BARDY, PIERRE-MARTIAL, instituteur, médecin et homme politique, né à Québec le 30 novembre 1797, fils de Pierre Bardy, perruquier, et de Louise Cochy, dit Lacouture, décédé au même endroit le 7 novembre 1869.
Issu d’une famille d’origine italienne établie à Brest, en France, Mathieu Bardy, grand-père de Pierre-Martial, vint au Canada au début du xviiie siècle. Le jeune Pierre-Martial entre en 1811 au petit séminaire de Québec où il fait de brillantes études classiques : avec son ami Elzéar Bédard*, il passe pour le meilleur élève de la classe de philosophie. Tous deux prennent la soutane et sont tonsurés en même temps par Mgr Joseph-Octave Plessis*. Tout en étudiant la théologie au grand séminaire de Québec, Bardy enseigne pendant deux ans dans les classes de belles-lettres et de rhétorique du petit séminaire. En 1821, il renonce à l’état ecclésiastique et, le 5 février 1822, il épouse Marie-Marguerite Archambault de la paroisse de La Présentation, près de Saint-Hyacinthe. De ce mariage naîtront sept enfants dont un seul atteindra l’âge adulte.
Après avoir quitté le séminaire de Québec, Bardy se livre à l’enseignement : on le retrouve à Boucherville en 1825 où il dispense les rudiments de l’enseignement classique. Il taquine la muse et compose des chansons comme celle qu’on a retrouvée en l’honneur du départ de son ami le docteur John Dies Nelson, frère de Robert* et de Wolfred. Il remplira la charge d’inspecteur d’écoles de 1842 à 1868, ce qui témoigne de son intérêt durable pour l’éducation.
De 1824 à 1829, Bardy s’intéresse aussi à la médecine : il étudie avec le docteur William Robertson* de Montréal et reçoit son diplôme le 13 novembre 1829. Il exerce d’abord à Saint-Jacques puis à Saint-Athanase-d’Iberville pour enfin se fixer au quartier Saint-Roch de Québec en 1839. Il pratique au milieu d’une population de travailleurs avec son collègue Édouard Rousseau et laisse une réputation de grand dévouement et de charité. De 1848 à 1854, Bardy est secrétaire de l’école de médecine de Québec dont il est l’un des fondateurs avec, entre autres, Joseph Morrin et Charles-Jacques Frémont. Il y donne des cours sur les instituts de médecine et de chirurgie, la jurisprudence médicale et la botanique. Lors de la création de la faculté de médecine de l’université Laval [V. Louis-Jacques Casault], ses services ne sont pas requis comme membre du corps professoral. Vers 1854, il devient partisan de l’homéopathie, système répandu par l’Allemand Samuel Hahnemann qui a exercé la médecine à Paris de 1835 à 1843. Il a de vifs échanges avec le docteur Joseph Painchaud* sur le sujet dans la presse québécoise, et ses idées semblent avoir eu pour effet de diminuer son crédit dans le corps médical.
Ami intime de Louis-Joseph Papineau* et ardent patriote, Bardy se présente en 1834 comme candidat dans le comté de Rouville. Il défait facilement le candidat bureaucrate et siège à la chambre d’Assemblée de 1834 à 1838. Il s’éloigne de la politique pendant un temps. Le 9 octobre 1840, Bardy épouse en secondes noces Marie-Soulange Lefebvre. Deux filles naîtront de ce mariage dont Marie-Virginie-Célina, unique survivante de la famille, écrivain à ses heures et épouse de Pierre-Vincent Valin*, homme d’affaires de Québec.
Le 19 juin 1842, au lendemain de l’Acte d’Union, perçu comme une mesure destinée à perdre la nationalité canadienne-française, une grande assemblée se tient à Saint-Roch. C’est alors qu’on fonde la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec à l’image de celle de Montréal qui date de 1834 [V. Jean-François-Marie-Joseph MacDonell]. Bardy, l’un des plus fervents apôtres du projet, est élu président. Napoléon Aubin* devient vice-président, James Huston* et Jacques-Philippe Rhéaume secrétaires. Le 24 juin suivant, lors de la célébration de la Saint-Jean-Baptiste, Bardy, dans son discours présidentiel, souligne l’importance de l’industrie, « objet indispensable vers lequel nous devons diriger toute notre énergie [...]. Nos produits, déclare-t-il, pourront en partie suffire à nos besoins pressants ; conservons-les, fabriquons-les. » Comme président de la société (1859–1861), son nom est associé à l’érection du monument aux Braves de 1760. Lorsqu’en 1860 les fonds manquent pour parachever le monument, Bardy multiplie les appels dans la presse et à travers la province. Sa femme organise une kermesse avec les dames des quartiers Saint-Roch et Saint-Jean. Ce n’est que le 19 octobre 1863 que le gouverneur général du Canada, Charles Stanley Monck*, dévoile la colonne. Le monument, qui n’est pas encore payé, est déclaré propriété publique en 1864 ; les promoteurs échappent ainsi aux créanciers. Cette laborieuse affaire qui compromit les finances de la société a quelque peu terni la réputation de Bardy comme administrateur. Sa fille, Marie-Virginie-Célina, prétendra plus tard, en 1880, que la société a injustement oublié son père et elle fera rendre justice à sa mémoire.
En 1843, Bardy est de ceux qui demandent le retour de Papineau. En 1849, avec Napoléon Aubin, Jacques-Philippe Rhéaume, Joseph Légaré*, Antoine Plamondon* et d’autres antiunionistes farouches, il s’engage dans l’annexionnisme. Il préside la réunion du 27 octobre 1849 à Québec, prend la tête d’un mouvement qui recueille quelque 600 signatures mais il abandonne bientôt la partie pour se consacrer uniquement à ses « affaires professionnelles », sans changer d’opinion cependant.
Des contemporains de Bardy s’accordent à louer ses dons littéraires et son talent d’orateur. Décédé à Saint-Roch le 7 novembre 1869, à l’âge de 71 ans, il eut l’honneur d’être inhumé dans la crypte de la basilique de Québec. Une rue de Québec perpétue sa mémoire de même que la maison qui constitue le siège de la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec.
APC, MG 30, D62, 3, pp.253–257.— Daily Evening Mercury, 21 janv. 1880.— L’Opinion publique, 13 mai 1880.— P.-G. Roy, Fils de Québec, III : 89–91.— H.-J.-J.-B. Chouinard, Fête nationale des canadiens-français [...] (4 vol., Québec, 1881–1903), IV : 315s.— Le docteur Pierre Martial Bardy ; sa vie, ses œuvres et sa mémoire, F.-X. Burque, compil. (Québec, 1907).— Sylvio Leblond, Le Dr Pierre-Martial Bardy (1797–1869), Trois siècles de médecine québécoise (Québec, 1970), 75–82.— Monet, Last cannon shot.— P.-G. Roy, Les petites choses de notre histoire (7 séries, Lévis, Québec, 1919–1944), 6e sér.— Benjamin Sulte, Histoire des Canadiens français, 1608–1880 [...] (8 vol., Montréal, 1882–1884), VIII : 130.— Victor Morin, Une chanson du Dr Bardy, BRH, XLVI (1940) : 332–337.— Damase Potvin, Un petit roman d’amour a valu à Québec le fondateur de la Société St-Jean-Baptiste [...], L’Information médicale et paramédicale (Montréal), 19 janv. 1954, 8s.
Pierre Savard, « BARDY, PIERRE-MARTIAL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bardy_pierre_martial_9F.html.
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Auteur de l'article: | Pierre Savard |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
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