PRICE, JAMES HERVEY, attorney et homme politique, né en 1797 dans le comté de Cumberland, Angleterre ; il épousa, probablement avant 1822, Elizabeth Anne Rubergall, et ils eurent au moins trois fils et une fille ; décédé à Shirley (comté de Hampshire, Angleterre), le 13 juillet 1882.

On sait peu de chose de la vie de James Hervey Price avant sa venue au Haut-Canada en 1828, accompagné de sa femme et de leur jeune fils, si ce n’est le fait qu’il avait étudié le droit au Doctors’ Commons, à Londres. Deux ans après son arrivée, il faisait l’acquisition de deux terres dans le canton d’York et construisait sa maison, appelée Castlefield. Poursuivant ses études, d’abord auprès de George Rolph, de Dundas, puis de William Henry Draper*, d’York (Toronto), il fut reçu attorney en 1833, mais ne devint jamais barrister. On a dit plus tard qu’il avait gagné la confiance des fermiers du comté d’York « par la modération de ses accusations ainsi que par le désintéressement bienveillant de ses conseils ».

À son arrivée au Canada, la famille Price était accompagnée de la sœur de Mme Price, Mary Ann, qui devint, en 1830, la seconde épouse de Jesse Ketchum*. Les familles Price et Ketchum se lièrent d’amitié, et, influencé par Ketchum, riche citoyen en vue et député d’York à la chambre d’Assemblée de 1828 à 1834, Price s’identifia rapidement à la cause réformiste. Nommé greffier municipal le 3 avril 1834 – peu de temps après l’érection d’York en cité de Toronto – il le demeura au cours du mandat de William Lyon Mackenzie*, premier maire de la ville, et démissionna le 26 février 1835, après la défaite des réformistes aux élections municipales. L’année suivante, il se vit élire l’un des conseillers du quartier St David. Avec quelques figures de marque du parti réformiste telles que James Lesslie, le docteur John Rolph* et Francis Hincks, il compta au nombre des fondateurs et des administrateurs de la Bank of the People en 1835 ; il agit également en tant qu’avocat de cet établissement. Price signa des billets que Mackenzie avait tirés sur la banque pour lancer son second journal, la Constitution, en 1836, et il eut à rembourser £100 avec intérêts lorsque Mackenzie s’enfuit aux États-Unis deux ans plus tard.

Malgré son attachement aux idées réformistes, Price adopta toujours une attitude ambivalente vis-à-vis de la politique de parti. Au cours de l’été de 1836, on dépêcha le docteur Charles Duncombe* en Angleterre pour protester contre les méthodes employées au cours des élections de cette année-là par le lieutenant-gouverneur, sir Francis Bond Head*. Lorsqu’on demanda à Price, quelques jours après le départ de Duncombe, de participer au financement du voyage, il accepta mais, quelques années plus tard, il se plaignit à Robert Baldwin* de la façon dont on avait procédé au choix de Duncombe pour cette mission. On avait laissé entendre que Duncombe allait représenter « l’ensemble des réformistes », alors qu’en fait la décision n’avait été prise que par quelques-uns des leaders. « C’est une chose que je n’ai jamais oubliée, devait-il affirmer à Baldwin, et, depuis lors, je me suis juré de ne jamais devenir un homme de parti, ce que je n’aurais jamais été sans la confiance que j’avais en vous. »

En 1837, Price signa une déclaration des réformistes de Toronto, mais il n’assista pas à la réunion secrète tenue à l’automne à la brasserie de John Doel*, au cours de laquelle Mackenzie préconisa le recours immédiat à la force, pas plus qu’il ne prit une part active à la rébellion. Il devait pourtant être au courant de ce qui se préparait, car c’est chez lui que Mackenzie et John Rolph se rencontrèrent au matin du 4 décembre pour discuter de la tournure des événements. Ce jour-là, environ 300 hommes commencèrent à marcher vers la ville par la rue Yonge. Head espérait les convaincre de rebrousser chemin et pensait se faire mieux écouter en prenant pour porte-parole un réformiste en vue. Le lendemain, William Botsford Jarvis* demanda à Price d’aller porter le message de Head, précédé du drapeau blanc, mais Price refusa, disant qu’on le suspecterait d’aller rejoindre les rebelles, et il suggéra qu’on prît Baldwin ou Rolph à sa place. Son refus ne l’empêcha pas d’être soupçonné. Arrêté, il fut emprisonné pendant 13 jours, et son bureau pillé. Déçu par le recul de la cause réformiste au lendemain de la rébellion, Price se joignit à Lesslie, à Hincks et à d’autres réformistes pour fonder la Mississippi Emigration Society, dont il devint l’un des administrateurs. Cette société, formée en mars 1838, devait trouver des terres en Iowa pour les réformistes désireux de quitter le Canada. Mais les tentatives de la société se soldèrent par un échec.

En 1841, Price battit John William Gamble* dans la première circonscription d’York (York South à partir de 1847), lors des élections en vue de former le premier parlement de la province du Canada. Au cours de la première session, il appuya John Neilson* et Hincks dans leurs critiques de l’Acte d’Union, s’opposa fermement aux ministres choisis par lord Sydenham [Thomson*] et dénonça les réformistes, que le gouverneur général avait mis de son côté. S’élevant contre les actes de violence survenus sur les lieux de vote, qui avaient terni les récentes élections et embarrassé les candidats réformistes, Price réclama des mesures afin que cela ne se reproduise plus dans l’avenir. Il appuya cependant les plans de Sydenham visant à créer des conseils de district électifs mais s’associa à Baldwin pour tenter de faire supprimer du projet de loi les articles autorisant le gouverneur général à nommer certains fonctionnaires tels que les préfets de district et les greffiers municipaux.

Lorsque sir Charles Bagot* remania le cabinet en septembre 1842, Price ne se sentit pas en mesure de l’appuyer ; il n’avait confiance que dans ses dirigeants, Louis-Hippolyte La Fontaine* et Baldwin. Il avait été question que Price devienne commissaire des Terres de la couronne, mais le poste ne lui fut pas offert. Bien qu’il soutînt par la suite qu’il aurait refusé d’entrer au gouvernement, il était néanmoins d’opinion qu’on n’aurait pas dû le tenir à l’écart. Le 19 octobre, peu après l’entrée en fonction des nouveaux ministres, Price annonça son intention de démissionner. Mais les pressions de Baldwin ainsi qu’une pétition signée par 900 francs-tenanciers du comté d’York le firent revenir sur sa décision.

Price devint un vigoureux opposant de sir Charles Theophilus Metcalfe* et, le 1er décembre 1843, il présenta une motion en chambre qui déplorait la démission du ministère de La Fontaine et de Baldwin causée par l’attitude de Metcalfe concernant le favoritisme. Selon Price, si le gouverneur général pouvait dispenser les faveurs de la couronne sans l’avis de ses ministres, le gouvernement responsable n’était qu’une fumisterie. Les vues de Price sur la politique de parti avaient évolué, et il déclara, à cette occasion, avoir toujours été un homme de parti, affirmant que les partis étaient nécessaires à un gouvernement constitutionnel. Sa motion, qui suscita un important débat sur le principe du gouvernement responsable, fut adoptée.

Tout au long des années 1840, Price présenta ou appuya des projets de loi visant à servir les intérêts des fermiers du district de Home, accusant le gouvernement de ne pas se préoccuper des problèmes de l’agriculture. Il se battit pour obtenir de bonnes routes, financées par les deniers provinciaux plutôt que par les districts, et s’indigna des salaires élevés que touchaient les fonctionnaires, alors que les cultivateurs ne recevaient « que 3 shillings pour un boisseau de blé et 10 shillings pour un quintal de porc » ; il réclamait une diminution de l’évaluation foncière afin que les fermiers ne soient pas écrasés sous les impôts. Il appuya également des réformes qui devaient plus tard faire partie du programme clear grit : vote au scrutin secret, abolition des lois de primogéniture et mesures visant à assurer l’indépendance de la législature.

Lorsque le second ministère de La Fontaine et de Baldwin accéda au pouvoir, Price fut nommé commissaire des Terres de la couronne, poste qu’il occupa du 20 avril 1848 au 27 octobre 1851. En 1849, après qu’il eut prononcé un vigoureux discours en faveur du projet de loi pour indemniser ceux qui avaient subi des pertes pendant la rébellion, son logement de Montréal fut attaqué au cours des émeutes qui suivirent l’adoption de la loi.

Congrégationaliste, fidèle de l’église Zion, de Toronto, et partisan convaincu de la séparation de l’Église et de l’État et du soutien de l’Église par contributions volontaires de ses membres, Price était en faveur des écoles publiques subventionnées par la province et d’une université laïque. Il voulait à tout prix obtenir la sécularisation des « réserves » du clergé et l’annulation des titres de propriété accordés en 1836 aux curés par le lieutenant-gouverneur sir John Colborne*. Pendant un certain temps, Price adhéra à la politique prudente de Baldwin mais, en septembre 1849, au moment où son intention de démissionner du cabinet devint connue du public, on raconta qu’il se retirait parce qu’il était fatigué des atermoiements de Baldwin. Price affirma que c’était tout simplement parce qu’il en avait assez de vivre loin de chez lui pendant les sessions parlementaires. Baldwin réussit une fois de plus à le faire revenir sur sa décision. Au cours de la session de 1850, Price, parlant en tant que simple député, à cause des divisions qui régnaient au sein du ministère, présenta 32 résolutions portant sur les réserves du clergé et conclut par une motion d’adresse à la couronne pour demander une loi autorisant le Canada à régler lui-même ce problème. La motion fut adoptée.

Aux élections de décembre 1851, Price décida de se représenter dans York South. Il avait tenté d’accélérer les réformes de Baldwin, mais avait continué de l’appuyer pendant la session de 1851 ; il soutint Hincks qui réclamait un règlement légal de la question des cures et aida à faire rejeter les réformes réclamées par certains Clear Grits et par William Lyon Mackenzie, de retour au pays et élu dans le comté de Haldimand lors de l’élection partielle du mois d’avril précédent. Au cours d’une visite qu’il fit dans la circonscription de Price en décembre, Mackenzie accusa ce dernier d’avoir trahi ses propres électeurs et persuada le congrès réformiste d’York South de choisir David Gibson* comme candidat. Pour finir, ils subirent tous deux la défaite dans l’élection qui suivit, où trois candidats se disputèrent les suffrages, et ce fut un tory, John William Gamble, qui l’emporta. (Price, mécontent de l’ingérence de Mackenzie dans l’élection, le poursuivit pour les dettes qu’il n’avait pas réglées avant la rébellion et gagna son procès.) L’amertume profonde et durable que lui causa cette défaite électorale ressort bien dans une lettre que Price écrivit à Lesslie en 1864 : « Je me suis battu avec vous [les réformistes] pendant vingt-cinq ans, les meilleures années de ma vie, et j’ai été rejeté, abandonné, bafoué et oublié. » Par la suite, Price s’occupa très peu de politique.

Connu pour son intégrité, Price n’avait jamais spéculé ou contracté de dettes ; il se vanta une fois de ne pas devoir un sou à la banque. Alors qu’il était commissaire des Terres de la couronne, il repoussa les offres de George Brown* et de John Doel, qui proposaient de lui servir de prête-noms pour qu’il s’achetât des terres. Le Globe de Toronto déclarait en 1849 qu’« il n’y avait aucun homme parmi les réformistes qui [eût] plus que M. Price l’estime de son parti » et qu’il y avait « peu d’hommes, peut-être aucun, en qui la plus grande partie des confessions religieuses libérales du Canada [eussent] aussi entièrement confiance ».

Price avait cessé d’exercer le droit en 1857, mais continuait de résider à Toronto. En 1860, il quitta le Canada et s’installa près de Bath, en Angleterre, où il vécut dans une « insouciante oisiveté ». Il continua néanmoins à correspondre avec ses collègues réformistes, préconisant, comme solution aux problèmes du Haut-Canada, la suppression de l’Union et l’indépendance vis-à-vis de la couronne, plutôt que la représentation basée sur la population. Il jouit d’une longue retraite jusqu’à sa mort, le 13 juillet 1882, à Shirley, près de Southampton.

Lillian F. Gates

AO, MU 1 805–1 949 ; MU 3 278.— APC, MG 24, B40.— MTL, Robert Baldwin papers.— Debates of the Legislative Assembly of United Canada (Gibbs et al.), I–IX.— Examiner (Toronto), 12 sept. 1849, 17 déc. 1851.— Globe, 15 sept., 4 oct. 1849.— Dominion annual register, 1882 : 56.— E. J. Hathaway, Jesse Ketchum and his times : being a chronicle of the social life and public affairs of the province. of Upper Canada during its first half century (Toronto, 1929).— Charles Lindsey, The life and times of Wm. Lyon Mackenzie [...] (2 vol., Toronto, 1862 ; réimpr., 1971).

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Lillian F. Gates, « PRICE, JAMES HERVEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/price_james_hervey_11F.html.

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Auteur de l'article:    Lillian F. Gates
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    28 novembre 2024