Les relations avec les peuples autochtones


Les échanges entre les peuples autochtones et le gouvernement de sir Wilfrid Laurier portent, entre autres, sur les droits de propriété foncière dans l’Ouest canadien. Toutefois, dans le contexte de la course effrénée vers cette partie du pays au tournant du xxe siècle, l’harmonisation des intérêts des Blancs et de ceux des Amérindiens a d’énormes conséquences pour ces derniers, comme le rappelle l’extrait suivant de la biographie de Clifford Sifton :

Cette course au peuplement et à la croissance économique se fit aux dépens des peuples autochtones. Animé à leur égard des mêmes préjugés que la plupart de ses contemporains, Sifton visait à comprimer les frais d’administration du département des Affaires indiennes et les crédits alloués à l’éducation des autochtones. Il ne croyait pas ceux-ci capables de contribuer vraiment au progrès matériel du pays. Dans certains cas, il permit à ses fonctionnaires d’encourager les autochtones à renoncer à des portions de leurs réserves pour qu’elles soient livrées aux spéculateurs et aux colons. En outre, ce fut lui qui approuva en 1899 les modalités du traité no 8 [V. David Laird* ; James Andrew Joseph McKenna* ; Mostos*], dont l’une des conséquences fut la cession [au gouvernement canadien, notamment par les Cris des Bois, les Castors et les Chipewyans,] d’une grande partie de ce qui est maintenant le nord de l’Alberta, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique ainsi que d’une portion du sud des Territoires du Nord-Ouest. Le principal objectif de cette opération était d’assurer un passage sûr aux prospecteurs d’or qui se dirigeaient vers le Yukon.

 

L’extrait suivant de la biographie de Mostos, chef cri des Bois, mentionne certaines des préoccupations qu’il a exprimées pendant les négociations du traité no 8 :

Les négociations commencèrent le 20 juin [1899] et durèrent deux jours. Après les cérémonies d’ouverture, le commissaire des Affaires indiennes, David Laird, exposa les conditions de traité offertes par le gouvernement et souligna que, loin d’être restreinte, la liberté de chasser, de pêcher et de piéger serait confirmée. Kinosew répondit en affirmant le droit de négocier des conditions supplémentaires à l’avantage de son peuple. Mostos l’appuya mais ouvrit également différentes voies de discussion et eut tendance à se montrer plus conciliant. Il insista sur la nécessité, pour les Indiens et l’homme blanc, de vivre en paix, peut-être en partie parce que l’âge lui avait enseigné la prudence et parce que, semble-t-il, il était en bons termes avec l’Église catholique et le père Albert Lacombe, qui accompagnait les commissaires. « Notre contrée est en train d’être morcelée, dit-il à Laird. Je vois venir l’homme blanc et je veux que nous soyons amis. Je vois ce qu’il fait, mais il vaut mieux que nous soyons amis. » Par la suite, il aborda la question de l’instruction et reçut une réponse positive du commissaire. « Nous aussi, poursuivit-il, nous désirons que nos enfants soient instruits, encore faut-il savoir quel genre d’instituteurs le gouvernement veut nous donner. Prétend-il nous imposer ceux qui lui plaisent, ou bien voudra-t-il tenir compte de nos sentiments ? »

 

Sous le règne de Laurier, les peuples autochtones subissent des atteintes à leur culture et à leur mode de vie, comme l’atteste l’extrait suivant de la biographie de Payipwat, chef des Cris des Plaines :

Après 1900, alors très âgé, Payipwat eut à subir de fortes pressions. William Morris Graham*, nouvel agent des Affaires indiennes, était déterminé à le détruire ainsi que le havre qu’il avait fait de sa réserve. Il réclama qu’il soit destitué de ses fonctions de chef pour cause d’incompétence. En 1902, il le fit arrêter pour entrave au travail d’un policier qui appréhendait un suspect dans la réserve. Voyant que le commissaire des Affaires indiennes David Laird*, qui connaissait Payipwat depuis les années 1870, refusait de reconnaître que la conduite de ce dernier justifiait une destitution, Graham voulut qu’on arrête Payipwat pour avoir organisé une danse de la Soif. C’était un motif plus grave, une atteinte à son autorité. Ottawa destitua Payipwat le 15 avril 1902. « Je ne doute pas qu’on ait été trop dur à son endroit », affirma le gouverneur général lord Minto [Elliot*], qui rencontra Payipwat en septembre et tenta sans succès de faire lever l’interdit sur les danses. Selon lui, « il avait été pendant plusieurs années un chef renommé – et un grand guerrier de son temps ». Payipwat mourut dans sa réserve à la fin d’avril 1908.

 

De son côté, le journaliste et militant mohawk Frederick Ogilvie Loft s’exprime publiquement sur les pensionnats autochtones :

Dans les années précédant la Première Guerre mondiale, Loft continua d'attirer l'attention sur les affaires autochtones. En 1908, il écrivit sur l'avenir des Amérindiens pour le Globe et, un an plus tard, fit paraître dans le Saturday Night de Toronto une série d'articles sur un thème qui lui était particulièrement cher, les Amérindiens et l'instruction. Dans le premier de ses quatre articles, il prônait la fermeture des pensionnats, que, en raison de leur insalubrité, il qualifiait de « véritables pièges mortels », et réclamait plutôt des externats dans les réserves.

 

Pour en savoir davantage sur les rapports entre le gouvernement Laurier et les peuples autochtones, nous vous invitons à consulter la liste de biographies qui suit.