DOEL, JOHN, brasseur, homme d’affaires et homme politique, né en 1790 dans le Wiltshire, en Angleterre, décédé le 9 février 1871 à Toronto.

Vers 1817, John Doel émigra à Philadelphie où il fut peut-être libraire. Il avait épousé Hannah Huntly trois ans plus tôt en Angleterre et ils devaient avoir cinq enfants. Le 5 novembre 1818, la famille arriva à York, dans le Haut-Canada. Pendant quelque temps, Doel fut employé à la distribution des lettres non réclamées, mais il installa bientôt une brasserie à l’arrière de sa maison. Ce commerce ainsi que des investissements heureux dans des propriétés immobilières lui procurèrent des revenus rondelets.

Réformiste radical en politique, Doel critiqua l’administration de sir Peregrine Maitland* (1818–1828) et, en 1828, soutint le juge John Walpole Willis dans la controverse dont ce dernier était l’objet. En 1834, il représenta le quartier St Andrew au conseil municipal de Toronto et il vota en faveur de William Lyon Mackenzie* qui se présentait comme maire ; il fut réélu en 1835. Doel refusa de signer la lettre de remerciement adressée par le conseil au lieutenant-gouverneur sir John Colborne* quand celui-ci se retira l’année suivante, mais il signa en revanche la lettre de protestation virulente qui fut remise au lieutenant-gouverneur Francis Bond Head en 1836, après que ce dernier eut répondu de façon insultante à une requête de l’Assemblée.

Doel fut étroitement associé à Mackenzie. Quand celui-ci dut faire un emprunt à la Bank of the People pour financer son second journal, la Constitution, Doel endossa l’une de ses factures et, par la suite, il lui prêta d’autres sommes d’argent. À la veille de la rébellion, les réformistes se réunirent à plusieurs reprises chez Doel. C’est là qu’il signa la déclaration des réformistes de Toronto rédigée le 28 juillet 1837 et qu’il fit une motion proposant que les réformistes s’abstiennent de consommer des articles d’importation soumis aux droits de douane, de façon à diminuer le revenu du gouvernement. Il fut membre du comité de surveillance, créé le 31 juillet. On dit que lorsque Mackenzie présenta, en octobre, ses plans pour s’emparer du lieutenant-gouverneur et établir un gouvernement provisoire, Doel n’y donna pas son assentiment et ne prit pas part au soulèvement. Cependant, il existe des preuves que les partisans de Mackenzie à Toronto se servirent de la brasserie de Doel comme lieu de réunion jusqu’au 5 décembre. Doel fut arrêté trois fois, et, à chaque fois, emprisonné pendant plusieurs jours ; sa maison fut fouillée à plusieurs reprises et des soldats logèrent chez lui.

Après que Mackenzie se fut enfui de la province, Doel dut rembourser l’emprunt que celui-ci avait contracté auprès de la Bank of the People. Les biens de Mackenzie furent confisqués, mais la couronne permit à ses créanciers de faire prévaloir leurs revendications contre lui. En 1839, James Lesslie*, en son nom et au nom d’autres créanciers, obtint un jugement à la Cour du banc de la reine contre Mackenzie. En 1845, quand la couronne confia les terres de Mackenzie à Lesslie avec la charge de les vendre de façon que le montant de la vente pût liquider la dette, Doel acheta pour £81 les deux terrains que Mackenzie avait à Dundas et celui du canton de Garafraxa (maintenant divisé en East et West Garafraxa). Quand Mackenzie revint au Canada en 1850, Doel lui revendit la propriété pour £200. En cela il fit preuve de générosité car cette somme représentait moins que le total de ce qu’il avait dépensé pour l’achat de la propriété, les intérêts, les taxes et pour l’argent qu’il lui avait prêté ainsi que pour celui qu’il avait remboursé à d’autres créanciers de Mackenzie. Doel accepta £50 en espèces et une note de crédit sur le solde, permettant ainsi à Mackenzie de satisfaire au cens d’éligibilité de l’Assemblée législative.

Après la rébellion, Doel resta réformiste mais il ne prit pas une part active à la politique. Cependant, il signa les résolutions critiquant l’administration de sir Charles Metcalfe* qui furent rédigées par la Reform Association of Canada en 1844. Il continua de diriger sa brasserie jusqu’au moment où elle brûla, le 11 avril 1847. Il avait été membre de la première Église méthodiste épiscopale fondée à York en 1818, et il fut administrateur du Toronto General Hospital. Quand il mourut, en 1871, une très importante délégation de la York Pioneer Society dont il avait été membre assista à ses funérailles.

Lillian Francis Gates

PAO, Mackenzie-Lindsey collection, en particulier f.2 540 ; Misc. 1896, Rev. John Doel’s recollections of the rebellion of 1837 and ’38.— Globe (Toronto), 10 févr. 1871.— Charles Lindsey, The life and times of William Lyon Mackenzie ; with an account of the Canadian rebellion of 1837, and the subsequent frontier disturbances, chiefly from unpublished documents (2 vol., Toronto, 1862), II : 52.— Town of York, 1815–1834 (Firth), 118.— T. E. Champion, The Methodist churches of Toronto (Toronto, 1899).— Dent, Upper Canadian rebellion, I.— E. C. Guillet, The lives and times of the Patriots ; an account of the rebellion in Upper Canada, 1837–1838, and the Patriot agitation in the United States, 1837–1842 (Toronto, 1938), 192.— Landmarks of Toronto (Robertson), I : 50-–55.— Scadding, Toronto of old, 309s.— Sissons, Ryerson, II : 59.— Bruce West, Toronto (Toronto, 1967), 111, 113.

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Lillian Francis Gates, « DOEL, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/doel_john_10F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
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