Titre original :  Source: Archives of Manitoba, Legislative Assembly photos.

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LÉPINE, MAXIME (Maxime-Pierre-Théodore), entrepreneur, homme politique et « rebelle » métis, né vers 1837 à Saint-Boniface (Manitoba), fils de Jean-Baptiste Bérard, dit Lépine, et de Julia Henry ; vers 1857, il épousa au même endroit Josephte Lavallée, et six de leurs enfants atteignirent l’âge adulte ; décédé le 20 septembre 1897 à St Louis (Saskatchewan).

Selon la tradition orale, Maxime Lépine étudie quelques années chez les Frères des écoles chrétiennes à Saint-Boniface. En 1870, on le retrouve à Saint-François-Xavier et, au cours de la décennie qui suit, il gère une entreprise qui effectue le « frétage » ou transport de marchandises au moyen de trains de charrettes tirées par des bœufs, de Winnipeg jusqu’à la région du fort Carlton (Fort Carlton, Saskatchewan) et celle d’Île-à-la-Crosse, à l’ouest, et jusqu’à Pembina (Dakota du Nord) et St Paul, Minnesota, au sud.

Ami intime – et plus tard beau-frère par alliance – de Louis Riel*, Lépine fait partie, avec son frère Ambroise-Dydime*, du gouvernement provisoire de la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) mis sur pied en décembre 1869 principalement dans le but de garantir les droits des Métis face à l’annexionnisme canadien. Après l’entrée du Manitoba dans la Confédération en 1870, Maxime, contrairement à son frère, évite les représailles des orangistes ontariens. Fier de son ascendance autochtone, il participe à la fondation en 1871 de l’Union Saint-Alexandre, qui a pour objectif de regrouper les Métis d’origine canadienne et catholique. De 1874 à 1878, cet homme de 5 pieds 11 pouces, aux yeux gris, qui possède une physionomie imposante et un regard perçant, est député de la circonscription de Saint-François-Xavier-Est à l’Assemblée législative du Manitoba.

Lépine quitte la province en 1882, déçu du nouvel ordre qui règne au Manitoba où la majorité des nouveaux venus est anglophone et protestante, et où les droits fonciers, politiques et linguistiques des Métis sont méprisés. Il s’établit en Saskatchewan, la « Terre promise » des Métis. Le long de la rivière Saskatchewan-du-Sud, près du village de St Louis, il possède un lot riverain, qu’il cultive, ainsi qu’un bac, et il s’occupe de diverses petites entreprises. Il s’engage également dans la défense des droits des Métis aux côtés des Louis Schmidt, Charles Nolin* et Gabriel Dumont*. Le mouvement de résistance prend un nouvel essor après le retour de Riel en juillet 1884. Lépine devient son bras droit. « J’ai plus confiance en lui, déclare-t-il au père Alexis André, qu’en tous les prêtres, tous les évêques et le Pape. » À la demande de Riel, il renonce, avec son associé Nolin, à un important contrat gouvernemental pour l’installation de poteaux télégraphiques. Lépine agit aussi à titre d’intermédiaire auprès des autorités fédérales pour aider Riel à obtenir la compensation financière qu’on lui avait promise au moment de son exil.

Élu conseiller de l’« Exovidat », gouvernement provisoire créé en mars par Riel durant le soulèvement de 1885, Lépine s’établit au camp mis sur pied à Batoche. À contrecœur, car il « n’[est] pas fort pour la guerre », Lépine combat avec deux de ses fils d’abord à la coulée des Tourond (ruisseau Fish) en avril, portant, selon l’abbé Gabriel Cloutier, le Christ d’une main et le fusil de l’autre, puis à Batoche en mai. Après la défaite, il se rend au major général Frederick Dobson Middleton. À la suite de son procès à Regina en août 1885, il est condamné à sept ans de prison pour attentat à la sûreté de l’État. Il arrive au pénitencier de Stony Mountain, près de Winnipeg, le 21 août 1885 ; le 16 mars de l’année suivante, on le libère.

Lépine n’est plus le même homme. Humilié, il cherche à se réhabiliter aux yeux des autorités et, dans ce but, il écrit à son ancien évêque et bienfaiteur Mgr Alexandre-Antonin Taché. Par contre, il entretient encore des rapports avec Dumont en exil aux États-Unis. Son activité politique est contradictoire, sinon opportuniste. D’une part, il reçoit de l’argent d’Honoré Mercier et s’occupe, avec Dumont et Alexandre-Pierre Fisher, à rédiger et à faire circuler une pétition que les libéraux de Batoche adressent à Wilfrid Laurier* en 1888 ; d’autre part, il s’associe à Nolin et aux conservateurs de la région, qui préparent eux aussi un mémoire au sujet des Métis. À une époque où le favoritisme politique gouverne l’octroi de contrats et les nominations, Lépine joue toutes ses cartes. De plus, il ne veut pas déplaire au clergé opposé aux libéraux.

Après 1888, Maxime Lépine se tient à l’écart de la lutte politique et vit paisiblement dans sa ferme à St Louis. En 1896, il appuie cependant les libéraux, et la victoire de Laurier lui vaut un poste à l’agence indienne de Battleford. Mais le Métis « rebelle » ne peut conserver ce poste dans un district à majorité anglophone et « loyale ». Triste et déçu, il meurt peu après à St Louis.

Diane Paulette Payment

AN, MG 26, G, 2 : 669–696 ; RG 15, DII, 1, vol. 335, dossier 83805 ; vol. 589, dossier 198086.— Arch. de l’archevêché de Saint-Boniface (Saint-Boniface, Manitoba), Fonds Taché, 1886–1892 ; Journal de l’abbé G. Cloutier, 5046, 5066, 5164–5165, 5263 ; Louis Schmidt, « Mouvement des Métis à St Laurent, Saskatchewan, Territoires du Nord-Ouest en 1884 », 29793.— Arch. de la Soc. hist. de Saint-Boniface, Fonds Picton, notes généal.— Arch. paroissiales, St-Louis (St Louis, Saskatchewan), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 17 juin 1887, 20 sept. 1897, 18 oct. 1925.— Canada, Service canadien des Parcs, Région des Prairies et du Nord (Winnipeg), projet d’histoire orale, entretien avec Mme Béatrice Boucher (née Lépine), petite-fille de Maxime Lépine, à St Louis, 1977.— Glenbow Arch., Fonds Dewdney, 6, corr., Gabriel Dumont à Maxime Lépine, 1887–1888.— PAM, MG 14, B26, 20 août 1885 ; RG 18, dossier Stony Mountain, liste des prisonniers, 1885.— Saskatchewan Arch. Board (Saskatoon), Homestead file 4-564-908.— Preliminary investigation and trial of Ambroise D. Lepine for the murder of Thomas Scott [...], G. B. Elliott et E. F. T. Brokovski, compil. (Montréal, 1874).— Louis Riel, les Écrits complets de Louis Riel, G. F. G. Stanley, édit. (5 vol., Edmonton, 1985), 3 : 17–19, 90–91 ; 5 : 292.— Weekly Herald (Calgary), 30 sept. 1897.— Walter Hildebrandt, la Bataille de Batoche : une petite guerre britannique contre des Métis retranchés (Ottawa, 1985).— Diane Payment, Batoche (1870–1910) (Saint-Boniface, 1983).— George Woodcock, Gabriel Dumont : the Métis chief and his lost world (Edmonton, 1975).— H. J. Daigneault, « Souvenirs », les Cloches de Saint-Boniface, 44 (1945) : 15.— R. J. A. Huel, « Louis Schmidt, patriarch of St. Louis », Saskatchewan Hist. (Saskatoon), 40 (1987) : 1–21.

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Diane Paulette Payment, « LÉPINE, MAXIME (Maxime-Pierre-Théodore) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lepine_maxime_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    28 novembre 2024