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NICHOLSON, FRANCIS, soldat, conquérant et plus tard gouverneur de la Nouvelle-Écosse, haut fonctionnaire dans les colonies, né le 12 novembre 1655 (ancien style) à Downholme dans le Yorkshire, mort célibataire le 5 mars 1727/1728 à Londres, inhumé dans la paroisse de St. George à Hanover Square.
Les origines de Nicholson demeurent incertaines. Il était probablement le fils ou un proche parent de Thomas Nicholson qui fut successivement gouverneur des maisons de correction de Richmond et de Thirsk. Francis Nicholson avait une sœur dont on ne sait rien sauf que son nom de femme mariée était Phipps. Il fut élevé dans la foi anglicane et plus tard il contribua à l’œuvre de la Society for the Propagation of the Gospel. On manque de données précises sur ses études ; toutefois, sa correspondance nous révèle que durant son enfance il avait reçu une certaine instruction au niveau élémentaire, peut-être à une école publique de Richmond, près du lieu de sa naissance. Jeune encore, il devint page chez Charles Paulet (Powlett), lord St. John of Basing (plus tard marquis de Winchester), acquérant ainsi le patronage de ce courtisan et de son beau-fils, John Egerton, comte de Bridgewater.
Sa nomination au grade d’enseigne dans le régiment du roi en Hollande parut le 16 janvier 1677/1678 et il servit en Flandre jusqu’au démembrement du régiment vers la fin de décembre en Angleterre. Le 13 juillet 1680, il rentra dans l’armée comme lieutenant dans le régiment du comte de Plymouth, régiment que l’on avait formé tout spécialement pour renforcer la garnison de Tanger contre les attaques maures. À Tanger, il fut affecté au service du courrier, puis, lors de l’évacuation de la ville en février 1683/1684, on le rappela à Londres. Plus tard il rejoignit son régiment où il occupa des postes subalternes jusqu’au début de 1686.
À la suite de la création du dominion de la Nouvelle-Angleterre par Jacques II, Nicholson, qui était alors capitaine d’une compagnie d’infanterie, s’embarqua au cours de l’automne pour Boston à titre d’adjoint du gouverneur en chef Sir Edmund Andros. Moins de deux ans plus tard, il était nommé lieutenant-gouverneur de New York sous les ordres d’Andros. En août 1687, Andros l’envoya à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) pour demander la restitution d’une caiche de la Nouvelle-Angleterre capturée au large des côtes de l’Acadie. Il n’obtint pas le bateau mais il s’arrangea pour se renseigner sur l’Acadie et en particulier sur sa défense. La nouvelle de la déposition de Jacques Il ayant provoqué l’écroulement du dominion en avril 1689, il s’ensuivit une insurrection à Manhattan et Nicholson s’embarqua aussitôt dans l’espoir d’améliorer sa condition à Whitehall. Entraîné dans une guerre contre la France, Guillaume III accueillit d’emblée les recommandations de Winchester (alors duc de Bolton) et nomma Nicholson lieutenant-gouverneur de la Virginie le 14 novembre. Nicholson, qui administra cette colonie au nom du roi pendant 15 ans, se fit le champion de la défense de la frontière de New York contre les attaques du Canada. Les colons ayant porté plusieurs accusations de malversations contre lui, il fut rappelé en avril 1705.
En 1709, vu son expérience dans les affaires coloniales et dans l’armée, Nicholson se joignit à Samuel Vetch comme volontaire. Le 1er mars, le gouvernement whig avait donné ordre de mettre à exécution le projet de ce dernier pour l’invasion du Canada par les forces alliées des colonies par voie de terre et de mer.
Après avoir fait acte de présence à Manhattan avec Vetch, Nicholson accepta le commandement des contingents du Connecticut, de New York et de Jersey, tandis que Vetch, à Boston, s’efforçait de mobiliser les troupes de la Nouvelle-Angleterre qui, elles, se rendraient au Canada par le Saint-Laurent sous escorte navale anglaise. Vers la fin de juillet, Nicholson avait remonté le fleuve Hudson et déployé ses troupes dans des forts entourés de palissades depuis Stillwater (au nord d’Albany, N. Y.) jusqu’à l’extrémité inférieure du lac Champlain d’où, avec l’aide des Iroquois, il pouvait menacer Montréal et ainsi détourner les effectifs de défense de Québec. Le gouverneur de la Nouvelle-France, Rigaud de Vaudreuil, redoutant le stratagème, avait envoyé un détachement de reconnaissance vers le sud sous les ordres de Claude de Ramezay ; celui-ci, après une escarmouche à la Pointe-à-la-Chevelure (Scalping Point en face de Crown Point, N. Y.), fit un rapport qui confirma les craintes de Vaudreuil. Cependant, toutes les chances de succès s’évanouirent pour les Anglais, avec l’annulation de l’expédition navale par le gouvernement. Avant même l’arrivée de cette nouvelle, la fatigue, le manque de provisions et la maladie avaient à tel point démoralisé les soldats de Nicholson qu’ils abandonnaient les postes d’avant-garde et reprenaient le chemin du retour les uns après les autres.
Après une conférence à Rehoboth, Massachusetts, Nicholson s’embarqua pour l’Angleterre en vue de réclamer une autre invasion ou une attaque de Port-Royal à partir de la Nouvelle-Angleterre. Cette dernière proposition, qui promettait des résultats tangibles sans grands frais pour la couronne, reçut l’approbation du gouvernement. Le 18 mars 1709/1710, Nicholson fut nommé commandant en chef d’une expédition qui avait pour mission de recouvrer la Nouvelle-Écosse pour la reine. Il se mit en route en mai avec 500 fusiliers marins à bord d’une flottille formée de frégates, de navires de transport et d’une galiote à bombes, sous le commandement du commodore George Martin. À Boston, les troupes de la Nouvelle-Angleterre commandées par Vetch se joignirent à celles de Nicholson avec de nouveaux approvisionnements et d’autres navires. Nicholson embarqua- les troupes le 18 septembre et, une fois parvenu au littoral nord de la Nouvelle-Écosse, il entra dans le bassin menant à Port-Royal. Couvert par les canons de Martin, Nicholson débarqua son infanterie hors de portée du fort et commença ainsi le siège qui se termina le 2 octobre (13 octobre, nouveau style) par la capitulation d’Auger de Subercase devant la supériorité écrasante des assaillants. Selon les termes de cette capitulation, les Anglais devenaient maîtres du fort de Port-Royal (qu’on rebaptisa Annapolis Royal) et de tous les habitants dans un rayon de trois milles. On accorda à ces derniers le droit d’aller s’installer à Plaisance (Placentia) ou en Nouvelle-France s’ils le désiraient, mais ceux qui restaient à Annapolis Royal étaient tenus de prêter le serment d’allégeance à la reine Anne. Rien ne fut fixé concernant le reste de l’Acadie, mais en fait les Anglais considéraient les Acadiens comme leurs sujets et attendaient d’eux tous les services éventuels. La faiblesse de la garnison d’Annapolis Royal rendait néanmoins assez problématique la mainmise des Anglais sur l’Acadie.
Environ un mois après la chute de Port-Royal, Nicholson publia dans le Boston News-Letter une longue relation de l’expédition. Au cours de l’hiver, il rentra en Angleterre en triomphe mais, à peine arrivé, il reçut ordre de retourner en Amérique du Nord, nanti du grade de général de division. L’ordre émanait du secrétaire d’État, Henry St. John, qui avait persuadé le nouveau gouvernement tory que les forces militaires et navales britanniques pouvaient s’emparer du Canada selon le projet original de Vetch. Retenu par des vents contraires dans la Manche, Nicholson n’atteignit Nantasket que le 8 juillet 1711, deux semaines à peine avant l’arrivée de la flotte de l’amiral Walker. Ce dernier projetait de remonter le Saint-Laurent jusqu’à Québec dont la prise semblait assurée par la présence dans l’escadre de sept régiments d’élite de l’armée anglaise. Nicholson, avec une aide considérable des colonies centrales et du Connecticut, menaçait de nouveau le système de défense du Canada en créant une diversion par le lac Champlain, mais il fut forcé de se retirer quand Walker et les autres abandonnèrent leur projet d’attaque par mer après l’échouage de la flotte à l’Île-aux-Œufs dans le Saint-Laurent.
Près d’un an après, en octobre 1712, Nicholson fut nommé commissaire de la reine avec charge de vérifier la comptabilité des colonies, promu gouverneur de la Nouvelle-Écosse et de Plaisance, et autorisé à disposer de l’équipement que Walker avait rapporté dans ses transports de matériel. C’est lord Oxford, le grand trésorier, qui avait eu l’idée étonnante de ces multiples et grandioses affectations où Nicholson devait trouver sa perte. Au cours de ses travaux de vérification de la comptabilité des colonies à Boston, Nicholson eut des démêlés avec l’ancien gouverneur Vetch, qu’il avait autrefois accusé de mauvaise administration, et avec deux agents pourvoyeurs de la garnison d’Annapolis Royal, John Borland et Thomas Steel. Pour se faire obéir, il lui intenta un procès mais Vetch s’embarqua pour l’Angleterre pour ne pas avoir à se présenter en cour. Avec la signature du traité d’Utrecht, au printemps de 1713, et la cession à l’Angleterre de toute l’Acadie à « l’intérieur de ses anciennes frontières », la présence anglaise en Acadie s’était affermie. Toutefois, ces « frontières » mal définies allaient être plus tard une cause de difficultés.
En juin 1713, Nicholson reçut ordre de la reine Anne de veiller à la protection des Acadiens qui désiraient rester et à la liberté de ceux qui préféraient quitter le pays. Aucune date limite n’était fixée à ce sujet. Nicholson en remit la décision, comme d’ailleurs pour presque toutes les autres questions, à son lieutenant-gouverneur, Thomas Caulfeild. Pendant tout le temps qu’il fut gouverneur, Nicholson ne demeura que quelques mois en Nouvelle-Écosse, soit du 11 août au 18 octobre 1714. Il y était en août lorsque Jacques d’Espiet de Pensens et Louis Denys* de La Ronde vinrent demander la permission de transporter à l’île Royale (île du Cap-Breton) tous les Acadiens qui désiraient émigrer en territoire français. Nicholson permit aux émissaires de parler aux habitants de plusieurs établissements dont la plupart se montrèrent disposés à se rendre à l’île Royale. Quand les agents demandèrent un an pour effectuer cette évacuation, Nicholson référa la question à Londres, ne sachant pas s’il pouvait accéder à cette demande.
Peu après l’accession au trône de George Ier, Nicholson rentra en Angleterre où les whigs, qui étaient alors solidement établis au pouvoir, menèrent une longue enquête sur les plaintes que plusieurs de ses récents subordonnés à Annapolis Royal, y compris Caulfeild, avaient portées contre lui. En général, on reprochait à Nicholson d’avoir négligé les besoins de la garnison d’Annapolis Royal. Nicholson était du parti tory, ce qui n’aidait sans doute pas sa cause. Il fut démis de ses fonctions et remplacé par Vetch. En 1720, il fut pour une dernière fois nommé aux colonies comme gouverneur de la Caroline du Sud, poste qu’il occupa jusqu’à son retour définitif en Angleterre en 1725.
Nicholson s’était aliéné beaucoup de ses contemporains par son caractère impétueux et vindicatif que les critiques ont volontiers exagéré. Robert Hunter se plaignait de sa vanité ; Vetch, qui avait été autrefois un collaborateur admiratif, le qualifiait de fou illettré tandis qu’en Virginie Robert Beverly ridiculisait ses prétentions d’urbaniste. En revanche, ses officiers supérieurs, les autres gouverneurs, comme Gurdon Saltonstall du Connecticut, et la plupart des ministres anglicans louaient sa générosité, sa délicatesse et sa bravoure. Aucune étude satisfaisante de sa carrière n’a été faite jusqu’ici. Nous ne savons rien de son apparence physique mais il a donné de nombreuses preuves de robustesse, de vitalité et d’énergie.
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Voir aussi The Crown collection of photographs of American maps (Cleveland, 1909) I : 15, où est reproduite une carte « qui indique le chemin à suivre pour se rendre au Canada à partir d’Albany », dressée vers 1720. Le plan d’Annapolis Royal exécuté par le capitaine John Redknap après le siège d’octobre 1710 se trouve dans PRO, M.P.G. 274. [b. t. mcc.]
Bruce T. McCully, « NICHOLSON, FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nicholson_francis_2F.html.
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Auteur de l'article: | Bruce T. McCully |
Titre de l'article: | NICHOLSON, FRANCIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |