Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 2895776

RIGAUD DE VAUDREUIL, LOUIS-PHILIPPE DE, marquis de VAUDREUIL, officier de marine, né à Québec le 26 septembre 1691, fils aîné de Philippe de Rigaud* de Vaudreuil et de Louise-Élisabeth de Joybert* de Soulanges et de Marson, décédé en France probablement en 1763.

Entré au service encore enfant avec une expectative d’enseigne dans les troupes du Canada le 8 mai 1695, Louis-Philippe de Rigaud de Vaudreuil reçut, le 20 mai 1698, un brevet d’enseigne en pied et de garde-marine puis fut promu lieutenant dès le 15 juin 1705. En 1707, il s’embarqua sur le Héros et prit part au combat livré par ce vaisseau au large des Açores. Nommé capitaine le 5 mai 1710, il fit campagne sur l’Africain et fut envoyé à la cour par son père, l’année suivante, pour annoncer la déroute de l’escadre anglaise qui devait attaquer Québec [V. sir Hovenden Walker*]. À cette occasion, il fut présenté à Louis XIV et à Pontchartrain, ministre de la Marine, qui lui accorda le 5 juillet 1711 un brevet d’enseigne de vaisseau. Promu lieutenant de vaisseau le 28 juin 1713, il servit successivement à bord du François (1716), de l’Éléphant (1718), du Chameau (1720 et 1723), et du Dromadaire (1722 et 1725) effectuant des missions de transport entre la France et le Canada.

En 1727, il servit sur l’Ardent en Méditerranée, puis en 1729, commanda l’Éléphant. Ce navire, qui transportait à Québec le nouveau commissaire ordonnateur Hocquart*, le coadjuteur Mgr Dosquet* et les deux frères de Louis-Philippe, Pierre* et François-Pierre*, se perdit sur un rocher près du cap Brûlé à quelque 30 milles de sa destination le 1^er septembre 1729 [V. Claude Lebeau* ; Richard Testu de La Richardière]. Les passagers et les membres de l’équipage furent sauvés et Vaudreuil fut absous par le conseil de guerre tenu le 7 mars 1730 à Rochefort en France, sous la présidence du commandant de la Marine de ce port. Cette même année, il servait au Canada comme second à bord du Rubis ; en 1731, il fit campagne aux Antilles sur le François et, en 1734–1735, il commanda la Charente en partance pour l’île Royale (île du Cap-Breton). Promu capitaine de vaisseau le 1^er avril 1738, il prit le commandement du Jason l’année suivante et transporta à Louisbourg Isaac-Louis de Forant* et François Bigot*, respectivement gouverneur et commissaire ordonnateur de l’endroit.

Après avoir reçu le commandement de la Victoire en 1741, il prit en 1744 celui de l’Aquilon puis de l’Heureux dans l’escadre de la Méditerranée et participa au combat livré au large de Toulon par Claude-Élisée de Court de La Bruyère à l’escadre de l’amiral anglais Thomas Mathews, puis assura des escortes de convois entre Toulon et l’île de Malte. C’est en 1747 qu’il devait s’illustrer particulièrement en commandant l’Intrépide, qui faisait partie de l’escadre de huit vaisseaux commandée par Henri-François Des Herbiers de L’Étenduère et chargée de protéger un énorme convoi de 252 navires marchands entre la France et les Antilles. Le 25 octobre, cette formation fut attaquée par les 14 vaisseaux de l’amiral anglais Edward Hawke. Bientôt prise entre deux feux par une habile manœuvre de l’ennemi, l’escadre française se défendit avec la plus farouche détermination et le combat fut d’une violence extrême. Vaudreuil, après avoir brillamment secondé son chef, qui était à bord du Tonnant, sauva le navire d’une perte certaine en l’arrachant de haute lutte à l’emprise de trois vaisseaux ennemis et en le remorquant jusqu’à Brest. Grâce à l’énergique défense, le convoi put s’échapper et les vaisseaux anglais, désemparés, furent hors d’état de le poursuivre. Sa brillante conduite valut à Vaudreuil une promotion au grade de chef d’escadre le l^er avril 1748. Nommé lieutenant général le 25 août 1753, il termina sa carrière comme commandant de la Marine à Rochefort.

Créé chevalier de Saint-Louis le 23 décembre 1721, Vaudreuil fut promu commandeur de l’Ordre le 1^er juillet 1754 et Grand-Croix le 14 novembre 1756. Il avait épousé le 22 décembre 1723 Élisabeth-Catherine, fille de Joseph Le Moyne* de Serigny et de Loire, gouverneur du port de Rochefort, et de Marie-Élisabeth Héron. De ce mariage naquirent trois fils qui servirent dans la marine. Deux d’entre eux, soit Louis-Philippe et Jean-Louis, parvinrent au grade de lieutenant général et se distinguèrent pendant la guerre de l’Indépendance américaine.

Étienne Taillemite

AN, Col., B, 17, f.244v. ; 20, f.71v. ; 29, f.390 ; 35, f.337 ; Col., C^11A, 51 ; Marine, B⁴, 40, ff.368–376 ; 56, ff.53–122 ; 61, ff.177–250 ; Marine, C¹, 165 ; 166, p. 26 ; Marine, C⁷, 340 (dossier Louis-Philippe de Vaudreuil) ; Marine, G, 38, p. 7.— Taillemite, Inventaire analytique, série B, I, 296 ; Dictionnaire de la Marine (Paris, 1962), 266.— R.-V.-P. Castex, Les idées militaires de la Marine du XVIII^e siècle ; de Ruyter à Suffren (Paris, 1911), 223ss.— Lacour-Gayet, La marine militaire sous Louis XV (1910), 157, 187, 388, 498.— Troude, Batailles navales de la France, I : 316.— N.-E. Dionne, Le naufrage de l’Éléphant, BRH, XI (1905) : 119–121.