l’Église, il s’intéressa de plus en plus, surtout à compter de 1815, aux divers organismes de réforme sociale qui voyaient le jour dans le Haut-Canada. Convaincu que l’obéissance aux préceptes divins et l’adhésion à une religion organisée étaient essentielles à l’ordre social et à la moralité publique, il était de ceux qui fondèrent en 1817 la Kingston Auxiliary Bible and Common Prayer Book Society ; il en fut le trésorier jusqu’en 1827. En outre, on le retrouve vice-président de la Society for Promoting Christian Knowledge pendant une bonne partie de cette période, membre et président de la St George’s Society dans les années 1830 puis, dans la décennie suivante, cofondateur et vice-président de l’Association to Promote Christian Knowledge and for the Propagation of the Gospel among Destitute Settlers.
Toutefois, Kirby comprenait manifestement que l’instruction religieuse ne suffisait pas à assurer l’ordre et la prospérité : l’instruction générale était elle aussi essentielle. Ainsi il appuya la construction d’une école locale en 1815, versa des fonds au nouveau Queen’s College en 1840 et fut trésorier de la Midland District School Society de 1842 à 1844. En 1811, avec d’autres citoyens préoccupés de la situation chancelante de la Kingston Gazette [V. Stephen Miles*], il avait assuré le financement du journal et, dans les années 1810, il donna consciencieusement temps et argent à la bibliothèque locale, comme plus tard au Kingston Mechanics’ Institute. En outre, il fut l’un des membres fondateurs de la société locale d’agriculture en 1819 et, tout au long des années 1820, administra avec d’autres la Kingston Assembly, qui organisait des conférences, des bals et d’autres réunions.
À compter de 1815 cependant, Kirby et d’autres citoyens éminents constatèrent qu’à elles seules les églises et les écoles ne pouvaient être la solution aux problèmes que causait l’arrivée massive d’immigrants à Kingston. Souvent pauvres, malades et désillusionnés, nombre d’entre eux étaient mal préparés à s’établir dans le Nouveau Monde. Le devoir chrétien et la préservation de l’ordre public exigeaient qu’on intervienne, ce que Kirby ne tarda pas à faire avec d’autres dirigeants locaux. En 1817, il contribua à la fondation de la Kingston Compassionate Society, dont il devint trésorier. Deux ans plus tard, il se joignit au Committee on the Means of Supporting Paupers in Kingston et en 1820 il versa une donation considérable à la Kingston Benevolent Society. Toujours intéressé au sort des nouveaux arrivants, il se porta candidat en 1832 à la présidence de l’Emigrant Society de Kingston. En outre, entre 1820 et 1830, il appuya sans réserve les activités de sa femme au sein de la Female Benevolent Society, à laquelle il versa souvent des dons. Les résidents de Kingston ne furent d’ailleurs pas les seuls à bénéficier de sa philanthropie : quand, en 1825, le feu ravagea la vallée de la Miramichi, au Nouveau-Brunswick, il organisa et présida l’assemblée convoquée pour recueillir des secours. Enfin, à titre de conseiller législatif de 1831 à 1841, il contribua à l’affectation de fonds gouvernementaux à des hôpitaux et à des œuvres de bienfaisance de toute la colonie.
Le travail que Kirby accomplit pour assurer des services de santé adéquats aux habitants de sa région fut peut-être, parmi l’ensemble de ses activités, l’une des plus utiles à la collectivité et des plus gratifiantes pour lui-même. Il s’intéressait à cette question depuis 1809, année où il avait signé une pétition qui demandait au gouvernement un terrain afin d’y bâtir un hôpital. Dix ans plus tard, il souscrivait à un fonds de construction d’un hôpital. Cependant, il ne s’engagea directement que lorsqu’une épidémie de choléra menaça les habitants de Kingston en 1832. Devenu président du bureau de santé nouvellement créé dans la ville, il se dépensa sans réserve pour organiser la lutte contre la maladie, en appliquant notamment des règlements sanitaires. De plus, Kirby et son comité ouvrirent un hôpital pour cholériques et fournirent des installations de quarantaine destinées aux victimes possibles, dont la plupart étaient des immigrants de fraîche date. Lorsque le choléra sévit de nouveau, en 1835, 1836 et 1837, c’est encore Kirby qui présida le bureau de santé et en dirigea les activités.
À Kingston, Kirby n’était cependant pas connu uniquement comme homme d’affaires et philanthrope. Conservateur tout au long de sa vie, il soutenait ardemment le gouvernement tory de la province. Les Haut-Canadiens avaient, estimait-il, le devoir d’appuyer le gouvernement et la couronne. Il reconnaissait la nécessité d’assurer l’ordre et la stabilité sociale et croyait qu’en vertu de leur fortune, de leur rang et de leurs aptitudes, certains hommes, dont lui-même, avaient une mission de chef. Cette conviction l’amena à s’engager dans la milice locale ; promu lieutenant-colonel en 1838, il devint l’année suivante commandant du lst Regiment of Frontenac militia.
Une bonne partie de la carrière politique de Kirby se déroula dans l’est du Haut-Canada, sa principale sphère d’influence. En 1813, on le nomma inspecteur des chemins de Kingston et du canton environnant ; cinq ans plus tard, il obtint dans le district de Midland une commission de juge de paix qu’il allait conserver jusqu’à sa mort. Nommé directeur du scrutin dans la circonscription de Frontenac en 1816, il devint commissaire des élections huit ans plus tard. Quoique la politique n’ait jamais été au centre de sa vie, Kirby appartenait à l’influente élite tory de Kingston en raison de ses convictions, de ses affaires et de ses liens personnels avec des familles en vue, tels les Markland, les Macaulay et les Herchmer. Les tories de Kingston étaient partagés en factions complexes, et Kirby se rangea du côté de John Macaulay et de George Herchmer Markland ; à la fin des années 1820, il était devenu un conservateur digne de confiance. Non seulement avait-il dénoncé publiquement les activités de Robert Gourlay* en 1819, ainsi que d’autres manifestations de radicalisme politique, mais il avait souvent signé des pétitions en faveur du lieutenant-gouverneur et du gouvernement colonial. En 1824, il fut l’un de ceux qui contribuèrent le plus généreusement au fonds constitué pour ériger un monument à la mémoire de sir Isaac Brock*, qui symbolisait de plus en plus, pour les tories de la province, le courage et la loyauté non seulement des Britanniques mais aussi des Haut-Canadiens. Souscrire à ce fonds était plus qu’un acte de civisme : c’était une démonstration quasi obligatoire de loyauté.
Bon serviteur du bien commun et homme au prestige croissant, Kirby fut nommé en 1831 au Conseil législatif, ce qui l’obligea pendant les dix années suivantes à de fréquents séjours à York. Même s’il réduisit apparemment ses activités commerciales – il loua son quai et son magasin à George Wheatley Yarker en 1833 – il conservait un intérêt particulier pour le développement économique de la colonie. Ainsi il accorda une grande attention aux projets de loi qui touchaient le domaine bancaire et appuya les mesures susceptibles d’améliorer le transport et les communications sur le territoire, sans oublier pour autant ses devoirs envers sa ville. Vers 1837, il aida à convaincre le gouvernement de subventionner la création d’un nouvel hôpital à Kingston et soutint, mais sans succès, une motion en faveur de l’établissement dans la région d’une station de quarantaine pour le Haut-Canada.
La fidélité de Kirby au gouvernement provincial se manifesta à l’évidence en 1837–1838, devant l’agitation qui menaçait selon lui de détruire les institutions politiques et sociales qu’il avait défendues pendant une grande partie de sa vie. Au moment de la rébellion, il se joignit aux nombreuses personnes qui exprimèrent leur inquiétude au sujet de la sécurité de la colonie, et un an plus tard il eut la satisfaction de siéger au tribunal militaire qui jugea, au fort Henry, Nils von Schoultz et d’autres patriotes capturés à proximité de Prescott. Toutefois, l’après-rébellion et le rapport présenté par lord Durham [Lambton] le consternèrent. Même s’il avait naguère préconisé une union commerciale avec le Bas-Canada, il s’inquiéta en 1839 de ce que Durham propose d’unir les deux provinces. À l’instar d’autres ultra-conservateurs, il doutait de la valeur de ce projet, du moins à en juger par sa correspondance avec John Macaulay, et il réagissait avec crainte à la perspective de voir le français employé au Parlement et dans les tribunaux. Seule consolation pour Kirby : Kingston devait être la nouvelle capitale.
Les appréhensions de Kirby à l’égard de l’Union et du nouveau gouvernement, tout comme ses problèmes de santé, expliquent sans doute en partie le fait qu’on ne l’ait pas renommé au Conseil législatif en 1841. Pourtant, ce fut sans regret, semble-t-il, qu’il quitta la scène politique pour retourner vivre en permanence à Kingston. Les dernières années de sa vie se passèrent dans une semi-retraite qui lui permit de se consacrer de nouveau à ses préoccupations les plus chères. De 1841 à 1845, il fut juge assesseur aux audiences du district de Midland. En 1844, c’est lui apparemment qui signa en tête de liste une pétition à John Alexander Macdonald* pour l’inviter à se présenter dans Kingston aux élections provinciales de l’automne. Doyen respecté de la ville, président de la St George’s Society et commandant de la milice locale, il fut appelé à remplir des fonctions cérémonielles et recommença à participer aux affaires ecclésiastiques et scolaires de sa région. Peut-être pour la première fois de sa vie, il avait le temps de voyager avec sa famille et ses amis. Comme il n’avait pas eu d’enfants, il s’était vivement intéressé à ses neveux John, William* et Robert Macaulay. Il se lia surtout avec John, qui partageait son intérêt pour le commerce et la politique ; cette relation, tout comme celle qui unissait Kirby à sa sœur Ann, sembla se resserrer encore davantage dans les années 1840.
À la mort de John Kirby, en décembre 1846, le rédacteur en chef de l’Argus écrivait : « [il était] d’une classe qui, nous regrettons de le dire, n’existera bientôt plus chez nous ». Ses concitoyens de Kingston se souvinrent de lui comme d’un homme d’affaires perspicace, « heureux dans ses entreprises commerciales », toujours « hospitalier et simple, [... et qui] donnait sans compter argent et sympathie chaque fois qu’on faisait appel à sa bienveillance ou à sa charité ». Kirby avait bel et bien été un authentique gentleman tory. Au cours de sa longue existence, il était devenu riche et influent. Venu dans le Haut-Canada à l’époque des premiers colons, il avait veillé à l’établissement et à la croissance de la province, notamment par des contributions substantielles. Il s’était également révélé un champion de l’idéal loyaliste et avait défendu les idéaux conservateurs de service et de gestion responsable. Bref, il appartenait à cette génération qui avait contribué à faire du Haut-Canada une société britannique et conservatrice.
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Jane Errington, « KIRBY, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kirby_john_7F.html.
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Auteur de l'article: | Jane Errington |
Titre de l'article: | KIRBY, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |