GIBSON, DAVID, arpenteur, homme politique et fonctionnaire, né le 9 mars 1804 dans la paroisse de Glammis, Forfarshire (Angus), Écosse, fils de James Gibson et de Margaret Watson, décédé à Québec le 25 janvier 1864.

David Gibson, dont le père était fermier à bail, s’embaucha, à l’âge de 15 ans, comme apprenti chez un arpenteur-géomètre dans le Forfarshire. À la fin de son apprentissage, en 1824, il décida d’exercer en Amérique du Nord. Un ami de la Virginie lui fit tenir une réponse négative à sa demande de renseignements ; cependant, l’oncle de Gibson, Alexander Milne, du canton de Markham dans le Haut-Canada, lui répondit qu’il semblait très facile d’acquérir les titres d’arpenteur dans la province. Gibson en conclut qu’il y avait des postes disponibles.

Après avoir obtenu des lettres de recommandation, il partit, en 1825, pour Québec où il trouva un emploi dans l’arpentage de la frontière entre le Bas-Canada et les États-Unis ; même avec l’appui de lord Dalhousie [Ramsay*], auprès de qui des amis de la famille avaient de l’influence, il ne put cependant obtenir un emploi permanent. Muni de lettres de recommandation de Dalhousie, Gibson alla s’installer dans la ferme de son oncle dans le Haut-Canada, après avoir refusé un poste très bien rémunéré dans une société d’alimentation à Montréal.

Malgré l’optimisme de son oncle, Gibson n’obtint pas de travail immédiatement. Cependant, le lieutenant-gouverneur, sir Peregrine Maitland*, mis au fait par une lettre de Dalhousie, conseilla à Gibson de soumettre sa candidature dès qu’il y aurait du travail disponible. Il le fit et dès qu’il eut réussi l’examen provincial, il fut nommé arpenteur adjoint des chemins en décembre 1825 et arpenteur des routes de la partie sud du district de Home en septembre 1828. Ces charges, en plus de l’arpentage qu’il faisait pour les fermiers, lui assurèrent un travail plus que suffisant.

En 1828, Gibson épousa sa cousine Eliza Milne. L’année suivante, Gibson acheta un lot sur la rue Yonge, à Willowdale, dans le canton d’York, et il commença à s’intéresser de plus en plus aux affaires publiques. En 1831, il fut élu président de la York Temperance Society. À peu près à la même époque, il devint un ardent réformiste : il organisa des réunions réformistes, y prit la parole, présenta des requêtes et accorda son appui à William Lyon Mackenzie. En 1834 et en 1836, Gibson fut élu représentant de la première circonscription électorale d’York à l’Assemblée et il se fit une réputation de défenseur raisonnable mais énergique de la réforme radicale. En reconnaissance peut-être de l’appui qu’il accordait à la cause de la réforme, le conseil de ville de Toronto lui confia des travaux d’arpentage des rues et des trottoirs ; il rédigea aussi un rapport sur la possibilité d’amener à Toronto l’eau de diverses sources. Gibson fut secrétaire de l’assemblée du canton d’York en 1836 et président en 1837. Il fut aussi un fermier prospère et obtint d’ailleurs des prix de la Société d’agriculture du district de Home ; il vendait ses produits à des prix qui ne cessaient de grimper.

Gibson fut reconnu par tous les partis comme un réformiste modéré et judicieux, absolument pas du genre à participer à des soulèvements. En fait, il ne fut conscient de la vraisemblance de la rébellion de décembre 1837 que deux jours avant le début des hostilités, lorsque Mackenzie, qui avait mal interprété la nature et l’ampleur du mouvement, conseilla à Gibson de se rallier à lui. Lorsqu’il fut informé de la véritable situation, Gibson s’en tint à sa décision d’y participer croyant que la rébellion, aussi néfaste qu’elle puisse être, pouvait quand même apporter des réformes qu’on avait toujours refusées. Au cours du soulèvement de Toronto, il évita aux prisonniers loyalistes, détenus à la taverne Montgomery, de mauvais traitements et assura leur sécurité lorsque les troupes gouvernementales, dirigées par James FitzGibbon et Allan Napier MacNab, bombardèrent la taverne. Son geste lui valut la reconnaissance des prisonniers après leur libération ; sir Francis Bond Head* ordonna néanmoins que l’on brûle sa ferme.

Après l’escarmouche de la taverne Montgomery, Gibson se cacha pendant un mois près d’Oshawa. Il s’enfuit en traversant le lac Ontario et ouvrit un bureau d’arpentage à Lockport, dans l’état de New York, où il évita prudemment de se mêler aux querelles frontalières de 1837 et 1838. Il évita également Mackenzie, qui le traita de lâche dans un écrit, parce qu’il avait fui le combat à la taverne Montgomery. Après une brève mais difficile période, Gibson trouva un emploi d’ingénieur au canal d’Érié et il fit venir sa famille à Lockport. Il prospéra, acheta une ferme et, même si en 1843 il fut gracié de l’accusation de trahison, il demeura aux États-Unis et demanda même la citoyenneté américaine en 1846.

En 1848, il fut destitué de l’emploi qu’il occupait au canal d’Érié, probablement en raison d’un changement de parti au sein du gouvernement local. Il décida à ce moment de revenir à sa ferme dans le Haut-Canada, qui avait été administrée pour lui par des parents pendant son absence. La chance sourit à nouveau à Gibson. Il obtint immédiatement un emploi comme arpenteur-géomètre provincial. De juin 1848 à août 1849, il fit le levé du chemin Durham et de la ville de Durham dans le comté de Grey. Ses fils, James et William, étaient chaîneurs ; ils devinrent plus tard d’éminents arpenteurs. En 1851, il fut nommé membre de la commission du Haut-Canada chargée de l’examen des candidats au poste d’arpenteur. Il tenta également, au cours de la même année, de reprendre le siège qu’il avait occupé à l’Assemblée pour défendre ses vues sur la séparation nette de l’Église et de l’État. Sa défaite aux mains de John William Gamble* mit fin à sa carrière politique mais le succès financier continua à lui sourire. En août 1853, John Rolph, alors commissaire des Terres de la couronne, avec qui Gibson était demeuré ami, le nomma inspecteur des agences des terres de la couronne et surveillant des routes de colonisation du Haut-Canada, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort. En 1861 et 1862, il fut responsable de la surveillance de l’arpentage des routes dans la région d’Algoma.

Gibson avait été élevé selon les principes de l’Église d’Écosse mais, lorsqu’il vint au Canada, ses croyances religieuses s’estompèrent. Après la rébellion, il se rendit compte qu’il avait négligé la formation spirituelle de ses quatre fils et de ses trois filles. Il commença avec son épouse à fréquenter l’Église épiscopale méthodiste tout en fréquentant également l’Église baptiste.

Entre 1828 et 1856, Gibson fit le levé d’une grande partie des comtés de Simcoe, Grey, Huron et Bruce de même que celui des cantons de Wellington, Wentworth, Ontario et Dufferin. Entre 1854 et 1863, il fit également le levé, l’inspection et la surveillance de la construction de routes importantes de colonisation, soit celles d’Elora, Saugeen, Goderich, Southampton, Garrafraxa, Peterson, Muskoka et Victoria, qui permirent aux colons d’avoir accès à de vastes territoires de l’Ontario. Son travail le mena d’un bout à l’autre du Haut-Canada mais il trouva, malgré tout, le temps de visiter et d’administrer ses fermes de Lockport et de Willowdale. Avec ses fils, il fit l’acquisition d’une vaste scierie à Parry Sound, qui fut vendue peu avant sa mort. En 1860, Gibson passait moins de temps sur le terrain et beaucoup plus à Québec où il effectuait du travail de bureau et assistait aux réunions du Bureau des examinateurs. À sa mort, en 1864, il était très à l’aise et possédait des propriétés défrichées et vierges un peu partout au Haut-Canada, sans compter ses deux fermes.

Ronald J. Stagg

APC, MG 24, B15 ; RG 5, A1, 180.— PAO, Gibson (David) papers ; RG 1, A-I-4, 34–35 ; A-II-6, 3 ; CB-1.— Muskoka and Haliburton (Murray).— Christian Guardian, 19 mars 1831.— Globe, 27 janv. 1864.— Illustrated historical atlas of the county of York [...] (Toronto, 1878 ; réimpr., 1969).— M. A. FitzGibbon, A veteran of 1812 ; the life of James FitzGibbon (Toronto, 1894 ; réimpr., 1972).— P. W. Hart, Pioneering in North York ; a history of the borough (Toronto, 1968).— Assoc. of Ont. Land Surveyors, Annual report (Toronto), 31 (1916) : 51–54.

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Ronald J. Stagg, « GIBSON, DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gibson_david_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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