COLLINS, JOHN, gouverneur et commandant en chef du fort et du port de Saint-Jean à Terre-Neuve ; circa 1706–1720.

On rencontre pour la première fois le nom du marchand John Collins en septembre 1706, quand le commodore Underdown le fait capitaine et nomme son fils enseigne de la milice. Après la capture du capitaine Lloyd et de la garnison de Saint-Jean par les Français, au cours de l’hiver 1708–1709, Collins, en tant que commandant de la milice de Saint-Jean, essaya vainement de reprendre le fort, mais il fut fait prisonnier et emmené à Plaisance (Placentia), où il fut détenu pendant plusieurs mois. D’après ses dires, Saint-Jean avait été «perdu à cause de la négligence [de Lloyd] ». Collins fut libéré en mai 1709, après avoir signé devant Costebelle [Pastour] une déclaration attestant que les Français n’avaient rien fait qui fût contraire aux lois de la guerre et que lui et d’autres marchands de Saint-Jean, tels que William Keen*, s’engageaient à acquitter les obligations financières de la reddition imposées par Brouillan [Monbeton*], le commandant français.

Collins et Allen Southmayd purent envoyer au Board of Trade and Plantations une description des fortifications de Plaisance : il y avait une troupe de 50 hommes dans le fort, qui pouvait contenir au plus 150 hommes, et, dans le port, étaient abrités 43 voiliers dont un bâtiment de guerre et de 6 à 8 vaisseaux armés. Pour le remercier sans doute de la conduite qu’il avait eue en 1708, le commodore de l’escorte navale de 1709, le capitaine Joseph Taylour, nomma Collins gouverneur et commandant en chef du fort et du port de Saint-Jean, ainsi que de la côte allant de Ferryland à l’île de Carbonear. Les pouvoirs de Collins l’autorisaient à nommer des capitaines et d’autres officiers, suivant les besoins. Collins demanda presque immédiatement au colonel Nicholson, commandant de l’expédition contre Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.), de fournir pendant tout l’hiver les approvisionnements nécessaires à l’entretien des 470 personnes de la garnison. Dans une lettre qu’il écrivit à son frère, le révérend Edward Collins, pasteur à Wimbledon, Surrey, il raconte le « dur et triste hiver », qu’ils avaient eu et lui demande de plaider sa cause auprès du Board of Trade. Il déposa les réclamations habituelles pour le remboursement des dépenses encourues dans la reprise du fort et le commodore Crowe en recommanda le paiement en 1711. Il demanda également qu’on le maintînt à son poste de gouverneur et sa requête reçut l’appui du duc de Leeds. En 1712, Sir Nicholas Trevanion, le nouveau commodore, approuva sa nomination de gouverneur du fort William et Collins en conserva le titre au moins jusqu’en 1720.

Il est difficile de savoir quelles étaient les attributions du « gouverneur », après que le traité d’Utrecht eut mis fin à la guerre contre la France en 1713. Nicholson d’abord, Philipps* ensuite, furent gouverneurs de Plaisance et de la Nouvelle-Écosse, mais de nom seulement ; comme il n’y eut aucune administration civile jusqu’en 1729, les commodores continuèrent de régler les différends, quand ils venaient à l’île au cours de l’été. Ils ne manquaient pas de se plaindre de la licence et des désordres qui régnaient au cours des longs hivers. En 1716, le Board of Trade recommanda de faire élire deux juges par les habitants avant le départ de la flotte. Quant à l’aptitude de Collins pour le poste de gouverneur ou de magistrat, l’opinion du commodore Passenger se résumait à dire que « pas un seul homme [...] de Terre-Neuve n’était capable de gouverner », alors que le commodore Scott pensait que Keen et Collins « avaient les qualités nécessaires pour assurer l’ordre ».

Il semble que les affaires de Collins connurent la même prospérité que celle de la pêche, après le sérieux ralentissement que celle-ci avait subi entre 1711 et 1714. En 1720, le commodore Percy remarquait qu’en dépit d’ordres antérieurs Collins et sept autres marchands avaient refusé de remettre aux amiraux de pêche les échafauds dont ils s’étaient emparés. En 1723 les notables de Saint-Jean, s’inspirant des idées de Locke, rédigèrent une requête dans laquelle ils demandaient un gouvernement civil [V. Jago]. John Collins mourut probablement avant cette date.

C. P. McFarland

PRO, C.O. 194/4 ; Acts of P.C., col. ser., 1680–1720 ; B.TJournal, 1704–1708/9, 1708/9–1714/15 ; CSP, Col., 1706–08, 1708–09, 1710–11, 1711–12, 1712–14, 1717–18, 1719–20, 1720–21 ; C.TPapers, 1714–19.— Rogers, Newfoundland.

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C. P. McFarland, « COLLINS, JOHN (circa 1706-1720) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/collins_john_1706_1720_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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