CLEXLIXQEN, LOUIS (Xlexxle’xken, Klicktickkun, Tlihtlihen, Hatakun, Little Louis, Petit Louis), employé de la Hudson’s Bay Company, fermier et chef shuswap, né en 1828 à Tk’emlul’pe7 (Kamloops, Colombie-Britannique) ; il épousa d’abord Eugénie, et ils eurent deux filles, puis Marie, veuve d’Abraham Larue et mère de six enfants ; décédé le 12 avril 1915 à Kamloops.

Dans sa jeunesse, Louis Clexlixqen travailla à l’occasion pour la Hudson’s Bay Company. Les registres du fort Thompson (Kamloops) le mentionnent en tant que messager express, guide et trafiquant. Propriétaire de chevaux dès 1855, il se mit à l’agriculture au plus tard en 1863, année où il vendit pour la première fois des pommes de terre à la Hudson’s Bay Company. En 1874, il battit 16 tonnes de céréales. Dans l’inventaire des stocks et de l’équipement agricoles dressé en 1877 par la commission des réserves indiennes [V. Gilbert Malcolm Sproat], il figure parmi les membres les plus riches de la bande des Shuswaps de Kamloops (une tribu de Salishs de l’intérieur des terres). Il possédait alors 30 chevaux, 25 bovins, 30 porcs et 50 poules.

Clexlixqen était chef de la bande de Kamloops depuis 1852 environ et serait chef héréditaire (titre institué par le département des Affaires indiennes) jusqu’à sa mort. Converti au catholicisme au début des années 1860, il devint vers 1866 chef ecclésiastique (poste au sein du système des conseils de village créé par les missionnaires oblats). Cette année-là, le père oblat Pierre Richard vanta sa collaboration à l’application des préceptes de l’Église. En 1872, le père Florimond Gendre rapporta que Clexlixqen avait recueilli l’argent nécessaire à la construction d’une église dans la réserve Kamloops. Clexlixqen soutint l’éducation avec constance : il avait encouragé les jeunes Shuswaps à aller au pensionnat de la mission Okanagan à la fin des années 1860, aida les oblats à ouvrir un internat dans la réserve Kamloops en 1880 et fut à l’origine du pensionnat construit dans cette réserve en 1890. Ce fut probablement grâce à son influence que les oblats purent prendre la direction de ce pensionnat en 1893. Clexlixqen apprit du père Jean-Marie Raphaël Le Jeune* à transcrire le jargon chinook en sténographie et fut conduit à Rome pour montrer son savoir-faire au pape. À titre de chef ecclésiastique, il présidait le conseil de village sous l’autorité que s’était arrogée l’Église. Cependant, ses relations avec celle-ci ne furent pas toujours harmonieuses. Dans une série de lettres adressées de 1873 à 1877 à Mgr Louis-Joseph d’Herbomez*, supérieur des oblats, le père Charles Grandidier avait noté que Clexlixqen donnait le mauvais exemple par son goût pour l’alcool, le jeu et les courses hippiques et par son irresponsabilité dans l’exercice de ses devoirs religieux. Sa participation soutenue au mouvement de revendication territoriale des autochtones inquiétait aussi Grandidier, qui redoutait la violence.

Les Shuswaps et d’autres Amérindiens de l’intérieur avaient accepté les réserves en 1861, mais Joseph William Trutch*, commissaire en chef des Terres et des Travaux publics de la Colombie-Britannique, en réduisit les dimensions en 1866. Cette limitation, qui venait s’ajouter à l’exploitation des gisements aurifères, à l’immigration dans le district de Kamloops et à l’accès réduit aux pâturages, engendra un vif mécontentement. Tout en étant sensible aux effets positifs de ces changements, Clexlixqen demeurait vigilant. Lui-même et une poignée d’autres chefs de l’intérieur, dont Johnnie Chilleheetsa, du lac Douglas, et Basil Dick, de Bonaparte, défendraient sans relâche les intérêts de leur bande. La première assemblée de protestation des Shuswaps dont il est fait mention dans les annales eut lieu le 16 novembre 1873 à la réserve Bonaparte. Durant les quatre années suivantes, Clexlixqen s’efforça de former une confédération ou, si nécessaire, une alliance militaire des tribus shuswaps, okanaganes et de la rivière Thompson afin d’obtenir justice sur la question foncière. En 1876, Grandidier, qui annonçait un complot entre les Similkameens, les Okanagans et les Shuswaps en vue de tout mettre à feu et à sang si la question n’était pas réglée, rangea Clexlixqen parmi les principaux agitateurs. Clexlixqen eut l’occasion d’exposer son cas au gouverneur général lord Dufferin [Blackwood*] en septembre 1876 au cours d’une visite de celui-ci à Kamloops. L’été suivant, la commission des réserves indiennes rencontra Clexlixqen et d’autres membres de sa bande, et accepta d’agrandir leur réserve en fonction de leurs besoins en matière d’élevage et d’agriculture. Dès lors, pour appuyer la revendication de leur titre de propriété, Clexlixqen représenta fréquemment les Amérindiens de l’intérieur à Ottawa et fit partie d’une délégation envoyée auprès de la reine Victoria. En 1909, il participa à l’établissement des Tribus de l’intérieur de la Colombie-Britannique, qui adressèrent une requête sur la question au premier ministre sir Wilfrid Laurier l’année suivante à Kamloops, et signa leur pétition du 10 mai 1911 au ministre de l’Intérieur Frank Oliver*. Comme la commission royale d’enquête sur les Affaires indiennes dans la province de la Colombie-Britannique refusait de discuter de la question du titre de propriété à ses audiences de 1913 [V. James Andrew Joseph McKenna], Clexlixqen consacra l’essentiel de son témoignage à l’inviolabilité des frontières attribuées à la réserve en 1877.

Louis Clexlixqen était très en vue dans les communautés amérindienne et blanche de Kamloops. Il aimait faire courir et parader ses chevaux de race, participer à des événements sportifs et rencontrer, en grande tenue de cavalier, des visiteurs de marque. Décédé en 1915, il fut inhumé dans sa réserve, au cimetière de l’église Saint-Joseph. Dans un témoignage de respect rarement rendu à des chefs autochtones, le Kamloops Standard le décrivit comme « un homme à la vive intelligence [qui était] très diplomate dans toutes les affaires liées aux intérêts de son peuple ».

Duane Thomson

Les détails concernant la bande de Kamloops proviennent de Marianne Boelscher Ignace, linguiste mariée a un Shuswap et qui connaît très bien la langue maternelle de son mari.  [d. t.]

Arch. Deschâtelets, oblats de Marie-Immaculée (Ottawa), Records of the Oblate missions in British Columbia (mfm à la Univ. of B.C. Library, Vancouver).— BCARS, A/B/20/K12 ; A/C/20/K12.— Kamloops Museum and Arch. (Kamloops, B.C.), Mary Balf, « Chief Louis of Kamloops » (1971).— AN, RG 31, C1, 1881, 1891, Kamloops (mfm à la Okanagan Univ. College Library, Kelowna, C.-B.).— Union of British Columbia Indian Chiefs (Vancouver), « Evidence submitted to the royal commission on Indian affairs for the province of British Columbia » (texte dactylographié, [1913–1916] ; photocopie conservée à la Okanagan Univ. College Library), Kamloops, 28 oct. 1913.— Kamloops Standard, 12 avril 1915.— Kenneth Favrholdt, Kamloops, meeting of the waters : an illustrated history (Burlington, Ontario, 1989).

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Duane Thomson, « CLEXLIXQEN, LOUIS (Xlexxle’xken, Klicktickkun, Tlihtlihen, Hatakun, Little Louis, Petit Louis) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/clexlixqen_louis_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    1 décembre 2024