ROBERTSON, WILLIAM, officier, chirurgien, médecin, fonctionnaire, juge de paix et professeur, né le 15 mars 1784 à Kindrochit, le domaine paternel près de Blair Atholl, Écosse, deuxième fils de James Robertson et de Jean Stewart ; le 21 janvier 1806, il épousa à Sydney (Nouvelle-Écosse) Elizabeth Amelia Campbell, et ils eurent 12 enfants ; décédé le 18 juillet 1844 à Montréal.

William Robertson, fils d’un laird écossais, fit ses études en Écosse et, à l’âge de 13 ans, entra dans le 73rd Foot à titre d’enseigne. L’année suivante, au moment de la rébellion irlandaise, il combattit en qualité d’officier. De 1802 à 1805, il fit trois trimestres de médecine à l’University of Edinburgh, mais il n’allait obtenir un diplôme que beaucoup plus tard, soit en 1832, et à titre honorifique, de l’University of Vermont.

Après ses études à Édimbourg, Robertson accepta un poste de médecin à bord d’un navire en partance pour New York et La Nouvelle-Orléans. Le 9 juillet 1805, on le nomma auxiliaire au département médical de l’armée en Amérique du Nord britannique. Il allait rejoindre le personnel médical à la fin de 1805, mais son navire fit naufrage au large des côtes du Cap-Breton et il échappa de justesse à la noyade. Il trouva refuge chez William Campbell*, procureur général du Cap-Breton, dont il épousera la fille par la suite.

Le 23 octobre 1806, Robertson devint aide-chirurgien du 49th Foot et occupa ce poste pendant plus de six ans. Le 29 juillet 1813, il fut promu chirurgien du 41st Foot. Il participa à la guerre de 1812 en accompagnant son régiment à la frontière du Niagara et en prenant part, en décembre 1813, à l’attaque du fort Niagara (près de Youngstown, New York). Mis à la demi-solde en 1815, il s’établit à Montréal à titre de médecin. L’année suivante, on le nomma examinateur en médecine du district de Montréal, poste qui allait lui échoir plusieurs fois de 1816 à 1839.

Quand le Montreal General Hospital ouvrit ses portes en 1819, Robertson était le doyen du personnel médical. Peu après, avec le révérend John Bethune*, Alexander Skakel et d’autres, il reçut une commission pour surveiller la construction d’un nouvel édifice, rue Dorchester, achevé en 1822. C’est Robertson qui fit la première opération notée dans les registres du nouvel hôpital, l’amputation d’une jambe à la hauteur de la cuisse. En 1823, les médecins de cet établissement – Robertson, John Stephenson, William Caldwell* et Andrew Fernando Holmes* – ouvrirent une école, la Montreal Medical Institution. Robertson la dirigeait et y assurait la formation en matière d’obstétrique, et de maladies féminines et infantiles. En 1829, elle devint la faculté de médecine du McGill College ; Robertson y enseignait les mêmes matières en qualité de professeur, en plus d’en être le directeur (on n’utilisera pas le titre de doyen de son vivant). À la mort de Caldwell en 1833, Robertson lui succéda à la chaire de théorie et de pratique médicales, qu’il occupa jusqu’à sa retraite en 1842.

En 1818, Robertson avait été nommé magistrat. Ces fonctionnaires, appelés aussi juges de paix, administraient la ville de Montréal et assuraient, en particulier, le maintien de l’ordre en période d’élections. Le 21 mai 1832, à l’occasion d’une élection partielle qui opposait, dans Montréal-Ouest, Daniel Tracey* et Stanley Bagg, une bagarre éclata à la place d’Armes, près de l’endroit où se tenait le scrutin. Robertson, l’un des deux magistrats en faction, lut la loi contre les attroupements. La violence augmenta ; les soldats tirèrent sur la foule et tuèrent trois personnes. Par la suite, on accusa Robertson de leur avoir ordonné de faire feu. Même si le jury d’accusation de Montréal le déchargea officiellement de toute responsabilité criminelle, bien des gens, dont Louis-Joseph Papineau*, continuèrent de penser qu’il avait abusé de son autorité et le considérèrent responsable du « meurtre » des trois victimes. Froissé par ces accusations, Robertson provoqua Papineau en duel, mais celui-ci refusa de relever le gant en faisant valoir qu’il le condamnait pour actes commis à titre de magistrat et non à titre personnel. Toutefois le ressentiment persista, et Robertson demeura sans doute impopulaire dans certains milieux. Pourtant, bien des gens devaient lui accorder leur confiance. En 1833, un conseil de ville vint remplacer l’administration des juges de paix, et on le nomma président de scrutin aux premières élections municipales. De 1836 à 1840, les juges de paix administrèrent de nouveau la ville, et Robertson fit encore une fois partie de ces magistrats. En outre, il fut membre du premier bureau de santé de Montréal, fondé en 1832 pour faire face à une éventuelle épidémie de choléra. Sept ans plus tard, on le chargea, à titre de commissaire, de fournir un asile temporaire aux aliénés.

Malade, William Robertson dut cesser toute activité en 1842 ; il mourut deux ans plus tard. On installa une plaque commémorative au Montreal General Hospital, où elle se trouve encore. En 1894, sa famille et ses descendants remirent à la faculté de médecine un portrait de lui, exécuté par un artiste inconnu. En 1907, le feu le détruisit, mais Robert Harris*, à partir d’une photographie, en peignit un autre, que l’on peut voir au McIntyre Medical Sciences Building de la McGill University.

Edward Horton Bensley

ANQ-M, CE1-130, 22 juill. 1844.— APC, RG 8, I (C sér.), 221 ; RG 68, General index, 1651–1841.— GRO (Édimbourg), Blair Atholl, reg. of births and baptisms, 15 mars 1784.— McGill Univ. Arch., RG 38, c.1, minute-book, 1823–1833.— Univ. of Edinburgh Library, Special Coll. Dept., medical matriculation records, 1802–1805.— « The late Dr. Robertson », Montreal Medical Gazette (Montréal), 1 (1844–1845), no 5 : 146–147.— Vindicator and Canadian Advertiser (Montréal), 9 déc. 1834.— Commissioned officers in the medical services of the British army, 1660–1960, Alfred Peterkin et al., compil. (2 vol., Londres, 1968).— Abbott, Hist. of medicine.— W. H. Atherton, Montreal, 1535–1914 (3 vol., Montréal et Vancouver, 1914).— Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church.— Ægidius Fauteux, le Duel au Canada (Montréal, 1934).— S. B. Frost, McGill University : for the advancement of learning (2 vol., Montréal, 1980–1984).— R. P. Howard, A sketch of the late G. W. Campbell [...] being the introductory address of the fiftieth session of the medical faculty of McGill University (Montréal, 1882).— H. E. MacDermot, A history of the Montreal General Hospital (Montréal, 1950).— Taft Manning, Revolt of French Canada.— M. E. [S.] Abbott, « An historical sketch of the medical faculty of McGill University », Montreal Medical Journal (Montréal), 31 (1902) : 561–672 ; « Early American medical schools : the faculty of medicine of McGill University », Surgery, Gynecology and Obstetrics (Chicago), 60 (1935) : 242–253.— F.-J. Audet, « Des hommes d’action à la tête de Montréal il y a 100 ans », la Presse, 4 nov. 1933 : 30.— E. H. Bensley, « William Robertson, M.D., first official head of the McGill medical faculty », Montreal General Hospital News (Montréal), 17 (1978), no 2 : 9–10.— E. A. Collard, « The man who hoaxed Sir John A. Macdonald », Gazette (Montréal), 13 oct. 1984 : B2.— R. W. Quinn, « The four founders », McGill Medical Undergraduate Journal (Montréal), 5 (mai 1936) : 5–11.— R. F. Ruttan, « Dr. William Robertson », McGill Univ. Magazine (Montréal), 1 (1902) : 178–179.— « Sixty-first convocation of the medical faculty of McGill University », Montreal Medical Journal, 22 (1894) : 775–789.— B. R. Tunis, « Medical licensing in Lower Canada : the dispute over Canada’s first medical degree », CHR, 55 (1974) : 489–504.

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Edward Horton Bensley, « ROBERTSON, WILLIAM (1784-1844) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robertson_william_1784_1844_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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