GIROUARD, JEAN-JOSEPH, officier de milice, notaire, homme politique, patriote, portraitiste et philanthrope, né le 13 novembre 1794 à Québec, fils de Joseph Girouard et de Marie-Anne Baillairgé ; décédé le 18 septembre 1855 à Saint-Benoît (Mirabel, Québec).

L’ancêtre de Jean-Joseph Girouard, François Girouard, s’établit en Acadie durant les années 1640. À la suite de la Déportation, quelques descendants, dont le grand-père de Girouard, Joseph Girouard, vinrent se fixer à Québec au moment de la guerre de Sept Ans. Le père de Girouard fut placé pendant sa jeunesse en apprentissage chez Jean Baillairgé*, maître menuisier. Il travailla par la suite comme entrepreneur de construction navale à Québec. En 1793, il épousa dans cette ville la fille benjamine de son ancien maître, Marie-Anne, et de ce mariage naquirent trois enfants : Jean-Joseph, Angèle et Félicité. De son ascendance paternelle, Jean-Joseph Girouard conserva toujours une méfiance instinctive à l’égard de l’Angleterre. Il hérita de sa mère la tradition artistique de la famille Baillairgé.

En septembre 1800, à l’âge de cinq ans, Jean-Joseph Girouard perdit son père qui se noya au cours d’une randonnée en bateau à voiles à l’anse au Foulon. Après la mort de ce dernier, il trouva refuge avec sa mère et ses deux sœurs dans la maison du grand-père maternel. Il demeura sous ce toit entre l’âge de six ans et dix ans. C’est alors que le jeune Jean-Joseph se mit, si l’on peut dire, à l’école de la famille Baillairgé dont le nom était déjà bien connu à Québec. Dans le journal qu’il tint plus tard avec sa seconde femme, il raconte comment il apprit de son grand-père « les règles du cubage ». Il se souvenait aussi avoir vu ses oncles, François* et Pierre-Florent*, penchés sur leur chevalet pendant qu’il s’essayait lui-même, presque comme un jeu, aux divers travaux exécutés dans l’atelier des Baillairgé.

Après la mort de Jean Baillairgé en 1805, Mme Girouard fit la connaissance de Jean-Baptiste Gatien, curé de Sainte-Famille, à l’île d’Orléans, qui avait été un ami intime de son père. Gatien offrit à Mme Girouard d’être la gouvernante de son presbytère et de venir le rejoindre avec ses enfants à Sainte-Famille. Elle accepta, et Gatien assura alors la vie matérielle de la veuve et de ses enfants ; le prêtre prit aussi la charge de l’éducation intellectuelle et religieuse de ces derniers. Le maître ne tarit pas d’éloges à l’endroit de son jeune pupille, Jean-Joseph, chez qui il remarquait des talents exceptionnels. Aucune des matières enseignées – musique, peinture, architecture, physique ou mathématiques – ne posait de difficultés à cet esprit privilégié. C’était, de plus, un enfant sage, pensif et rêveur, comme le révèle le portrait tracé par son oncle François Baillairgé.

En 1806, Gatien dut prendre en charge la desserte de la paroisse Sainte-Anne (à Sainte-Anne-des-Plaines) où Mme Girouard le suivit avec ses enfants et où elle demeura jusqu’en 1811. Cette année-là, Gatien fut nommé curé de Saint-Eustache et Mme Girouard l’accompagna encore avec ses enfants. Ayant assimilé les connaissances générales que lui avait dispensées son précepteur, Girouard commença son stage de clerc sous la direction de Joseph Maillou à Sainte-Geneviève (Sainte-Geneviève et Pierrefonds), dans l’île de Montréal, en 1811. Au début de la guerre de 1812, trop jeune pour être appelé sous les armes, il servit comme volontaire dans un corps de milice à Lachine. Maillou ayant été appelé sous les drapeaux, Girouard quitta la milice et alla continuer son apprentissage chez Pierre-Rémi Gagné à Saint-Eustache. En novembre 1812, ayant atteint l’âge requis pour être enrôlé, il servit à Montréal comme adjudant dans le bataillon de milice de Lavaltrie, sous le commandement du lieutenant-colonel Joseph-Édouard Faribault. De retour à Saint-Eustache à la fin de la guerre, il termina son stage de clerc et passa ses examens. Le 13 juin 1816, il reçut sa commission de notaire et, la même année, il s’établissait à Saint-Benoît, village voisin de Saint-Eustache, où il allait passer le reste de ses jours.

Qu’un homme comme Girouard soit devenu un rebelle ne peut s’expliquer que par l’ambiance dans laquelle il a vécu. Girouard ouvrit son bureau dans la maison de Jean-Baptiste Dumouchel*, marchand du village, qui ne tarda pas à se lier d’amitié avec lui. Le 24 novembre 1818, Girouard épousa en premières noces Marie-Louise Félix, sœur de Maurice-Joseph Félix, curé de Saint-Benoît, et belle-sœur de Dumouchel. Par cette alliance, le jeune notaire put s’introduire rapidement dans la petite société du village et sceller son amitié avec Dumouchel par un lien de famille. Dès lors entouré de l’estime de tous les villageois, Girouard ne tarda pas à se faire par ses talents indéniables de notaire de nombreux clients dont le plus assidu sera Dumouchel ; il finira par s’assurer une solide réputation en cette qualité.

À l’automne de 1821, le gouverneur en chef du Canada, lord Dalhousie [Ramsay*], nomma Girouard capitaine dans le bataillon de milice de Rivière-du-Chêne, charge qu’il occupa jusqu’au début de 1828. Le 7 mars 1827, Dalhousie décida de proroger la session par suite de la situation de conflit qui existait entre la chambre d’Assemblée et le Conseil législatif. Pendant la campagne électorale qui eut lieu l’été suivant, Girouard parcourut la circonscription d’ York avec le candidat du parti patriote, Jacques Labrie*, ainsi qu’avec Jean-Olivier Chénier*. En juillet, plusieurs partisans patriotes, notamment Dumouchel, Joseph-Amable Berthelot et Labrie, trois amis intimes de Girouard, furent destitués de leurs charges d’officiers de milice pour leur participation aux assemblées électorales. En signe de protestation contre ces dégradations injustes, Girouard n’hésita pas à renvoyer sa commission de capitaine de milice au gouverneur en janvier 1828. Entre-temps, Girouard et Chénier n’en avaient pas moins réussi à faire élire Labrie dans un climat de violence qui annonçait les années mouvementées qui précédèrent la rébellion.

À la suite de la mort de Labrie en 1831, Girouard fut choisi sans opposition comme député de la nouvelle circonscription de Deux-Montagnes, partie de l’ancienne circonscription d’York, à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada. Peu après son arrivée à Québec en janvier 1832, il fit ses premières armes comme député et devint un ardent partisan de Louis-Joseph Papineau* et un ami intime d’Augustin-Norbert Morin*. Mais comme l’éloquence ne lui avait pas été donnée en partage, il intervint très rarement dans les débats violents de la chambre. Il préféra siéger à des comités chargés d’étudier des questions comme les affaires municipales, les règlements du notariat et l’éducation. En 1834, Girouard appuya en tous points les Quatre-vingt-douze Résolutions, où se trouvaient exposés les principaux griefs et demandes de l’Assemblée.

Cette même année, des élections générales étaient prévues pour l’automne et l’on s’attendait à ce que la lutte soit extrêmement violente. Dans ces circonstances, Girouard, d’un naturel doux et timide, hésita à se lancer dans l’arène électorale. Il accepta finalement d’affronter l’électorat comme candidat du parti patriote en compagnie de William Henry Scott, l’autre député sortant de la circonscription de Deux-Montagnes. De leur côté, les bureaucrates décidèrent de leur faire la lutte, et les candidats gouvernementaux, James Brown* et son beau-frère, Frédéric-Eugène Globensky, briguèrent les suffrages. Comme on l’avait prévu, l’élection donna lieu à des bagarres à St Andrews (Saint-André-Est) où il y eut de nombreux blessés, dont le candidat Scott et Dumouchel, et elle dégénéra en bataille de rue à Saint-Eustache. À la suite des incidents survenus dans ce village, le directeur du scrutin et autre beau-frère du candidat Globensky, Stephen Mackay, s’empressa de clore l’élection voulant, disait-il, mettre fin aux violences qui ne cessaient de se produire autour du bureau de vote. En fait, celui-ci craignait que les candidats bureaucrates ne soient devancés par leurs adversaires. Il déclara Girouard et Scott candidats élus, bien que ceux-ci aient récolté 30 voix de moins que Brown et Globensky. On espérait du côté des bureaucrates pouvoir contester cette élection. Cependant, Girouard et Scott reprirent leur siège à la chambre d’Assemblée, qu’ils conservèrent jusqu’en 1837, et personne n’osa jamais par la suite les leur contester.

À la veille de la rébellion en novembre 1837, Girouard, qui avait pris une part active aux assemblées patriotes de Saint-Benoît et des villages voisins au cours des trois dernières années, passait aux yeux des autorités pour l’un des chefs du mouvement de résistance de la région du lac des Deux-Montagnes avec Chénier et Luc-Hyacinthe Masson*. Son nom figura sur la liste des proscrits, à côté des noms de Papineau et de Morin. Sa tête était mise à prix et une récompense de £500 était promise à qui le livrerait. Le 13 décembre, sir John Colborne* et ses troupes quittaient Montréal en direction de Saint-Eustache et de Saint-Benoît avec mission d’arrêter en particulier Chénier, Amury Girod*, Dumouchel, Damien et Luc-Hyacinthe Masson ainsi que Girouard. À Saint-Eustache, Chénier et ses partisans décidèrent de mourir les armes à la main. À Saint-Benoît, Girouard convainquit les villageois de déposer les armes et de se soumettre, tandis que les proscrits cherchèrent refuge dans la fuite. Pour sa part, Girouard gagna Rigaud où il trouva à s’abriter chez un habitant. Pendant ce temps, Colborne et ses troupes, ainsi que les volontaires des villages avoisinants, livrèrent Saint-Benoît au sac et à l’incendie. Girouard se cacha durant quelques jours à Coteau-du-Lac, mais il apprit bientôt de son lieu de refuge que ses partisans avaient été arrêtés et incarcérés à la prison de Montréal. Au lieu de poursuivre son projet de gagner la frontière américaine, il décida alors de se livrer au colonel John Simpson*, cantonné à Coteau-du-Lac, et d’aller mettre ses connaissances juridiques au service de ses amis accusés de haute trahison.

Conduit à Montréal, Girouard y fut écroué le 26 décembre 1837. Derrière les barreaux de la prison, Girouard continua de mener une vie active. Il réussit à se pourvoir d’une petite table qui lui servit de bureau, et Adèle Berthelot, épouse de Louis-Hippolyte La Fontaine*, lui procura des crayons et du papier à dessin. Il tint là son « office » de notaire et son atelier de portraitiste. Des amis vinrent lui demander de faire leur portrait qu’il exécuta avec une habileté de maître. Il multiplia les conseils, écrivit des lettres, y compris des lettres personnelles destinées aux familles et souvent accompagnées du portrait du détenu.

Girouard fut très vite rassuré sur le sort des prisonniers. Après les sévérités du début, la discipline à l’intérieur de la prison s’était adoucie. Girouard n’avait plus d’inquiétude pour son sort ni pour celui de ses amis. Il entretint une correspondance avec La Fontaine qui avait réussi à gagner l’Angleterre et fait parvenir des nouvelles encourageantes aux patriotes canadiens-français. D’ailleurs, c’était dans le tempérament de Girouard de toujours prêter des intentions bienveillantes à ses amis et même à ses ennemis. Il faisait rayonner la sérénité autour de lui, sérénité qui se propageait aux autres prisonniers.

Avec l’arrivée de lord Durham [Lambton*] en mai 1838, on s’attendait à une amnistie générale. Mais avant de régler le sort des prisonniers, Durham envoya Simpson à la prison de Montréal afin d’y arracher des aveux aux principaux détenus. Girouard s’opposa à ce procédé et refusa de signer tout document contenant un aveu de culpabilité. De plus, il usa de son influence pour dissuader ses compagnons d’acquiescer à toute proposition, tout honorable qu’elle ait pu paraître, attestant leur responsabilité dans le mouvement révolutionnaire. En dépit des conseils de Girouard, huit détenus signèrent des aveux et furent condamnés à la déportation aux Bermudes. Pour sa part, Girouard ne fut relâché que quelques jours après l’amnistie de lord Durham, le 16 juillet, moyennant un cautionnement de £5 000. Incarcéré de nouveau à Montréal le lendemain du second soulèvement en raison de ses antécédents, il fut élargi le 27 décembre. Lorsqu’il fut rendu à la liberté, Girouard n’avait plus rien : sa vaste maison avait été incendiée ainsi qu’une autre habitation qu’il possédait dans le village de Saint-Benoît ; son minutier, ses livres, ses instruments de physique et d’astronomie avaient été ou pillés ou brûlés. Sa femme avait survécu grâce à la charité de son beau-frère, Ignace Dumouchel, de Rigaud. Girouard n’était plus jeune ; âgé alors de 44 ans, il ne lui restait qu’une santé relativement bonne ainsi que sa haute valeur humaine et professionnelle.

Profondément aigri par l’attitude de l’armée britannique lors du sac de Saint-Benoît, déçu des relations humaines et de l’action politique, Girouard retourna dans son village où il décida de se consacrer à l’exercice du notariat, ainsi qu’à l’étude des sciences et de la philosophie. Lorsqu’un groupe de personnalités politiques de la province du Canada, notamment Simpson, René-Joseph Kimber, Frédéric-Auguste Quesnel*, Joseph-Édouard Turcotte*, Louis-Michel Viger, Étienne Parent* et Étienne-Paschal Taché*, assaillirent littéralement sa retraite de Saint-Benoît pour obtenir sa participation dans le nouvel arrangement ministériel proposé par le gouverneur sir Charles Bagot* en septembre 1842, elles se heurtèrent à un refus poli, mais digne et énergique de sa part. Au risque de blesser La Fontaine, l’ex-député de la circonscription de Deux-Montagnes fit parvenir au gouverneur une lettre de refus dans laquelle il alléguait des raisons de santé pour expliquer son geste abstentionniste. Girouard n’était pas malade, mais il se repliait dans une attitude hautaine et dédaigneuse qui décelait son mépris de collaborer avec des gens qu’il considérait comme de peu de foi et d’honneur. Il continua par la suite de mener une vie professionnelle intense dans son cabinet. De plus, il était souvent demandé à Montréal, à Rigaud et dans les paroisses situées au sud de Montréal pour régler des affaires de succession dans lesquelles il était passé maître. C’est lui qui régla les difficiles successions des seigneurs Joseph Masson*, de Terrebonne, et Charles de Saint-Ours*.

Le 2 avril 1847, Girouard perdit sa femme, avec qui il n’avait pas eu d’enfants. Le 30 avril 1851, il convolait de nouveau avec Émélie Berthelot, fille d’un ami de vieille date, Joseph-Amable Berthelot, notaire de Saint-Eustache. Sa seconde femme donna naissance à quatre enfants, deux filles, dont une mourut le jour de sa naissance, et deux garçons. Mme Girouard avait toujours rêvé de devenir la fondatrice d’une maison de charité. Elle réalisa son rêve avec la collaboration de son mari qui partagea entièrement son enthousiasme pour ce projet. Dans l’un des trois journaux personnels qu’elle a laissés à la postérité, Mme Girouard consacra de nombreuses pages à décrire les péripéties qu’elle et son mari connurent pendant la construction de l’hospice Youville, à Saint-Benoît. Girouard affecta tout le produit de l’indemnité qu’il reçut en janvier 1853 pour les pertes qu’il avait subies pendant la rébellion, soit £924 – il avait réclamé £2 424 7 shillings –, à la construction d’un couvent destiné à l’éducation des jeunes filles et au soin des vieillards. En plus de doter cet établissement, les Girouard payèrent aussi de leurs personnes et s’employèrent à exécuter eux-mêmes de nombreux travaux dans le domaine de leur compétence. Petit-fils de Jean Baillairgé, Girouard dessina lui-même les plans de l’hospice ainsi que l’ornementation de la chapelle. Il fit don du terrain sur lequel fut construit l’édifice, s’occupa d’engager les entrepreneurs et surveilla lui-même les travaux avec l’aide de sa femme.

Les Girouard mirent vraiment tout leur cœur et toute leur âme à la construction de l’hospice Youville qu’ils considéraient comme l’œuvre de leur vie. Et lorsque, le 9 novembre 1854, Mgr Joseph La Rocque*, administrateur du diocèse de Montréal en l’absence de Mgr Ignace Bourget*, vint présider la cérémonie d’ouverture de ce couvent, confié aux Sœurs de la charité de l’Hôpital Général de Montréal, ce fut vraiment un jour d’apothéose pour eux. Mme Girouard vit dans cet événement la consécration mystique de son union avec son mari. L’œuvre des Girouard subsiste encore aujourd’hui à Saint-Benoît ; on ne donne plus l’instruction aux jeunes filles dans ce foyer, mais on y recueille toujours les vieillards.

Jean-Joseph Girouard mourut, selon toute probabilité, d’une tuberculose pulmonaire le 18 septembre 1855 à Saint-Benoît, à l’âge de 60 ans, et fut inhumé trois jours plus tard dans la chapelle de l’hospice qu’il avait fondé. Dira-t-on de lui qu’il vécut une existence étriquée pour avoir confiné son talent aux limites de sa famille et de sa paroisse, lorsque tout le destinait à une carrière politique brillante ? Il n’a jamais eu de titre plus élevé dans la vie civile que celui de député de sa circonscription à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada. Cependant, ce visage sympathique mérite une place dans notre mémoire collective sous plus d’un aspect. Retiendra-t-on avant tout le souvenir du notaire patriote, celui du portraitiste et de l’artiste ou celui du philanthrope qui dota sa paroisse d’un foyer pour personnes âgées ? À tous ces points de vue, le personnage de Girouard est mémorable. Mais lui-même aurait aimé qu’on retienne son nom surtout à cause de ses œuvres charitables. Après sa mort, pour honorer sa mémoire, les habitants de la région du lac des Deux-Montagnes le surnommèrent « le père des pauvres ».

Béatrice Chassé

Le minutier de Jean-Joseph Girouard a été incendié lors du sac de Saint-Benoît en décembre 1837. Seule une partie de son répertoire a été préservée. Ce document, qui contient les titres de 4 025 actes notariés passés par Girouard entre le 27 juin 1816 et décembre 1830, est déposé aux ANQ-M, sous la cote CN1-179.

Girouard est l’auteur de : Relation historique des événements de l’élection du comté du lac des Deux Montagnes en 1834 ; épisode propre à faire connaître l’esprit public dans le Bas-Canada (Montréal, 1835 ; réimpr., Québec, 1968). Il a également écrit en partie avec sa seconde femme le « Journal de famille de J.-J. Girouard et d’Émélie Berthelot », composé entre 1853 et 1896. Ce journal compte en tout 193 pages où fourmillent les petits événements de la vie de la famille Girouard. Les 23 premières pages sont de la main même de Girouard. La deuxième partie du journal, de la page 23 à la page 193, est entièrement l’œuvre d’Émélie Berthelot. Après la mort de son mari, en 1855, celle-ci s’appliqua à continuer le récit des événements familiaux. Ce document fait partie de la collection Girouard qui est conservée aux ANQ-Q, sous la cote P–92.

Girouard a d’autre part dressé un tableau des patriotes incarcérés dans la prison de Montréal sous prévention de haute trahison à la fin de 1837 et au commencement de 1838. Il a aussi présenté en 1846 un inventaire méticuleux des pertes qu’il avait subies pendant le sac de Saint-Benoît aux commissaires chargés de fixer l’indemnité aux victimes de 1837. Ces documents ont été publiés par Paul-André Linteau sous le titre de « Documents inédits », RHAF, 21 (1967–1968) : 281–311, 474–483.

Girouard a de plus dessiné un grand nombre de portraits, surtout à l’époque où il était député à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada ou derrière les barreaux de la prison de Montréal. Il reste de lui 102 portraits au crayon qui ont été réunis dans une collection qui est en la possession de son arrière-petit-fils, Pierre Décarie, de Dorval (Québec). Cette collection est composée en majeure partie de portraits de patriotes incarcérés en 1837–1838 et de ceux de plusieurs membres de la famille Baillairgé. On doit aussi à Girouard la vue des ruines de Saint-Benoît, le plan de la prison de Montréal, un autoportrait, un magnifique portrait de Louis-Hippolyte La Fontaine ainsi que les plans de l’hospice Youville, à Saint-Benoît.

ANQ-M, CE6-9, 24 nov. 1818, 21 sept. 1855 ; CE6-11, 30 avril 1851 ; CN6-15, 29 avril 1851.— ANQ-Q, CE1-1, 5 févr. 1793, 14 nov. 1794 ; E17/12–14, nos 646–840 ; P–52/13.— APC, MG 11, [CO 42] Q, 239 : 373 ; 259–2 : 265–266 ; MG 24, A27, 34 ; A40, 27 ; B2, 32 ; B4, 8 :525 ; RG 4, B8, 4 : 1386–1388 ; B20, 32.— Arch. de l’Institut d’hist. de l’Amérique française (Montréal), Coll. Girouard.— Arch. des Sœurs Grises (Montréal), Dossier Saint-Benoît, historique.— R.-S.-M. Bouchette, Mémoires de Robert— S.-M. Bouchette, 1805–1840 (Montréal, 1903).— Alfred Dumouchel, « Notes d’Alfred Dumouchel sur la rébellion de 1837–38 à Saint-Benoît », BRH, 35 (1929) : 31–51.— Placide Gaudet, « Généalogie des Acadiens, avec documents », APC Rapport, 1905, 2, iiie part. : 60.— Amury Girod, « Journal tenu par feu Amury Girod et traduit de l’allemand et de l’italien », APC Rapport, 1923 : 408–419.— « Lettre de M. Girouard à M. Morin, sur les troubles de ’37 dans le comté des Deux Montagnes », l’Opinion publique, 2 août 1877 : 361–362.— Rapports des commissaires sur les pertes de la rébellion des années 1837–1838 (s.l., [1852]).— L’Aurore des Canadas (Montréal), 28 août 1841.— Le Canadien, 1831–1837.— La Gazette de Québec, 1821–1838.— La Minerve, 1827–1837, 29 déc. 1855.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— F.-M. Bibaud, le Panthéon canadien (A. et V. Bibaud ; 1891).— Desjardins, Guide parl.— Fauteux, Patriotes, 253–256.— Quebec almanac, 1822–1827.— P.-G. Roy, Fils de Québec, 3 : 71–73.— G.-F. Baillairgé, Notices biographiques et généalogiques, famille Baillairgé [...] (11 fascicules, Joliette, Québec, 1891–1894), 1–2 ; 6.— Auguste Béchard, Galerie national : l’honorable A.-N. Morin (2e éd., Québec, 1885).— L.-N. Carrier, les Événements de 1837–38 (2e éd., Beauceville, Québec, 1914).— Béatrice Chassé, « le Notaire Girouard, patriote et rebelle » (thèse de d. ès l., univ. Laval, 1974).— Christie, Hist. of L. C. (1866).— David, Patriotes, 53–64, 79–90.— Émile Dubois, le Feu de la Rivière-du-Chêne ; étude historique sur le mouvement insurrectionnel de 1837 au nord de Montréal (Saint-Jérôme, Québec, 1937), 61–62, 66, 118–119.— [Albina Fauteux et Clémentine Drouin], l’Hôpital Général des Sœurs de la charité (Sœurs grises) depuis sa fondation jusqu’à nos jours (3 vol. parus, Montréal, 1916–  ), 3 : 25–34.— Filteau, Hist. des patriotes (1975).— Désiré Girouard, la Famille Girouard en France (Lévis, Québec, 1902). [C.-A.-M. Globensky], la Rébellion de 1837 à Saint-Eustache avec un exposé préliminaire de la situation politique du Bas-Canada depuis la cession (Québec, 1883 ; réimpr., Montréal, 1974).— A.[-H.] Gosselin, Un bon patriote d’autrefois, le docteur Labrie (3° éd., Québec, 1907).— Laurin, Girouard & les patriotes, 5–20.— Meilleur, Mémorial de l’éducation (1876), 295.— Monet, Last cannon shot.— P.-G. Roy, la Famille Berthelot d’Artigny (Lévis, 1935).— R.-L. Séguin, le Mouvement insurrectionnel dans la presqu’île de Vaudreuil, 1837–1838 (Montréal, 1955).— Taft Manning, Revolt of French Canada.— André Vachon, Histoire du notariat canadien, 1621–1960 (Québec, 1962).— F.-J. Audet, « les Députés de la vallée de l’Ottawa, John Simpson (1788–1873) », SHC Report, 1936 : 32–39.— L.-O. David, « les Hommes de 37–38 : Jean-Joseph Girouard », l’Opinion publique, 19 juill. 1877 : 337–338.— Bernard Dufebvre [Émile Castonguay], « Une drôle d’élection en 1834 », Rev. de l’univ. Laval, 7 (1952–1953) : 598–607.— [Désiré Girouard], « la Famille Girouard », BRH, 5 (1899) : 205–206.— Léon Ledieu, « Entre nous », le Monde illustré (Montréal), 5 nov. 1887 : 210–211.— « Quelques Girouard », BRH, 47 (1941) : 350–351.— [Arthur Sauvé], « Évocation d’un passé plein de gloire : les trois Girouard », le Journal (Montréal), 10 févr. 1900 : 5.

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Béatrice Chassé, « GIROUARD, JEAN-JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/girouard_jean_joseph_8F.html.

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Auteur de l'article:    Béatrice Chassé
Titre de l'article:    GIROUARD, JEAN-JOSEPH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    28 novembre 2024