Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 2908089
DOUGLAS, sir HOWARD, soldat, éducateur, écrivain, inventeur et administrateur colonial, né le 23 janvier 1776 à Gosport en Angleterre, fils de sir Charles Douglas*, commandant des forces navales qui délivrèrent Québec en 1776, et de sa seconde épouse, Sarah Wood ; il épousa en juillet 1799 Anne Dundas, originaire d’Édimbourg en Écosse, qui donna naissance à trois filles et à six fils ; décédé le 9 novembre 1861 à Tunbridge Wells, en Angleterre.
Howard Douglas grandit dans les environs d’Édimbourg sous la tutelle d’une tante, Mme Helena Baillie. Il fit ses études à la Royal Military Academy de Woolwich ; le 1er janvier 1794, il en sortit sous-lieutenant de l’artillerie royale. Il commanda l’artillerie du district septentrional de l’Angleterre lors d’une menace d’invasion au printemps de 1795 et, en août, partit pour Québec à bord du Phillis à titre d’officier supérieur d’un détachement de troupes. Le navire fit naufrage au large de Little Bay Head, au cap Ray à Terre-Neuve ; les quelques rescapés furent amenés au port de pêche de Great Jervais, dans la baie de Fortune, à Terre-Neuve, où ils passèrent l’hiver. Après avoir séjourné trois mois à Halifax, Douglas repartit pour Québec. Au cours de l’été de 1796, il prit le commandement d’un schooner qui, sous les ordres du gouverneur du Bas-Canada, Robert Prescott*, descendit le Saint-Laurent pour vérifier la rumeur voulant qu’une flotte française faisait voile vers Québec. En 1797 et 1798, il fit du service à Kingston dans le Haut-Canada. Pendant son séjour au Canada, Douglas entretint une liaison avec une jeune femme de Québec, dont il eut une fille. Il repartit pour l’Angleterre en 1798 sur un brick de commerce, à titre d’officier. Une lettre datée de décembre 1812 prouve que Douglas n’avait pas cessé de s’intéresser à la défense des deux Canadas et qu’il avait une idée juste de la situation ; cette lettre était adressée au ministre de la Guerre de Grande-Bretagne et insistait sur l’importance de renforcer la puissance navale britannique sur le lac Ontario.
Après avoir servi dans l’artillerie royale, l’artillerie royale à cheval et la Congreve’s Mortar-Brigade, il fut nommé, en 1804, commandant de la division supérieure du Royal Military College de High Wycombe en Angleterre, puis inspecteur général de la formation militaire. De ce poste, qu’il conserva jusqu’en 1820, il influença toute une génération d’officiers de l’armée impériale et de l’armée des Indes. Il finit par acquérir une grande renommée de théoricien et de professeur militaire. Mathématicien de valeur, il rédigea des traités sur les ponts militaires (1816), les fortifications (1819), l’artillerie navale (1820) et, par la suite, sur la tactique navale (1832) et sur les navires à vapeur dans la guerre navale (1856). Il fut également inventeur, entre autres, d’une version améliorée du cercle ou du demi-cercle de réflexion destiné à l’arpentage et à l’hydrographie, version qui fut brevetée en 1811. Il devint membre (fellow) de la Royal Society en 1812.
À titre d’assistant quartier-maître général, il joua un rôle important dans l’embarquement des troupes après la bataille de La Corogne en Espagne, le 18 janvier 1809. Il dirigea aussi partiellement l’attaque lancée par l’artillerie contre Flushing (Pays-Bas) peu après au cours de la même année. D’août 1811 à septembre 1812, au nord de l’Espagne, il aida à coordonner les efforts des forces britanniques, de l’armée régulière espagnole et des guerilleros.
Promu major général en 1821, Douglas pouvait prétendre aux fonctions de gouverneur colonial. Une des premières places vacantes à se présenter fut celle de lieutenant-gouverneur et commandant en chef du Nouveau-Brunswick, après la mort de George Stracy Smyth* le 27 mars 1823. Il s’assura le poste avec l’aide de ses partisans haut placés dans la hiérarchie politique et militaire et, le 28 août 1824, vint au Nouveau-Brunswick assumer ses fonctions. Il fut de loin le gouverneur le plus populaire du Nouveau-Brunswick. C’était un homme charmant, loquace et toujours attentif, mais il faut rechercher dans son optimisme contagieux qui s’harmonisait bien avec la jeune société tumultueuse et démonstrative du Nouveau-Brunswick les racines de sa popularité. Il possédait la fiévreuse énergie et l’imagination de l’ambitieux qui aimait mettre ses énormes ressources au service d’une collectivité pour laquelle il semblait s’être pris d’amitié et dont il s’efforçait consciencieusement de préparer l’avenir.
En 1825, à titre de commandant en chef intérimaire de la région atlantique de l’Amérique du Nord britannique, il effectua la tournée du territoire soumis à son commandement ; il visita les villages de pêcheurs le long des côtes est et nord du Nouveau-Brunswick, ce que n’avait fait aucun lieutenant-gouverneur avant lui. Cette région, qui formait alors un seul et vaste comté, Northumberland, s’enrichissait grâce au commerce du bois mais souffrait par ailleurs du manque de loi et d’ordre. Douglas réorganisa le gouvernement local, créa deux nouveaux comtés, Kent et Gloucester, dont les chefs-lieux étaient Liverpool et Bathurst. Dans le Northumberland, comme il craignait la persistance des « rivalités meurtrières » entre Newcastle et la ville qu’il rebaptisa Chatham, il tenta de gagner les magistrats locaux à sa politique de création d’un seul centre urbain dans le comté, à Chatham, port de mer et carrefour où une route venant de Fredericton pourrait en rejoindre une autre, encore à l’état de projet, entre Halifax et Québec. Toutefois, les magistrats insistèrent sur le choix de Newcastle comme chef-lieu. Douglas croyait qu’en cas de guerre, le besoin d’une route longeant la côte du golfe pour aboutir aux deux Canadas se ferait sentir et il poussa le gouverneur du Canada, lord Dalhousie [Ramsay*], à demander à l’Assemblée du Bas-Canada d’en entamer le tronçon allant du Saint-Laurent à la frontière du Nouveau-Brunswick. Pour le gagner à sa cause, il envoya au gouverneur un croquis du site, « d’une beauté rare », de la ville de Dalhousie, ainsi nommée par Douglas et située près de l’aboutissement de la future route.
Le 19 septembre 1825, la résidence du lieutenant-gouverneur à Fredericton brûla de fond en comble, et, trois semaines plus tard, le 7 octobre, des incendies ravagèrent 6 000 milles carrés de forêts, de la côte nord de la baie de Miramichi à la vallée de la rivière Oromocto. Newcastle fut détruite en 15 minutes et la population des villages et des fermes se jeta dans la Miramichi pour échapper aux flammes ; 160 personnes périrent. Douglas dirigea en personne la lutte contre l’incendie à Fredericton où 80 maisons et magasins furent détruits. C’est alors sans doute qu’il gagna le très grand respect des habitants du Nouveau-Brunswick. Le New Brunswick Courier du 10 octobre 1825 l’appelle « notre gouverneur actif et infatigable [...] grâce à qui on put faire de véritables miracles ». Il envoya à Québec un agent pour acheter des provisions, lança une souscription publique et visita la région rudement touchée de la Miramichi alors qu’elle était encore la proie des flammes.
Dès son arrivée, Douglas avait entrepris de réorganiser la milice provinciale. En 1831, rapporta-t-il au ministre des Colonies, elle comptait 15 708 hommes, dont quelque 11 000 armés, tous répartis en régiments, parfaitement encadrés et entraînés selon un code simple qu’il avait imaginé ; elle comportait deux petites troupes de cavaliers et « trois excellentes compagnies d’artillerie de campagne ». Son successeur, sir Archibald Campbell*, soldat de longue date et partisan des méthodes traditionnelles, ne croyait guère à l’efficacité de cette milice mais l’expérience espagnole de Douglas lui avait donné une grande confiance dans les armées populaires.
C’est la querelle au sujet du territoire situé entre le Maine et le Nouveau-Brunswick qui conduisit Douglas à tenter de renforcer ainsi la colonie. Les efforts des commissaires anglais et américains, nommés en 1814 en vertu du traité de Gand, pour fixer la ligne de démarcation, avaient abouti à une impasse. En 1826, un groupe dirigé par John Baker planta le drapeau américain dans la colonie de Madawaska dont les habitants francophones étaient enrôlés dans la milice du Nouveau-Brunswick et votaient lors des élections provinciales. Madawaska se trouvait sur la route reliant Fredericton à Québec, et le groupe de Baker « fit obstacle au postillon dans l’exercice de ses fonctions ». Baker fut appréhendé en 1827 et jugé en mai 1828 devant la Cour suprême du Nouveau-Brunswick ; il fut condamné à une amende et à une peine d’emprisonnement. Cette décision souleva un tollé général dans le Maine mais en Amérique du Nord britannique on acclama la fermeté de Douglas. Des années plus tard, il déclara que si on lui avait intimé l’ordre de mettre fin aux poursuites, il ne s’y serait pas plié et aurait démissionné. Les autorités de Washington, y compris le président Andrew Jackson, exprimèrent leur admiration pour l’attitude parfaitement correcte dont Douglas avait fait preuve au cours de l’affaire. La question frontalière fut finalement soumise à l’arbitrage du roi des Pays-Bas, et, en mars 1829, Douglas fut mandé en Angleterre à titre de conseiller auprès de la délégation britannique. Sa présence à La Haye lorsque les Belges déclarèrent leur indépendance en 1830 l’amena à participer à une mission secrète d’observation près de la frontière hollandaise.
Dans tous les domaines, la vie du Nouveau-Brunswick se ressentit de l’activité incessante de Douglas. Il déplorait la pratique de la New England Company d’enlever, pour les éduquer, les jeunes Indiens à leurs parents. Il voulait que les familles restent unies, que les Indiens qui vivaient de chasse et de cueillette disposent de réserves convenables, avec droits de francs-tenanciers et l’aide du gouvernement s’ils s’adonnaient à l’agriculture. Opposé à l’envoi de missionnaires protestants chez les Indiens, il souhaitait que l’Assemblée offre une indemnité à un missionnaire catholique pour vivre auprès d’eux. Il encouragea la création d’écoles rurales, persuada les autorités de la province d’ériger des phares sur la côte et essaya d’obtenir une collaboration interprovinciale pour la construction de postes de sauvetage en des endroits isolés. Il arpenta les bois aux alentours du mont Douglas pour délimiter le tracé d’une nouvelle route entre Saint-Jean et Fredericton. Auprès des gouvernements impérial et colonial, il insista sur la nécessité d’un canal traversant l’isthme de Chignectou, d’un canal à vannes dans la région de Grand Falls et d’un pont suspendu à l’embouchure de la rivière Saint-Jean. Il était en faveur d’une immigration contrôlée en provenance de Grande-Bretagne, et il s’opposa aux mesures du gouvernement britannique favorisant l’émigration des indigents qui déversaient à Saint-Jean une foule de miséreux et de travailleurs non spécialisés. Il donna de l’essor aux sociétés et aux foires agricoles. À Fredericton, pendant son mandat [V. John Elliott Woolford], de nouveaux édifices publics en pierre, la résidence du lieutenant-gouverneur, le King’s College (University of New Brunswick) et une caserne furent érigés. La vie sociale de la ville fut stimulée par l’énergique famille Douglas, dont certains membres furent des aquarellistes prolifiques.
Douglas avait été nommé au Nouveau-Brunswick à une époque où le gouvernement de lord Liverpool, stimulé par les critiques du parlement et par les fonctionnaires de la Trésorerie et du Board of Trade, adoptait une politique d’économie et de redressement qui prévoyait une réduction des crédits accordés aux colonies et une surveillance plus stricte de la Trésorerie sur les revenus et les dépenses des colonies. Douglas blâmait les économistes de la nouvelle école qui voyaient l’empire comme un fardeau ; il trouvait aussi que l’on n’accordait pas assez d’attention aux intérêts coloniaux et qu’on sapait les relations entre la Grande-Bretagne et ses colonies. Les colonies nord-américaines, estimait-il, donnaient de la force à la Grande-Bretagne et pouvaient devenir une fédération dynamique, en évitant l’instabilité qu’il croyait inhérente à la nouvelle démocratie américaine. La suppression, en 1825, des restrictions imposées au commerce colonial pourrait, d’après lui, « donner naissance à une union ou à une confédération des provinces par la suite, sous l’égide de la Grande-Bretagne [... ou] à une union avec les états qui s’étaient déjà émancipés ». La même année, il protesta contre une dépêche émanant de lord Bathurst, ministre des Colonies, qui lui donnait l’ordre de demander à l’Assemblée de cautionner les dépenses du gouvernement civil de la colonie pour une période de dix ans. Le petit crédit, de moins de £5 000 par an, alloué par le parlement britannique au gouvernement civil du Nouveau-Brunswick, représentait une dépense judicieuse dans une colonie qui expédiait chaque année de ses ports 1 100 navires, et employait 11 000 marins. Tant que le parlement payait les fonctionnaires britanniques, expliquait-il, les habitants du Nouveau-Brunswick toléraient fort bien leur présence. Mais si les salaires ne dépendaient plus du Conseil exécutif mais des crédits votés par l’Assemblée, les forces démocratiques en seraient considérablement accrues et le Conseil s’en trouverait affaibli, lui qui « traitait avec fermeté la chambre d’Assemblée, tant du point de vue exécutif que législatif ». Heureusement pour les relations que Douglas entretenait avec l’Assemblée, cette question devint toute théorique lorsque, en décembre, lord Bathurst contremanda ses ordres, étant donné les pertes subies par la province lors de l’incendie de la région de la Miramichi et les dépenses encourues pour la nouvelle résidence du lieutenant-gouverneur. En 1827, le gouvernement de Canning annula le crédit parlementaire qui fut rétabli, encore que diminué, par le gouvernement de Wellington en 1828, et fut versé jusqu’en 1830.
Toutefois, la Trésorerie connaissait moins les susceptibilités coloniales que le ministère des Colonies. En décembre 1825, elle ordonna que les agents de la douane impériale dans les colonies soient payés à même les fonds de celles-ci et non sur les droits perçus sur les navires fréquentant les ports coloniaux. En 1826, l’Assemblée consacra plus de £9 000 de ses revenus à payer ces agents à Saint-Jean, St Andrews et Miramichi. L’Assemblée trouva les salaires exorbitants et les mesures de la Trésorerie illégales puisqu’une loi du parlement britannique de 1778 avait prescrit de remettre aux assemblées coloniales les fonds recueillis aux termes de la législation commerciale de l’empire. Douglas était en principe d’accord avec l’Assemblée, comme lord Bathurst et James Stephen, conseiller juridique auprès du ministère des Colonies, mais ils n’obtinrent de la Trésorerie que des concessions limitées. En 1828, Douglas fit état de lettres échangées par des membres de différentes assemblées coloniales qui essayaient de coordonner leur opposition à la politique impériale, forme de collaboration interprovinciale qu’il désapprouvait.
Aux prises avec une Assemblée versatile, Douglas sut se montrer habile. Au premier abord il trouva l’Assemblée arbitraire dans ses décisions, influencée par les idées américaines, encline à « changer rapidement d’opinion », même dans les occasions importantes, et très soumise aux intérêts privés. L’Assemblée de 1827 lui plut davantage : « On y trouve un sens de la loyauté vraiment britannique », rapporta-t-il à Huskisson, ministre des Colonies, en mai 1828. Son attitude changea en partie grâce aux rapports étroits qui s’établirent entre lui et Richard Simonds*, orateur (président) de la nouvelle chambre. Les principaux députés de 1828 souhaitaient, affirma Douglas, régler définitivement le problème de la liste civile et de la rémunération des agents de la douane ; il demanda au ministre des Colonies la permission de négocier. Mais la Trésorerie n’était pas prête à trancher ces questions, qui continuèrent ainsi à perturber la province sept années de plus.
Le pouvoir dont jouissait Thomas Baillie, qui avait été nommé commissaire des Terres de la couronne et arpenteur général en 1824, fut une source continuelle d’ennuis pour Douglas. Baillie détenait un mandat de la Trésorerie qui lui conférait une grande indépendance vis-à-vis du gouverneur dans l’administration financière des terres de la couronne, lesquelles constituaient la principale source de revenus de l’État. Baillie était un homme très en vue, car son service traitait directement avec les marchands de bois et les colons. Il se fit également remarquer par son mode de vie. Lorsque Douglas signala au ministère des Colonies que les appointements de Baillie lui rapportaient un revenu excessif, la charge de ce dernier fut divisée. En 1827, Douglas se plaignait des agissements de Baillie qui « faisait fi de [son] autorité » et disait qu’il avait reçu des protestations du Conseil et de l’Assemblée contre des actes qualifiés d’illégaux et que lui-même trouvait « très peu sages ». Il désapprouvait les nouveaux règlements concernant les terres mis en vigueur par le ministère des Colonies en 1827, qui insistaient sur les revenus qu’on pouvait tirer des terres domaniales sans tenir compte des intérêts de la communauté. Il était favorable à la colonisation planifiée avec l’aide du gouvernement pour donner aux colons l’attitude de yeomen anglais. Cependant, il acceptait qu’on vendît de vastes territoires à des compagnies qui attireraient des capitaux aussi bien que des colons dans la province. Il se plaignit des frais entraînés par le fonctionnement du service de Baillie et, en 1828, pressa le ministère des Colonies d’abolir le poste de commissaire des Terres de la couronne et de rendre au Conseil la gestion des terres domaniales. Il demanda aussi l’autorisation de négocier la restitution à l’Assemblée du contrôle de la couronne sur les revenus des droits de coupe, sur les redevances et les terres en friche afin que la liste civile soit toujours garantie. Lors du différend qui l’opposa à Baillie et dans sa position sur la rémunération des agents de la douane, Douglas se fit le porte-parole de l’opinion des coloniaux dont il défendit vigoureusement les intérêts.
À notre époque, la renommée de Douglas tient surtout au fait qu’il participa à la fondation de l’University of New Brunswick, à laquelle il accorda des fonds pour un prix annuel, encore remis de nos jours, la Douglas Gold Medal. Immédiatement avant sa nomination au poste de lieutenant-gouverneur, l’Assemblée avait adopté une loi pour appuyer le College of New Brunswick, à la condition qu’il obtienne une nouvelle charte abolissant les examens de religion. Douglas accepta, en disant qu’un collège ouvert à tous empêcherait les jeunes de la province d’aller faire leurs études supérieures aux États-Unis et qu’une seule institution convenablement dotée valait mieux que plusieurs collèges confessionnels. Mais des membres de l’establishment clérical en Angleterre revinrent à la charge et poussèrent le ministre des Colonies à s’opposer aux tentatives de laïcisation de l’enseignement universitaire dans les colonies. Douglas entreprit de mettre à exécution les plans pour l’établissement du collège ; il participa au choix de son emplacement et prit des dispositions pour faire construire un élégant bâtiment d’architecture georgienne. La charte royale qu’il présenta avec beaucoup de rhétorique et d’optimisme le Jour de l’an 1829 fut cependant beaucoup moins libérale que ce qu’on avait demandé. Le King’s College de Fredericton, dont il devint le premier chancelier, était de toute évidence une institution anglicane, et pourtant, il réussit à persuader l’Assemblée, à majorité non anglicane, d’accorder des subsides au nouveau collège et de payer la moitié de la construction, ce qui montre bien à quel point il dominait la politique du Nouveau-Brunswick.
Il est peu probable que l’ascendant de Douglas eût pu durer dans le climat politique tendu qui régnait en Amérique du Nord britannique au début des années 30. Ce fut une chance pour lui de se trouver au Nouveau-Brunswick au cours des années prospères de 1824 et 1825, alors que les revenus de la couronne étaient abondants, et d’être au service d’un ministère des Colonies qui lui laissait une assez grande liberté d’utiliser ces revenus pour favoriser le progrès social.
Le 19 février 1831, trois mois après la prise du pouvoir par les whigs en Angleterre, Douglas démissionna de son poste au Nouveau-Brunswick afin d’entreprendre une campagne pour conserver à l’industrie du bois de l’Amérique du Nord britannique la place privilégiée qu’elle occupait sur le marché de Grande-Bretagne. Douglas fit publier trois éditions de la brochure intitulée Considerations on the value and importance of the British North American provinces. Lorsque la chambre des Communes rejeta un projet de loi gouvernemental visant à réduire les droits d’entrée en Angleterre du bois de la Baltique, on acclama Douglas pour avoir sauvé le commerce du bois nord-américain ; une souscription publique s’organisa au Nouveau-Brunswick pour lui offrir un service en argent. Par contre, il n’était plus dans les bonnes grâces de l’Angleterre. Son attitude intransigeante sur la question de la frontière entre le Maine et le Nouveau-Brunswick était inacceptable pour les ministres whigs et, de plus, il s’opposait au projet de loi sur la réforme et à l’émancipation des esclaves.
Après s’être présenté vainement comme candidat conservateur aux élections de 1832 et 1835, Douglas fut haut-commissaire des îles Ioniennes, où il commanda les troupes de 1835 à 1841. Il y fit adopter un nouveau code de lois basé sur le modèle grec et connu sous le nom de code Douglas. Député de Liverpool de 1842 à 1847, il abordait souvent les questions militaires et faisait étalage de son expérience nord-américaine pour s’opposer au libre-échange. Il poursuivit ses études et ses recherches scientifiques et s’intéressa particulièrement aux aspects techniques du blindage des navires et au progrès des hélices des navires à vapeur. Au cours de sa carrière, il reçut de nombreuses décorations et distinctions honorifiques, tant espagnoles que britanniques ; il fut nommé chevalier de l’ordre du Bain en 1814, chevalier commandeur du même ordre en 1821, grand-croix de l’ordre de Saint-Michel et de Saint-Georges en 1835 et grand-croix de l’ordre du Bain en 1841. Le doctorat en droit civil que lui décerna l’Oxford University en 1829 se rattache surtout à sa carrière au Nouveau-Brunswick.
L’article du DNB sur Douglas contient la liste de ses travaux publiés, bien que l’ouvrage suivant, Observations on the proposed alterations of the timber duties (Londres, 1831), lui est faussement attribué. Concernant plus particulièrement l’Amérique du Nord, on trouve : Considerations on the value and importance of the British North American provinces and the circumstances on which depend their further prosperity and colonial connection with Great Britain (Londres, 1831).
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Agatha Armour, Lady Rosamond’s secret : a romance of Fredericton (Saint-Jean, N.-B., 1878).— S. W. Fullom, The life of General Sir Howard Douglas, bart., G.C.B., G.C.M.G., F.R.S., D.C.L., from his notes, conversations, and correspondence (Londres, 1863).— Hannay, History of N.B., I.-R. S. Lambert, Redcoat sailor ; the adventures of Sir Howard Douglas (Toronto, 1956).— MacNutt, New Brunswick.— The University of New Brunswick memorial volume, A. G. Bailey, édit. (Fredericton, 1950).— D. M. Young, The Colonial Office in the early nineteenth century ([Londres], 1961).— W. C. Milner, Sir Howard Douglas, Educational Rev. (Sackville et Moncton, N.-B.), XXXV (1920–1921) : 216s., 242–244.
D. Murray Young, « DOUGLAS, sir HOWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/douglas_howard_9F.html.
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Auteur de l'article: | D. Murray Young |
Titre de l'article: | DOUGLAS, sir HOWARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |