CHERRIER, FRANÇOIS, prêtre catholique et vicaire général, né le 15 janvier 1745 à Longueuil (Québec), fils de François-Pierre Cherrier*, notaire et marchand, et de Marie Dubuc ; décédé le 18 septembre 1809 à Saint-Denis, sur le Richelieu, Bas-Canada.
François Cherrier, deuxième d’une famille de 12 enfants, passa sa jeunesse à Longueuil, où son père s’était installé en 1736. En 1765, il reprenait ses cours au petit séminaire de Québec, fermé depuis le début du siège de la ville, en 1759. Il opta ensuite pour le sacerdoce, poursuivant ses études théologiques au grand séminaire de Québec. Ordonné prêtre par Mgr Briand* le 20 mai 1769, il fut nommé temporairement vicaire dans la paroisse Saint-Antoine, à Longueuil, puis dans celle de la Sainte-Famille, à Boucherville, où il profita pendant cinq mois des judicieux conseils du curé du lieu, le vicaire général Étienne Marchand*, qui souhaitait ardemment l’avoir pour compagnon régulier.
En novembre 1769, Mgr Briand nomma Cherrier vicaire à Saint-Denis, avec la responsabilité des fonctions curiales. L’évêque acquiesçait ainsi à la demande des paroissiens qui, depuis un certain temps, critiquaient l’administration du curé, Jean-Baptiste Frichet, et celle du desservant, Michel Gervaise. Le premier, malade, s’était retiré à l’Hôpital Général de Québec, tandis qu’on accusait le second d’être avare et peu présent dans la paroisse. Aussi, en septembre et octobre 1769, les marguilliers avaient-ils présenté une requête à l’évêque de Québec lui demandant un nouveau curé. Dès son arrivée à Saint-Denis, Cherrier gagna l’estime de ses paroissiens ; Marchand écrivait en décembre 1769 : « Mr Cherrier y fait fort bien. Les habitants sont très contens. » L’année suivante, sa famille vint s’établir à Saint-Denis, où son père exerça sa profession de notaire. À la mort de Frichet, en 1774, Cherrier devint curé.
Durant l’invasion américaine, plusieurs paroissiens de Saint-Denis s’affichèrent partisans des rebelles, ce qui n’empêcha pas Cherrier, demeuré fidèle à la couronne britannique, d’héberger au presbytère, le 17 septembre 1775, Jean Orillat* et un dénommé Léveillé, porteurs d’une proclamation d’amnistie accordée par le gouverneur Guy Carleton.
Cherrier se montra vivement préoccupé par l’éducation de la jeunesse. En 1773, il avait fait part à Mgr Briand de son intention de construire un couvent et avait invité l’évêque à faire pression sur les curés voisins, dont certains se montraient réticents, pour les intéresser et les amener à contribuer à la réalisation de ce projet. Claude-Pierre Pécaudy* de Contrecœur, seigneur de Saint-Denis, avait cédé un terrain au curé Cherrier en 1774, en spécifiant que la construction du couvent ne pourrait être entreprise que six ans plus tard. Commencée en 1780, la maison fut achevée en 1783, année de fondation de l’institution par Marie-Louise Compain, dite Saint-Augustin, et par Catherine d’Ailleboust de La Madeleine, dite de la Visitation, religieuses de la Congrégation de Notre-Dame. En 1805, Cherrier fonda également une école avec pensionnat, pour garçons, qui disparut quelques années plus tard et où enseigna Pierre-Marie Mignault*. Auparavant, en 1792, Cherrier avait entrepris de faire construire une nouvelle église, bénite le 30 octobre 1796.
Les évêques de Québec eurent toujours la plus haute estime pour Cherrier, et Mgr Briand ne lui ménagea pas son admiration. Durant une visite pastorale du coadjuteur, Mgr Hubert*, Cherrier l’accompagna, et plus tard, il prit la défense d’Hubert, devenu évêque, au moment de la publication d’une lettre injurieuse du coadjuteur Charles-François Bailly* de Messein dans la Gazette de Québec du 29 avril 1790. Mgr Hubert recourut fréquemment aux lumières du curé de Saint-Denis. Ainsi, en 1793, déplorant le peu de disposition des jeunes Canadiens pour l’état ecclésiastique, il le consulta sur l’opportunité de faire venir des prêtres français ; Cherrier ne s’y montra guère favorable. Le 9 décembre 1797, Mgr Denaut reconnaissait les mérites de Cherrier en le nommant vicaire général des paroisses situées au sud de Montréal. Mgr Plessis*, qui succéda à Denaut en 1806, lui prodigua la même confiance en lui renouvelant ses lettres de vicaire général et en le consultant à maintes reprises, notamment sur la délicate question de la conduite à tenir à l’égard des autorités britanniques.
Le 18 septembre 1809, affaibli par la maladie qui le minait depuis 12 ans, Cherrier mourait à l’âge de 64 ans. Jean-Baptiste Kelly* le remplaça à la cure de Saint-Denis. Dans son testament, Cherrier léguait à Mgr Plessis, pour le nouveau collège de Nicolet, sa bibliothèque, imposante pour l’époque, de plus de 400 livres.
François Cherrier faisait partie d’une famille qui, selon l’historien Francis-Joseph Audet*, fut l’une des plus influentes de la région montréalaise à la fin du xviiie siècle et dans la première moitié du xixe siècle. Deux frères de Cherrier, Benjamin-Hyacinthe-Martin et Séraphin, s’illustrèrent sur la scène politique du Bas-Canada et, parmi ses neveux, on compte le premier évêque de Montréal, Jean-Jacques Lartigue*, un avocat célèbre, Côme-Séraphin Cherrier*, et deux hommes politiques prestigieux, Louis-Joseph Papineau* et Denis-Benjamin Viger*.
AAQ, 12 A, F : f.4r. ; 210 A, I : f.139 ; II : ff.65, 118 ; 1 CB, VII : f.98 ; CD, Diocèse de Québec, II : f.63.— ANQ-M, CE1-12, 16 janv. 1745 ; CE2-12, 21 sept. 1809.— Arch. de la chancellerie de l’archevêché de Montréal, 901.004, 769-5,-6,-9,-11.— Arch. de la chancellerie de l’évêché de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, Québec), XVII, C-25.— ASQ, C 36 : 3, 43, 48.— Allaire, Dictionnaire, 1 : 119.— F.-J. Audet, Les députés de Montréal, 411.— J.-J. Lefebvre, «Articles généalogiques : la famille Cherrier, 1743–1945 », SGCF Mémoires, 2 (1947) : 148.— P.-G. Roy, « Les notaires au Canada sous le Régime français », ANQ Rapport, 1921–1922 : 47.— Tanguay, Dictionnaire, 3 : 52s. ; Répertoire (1893), 138.— J.-B.-A. Allaire, Histoire de la paroisse de Saint-Denis-sur-Richelieu (Canada) (Saint-Hyacinthe, 1905), 133–141, 172–187, 275–302.— Lemire-Marsolais et Lambert, Hist. de la CND de Montréal, 5 : 366–368.— J.-B. Richard, Les églises de la paroisse de Saint-Denis-sur-Richelieu ([Saint-Hyacinthe], 1939).— J.-E. Roy, Hist. du notariat, 2 : 11.— Henri Morisseau, « La famille Cherrier de Saint-Denis-sur-Richelieu », Rev. de l’univ. d’Ottawa, 16 (1946) : 310–318.— Gabriel Nadeau, « Jean Orillat », BRH, 41 (1935) : 653–656.
Gilles Chaussé, « CHERRIER, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cherrier_francois_5F.html.
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Auteur de l'article: | Gilles Chaussé |
Titre de l'article: | CHERRIER, FRANÇOIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |