DUMOUCHELLE (Dumouchel), JEAN-BAPTISTE, marchand, officier de milice, juge de paix et patriote, né le 5 avril 1784 à Sandwich (Windsor, Ontario), fils de Louis-Vital Dumouchelle et de Magdeleine Goyau ; décédé le 29 mars 1844 à Saint-Benoît (Mirabel, Québec).

Jean-Baptiste Dumouchelle vint dans le Bas-Canada en 1795. Il aurait alors fait ses études classiques au collège Saint-Raphaël, à Montréal. Son cours terminé en 1803, il serait entré à titre de commis chez Alexis Berthelot, marchand de Sainte-Geneviève (Sainte-Geneviève et Pierrefonds). Il se serait établi en 1808 comme marchand général à Saint-Benoît où il ne tarda pas à compter parmi les notables du village. Le 13 février 1809, il unit sa destinée à Victoire Félix, sœur de Maurice-Joseph Félix, curé de Saint-Benoît, et future belle-sœur de Jean-Joseph Girouard* ; de ce mariage naquirent quatre enfants. En 1812, il obtint, semble-t-il, le grade de capitaine dans le bataillon de milice de Rivière-du-Chêne et c’est en cette qualité qu’il servit durant la guerre de 1812.

À la fin de la guerre, en 1815, Dumouchelle revint à Saint-Benoît où il reprit son commerce. Beau-frère et ami de Girouard, il s’intéressa à la politique au cours des années suivantes. Pendant la campagne électorale de 1827, des clans se formèrent dans la circonscription d’York [V. Jacques Labrie*] et les patriotes tinrent des assemblées auxquelles Dumouchelle prit une part très active. Cependant, le gouverneur en chef, lord Dalhousie [Ramsay], jugea ces assemblées injurieuses et par un ordre général de milice daté du 12 juillet de la même année il fit annuler la commission de Dumouchelle en représailles du rôle que celui-ci avait joué au cours de ces assemblées. Réintégré dans ses fonctions probablement après le départ de Dalhousie en 1828, il servait comme major du bataillon de milice du comté de Deux-Montagnes deux ans plus tard.

À la veille de la rébellion de 1837, Dumouchelle était de nouveau la cible des autorités. Il fut alors démis de ses fonctions d’officier de milice et de juge de paix en raison de sa participation aux assemblées révolutionnaires. En guise de protestation, à l’occasion des assemblées de Saint-Benoît et du rang Saint-Joachim, à Sainte-Scholastique (Mirabel), les 1er et 15 octobre 1837, les patriotes décidèrent de réintégrer dans leurs fonctions, par voie d’élection, Dumouchelle et plusieurs de ses compagnons destitués en même temps que lui. Du même coup, les patriotes refusèrent de reconnaître les officiers de milice et les juges de paix nommés par le gouverneur.

En novembre 1837, Dumouchelle organisait des distributions de cartouches dans le comté de Deux-Montagnes et encourageait les habitants à lui apporter du plomb pour en fondre des balles. Il possédait un moule et fabriquait des cartouches dans sa cave, avec l’aide de ses deux fils, Hercule et Camille. Aussi, lorsque sir John Colborne* et ses troupes arrivèrent à Saint-Benoît le 15 décembre 1837, le lendemain de la bataille de Saint-Eustache, ils recherchèrent d’abord Dumouchelle et ses fils, considérés comme les principaux instigateurs de la révolte dans ce village. Incarcéré avec ses fils le 17 décembre, Dumouchelle ne recouvra sa liberté que le 8 juillet 1838, moyennant un cautionnement de £1 000.

Après son élargissement, Dumouchelle retourna à Saint-Benoît, où il trouva sa maison et ses entrepôts incendiés par suite des déprédations commises par les troupes de Colborne en 1837. Il ne réussit jamais à renflouer son commerce et mourut ruiné le 29 mars 1844, quelques semaines seulement après la vente aux enchères de ses biens.

N’eût été sa participation à la rébellion de 1837, Jean-Baptiste Dumouchelle n’aurait laissé que l’image du marchand général aisé, officier de milice et magistrat, notable de Saint-Benoît. Mais en raison de la part qu’il a prise aux assemblées révolutionnaires et pour avoir fabriqué des munitions qu’il distribuait ensuite aux rebelles de son village et des environs, il se classe parmi les patriotes les plus actifs et les plus belliqueux du comté de Deux-Montagnes.

Béatrice Chassé

ANQ-M, CE6-9, 13 févr. 1809, 29 mars 1844.— ANQ-Q, E17/13, n° 742 ; E17/14, nos 805, 824–826, 845 ; P-92.— APC, MG 24, A27, 34 ; RG 68, General index, 1651–1841.— Assumption Church (Catholic) (Windsor, Ontario), Reg. of baptisms, 5 avril 1784.— « Documents inédits », P.-A. Linteau, édit., RHAF, 21 (1967–1968) : 281–311.— Alfred Dumouchel, « Notes d’Alfred Dumouchel sur la rébellion de 1837–38 à Saint-Benoît », BRH, 35 (1929) : 31–51.— Amury Girod, « Journal tenu par feu Amury Girod et traduit de l’allemand et de l’italien », APC Rapport, 1923 : 408–419.— « Lettre de M. Girouard à M. Morin, sur les troubles de 37 dans le comté des Deux Montagnes », l’Opinion publique, 2 août 1877 : 361–362.— La Gazette de Québec, 14 juin 1827.— La Minerve, 9, 16, 23 oct. 1837, 1er avril 1844.— Almanach de Québec, 1813–1837.— Fauteux, Patriotes, 231–233.— Officers of British forces in Canada (Irving).— G.-F. Baillairgé, Notices biographiques et généalogiques, famille Baillairgé [...] (11 fascicules, Joliette, Québec, 1891–1894), 6 : 100–110, 135, 157–160.— J. D. Borthwick, History of the Montreal prison from A.D. 1784 to A.D. 1886 [...] (Montréal, 1886), 63.— Béatrice Chassé, « le Notaire Girouard, patriote et rebelle » (thèse de d. ès l., univ. Laval, 1974).— L.-O. David, les Gerbes canadiennes (Montréal, 1921), 165–166 ; Patriotes, 90–93.— Émile Dubois, le Feu de la Rivière-du-Chêne ; étude historique sur le mouvement insurrectionnel de 1837 au nord de Montréal (Saint-Jérôme, Québec, 1937), 120.— Filteau, Hist. des patriotes (1975).—[C.-A.-M. Globensky], la Rébellion de 1837 à Saint-Eustache avec un exposé préliminaire de la situation politique du Bas-Canada depuis la cession (Québec, 1883 ; réimpr., Montréal, 1974).— Laurin, Girouard & les Patriotes, 55–56.— Maurault, le Collège de Montréal (Dansereau ; 1967).— R.-L. Séguin, le Mouvement insurrectionnel dans la presqu’île de Vaudreuil, 1837–1838 (Montréal, 1955), 122–123.— L.-O. David, « les Hommes de 37–38 : Jean-Baptiste Dumouchel, père », l’Opinion publique, 8 mars 1877 : 109–110.— Madeleine Dufour-Dumouchel, « Jean-Baptiste Dumouchel, le patriote ; ses antécédents et sa descendance », SGCF Mémoires, 29 (1978) : 94–107.

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Béatrice Chassé, « DUMOUCHELLE (Dumouchel), JEAN-BAPTISTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dumouchelle_jean_baptiste_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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