KIRBY, ANN (Macaulay), femme d’affaires, baptisée le 11 novembre 1770 à Knaresborough, Angleterre, fille de John Kirby et d’une prénommée Ann ; le 13 février 1791, elle épousa à Crown Point, New York, Robert Macaulay*, et ils eurent trois fils ; décédée le 20 janvier 1850 à Kingston, Haut-Canada.

En 1774, Ann Kirby quittait le Yorkshire avec ses parents et ses deux frères, William et John, pour aller vivre dans l’état de New York. C’est là, à Crown Point plus précisément, qu’elle devait connaître son futur mari, le marchand loyaliste Robert Macaulay, un associé de son frère John. Après son mariage en 1791, elle suivit son époux à Kingston. Devenue veuve à l’âge de 30 ans, elle dut dès lors, et pour le reste de sa vie, élever sa famille et prendre part à la gestion de l’entreprise et des propriétés familiales. Son mariage à Macaulay l’avait assurée d’un certain crédit dans le village tory de Kingston ainsi que d’un réseau d’amis et de parents sur lesquels elle pouvait s’appuyer. Néanmoins, le fait de se retrouver seule avec trois jeunes fils dans une région de pionniers dut être pour elle une expérience démoralisante.

Ann Macaulay considérait que son premier devoir était de prendre soin de sa famille et de subvenir à ses besoins. À ses yeux comme à ceux de bon nombre de ses contemporains du Haut-Canada, l’éducation était la clé de l’avancement et du bonheur. En 1803, elle envoya ses fils aînés, John*, 11 ans, et William*, 9 ans (ce fut le tour de Robert un peu plus tard), à Cornwall afin qu’ils étudient sous la direction de John Strachan* ; elle veilla par la suite à ce qu’ils apprennent le français et reçoivent une formation professionnelle. Comme elle reconnaissait que les filles avaient elles aussi besoin d’instruction, elle insista à maintes reprises au cours des années 1839–1840 pour que l’on envoie l’aînée de ses petites-filles à l’école. Tout au long de sa vie, Ann Macaulay s’intéressa aux progrès de ses trois fils et les encouragea à être « appliqués et raisonnables » dans leurs entreprises. Les nombreuses lettres qu’elle échangea avec chacun d’eux contribuèrent à établir de part et d’autre de solides liens d’affection et de respect.

En femme astucieuse et certainement au fait des affaires de son mari, Ann Macaulay s’occupa de la succession de ce dernier. En société avec son frère John, elle fit partie jusqu’en 1817 de la John Kirby and Company, entreprise créée à même le patrimoine de la famille Macaulay. Après la dissolution de cette compagnie, elle continua à s’intéresser à ses propres investissements, qui étaient considérables. Même si ses affaires étaient gérées en fait par son frère, et plus tard par son fils John, on la consultait et elle donnait son avis. Elle se dévoua également auprès de ses amis et de la collectivité. Membre actif de la congrégation anglicane St George, elle participa après la guerre de 1812, en compagnie d’autres femmes qui jouissaient d’une certaine influence, à plusieurs entreprises philanthropiques. En 1817, elle était membre cotisant de la Kingston Auxiliary Bible and Common Prayer Book Society et, au cours des années 1820, elle occupa le poste d’administratrice et de directrice de la Female Benevolent Society, qui gérait un petit hôpital. On pouvait toujours compter sur elle pour soutenir les causes louables, comme le secours aux victimes des incendies qui ravagèrent en 1825 la vallée de la Miramichi, au Nouveau-Brunswick, ainsi qu’aux victimes du choléra à Kingston ; elle aida le Queen’s Collège, nouvellement établi, la Cataraqui Bridge Company et contribua au fonds pour l’érection d’un monument à la mémoire de sir Isaac Brock*.

Cependant, durant toute sa vie, Ann Macaulay accorda la première place à sa famille. Elle tint maison pour son fils John jusqu’à ce qu’il se marie en 1833. Elle vécut seule par la suite dans sa nouvelle maison de pierre, Knaresborough Cottage, mais retourna bientôt dans la résidence des Macaulay lorsque John alla s’installer à Toronto pour s’occuper de ses intérêts politiques. Et quand ce dernier devint veuf en 1846, c’est elle qui, à 76 ans, joua le rôle de mère auprès de ses quatre enfants, demeurés à Kingston. Elle mourut dans cette ville quatre ans plus tard. À titre de femme du Haut-Canada dans la première moitié du xixe siècle, Ann Macaulay souscrivait assurément à la conception de la féminité que chérissait alors l’élite coloniale : c’est à la maison, dans son rôle d’épouse et de mère, que réside la sphère d’influence appropriée de la femme. Tout en étant manifestement une femme d’affaires forte et compétente, et un membre actif de sa collectivité, elle donna la primauté à son rôle de mère, qu’elle remplit d’ailleurs consciencieusement et avec succès.

Jane Errington

AO, MS 78.— Arch. paroissiales, Knaresborough (Knaresborough, Angl.), Reg. of baptisms, 11 nov. 1770.— The parish register of Kingston, Upper Canada, 1785–1811, A. H. Young, édit. (Kingston, Ontario, 1921).— Chronicle & Gazette, 28 mars 1840.— Kingston Chronicle, 8 déc. 1820, 6 juin 1822, 11 août 1826, 4 mai 1827.— Kingston Gazette, 22 mars, 12 avril 1817.— Upper Canada Gazette, 15 déc. 1825.— Margaret [Sharp] Angus, « The Macaulay family of Kingston », Historic Kingston, no 5 (1955–1956) : 3–12.

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Jane Errington, « KIRBY, ANN (Macaulay) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kirby_ann_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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