MAREUIL, PIERRE DE, prêtre, jésuite, missionnaire, né à Bourges, France, le 29 juin 1672, décédé à Paris le 19 avril 1742.

Après des études au collège de Bourges, Pierre de Mareuil entra au noviciat des jésuites de la province de France, à Paris, le 8 septembre 1692. II termina sa formation littéraire au collège Louis-le-Grand, à Paris, puis enseigna la grammaire et les lettres au collège de Caen de 1695 à 1701. Après avoir, durant un an, enseigné les humanités au collège Louis-le-Grand, il y entreprit ses quatre années de théologie. Sa dernière année de probation terminée en 1707, il s’embarqua pour le Canada.

Pierre de Mareuil passa environ six ans en Nouvelle-France et une année à Albany, dans la colonie de New York, comme captif. Dès son arrivée, il fut envoyé chez les Onontagués pour aider le père Jacques de Lamberville*. Les jésuites se maintenaient dans les cantons iroquois, malgré la prétention de la colonie de New York au contrôle exclusif de ce territoire et en dépit des lois votées à la législature de celle-ci contre la propagande catholique parmi les indigènes. Cependant, cette colonie n’éprouvait pas la même hostilité que l’ensemble de la Nouvelle-Angleterre pour la colonie française du Nord. La colonie anglaise, ancien apanage de Jacques II, où les familles commerçantes néerlandaises exerçaient toujours une puissante influence, n’adhérait encore qu’en hésitant à l’autorité de la reine Anne. Les Iroquois, dont le territoire était une zone tampon pour les Anglais et les Français, ne voulaient pas être dominés par la colonie de New York et utilisaient pour conserver leur indépendance leur alliance avec la Nouvelle-France.

En 1709, les colonies anglaises décidèrent de conquérir la vallée du Saint-Laurent et une flotte devait partir de Boston et remonter le fleuve, tandis qu’une armée remonterait l’Hudson et attaquerait Montréal. En mai, Abraham Schuyler, parent de Peter Schuyler*, fut envoyé chez les Onontagués pour les gagner à la cause anglaise. Il commença par effrayer le père de Lamberville, qui partit vers le nord avertir le gouverneur Philippe de Rigaud* de Vaudreuil. Ainsi débarrassé de l’influence du jésuite, l’agent anglais réussit à gagner à sa cause les Onontagués et persuada le père de Mareuil de se réfugier à Albany sans mentionner, il va sans dire, qu’il avait ordre de le faire prisonnier. Le missionnaire suivit Schuyler et demeura une année dans les établissements new-yorkais, captif, mais bien traité par ses gardiens. Pendant ce temps, l’armée anglaise abandonna sa tentative d’invasion [V. Francis Nicholson* ; Claude de Ramezay* ; Samuel Vetch*]. Le père de Mareuil, ayant retrouvé sa liberté en mai 1710, après avoir été échangé contre Barent Staats, neveu de Peter Schuyler et prisonnier des Français, expliqua que l’insuccès de Nicholson était dû à l’action des Iroquois qui avaient contaminé l’eau potable du camp de Peter Schuyler, réduisant ainsi la troupe anglaise à l’impuissance.

À son retour dans la vallée du Saint-Laurent, il est possible que Mareuil ait vécu quelque temps à la mission du Sault-Saint-Louis (Caughnawaga), en attendant de retourner chez les Onontagués. Mais la mission iroquoise ne pouvant être rétablie, il séjourna à la mission Saint-François-de-Sales (Odanak), du mois de mai au mois d’août 1711 ; il se rendit alors au collège de Québec prendre en charge l’enseignement de la philosophie. Victime de l’épidémie de fièvre et de pourpre qui dévasta la colonie en 1713, Mareuil dut repasser en France à l’automne. On dit que le vaisseau qui le portait fut capturé par les Anglais et que Mareuil dut passer un an comme prisonnier en Angleterre ; en effet, son retour en France n’est signalé qu’en 1715, alors qu’il prend logis à La Flèche. Par la suite, il fut durant 13 ans préfet des études dans des collèges français et il mourut au collège Louis-le-Grand le 19 avril 1742, ayant cessé toute activité depuis deux ans.

Après son retour en France, Pierre de Mareuil s’était fait une réputation de latiniste en publiant des poèmes religieux et en traduisant des œuvres spirituelles ou patristiques. De plus, sa connaissance de l’anglais lui avait permis de traduire et de publier, entre autres œuvres, le Paradis reconguis de John Milton. Enfin, il avait rédigé et publié quelques ouvrages en français, dont une vie de sainte Jeanne de Valois, qui fut traduite en italien.

Lucien Campeau

Pour de plus amples informations sur les travaux de Pierre de Mareuil, comme auteur et traducteur, on consultera : Bibliothèque de la Compagnie de Jésus. Première partie. Bibliographie, par les pères Augustin et Aloys de Backer. Seconde partie. Histoire, par Auguste Carayon, Carlos Sommervogel, édit. (11 vol., Bruxelles, Paris, 1890–1932), V : 538–541, et le Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale ; auteurs (206 vol. parus, Paris, 1924— ), CVI : 478s.

ASJCF, 479 ; 487 ; 784 ; 891.— Charlevoix, Histoire de la N.-F. (1744), II : 334, 338s.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), IX : 836, 842, 845, 847, 856.

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Lucien Campeau, « MAREUIL, PIERRE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mareuil_pierre_de_3F.html.

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Auteur de l'article:    Lucien Campeau
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024