GLOBENSKY, HORTENSE (Prévost), surnommée la chevalière des Deux-Montagnes et l’héroïne du Nord, née en 1804 à Saint-Eustache, fille du docteur Auguste-France Globensky et de Marie-Françoise Brousseau, dit Lafleur de Verchères, décédée à Montréal le 29 avril 1873.

D’ascendance polonaise, le père d’Hortense était né à Berlin. Il vint au Canada en 1776 comme chirurgien dans le régiment de Brunswick-Hesse. Quant à Hortense, elle épousa, le 7 janvier 1829, à Saint-Eustache, le notaire Guillaume Prévost, fils de Guillaume Prévost et de Josephte Quévillon, de Sainte-Anne-des-Plaines, de qui elle eut au moins deux enfants.

Aux élections de 1834, le frère d’Hortense, Frédéric-Eugène Globensky, se présenta comme candidat du parti tory dans le comté de Deux-Montagnes. À maintes reprises, Hortense, avec la flamme qui lui était coutumière, prit publiquement sa défense. Mais ce sont les représentants du parti patriote, William Henry Scott* et Jean-Joseph Girouard*, qui furent élus. Hortense Globensky, n’ayant pas caché son attachement au gouvernement, ne devait pas échapper, au moment de l’insurrection, aux attaques des jeunes patriotes du comté de Deux-Montagnes. Le 6 juillet 1837, des amis lui conseillèrent de chercher refuge chez des voisins, les patriotes ayant l’intention de venir attaquer sa maison. Or Hortense, qui venait de perdre l’un de ses enfants, âgé de trois mois et demi, décida de ne pas abandonner la dépouille mortelle. La nuit venue, une cinquantaine de patriotes s’approchèrent de la maison pour tout saccager. Hortense, vêtue d’un costume de son mari et coiffée de son caractéristique bonnet bleu, s’installa à une fenêtre avec toutes les armes à feu qu’elle avait pu réunir. Les patriotes l’aperçurent, un fusil braqué droit sur eux, et jugèrent bon de se retirer. En souvenir de ce fait, des admirateurs loyalistes offrirent à Hortense une théière en argent portant l’inscription suivante : « Présentée à Madame G. Prévost, de Sainte-Scholastique, par plusieurs loyaux de Montréal en témoignage de l’héroïsme au-delà de son sexe déployé dans la soirée du 6 juillet 1837. »

Par la suite, Hortense Globensky fit souvent parler d’elle dans des termes pas toujours élogieux. Au sortir de la messe, le 15 octobre 1837, alors que des patriotes incitaient les paroissiens à la rébellion, Hortense prit la parole et leur demanda de rester fidèles au gouvernement. Les patriotes voulant la faire taire, elle sortit un pistolet et menaça de tirer sur le premier qui s’approcherait. À la suite de cet incident, elle dut répondre à une accusation de port illégal d’arme à feu. En novembre, elle répéta le même geste, encore contre les patriotes qui ne manquaient jamais une occasion de la provoquer. Amury Girod*, un compagnon du docteur Jean-Olivier Chénier*, organisa un jour une expédition pour tenter de mater Hortense Globensky, mais sans résultat.

Après la bataille de Saint-Eustache, plusieurs personnes de Sainte-Scholastique et des environs se seraient rendues chez Hortense Globensky pour lui exprimer leur regret de ne pas avoir écouté ses sages conseils et la supplier d’intercéder auprès de son frère, le colonel Maximilien Globensky*, en faveur des patriotes arrêtés par John Colborne*. Hortense y consentit et obtint la libération de plusieurs prisonniers.

Brave jusqu’à la témérité, Hortense Globensky-Prévost avait un tempérament bouillant et pour le moins exceptionnel. Elle fut surnommée, par les journaux du temps, la chevalière des Deux-Montagnes et l’héroïne du Nord.

Yvon Globensky

La Minerve (Montréal), 17 juill., 20 juill. 1837.— La Patrie (Montréal), 11 nov. 1933.— Le Populaire (Montréal), 12 juill., 6 oct., 22 déc. 1837.— Ludwik Kos-Rabcewicz-Zubkowski, Les Polonais au Canada (« Canada Ethnica », VII, Ottawa et Montréal, 1968), 17.— The Polish past in Canada ; contributions to the history of the Poles in Canada and of the Polish-Canadian relations, Wiktor Turek, édit. (Toronto, 1960), 119–121.— Michèle Lalonde, La femme de 1837–1838 : complice ou contre-révolutionnaire ?, Liberté (Montréal), VII (1965) : 155–157.— Jacques Prévost, Les Globensky au Canada Français, MSGCF, XVII (1966) : 160–162.

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Yvon Globensky, « GLOBENSKY, HORTENSE (Prévost), surnommée la chevalière des Deux-Montagnes et l’héroïne du Nord », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/globensky_hortense_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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