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WILSON, THOMAS EDMONDS, policier, convoyeur, guide de montagne, chasseur, trappeur, prospecteur, pourvoyeur et éleveur, né le 21 août 1859 à Bond Head, Haut-Canada, fils de John Wilson et d’Eliza Edmonds ; le 19 octobre 1885, il épousa à Edmonton Minnie McDougall, nièce de George Millward McDougall* et cousine de John Chantler McDougall*, et ils eurent deux fils et quatre filles ; décédé le 20 septembre 1933 à Banff, Alberta.
Thomas Edmonds Wilson fréquenta des écoles locales et termina ses études secondaires à la grammar school de Barrie, en Ontario, en 1875. Saisi par l’envie de voir le monde, il partit en quête d’aventure à Detroit, à Chicago et à Sioux City, en Iowa. Il revint chez lui en 1878, s’inscrivit en octobre à l’Ontario Agricultural College de Guelph et s’enrôla dans la Volunteer Militia Field Battery of Ontario, constituée d’étudiants du collège. Il quitta ce dernier en 1879, peut-être sans diplôme, et s’engagea dans la Police à cheval du Nord-Ouest, qui recrutait pour ses postes de l’Ouest, en manque d’effectif. Il prit son service au fort Walsh (Fort Walsh, Saskatchewan) le 22 septembre 1880. Il eut pour principale mission de surveiller les activités de Sitting Bull [Ta-tanka I-yotank*] et de ses partisans, qui étaient venus au Canada après la bataille de la rivière Little Bighorn. Plus tard, au printemps de 1885, il rejoindrait les forces de Samuel Benfield Steele* afin de pourchasser le chef des Cris, Gros Ours [Mistahimaskwa*], dans la foulée de la rébellion du Nord-Ouest [V. Louis Riel*].
Au début de l’année 1881, Wilson apprit que la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique embauchait des hommes au fort Benton (Fort Benton, Montana), dans le but d’aider à faire le levé d’une route pour sa ligne qui traverserait les montagnes Rocheuses. Il quitta la Police à cheval du Nord-Ouest en mai 1881, partit en direction du fort Benton et fut engagé comme convoyeur pour le compte d’Albert Bowman Rogers*, l’ingénieur responsable du travail de repérage en montagne. Wilson se trouva vite au quartier général de l’expédition, au pied des Rocheuses, occupé à charger de provisions jusqu’à 80 chevaux (achetés à des Amérindiens qui en faisaient l’élevage) qui desservaient les différents campements. Rogers, Américain robuste et pragmatique, arriva au quartier général en juillet, après avoir tenté sans succès de découvrir un col qui offrirait un passage entre les monts Selkirk, aux contours déchiquetés. Il cherchait un accompagnateur. Comme personne ne se présentait, Wilson se porta volontaire. Ce travail exigeant le prépara bien à la vie de guide de montagne. Dans les quelques années qui suivirent, il accompagnerait Rogers dans beaucoup d’expéditions et en mènerait certaines de son propre chef. Ces missions lui permirent d’acquérir une excellente connaissance des montagnes, ce qu’il n’aurait pas pu avoir autrement. Entre deux saisons de repérage, il chassait, trappait et prospectait.
Les explorations de Wilson le conduisirent dans plusieurs endroits que seuls les autochtones connaissaient. Il fit sa « découverte » la plus célèbre au début de l’été de 1882 pendant qu’il campait à l’embouchure de la rivière Pipestone, dans ce qui deviendrait le sud-ouest de l’Alberta. Entendant des avalanches, il demanda à un Amérindien stoney, Edwin Hunter, connu sous le nom de Goldseeker, de le guider jusqu’à la source du bruit, qui, lui dit Hunter, était près du « lac aux petits poissons ». Après s’être frayé un chemin à travers une forêt dense, ils arrivèrent au bord d’une splendide étendue d’eau. Wilson, qui affirma être le premier homme blanc à voir ce lac, décrivit ainsi la scène :
Dieu m’en est témoin, jamais au cours de toutes mes expéditions je n’ai vu pareille scène. À droite et à gauche, des forêts qui n’avaient jamais connu la hache descendaient jusqu’à la rive, et semblaient sortir directement des eaux bleu et vert. L’arrière-plan, à un mille et demi de distance, était divisé en trois tons de blanc, d’opale et de brun, là où le glacier s’arrêtait et se fondait à l’eau scintillante. Le soleil, haut dans le ciel de midi, entrait à flots dans le bassin, qui reflétait l’ensemble du paysage en forme de fer à cheval.
Il appela ce « bassin » lac Emerald, mais, en 1884, un des adjoints de Rogers, P. K. Hyndman, le renomma lac Louise en l’honneur de la princesse Louise, épouse du gouverneur général, le marquis de Lorne [Campbell*] (Wilson avait participé à l’expédition de Lorne dans les Prairies, en 1881). Un autre magnifique lac repéré par Wilson, en 1882, dans ce qui deviendrait le parc national Yoho, en Colombie-Britannique, porterait en fin de compte le nom de lac Emerald.
La découverte du lac Louise apporterait à Wilson une grande notoriété, qu’il utiliserait à son profit après l’achèvement du chemin de fer canadien du Pacifique, en 1885. En octobre de la même année, il se maria et s’établit avec sa femme à Morley (Alberta). Le mois suivant, Wilson, homme au visage allongé arborant une grosse moustache tombante, que l’on voyait rarement sans son chapeau Stetson à larges bords, figurait sur la célèbre photo prise lors de l’enfoncement du dernier clou du chemin de fer, à Craigellachie, en Colombie-Britannique ; William Cornelius Van Horne*, directeur général du projet, avait décrété que seuls ceux qui avaient travaillé au chemin de fer et les gens qui avaient payé leur place pouvaient assister à cette cérémonie.
Le chemin de fer canadien du Pacifique rendit l’Ouest accessible aux touristes. Un parc national fut créé près de Banff, en 1887, où Wilson put offrir ses services de guide et de pourvoyeur aux nombreux visiteurs internationaux venus par train pour explorer, pêcher, chasser et, en particulier, pour gravir certaines des belles montagnes de la région ; il mènerait d’ailleurs plusieurs premières ascensions, y compris celles du mont Molar (1901) et du mont Crowsnest (1904). La connaissance presque encyclopédique des Rocheuses que possédait Wilson lui valut d’être fréquemment engagé par la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique pour ouvrir de nouveaux sentiers et servir de pourvoyeur à des groupes importants. Il travailla comme convoyeur pour les Services d’arpentage des terres fédérales [V. Édouard Deville*] de 1889 à 1893, année où sa famille et lui quittèrent leur propriété de Morley pour aller s’installer à Banff. La contribution que Wilson apporta à l’ouverture des Rocheuses fut reconnue en 1898 par l’alpiniste britannique John Norman Collie, qui donna le nom de mont Wilson à l’énorme pic qui serait escaladé pour la première fois par James Outram*, en 1902.
Wilson obtint, en 1902, la très convoitée concession de pourvoirie des hôtels de montagne de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Il monta son entreprise de randonnée et diversifia ses activités en faisant l’acquisition d’un ranch équestre et d’un poste de traite situés dans les plaines Kootenay, à l’ouest de Banff. Il employa plusieurs guides qui deviendraient célèbres, dont Bill Peyto, Jimmy Simpson et Fred Stephens. La compétition que lui livrait une entreprise semblable, dirigée par James Irvine et William Brewster, et le départ de certains de ses meilleurs hommes, qui choisirent de s’établir à leur compte, incitèrent Wilson à vendre ses parts de pourvoyeur à son associé, Robert E. (Bob) Campbell, en 1904. En mars 1906, il assista à la réunion constitutive de l’Alpine Club of Canada, à Winnipeg, et fut choisi pour être membre de son comité consultatif. Il continua à travailler une bonne partie de chaque année au ranch des plaines Kootenay, jusqu’à ce que ses pieds gèlent pendant qu’il se rendait en raquettes à Banff, à Noël de l’année 1908, pour rendre visite à sa famille. Certains de ses orteils durent être amputés.
Cette blessure força Thomas Edmonds Wilson à abandonner sa vie de guide. Il occupa, pendant un certain nombre d’années, les fonctions de magistrat de police de Banff et de juge de paix avant de s’installer à Vancouver, puis à Enderby, dans la vallée de l’Okanagan, en 1920–1921. Il assista, en juillet 1924, au dévoilement d’une plaque qui l’honorait en tant que « pionnier des Rocheuses canadiennes » ; cet événement faisait partie de la randonnée inaugurale du club des Trail Riders of the Canadian Rockies, parrainée par la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. (Cette plaque serait finalement retirée de l’entrée de la vallée Yoho pour être placée sur la tombe de Wilson, à Banff.) Cédant au puissant attrait qu’exerçaient sur lui les montagnes, il retourna à Banff en 1927. Durant les six dernières années de sa vie, Wilson fut engagé par la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique pour régaler les touristes et les journalistes de passage au Banff Springs Hotel [V. Bruce Price*] et au Château Lake Louise de ses histoires, qui relataient sa découverte du lac Louise et le « bon vieux temps » dans les sentiers de montagne.
Les souvenirs de Thomas Edmonds Wilson, tels que racontés à W. E. Round et édités par H. A. Dempsey, ont été publiés sous le titre Trail blazer of the Canadian Rockies (Calgary, 1972).
GA, M 1321, M 1322, M 1323, M 1324, M 3178, M 4223, M 6326.— Whyte Museum of the Canadian Rockies, Arch. and Library (Banff, Alberta), M10/V701 (Tom Wilson family fonds).— E. J. Hart, Diamond hitch : the early outfitters and guides of Banff and Jasper (Banff, 1979).— W. F. E. Morley, « Tom Wilson of the Canadian Rockies », Alberta Hist. (Calgary), 54 (2006), no 1 : 2–9.
Edward J. Hart, « WILSON, THOMAS EDMONDS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wilson_thomas_edmonds_16F.html.
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Auteur de l'article: | Edward J. Hart |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2014 |
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