SMITH, PETER, homme d’affaires, juge de paix et fonctionnaire, né en 1752 ; vers 1794, il épousa Ann Cook, et ils eurent trois fils et cinq filles ; décédé le 15 août 1826 à Kingston, Haut-Canada.

Lorsque la Révolution américaine éclata, Peter Smith vivait à Burlington, dans le Vermont. Durant le conflit, il servit à titre de sergent dans les rangers de John Butler*. Le 16 octobre 1784, il était installé dans le canton no 1 (canton de Cataraqui), dans l’ouest de la province de Québec. Deux ans plus tard, avec son associé Richard Beasley*, il faisait de la traite avec les Indiens, et la Hamilton and Cartwright constituait leur principal fournisseur. En avril 1786, Richard Cartwright* pressa Beasley et Smith de prendre Robert Dickson comme associé, mais Smith ne se montra pas « enchanté » par l’idée. En août 1789, Smith et Beasley se virent octroyer chacun 200 acres de terre dans la région de Toronto et dans ce qui est aujourd’hui Port Hope.

Dès 1791, Smith était établi à Kingston où il appartenait au petit groupe de marchands qui faisaient du commerce transitaire. À la première réunion du Conseil exécutif du Haut-Canada, le 20 juillet 1792, il obtint la permission de construire un quai, un entrepôt et un appontement à Kingston. L’approvisionnement des postes de l’armée britannique représentait une composante majeure de ses activités. Dès 1792, Smith et plusieurs autres marchands, dont Cartwright et Joseph Forsyth*, avaient accumulé près de 4 000 barils de farine en prévision d’une forte demande. Leurs pronostics s’étant révélés inexacts, ils firent appel au lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe* pour qu’il achète la farine et l’ajoute aux réserves gouvernementales. Leur requête fut rejetée (les fonctionnaires les qualifiaient de monopolisateurs) mais cela n’empêcha pas Smith d’apparaître fréquemment, seul ou avec des associés, dans les comptes de ravitaillement du commissariat de l’armée britannique à compter de 1796. Quand, en 1800, des marchands haut-canadiens se mirent à exporter de la farine dans le Bas-Canada, Smith était du nombre. L’année suivante, il profita encore davantage de ce nouveau débouché en expédiant à Montréal de grandes quantités de farine, de fromage, de potasse et de pois. Les marchands avaient cependant de la difficulté à se procurer des embarcations fluviales, et Cartwright signalait : « [Smith] a même envoyé chercher des bateaux vides [à Montréal] avec trois hommes dans chacun pour transporter sa farine ».

Smith eut plusieurs associés au cours de sa carrière. Vers 1796, il s’allia à un autre marchand de Kingston, John Cumming ; leur association fut dissoute en 1803 quand ils divisèrent leurs biens. En 1811, Smith et d’autres marchands de Kingston, dont Cartwright, achetèrent la Kingston Gazette puis la revendirent à Stephen Miles*. En outre, Smith faisait partie du groupe d’hommes d’affaires dont l’investissement dans le vapeur Frontenac [V. Henry Gildersleeve*] s’élevait en 1818 à près de £16 000. Smith s’intéressait aussi au secteur bancaire : son nom figure dans les listes de Kingstoniens qui demandèrent à l’Assemblée, d’abord en 1817 puis deux ans après, l’autorisation de constituer une banque dans le Haut-Canada [V. Thomas Dalton*].

À l’instar de tout marchand prospère, Peter Smith participait à la plupart des aspects de la vie communautaire. Nommé juge de paix et membre du conseil des terres et du conseil scolaire, il souscrivit à une foule de sociétés philanthropiques de la région. Il fut aussi, comme il convenait à un homme qui avait des filles à marier, directeur de la Kingston Assembly et du premier bal par souscription. Bienfaiteur de l’Église d’Angleterre, il remplit à deux reprises la charge de marguillier de l’église St George. Un contemporain brosserait plus tard ce portrait de lui : « hautement respecté, probe dans toutes ses transactions et au-dessus de tout reproche moral ou politique », c’était un « beau spécimen de gentleman anglais » qui « portait sur lui la preuve qu’il connaissait les bons dîners et comprenait les vertus du bon vin ».

Margaret Sharp Angus

AO, MU 500, letter-book, janv.–juill. 1786.— APC, RG 8, I (C sér.), 115B : 70, 348 ; 115C : 179.— QUA, Richard Cartwright papers, letter-book, 14 mai 1801.— « Journals of Legislative Assembly of U.C. », AO Report, 1913 : 47–48.— Kingston before War of 1812 (Preston).— Parish reg. of Kingston (Young).— « Settlements and surveys », APC Report, 1891, note A : 6–7.— Kingston Chronicle, 4 janv., 19 mars, 23 juill. 1819, 18 août 1820, 23 nov. 1821, 18 août 1826.— Kingston Gazette, 4 mai 1814, 13 oct., 18 nov. 1815, 28 sept. 1816, 29 mars, 15 juill. 1817, 30 juin 1818.— Canniff, Hist. of the settlement of U.C., 437.— Wilson, Enterprises of Robert Hamilton, 61.

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Margaret Sharp Angus, « SMITH, PETER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/smith_peter_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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