SAYER, JOHN (on trouve aussi Sayers et Sayre, mais il signait Sayer), trafiquant de fourrures, né vers 1750 ; décédé le 2 octobre 1818 à Sainte-Anne-de-Bellevue (Québec).

John Sayer se manifeste pour la première fois dans la traite des fourrures à la fin des années 1770 où on le trouve dans le district de Fond du Lac, au sud et à l’ouest du lac Supérieur. Il fut apparemment l’un des premiers trafiquants travaillant à partir de Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan) à hiverner au lac de la Sangsue (lac Leech, Minnesota). En 1780, Sayer était le représentant à Michillimakinac du marchand montréalais Joseph Howard*, et reçut un congé de traite pour y envoyer un canot. Cette année-là, en retournant au lac de la Sangsue pour l’hiver, il découvrit que la plupart des Sauteux, avec lesquels il avait fait la traite auparavant, étaient morts de la variole. Au cours de la même année, il se joignit à d’autres marchands de Michillimakinac pour protester contre l’ingérence des fonctionnaires dans la traite des fourrures.

En 1784, par suite de la Révolution américaine, le nombre des trafiquants autour de Michillimakinac avait grossi d’une manière si alarmante que Sayer et d’autres marchands créèrent un comité chargé de réglementer le marché. L’année suivante, peut-être en réaction contre l’apparition récente de la North West Company, Sayer conclut une entente qui mettait sur pied la Général Company of Lake Superior and the South (appelée aussi Général Society) [V. Étienne-Charles Campion*]. Vu son expérience, il fut désigné pour diriger les opérations de la compagnie au sud et à l’ouest du lac Supérieur. Incité par la tension que créait la concurrence et par le marché incertain à la fin des années 1780, motifs auxquels il faut probablement ajouter la faillite de la Général Company en 1788 ou avant, Sayer se lança dans une suite d’alliances commerciales d’une année avec Jean-Baptiste Perrault*, Jean-Baptiste Cadot et d’autres. Aux termes de ces ententes, Sayer hiverna sur la rivière de Fond du Lac (rivière St Louis, Minnesota) en 1789 et en 1790.

Aux environs de 1791, Sayer ayant, semble-t-il, dissous sa longue association avec Howard, créa la John Sayer and Company et devint représentant de la North West Company à Sault-Sainte-Marie (Sault Ste Marie, Michigan). Deux ans plus tard, il retint les services de Perrault pour construire le fort St Louis (Superior, Wisconsin), quartier général de la North West Company dans le district de Fond du Lac et, le 12 septembre 1793, y arriva avec sa famille autochtone pour en assumer la charge. À partir de ce moment-là et jusqu’à l’été de 1805, il voyagea beaucoup dans la région qui était sous son autorité, hivernant au lac de la Sangsue, à White Oak Point (près de Deer River, Minnesota), au lac Upper Red Cedar (lac Cass, Minnesota), à Pembina (Dakota du Nord) et sur deux affluents de la rivière St Croix, les rivières Yellow (Wisconsin) et Snake (Minnesota). À la fin d’avril 1798, David Thompson* le qualifiait de « décharné », car Sayer, au lac Upper Red Cedar, s’était nourri durant l’hiver de riz sauvage et de sucre d’érable. Ses étés, il les partageait d’habitude entre, d’une part, les rendez-vous annuels qui eurent lieu jusqu’en 1802 à Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota) et par la suite à Kaministiquia (Thunder Bay, Ontario) et, d’autre part, les affaires de son quartier général du district. Ses principaux concurrents étaient la Hudson’s Bay Company, qui avait un poste à Pembina, et la New North West Company (appelée parfois la XY Company).

La John Sayer and Company semble avoir été dissoute aux environs de 1797 ; l’année suivante, le nom de Sayer figurait comme associé de la North West Company. Le 5 juillet 1802, il signa un accord qui augmentait le nombre des associés et lui donnait deux actions. Par suite de la fusion de la New North West Company avec la North West Company en 1805, Sayer signa un document portant le nombre d’actions de la North West Company de 92 à 100 ; cette année-là, il semble avoir pris sa « rotation », ou permission, qui lui était assignée, dans le Bas-Canada, où il fit de la traite pour la North West Company au poste du lac des Chats (près de Quyon, Québec) sur la rivière des Outaouais. En 1807, accusé par Duncan McGillivray d’« anciennes irrégularités », il se vit forcé de cesser toute activité dans la compagnie. L’année suivante, Sayer acquit une ferme de quelque 1 000 acres dans le canton d’Onslow sur le lac des Chats contre une de ses actions de la compagnie. En 1809, il vendit sa propriété à Duncan Cameron* et devint résident de Sainte-Anne-de-Bellevue, vendant sa seconde action de la North West Company en 1810 à la McTavish, McGillivrays and Company. Bien qu’il fût élu par la suite au Beaver Club, il semble que Sayer n’assistât à aucune réunion.

Avec sa compagne autochtone Obemau-unoqua (connue peut-être sous le nom de Nancy), John Sayer eut au moins trois fils : Pierre-Guillaume*, John Charles et Henry. Cependant, les membres de sa famille immédiate, qu’il coucha sur son testament, furent sa femme, Elizabeth McPherson, et ses enfants naturels, Margaret, Henry (qui était peut-être le fils d’Obemau-unoqua) et James.

Douglas A. Birk

ANQ-M, CM-1, John Sayer, 15 juin 1819 ; CN1-185, 27 juin 1810.— APC, MG 19, C 1, 12 ; 17. Cet article consiste en un journal et quelques comptes rendus maintenant attribués à John Sayer par les APC, même si Thomas Connor avait erronément été reconnu auteur du journal dans Five fur traders of the northwest [...], C. M. Gaies, édit. ([Minneapolis, Minn.], 1933 ; [2e éd.], St Paul, 1965)  [d. a. b].— Minn. Hist. Soc. (St Paul), D. A. Birk, « John Sayer and Fond du Lac fur trade : the history, ecology and archeology of an 1804–1805 North West Company wintering post site (21-PN-11) and its relation to the fur trade in the western Lake Superior région » (1974) ; Morrison (Allan) papers, Allan Morrison, « History of the fur trade ».— Les bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest (Masson), 1 : 395.— Docs. relating to NWC (Wallace), 109s., 207, 247s., 497.— Mackenzie, Journals and letters (Lamb), 480, 484.— Mich. Pioneer Coll., 10 (1886) : 421 ; 37 (1909–1910) : 426, 536s., 537n., 555–557, 568s., 575.— New light on early hist. of greater north-west (Coues), 1 : 225n. ; 2 : 1011.— David Thompson, David Thompson’s narrative, 1784–1812, R. [G.] Glover, édit. (nouv. éd., Toronto, 1962), 203–205.— Wis., State Hist. Soc., Coll., 19 (1910) : 173s., 181, 238.— W. E. Stevens, « The northwest fur trade, 1763–1800 », Univ. of Ill. Studies in the Social Sciences (Urbana), 14 (1926), no 3 : 135–137.

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Douglas A. Birk, « SAYER (Sayers, Sayre), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sayer_john_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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