TA-TANKA I-YOTANK (Ta-tanka Yotanka, Sitting Bull), chef des Sioux hunkapapas, né vers 1836, probablement dans le Territoire du Dakota, décédé le 15 décembre 1890 à Standing Rock (Dakota du Nord).

Alors qu’il était encore jeune, Sitting Bull se fit une réputation comme guerrier, mais à l’âge de 16 ans il fut blessé dans une bataille et demeura boiteux le reste de sa vie. Il se fit guérisseur et devint rapidement un leader influent au sein des Sioux. Bien qu’il ne fût pas impliqué directement dans le « massacre du Minnesota » de 1862 [V. Tatanka-najin*], Sitting Bull avait été l’un des chefs qui, sous la direction de Red Cloud, résistèrent à la pénétration de l’armée américaine dans le territoire sioux de 1865 à 1868. Un traité accorda aux Sioux en 1868 le territoire des monts Black au Dakota. En l’espace de quelques années, cependant, des arpenteurs de chemin de fer et des colons commencèrent à arriver dans la région, et, en 1874, des rumeurs à propos d’or trouvé dans les monts Black amenèrent des centaines de prospecteurs et d’aventuriers. Les Sioux se préparèrent à la guerre.

L’hostilité entre les Blancs et les Sioux au cours de ces années atteignit son point culminant le 25 juin 1876, date à laquelle le lieutenant-colonel George Armstrong Custer, plein de témérité et impatient de rehausser son prestige militaire déclinant, conduisit la 7th Cavalry contre une troupe nombreuse de Sioux dans la vallée de la rivière Little Bighorn (Montana). Dans le court engagement qui suivit, un des plus sanglants des guerres entre Indiens et Américains, Custer et environ 240 hommes furent tués. Sitting Bull, chef reconnu de la victoire des Sioux, savait qu’il aurait à faire face maintenant à la force entière de l’armée américaine et il chercha à éviter un désastre. Le 21 octobre, il rencontra le colonel Nelson Appleton Miles, qui dirigeait une campagne contre les Sioux, pour discuter des possibilités de paix. Miles exigea que les Indiens remettent leurs fusils et leurs chevaux et se retirent dans des réserves. Sitting Bull refusa et les combats continuèrent.

En novembre, des Sioux épuisés commencèrent à traverser la frontière du Canada, établissant leur campement dans la région de Wood Mountain, dans ce qui est maintenant le sud de la Saskatchewan. En mai, Sitting Bull les rejoignit. James Morrow Walsh* de la Police à cheval du Nord-Ouest entra avec une demi-douzaine d’hommes dans le campement contenant 5 000 Sioux et rencontra Sitting Bull comme il l’avait fait précédemment avec les nouveaux arrivants. Il lui garantit la protection contre une poursuite de l’armée américaine si les Sioux obéissaient aux lois du Canada et n’effectuaient pas de raids de l’autre côté de la frontière. Sitting Bull accepta ces conditions, dénonçant les Américains et prétendant être un « Indien britannique ».

À l’été de 1877, le climat était tendu, des incidents et des dissensions menaçant de dégénérer en guerre. Trois émissaires américains qui essayèrent de convaincre Sitting Bull de retourner aux États-Unis furent emprisonnés par les Sioux et ne furent sauvés que grâce à l’intervention de Walsh et d’Acheson Gosford Irvine, commissaire adjoint de la Police à cheval du Nord-Ouest. À une autre occasion, Walsh arrêta trois Indiens au milieu du camp des Sioux pour vol de chevaux. De graves problèmes continuèrent d’inquiéter les personnes constituées en autorité dans les Prairies. Sitting Bull, en dépit de sa promesse, ne lancerait-il pas des raids de l’autre côté de la frontière, incitant peut-être l’armée américaine à le poursuivre en sol canadien ? La présence des Sioux sur le territoire de chasse des Pieds-Noirs provoquerait-elle une guerre entre les deux féroces tribus des Prairies ? Sitting Bull essaierait-il d’unir les tribus de l’Ouest contre les Blancs afin de reprendre possession du pays du bison ? Les rumeurs, en 1878, d’une alliance entre Sitting Bull et Louis Riel, alors au Montana, étaient-elles fondées ?

Le gouvernement des États-Unis désirait que Sitting Bull et ses Sioux réintègrent le territoire américain, où il pourrait exercer un contrôle sur eux, ou bien s’installent de façon définitive au Canada. Les fonctionnaires canadiens, qui ne désiraient aucunement accueillir les Sioux, souhaitaient également qu’ils traversent la frontière, mais n’osaient pas risquer une guerre avec les Indiens en utilisant la force. À la suggestion de James Farquharson Macleod*, commissaire de la Police à cheval du Nord-Ouest, le gouvernement canadien organisa une réunion entre le général Alfred Howe Terry, de l’armée américaine, et Sitting Bull, le 17 octobre 1877, au fort Walsh (Fort Walsh, Saskatchewan). Se méfiant des Américains et de leurs promesses d’amnistie et de traitement équitable, le chef indien refusa de retourner aux États-Unis, et la réunion prit fin. Toutefois Macleod et Walsh continuèrent d’inciter Sitting Bull à se rendre, déclarant qu’il ne serait jamais reconnu comme un Indien britannique, qu’on ne lui accorderait pas de réserve au Canada, et l’avertirent que les bisons allaient disparaître dans quelques années. Cette dernière prédiction ne se réalisa que trop vite. En 1879, des trafiquants et chasseurs américains allumèrent des incendies le long de la frontière afin de garder les bisons dans le sud ; la fin de la chasse dans les Prairies canadiennes était proche.

L’amitié qui se noua entre Walsh et Sitting Bull est sans doute responsable en grande partie de l’absence de problèmes majeurs concernant les Sioux dans l’ouest du Canada. Walsh fut cependant critiqué à cause de ses relations trop amicales avec Sitting Bull et de son échec à le convaincre de retourner aux États-Unis. Ces réactions expliquent probablement le transfert de Walsh au fort Qu’Appelle (Fort Qu’Appelle, Saskatchewan) à l’été de 1880 ; son remplaçant au fort Walsh, Lief Newry Fitzroy Crozier*, se révéla incapable d’entretenir de bonnes relations avec Sitting Bull. Cet été-là, l’absence de bisons et le refus du gouvernement canadien d’accorder aux Sioux une réserve ou de la nourriture encouragèrent un grand nombre à retourner aux États-Unis, où on leur avait promis des vivres.

Pendant l’hiver de 1880–1881, Sitting Bull, envisageant son propre retour, s’enquit de la réception faite à ceux qui s’étaient livrés. Au printemps, il rencontra au fort Qu’Appelle le colonel Samuel Benfield Steele* et Edgar Dewdney*, commissaire des Affaires indiennes, qui l’exhortèrent à traverser la frontière. Walsh télégraphia de l’est, où il était en permission, déclarant que Sitting Bull pouvait retourner en toute sécurité. Finalement, en juillet, Jean-Louis Légaré, trafiquant local, reconduisit Sitting Bull et ses partisans aux États-Unis, où ils se livrèrent au fort Buford (Buford, Dakota du Nord) le 19 juillet 1881.

On permit à Sitting Bull de s’installer sur le territoire de la Standing Rock Agency, où il demeura. Il voyagea pendant une courte période avec le Buffalo Bill’s Wild West Show, visita Toronto en août 1885. À la fin des années 1880, un mouvement prédisant le retour d’un messie qui exterminerait les Blancs et ramènerait les bisons, balaya l’Ouest américain. Cette nouvelle religion et sa « danse des esprits » furent proscrites. Sitting Bull, voyant une occasion de recouvrer son prestige et son pouvoir perdus, devint l’un des chefs de cette « folie » messianique. Les autorités américaines craignaient encore l’influence possible de Sitting Bull et émirent un mandat d’arrêt contre lui en décembre 1890. L’intervention de la police indienne, qui tenta de mettre le mandat à exécution, irrita les partisans de Sitting Bull et, dans l’échange de coups de feu qui suivit, Sitting Bull fut au nombre des tués.

L’Indien le plus mystérieux de son époque et peut-être de tous les temps, Sitting Bull a été considéré comme un héros par certains et comme un meurtrier féroce par d’autres. Le major Walsh, apprenant la mort de son ami, déclara : « Il n’était pas l’homme sanguinaire que les rumeurs venues des Prairies ont dépeint. Il ne demandait rien d’autre que la justice [...] il n’était pas un homme cruel, il avait le cœur généreux ; il n’était pas malhonnête, il était franc. »

J. W. Grant MacEwan

Glenbow-Alberta Institute, James Macleod papers.— PAM, MG 6, A1, 24 avril, 9 nov. 1878, 24 mars 1879, 22 mai 1890.— Canada, chambre des Communes, Debates, 1878–1882 ; Parl., Sessional papers, 1877, VII, n9, app.D : 21 ; 1878, V, n4, app.E : 34s., 39–42, 47–49 ; 1880–1881, III, n3 : 27–29 ; VIII, n14 : 93–101.— Fort Benton Record (Fort Benton, Mont.), 1875–1881.— Globe, 8 avril, 22, 24 août 1885.— Manitoba Daily Free Press, 1874–1876.— Saskatchewan Herald (Battleford), 1878–1880.— DAB.— A. B. Adams, Sitting Bull : an epic of the plains (New York, 1973).— J. W. G. MacEwan, Portraits from the plains (Toronto, 1971), 128–140 ; Sitting Bull : the years in Canada (Edmonton, 1973).— C. F. Turner, Across the medicine line (Toronto, 1973).— J. P. Turner, The North-West Mounted Police, 1873–1893 [...] (2 vol., Ottawa, 1950).— Stanley Vestal, Sitting Bull, champion of the Sioux : a biography (nouv. éd., Norman, Okla., 1957).— Gary Pennanen, « Sitting Bull : Indian without a country », CHR, 51 (1970) : 123–140.

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J. W. Grant MacEwan, « TA-TANKA I-YOTANK (Ta-tanka Yotanka) (Sitting Bull) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ta_tanka_i_yotank_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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