HOWARD, JOSEPH, marchand et trafiquant de fourrures, né en Angleterre ; il épousa vers 1763 Marguerite Réaume ; décédé le 5 décembre 1797 à Berthier-en-Haut (Berthierville, Québec).

Joseph Howard, qui venait peut-être de Bristol, arriva à Montréal en 1760 et devint l’un des premiers marchands britanniques de cette ville à s’engager dans le commerce des fourrures de l’Ouest ; il s’associa, aux fins de la traite, avec Edward ou John Chinn (ou les deux) et Henry Bostwick, et ils envoyèrent des canots à Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan) en 1761. Il s’allia bientôt, par mariage, à un large réseau familial de trafiquants de fourrures canadiens, comprenant, entre autres, les Lemoine et les de Couagne. En décembre 1763, Howard et d’autres marchands montréalais signèrent une pétition, qu’ils adressèrent à Gage, commandant en chef intérimaire de Montréal, demandant que tout accord de paix signé avec les Indiens de l’Ouest, alors hostiles, comportât l’obligation de payer leurs dettes aux trafiquants. Après que la paix fut conclue, Howard éprouva des difficultés par suite des détournements de ses correspondants à Michillimakinac, en 1765 et en 1767. Il mit fin à son association avec les Chinn et Bostwick vers cette dernière année, peut-être à cause d’une situation financière de plus en plus gênante : en 1768, ses affaires s’effondrèrent, le laissant endetté, en particulier envers la compagnie londonienne de Brook Watson* à laquelle il devait £4 506.

Howard s’était aussi lancé dans la traite des fourrures à l’est. En 1766, George Allsopp*, Edward Chinn et lui avaient mis sur pied des postes non pourvus de permis, en concurrence avec ceux relevant de la traite de Tadoussac (parfois appelés les postes du roi). En août, ils reçurent du Conseil de Québec l’ordre de supprimer ces postes, mais diverses manœuvres, sur le plan politique, leur permirent de ne s’exécuter qu’après que leur dernier appel eut été rejeté par le Conseil privé, à l’automne de 1768. Il est possible que Howard ait ajouté le commerce du bois à son activité. En août 1765, il avait acheté la seigneurie de Ramezay, sur la rivière Yamaska, une propriété qui comprenait un bon moulin à scier.

Howard fut l’un de ces marchands qui eurent maille à partir avec les autorités militaires britanniques au début des années 1760. Une fois, Thomas Walker et lui s’élevèrent, dans un club de marchands, contre une visite de courtoisie au nouveau gouverneur militaire, Ralph Burton*, le jour de l’An de 1764 : « un langage très indécent fut utilisé, principalement par [...] Howard ». « Ayant des preuves claires et indubitables de son manque de respect », Burton enleva peu après à Howard son poste d’encanteur royal. Howard, semble-t-il, ne poussa pas son opposition aux autorités aussi loin que le fit Walker, et, de fait, ils devaient se brouiller en 1766. En novembre, Walker accusa Howard et cinq officiers militaires d’être responsables des coups qu’il avait reçus, en 1764, d’assaillants masqués. Ils languirent en prison jusqu’en mars 1767, alors que les accusations furent finalement abandonnées.

Les relations de Howard avec les autorités de qui dépendait l’accès à la traite de l’Ouest ne paraissent pas avoir été particulièrement bonnes. En 1779, Haldimand, pour des raisons d’ordre militaire, tarda à émettre les congés aux trafiquants de l’Ouest, et Howard, de crainte de manquer les Indiens qui y étaient descendus pour trafiquer, partit pour Michillimakinac sans son congé. Il fut arrêté par le commandant de ce poste, Arent Schuyler De Peyster, en juin, et renvoyé. En décembre, on l’accusa d’avoir contribué à la fuite de Thomas Bentley, un marchand de Kaskaskia (Illinois) arrêté pour avoir correspondu avec les Américains, et il dut verser une caution. Au mois de mars suivant, Howard fut condamné à £50 d’amende pour son voyage non autorisé à Michillimakinac et, en mai, son agent, John Sayer*, eut la permission de « ramasser ses affaires » au poste de traite, mais non d’y trafiquer. En juillet 1781, Howard reçut un congé, trop tard cependant pour qu’il l’utilisât. Après avoir manqué trois saisons de traite, il faisait face à la banqueroute. Il tâcha de convaincre le gouvernement, en octobre 1781, de lui donner tôt un congé pour la saison suivante ; il affirma que l’absence de ce congé « achèverait non seulement [sa] ruine, mais toucherait quelques importants marchands de Londres ». Le mois suivant, on donnait suite à sa requête.

On ne connaît pas grand-chose des affaires subséquentes de Howard, si ce n’est qu’il continua à s’intéresser à la traite de l’Ouest. En 1786, il signa la requête des marchands de Montréal relative à l’interruption de la traite des fourrures due à une guerre entre tribus indiennes de l’Ouest. Cet hiver-là, il proposa au gouvernement que l’on structure la traite des fourrures en un monopole comprenant 100 parts, lesquelles seraient vendues aux enchères publiques ; il était concerné en partie pour « restreindre la vente du rhum » aux Indiens. En 1791, son fils, John, et William Oldham formèrent une association, de courte durée, en concurrence avec la North West Company, et il est possible que Howard en eût fait partiellement les frais. En 1793, il envoyait encore des hommes à Michillimakinac (qui avait été déménagé à Mackinac Island, Michigan), mais, en 1794, il fit banqueroute, probablement à cause de pertes subies sur le marché des fourrures en train de s’effondrer. Deux ans plus tard, il se retira, adoptant un mode de vie plus paisible comme marchand de campagne à Berthier-en-Haut.

A. J. H. Richardson

ANQ-M, Greffe de Peter Lukin, 12 juill. 1794.— APC, MG 23, GIII, 5, ff.102–103 ; 8, pp.100s. ; MG 29, A5, 26, James Hallowell à Simon McTavish, 24 oct. 1791 ; 27, John Gregory à Simon McTavish, 24 oct. 1791 ; RG 68, 238, pp.97–99 (liste des dettes de Joseph Howard, 1768).— BL, Add. mss 21 844, ff.465–468, 470, 473.— PRO, CO 42/1, ff.164–165, 180–190 ; 42/5, f.30 ; 42/26, pp.234, 242–244, 270–273 ; 42/53, p.162.— APC Report, 1885, lxxxvii, xciii ; 1888, note A, 1s. ; 1918, app.B, 38s., 66.— Docs. relating to NWC (Wallace).— Johnson papers (Sullivan et al.), V : 345, 755757 ; X : 992s.— Michigan Pioneer Coll., IX (1886) : 357s., 363, 383s. ; X (1886) : 504s. ; XI (1887) : 389392, 483486, 503s., 524s., 662s., 669s. ; XIX (1891) : 491s., 525. Wis., State Hist. Soc., Coll., XIX (1910) : 237s.— Massicotte, Répertoire des engagements pour l’Ouest, ANQ Rapport, 19321933, 267, 301 ; 19421943, 326, 328.— P.-G. Roy, Inv. concessions, IV : 218s.— Burt, Old prov. of Que. (1968), I : 95n., 9698, 118s., 122 ; II : 160.

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A. J. H. Richardson, « HOWARD, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/howard_joseph_4F.html.

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Année de la publication:    1980
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