Les premiers promoteurs de l’union dans l’Amérique du Nord britannique


1806–1826

L’idée d’une union générale des colonies de l’Amérique du Nord britannique fut émise pour la première fois par le procureur général de la Nouvelle-Écosse, Richard John Uniacke, en 1806 :

Dans les années 1820, [Uniacke] exprimait la crainte que les « hérésies » révolutionnaires (athéisme et démocratie), après s’être répandues parmi les « hordes de semi-barbares » du sud et de l’ouest des États-Unis, ne déferlent sur la Nouvelle-Angleterre, puis sur l’Amérique du Nord britannique. 

Pour éviter pareille catastrophe, Uniacke prônait l’union des Maritimes et celle du Haut et du Bas-Canada ; c’est dans cet esprit qu’en 1806 il présenta au ministère des Colonies un mémoire sur l’Amérique du Nord britannique. Cependant, dès 1821, il concluait que seule l’union de toutes les colonies nord-américaines mettrait en échec le républicanisme, l’athéisme et la démocratie. En 1822, le dépôt au Parlement britannique d’un projet de loi sur l’union des Canadas le poussa donc à proposer une union générale à Frederick John Robinson, président du comité de commerce du Conseil privé. 

En Amérique du Nord britannique, d’autres personnes étaient intéressées à une union générale, notamment Jonathan Sewell*, John Beverley Robinson* et John Strachan*, même si ce n’était pas toujours pour les mêmes raisons. À peu près à la même époque, Londres reçut donc plusieurs propositions en ce sens. En 1826, Uniacke présenta au ministère des Colonies un rapport intitulé « Observations on the British colonies in North America with a proposal for the confederation of the whole under one government ». Ce texte, semblable par certains côtés à l’Acte de l’Amérique du Nord britannique qui allait être adopté 40 ans plus tard, représentait à la fois le plus convaincant des plans proposés et la dernière tentative, avant le rapport Durham en 1839, pour renouveler les relations entre les colonies. Mais, en 1826, aucune proposition sur une forme quelconque d’union n’était accueillie avec grand enthousiasme en Grande-Bretagne, et le mémoire de Uniacke ne fut jamais publié. Toutefois, son fils James Boyle en remit un exemplaire à lord Durham [Lambton*].


1827–1841

John George Lambton, 1er comte de Durham, commissaire enquêteur et gouverneur en chef de l’Amérique du Nord britannique en 1838, aborda la question de l’union dans son Report on the affairs of British North America de 1839, comme le mentionne cet extrait de sa biographie :

Après l’échec du projet d’union de 1822, sans cependant abandonner leur revendication de base, [les marchands anglophones de Montréal et de Québec] avaient demandé l’annexion de Montréal au Haut-Canada. C’est de l’ensemble de ces problèmes qui agitaient depuis si longtemps les sociétés coloniales et qui avaient leur résonance dans la métropole que Durham avait voulu traiter dans son rapport afin d’y proposer des solutions. Pourtant, Londres n’accepta ni l’idée d’un gouvernement responsable ni celle d’une union législative telle qu’il l’avait définie. Modifié comme il le fut par les clauses sur l’égalité de la représentation, l’Acte d’Union de 1840 ne respectait pas la priorité des principes qu’avait énoncés Durham. Cela dit, il n’en reste pas moins que le débat dans lequel il s’était engagé et dont il avait tenté, plus que tout autre avant et après lui, de faire le tour, ne devait être clos ni en 1841, avec l’union du Bas et du Haut-Canada, ni même avec l’obtention de la responsabilité ministérielle en 1848.


1842–1858

Pendant les années 1850, quelques libéraux-conservateurs présentèrent des résolutions parlementaires pour une confédération de l’Amérique du Nord britannique, et le réformiste George Brown proposa une province fédérée du Canada-Ouest (Haut-Canada, Ontario actuel) et du Canada-Est (Bas-Canada, Québec actuel). Mais leurs projets restèrent sans suite. Au début des années 1860, les perspectives d’une confédération étaient loin d’être prometteuses. Alexander Tilloch Galt fit pression :

Galt avait en effet lié son acceptation d’un poste dans le nouveau gouvernement à l’adoption par celui-ci d’un projet de fédération des colonies de l’Amérique du Nord britannique. Comme d’autres observateurs de la scène politique, il était conscient des difficultés croissantes à maintenir les principes d’égalité de représentation entre le Bas et le Haut-Canada au sein de l’Union, mais il était un des rares à croire que la solution résidait dans le remplacement de l’union égalitaire par un système fédératif auquel participeraient le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve, l’Île-du-Prince-Édouard et d’autres territoires […] Il réussit à convaincre ses collègues de faire de ce projet de fédération un objectif avoué du nouveau ministère. En octobre 1858, encouragés par le gouverneur Head, les ministres Galt, Cartier et John Ross* s’embarquèrent pour la Grande-Bretagne afin de discuter de la proposition avec les responsables du ministère des Colonies. Toutefois, les autorités impériales virent ce projet sans grand enthousiasme et les autres colonies ne réagirent guère. Au début de 1859, de retour au Canada, Galt admettait lui-même en chambre l’impossibilité de faire avancer le projet pour l’instant.


Pour en apprendre davantage sur les premiers promoteurs d’une union des colonies de l’Amérique du Nord britannique, nous vous invitons à consulter les listes de biographies qui suivent.